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43. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

L’âge viril, plus mûr, inspire un air plus sage, Se pousse auprès des grands, s’intrigue, se ménage2, Contre les coups du sort songe à se maintenir, Et loin dans le présent regarde l’avenir. La vieillesse chagrine incessamment amasse ; Garde, non pas pour soi, les trésors qu’elle entasse ; Marche en tous ses desseins d’un pas lent et glacé ; Toujours plaint le présent, et vante le passé3 ; Inhabile aux plaisirs dont la jeunesse abuse, Blâme en eux les douceurs que l’âge lui refuse.

44. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XX. » pp. 117-119

Le temps présent, le passé.]

45. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Il arrive donc nécessairement que toutes les choses agréables consistent soit dans la sensation des choses présentes, soit dans le souvenir de celles qui sont passées, soit enfin dans l’espérance des choses futures ; car on sent les choses présentes, on se souvient de celles qui sont passées et l’on espère celles qui sont à venir. […] Ceux qui donnent une égale affection, que l’on soit absent ou présent. […] De même lorsque, se livrant à un premier effort, on se croit à l’abri d’épreuves présentes, ou futures, et que l’on compte sur le succès. […] La honte sera une peine occasionnée par celles des choses fâcheuses, ou présentes, ou passées, ou futures, qui paraissent donner de nous une mauvaise opinion. […] Exemple : Diopithès349 était mort lorsqu’arrivèrent les présents du roi.

46. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

C’est cette nature, qui est toujours et partout la même, qu’Aristote a parfaitement connue, puisqu’en peignant ses contemporains, il a peint les hommes des siècles postérieurs, et ceux du siècle présent. […] « Nul presque de tous ceux que le monde séduit et entraîne, n’est content de sa destinée ; et si l’espoir d’une condition plus heureuse s’adoucissait les peines de notre état présent, et ne liait encore nos cœurs au monde, il ne faudrait, pour nous en détromper, que les dégoûts et les amertumes vives que nous y trouvons Mais nous sommes, chacun en secret, ingénieux à nous séduire sur l’amertume de notre condition présente. Loin de conclure que le monde ne saurait faire des heureux, et qu’il faut chercher ailleurs le bonheur où nous aspirons, et que le monde ne saurait nous donner, nous nous y promettons toujours ce qui nous manque et ce que nous souhaitons : nous charmons nos ennuis présents par l’espoir d’un avenir chimérique ; et par une illusion perpétuelle et déplorable, nous rendons toujours inutiles les dégoûts que Dieu répand sur nos passions injustes, pour nous rappeler à lui par des espérances que l’événement dément toujours, mais où nous prenons de notre méprise même l’occasion de tomber dans de nouvelles ». […] Quoique nous ne soyons pas les maîtres de nos mouvements, dit ce Rhéteur35, nous pouvons cependant nous faire des images si vives et si justes des choses absentes, qu’elles les rendent présentes et comme exposées à nos yeux. […] Si les cris douloureux, les vives supplications de ce malheureux, en proie à l’ardeur des torches brûlantes et à la rigueur des autres tourments, n’étaient pas capables de branler ton âme, ne devais-tu pas, au moins, être touché des sanglots, des larmes et des gémissements de tous les Romains présents à ce barbare spectacle.

47. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Toute possession lie l’âme, tout ce qu’on recherche au delà du simple besoin présent l’entrave, dans l’ordre de l’apostolat ; et les besoins mêmes doivent être réduits aux strictes nécessités de la nature, sans quoi l’apôtre tombera plus ou moins dans le servage de ceux au-dessus desquels il doit s’élever pour accomplir son œuvre. […] Ce mot d’avenir est magique pour lui et lui fait mirage ; le présent lui donne des vertiges ; il ne le supporte pas.

48. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Aux éclats de la foudre, à la voix des orages, Grondant profondément dans le sein des nuages, Invisible et présent, sans ternir sa splendeur, La nuit majestueuse ajoute à sa grandeur.

49. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre II. Qualités et devoirs de l’Orateur du Barreau. »

Sans cela, en effet, l’éloquence, qui est le plus beau don que la nature ait fait à l’homme, deviendrait pour lui le présent le plus funeste, et l’arme la plus dangereuse.

50. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

Cette œuvre modeste, qui n’a pas paru inutile, se complète par deux recueils du même genre, où domine, avec de légères modifications de méthode, une pensée commune : d’un côté, par un recueil plus simple, rédigé pour les classes élémentaires ; de l’autre, par le présent recueil plus élevé, spécialement destiné aux classes supérieures1.

51. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voiture 1598-1648 » pp. 15-17

Idole et victime de la mode, il porta la livrée de son temps, et la postérité l’a puni d’avoir plus songé au présent qu’à l’avenir.

52. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

L’imagination est cette faculté de l’esprