M. de Lisieux prit plaisir aux violons ; Madame de Vendôme ne se lassait point de voir danser mademoiselle sa fille4, qui dansait pourtant toute seule ; enfin, l’on s’amusa tant, que la petite pointe5 du jour (c’était dans les plus grands jours d’été) commençait à paraître quand on fut au bas de la descente des Bonshommes. […] Je sautai aussitôt hors du carrosse, je pris l’épée d’un laquais1, je la tirai et j’allai joindre de l’autre côté M. de Turenne, que je trouvai regardant fixement quelque chose que je ne voyais point. […] Il n’a pas eu le temps de les prendre par lui-même, parce qu’il a été prévenu dès sa jeunesse par la chute imprévue des grandes affaires et par l’habitude au bonheur.
Aussi ce grand esprit qui n’a été occupé jusqu’à présent qu’à songer aux moyens de fournir aux frais de la guerre, à lever de l’argent et des hommes, à prendre des villes et à gagner des batailles, ne s’occupera désormais qu’à rétablir le repos, la richesse et l’abondance. […] À dire le vrai, Monseigneur, vous seriez injuste si vous pensiez faire les choses que vous faites sans qu’il en fût autrement question, ni que l’on prît la liberté de vous en parler. […] À dire la vérité, ç’a été trop de hardiesse et de violence à vous d’avoir, à l’âge où vous êtes, choqué deux vieux capitaines que vous deviez respecter, quand ce n’eût été que pour leur expérience ; fait tuer le pauvre comte de Fontaine1, qui étoit à ce qu’on dit, un des meilleurs hommes des Flandres, et à qui le prince d’Orange2 n’avoit jamais osé toucher ; pris seize pièces de canon qui appartenoient à un prince, oncle du roi, frère de la reine, et avec qui vous n’aviez jamais eu de différend, enfin mis en désordre les meilleures troupes des Espagnols, qui vous avoient laissé passer avec tant de bonté.
Le poème épique est un récit poétique et sublime ; et par là il se distingue du récit historique qui n’admet pas de fictions, et des récits d’un genre inférieur qui ne prennent pas un ton si élevé. […] Quelles précautions faut-il prendre dans l’emploi du merveilleux chrétien ? […] Tons ces êtres de raison prennent le nom de personnages allégoriques. […] Le poète y prend le ton et le style de la grande épopée, pour qu’il y ait contraste entre le fond et la forme, et pour que l’action paraisse ainsi plus comique. […] Il ne diffère du poème héroï-comique que parce qu’il ne prend jamais le ton de la grande épopée.
Rien de plus ordinaire cependant que de le voir négliger aux jeunes gens : l’empressement de produire, l’avidité de jouir ou de faire jouir les autres de ses productions, fait que l’on prend la plume avant d’avoir bien démêlé le fil de ses idées, d’avoir cherché et mis entre elles cette liaison, cette harmonie, sans lesquelles le style le plus chargé d’ornements fatigue, au lieu d’intéresser le lecteur. […] Il y a un milieu à prendre entre ces deux excès : émonder un bel arbre n’est pas le mutiler. […] La langueur et la mollesse du style sont les écueils voisins de l’élégance, et nous ne saurions trop insister, avec Cicéron, sur les soins que doit prendre un écrivain pour réunir, autant qu’il est possible et que son sujet le permet, la force des pensées à l’élégance continue du style. […] Dont le sage se sert à l’égard de la mode ; Vous ne le verrez point ardent à l’inventer, À la prendre trop prompt, trop lent à la quitter.
Cette physionomie distincte que prend la pensée dans les figures permet par là même de les reconnaître et de les classer. […] Est-ce pédantisme que de ne pas vouloir s’exposer à prendre, comme Pradon, la métonymie et la métaphore pour des termes de chimie ? […] Elles comprennent : 1° Les figures de diction ou de grammaire qui modifient la forme matérielle des mots ; 2° Les figures de construction ou de syntaxe qui modifient leur arrangement ; 3° Les figures de mots proprement dites, soit que les vocables y conservent leur signification essentielle, soit qu’ils y prennent un autre sens que leur sens primitif, ce que l’on nomme aussi tropes. […] Un petit nombre de symboles, produits d’une heureuse inspiration des temps primitifs, prennent peu a peu des formes moins vagues ; mieux interprétés, ils se conservent même dans le langage scientifique. » De Humboldt, Cosmos, 1re partie.
Il ne faut pas qu’il y ait trop d’imagination dans nos conversations ni dans nos écrits : elle ne produit souvent que des idées vaines et puériles, qui ne servent point à perfectionner le goût et à nous rendre meilleurs ; nos pensées doivent être prises dans le bon sens et la droite raison, et doivent être un effet de notre jugement1. […] Il assure, d’ailleurs, qu’un tel prince renonce à la ligue et quitte ses confédérés ; qu’un autre se dispose à prendre le même parti. […] Ma vue s’affaiblit, dit Irène : Prenez des lunettes, dit Esculape. […] C’est plus tôt fait de céder à la nature et de craindre la mort, que de faire de continuels efforts, s’armer de raisons et de réflexions, et être continuellement aux prises avec soi-même pour ne la pas craindre.
Comme un vieillard, il ne prend plus de part aux agitations qui l’environnent : il a vécu dans un autre siècle. […] Nous prîmes la voiture publique de Soissons, et nous la quittâmes à dix lieues et demi de Paris, au-dessus de Dammartin. […] Après ce festin champêtre, nous prîmes congé de notre hôtesse, aussi contente de notre visite que nous étions satisfaits de sa réception. […] J’irai vous voir à la première violette2 : j’aurai bien près de cinq lieues à aller3 ; j’irai gaiement, et je compte vous faire une telle description de mon séjour que je vous ferai naître l’envie de m’y venir voir et d’y prendre une collation.
L’avantage d’être à portée de mieux faire et de mériter un jour un pardon complet ; qu’on y mette le prix : ce sera alors à moi à prendre sur moi-même de quoi l’acquitter, ou à me résigner, si je me trouve insolvable ; mais m’enterrer irrévocablement et sans condition, lorsque j’en demande avec larmes, me serait trop dur ! […] Les circonstances étaient-elles difficiles, les esprits fatigués d’une longue discussion, on intimidés par le danger, un cri, un mot décisif s’échappait de sa bouche, sa tête se montrait effrayante de laideur et de génie, et l’assemblée éclairée ou raffermie rendait des lois, on prenait des résolutions magnanimes. […] Couvert des armes de la dialectique, il sonne la charge, fond sur ses adversaires, les saisit, les frappe au visage et ne les lâche pas qu’il ne les ait forcés, le genou sur la gorge, à s’avouer vaincus ; s’ils tournent le talon, il les poursuit, il les bat par devant et par derrière, il les presse, il les pousse, et il les ramène invinciblement dans le cercle impérieux qu’il leur a tracé, comme ces marins qui, sur le pont d’un étroit navire, pris à l’abordage, placent un ennemi sans espérance entre leur glaive et l’Océan… « J’ai dit que ce qui a élevé Mirabeau, sans aucune comparaison, au-dessus des autres orateurs, c’est la profondeur et l’étendue de ses pensées, la solidité de sa dialectique, la véhémence de ses improvisations ; mais c’est surtout la fortune inouïe de ses reparties… Jamais Mirabeau ne reculait devant aucune objection ni devant aucun adversaire. […] Alors il se tourna vers son oncle, animé de sentiments plus conformes à la nature et à l’équité ; mais le bailli, dominé par l’ascendant de son frère, n’osait montrer qu’à demi sa pitié pour le cruel châtiment infligé à son neveu, et ne lui répondait qu’après avoir pris les inspirations de ce père si dur, qui se parait du titre fastueux d’Ami des hommes, qu’il s’était décerné à lui-même.
Prendre. […] Pris. Je prends. Je pris. […] Les temps composés sont ceux qui prennent l’auxiliaire avoir ou l’auxiliaire être.
Cet enfant tomba aux mains de Danaïs, qui en prit occasion de poursuivre Lyncée devant les Argiens : il paraît que les Argiens finissaient par condamner à mort Danaüs au lieu de Lyncée. […] Πάθος (voy. le schol. sur l’Oreste d’Euripide, v. 1) est pris ici dans un sens pour lequel la langue française ne fournit pas d’équivalent.
La barque de mon équipage venait après moi, à l’entrée de la nuit ; et soit que le patron fût ivre, soit qu’il n’eût pas bien pris sa route, il fut entraîné par le cours de cette rivière que les pluies avaient notablement grossie ce jour-là, et je le vis faire naufrage au port. […] Cependant tous les gens eurent le temps de se sauver, et onze chevaux s’étant jetés dans l’eau, malgré la rapidité du fleuve, gagnèrent tous les bords, à la faveur des feux qu’on y avait fait allumer aux endroits où ils pouvaient prendre port. […] Déjà prenait l’essor, pour se sauver dans les montagnes, cet aigle dont le vol hardi avait d’abord effrayé nos provinces2.
Vous prenez un ton d’autorité qui ne vous conviendra jamais, quoi qu’il puisse vous arriver. […] D’ailleurs, ce ne sont point les opinions qui prennent les villes, ou gagnent les batailles. […] Le mot vaste se prend toujours dans un sens défavorable ; il exprime ici des vues démesurées, que ne règle pas la raison.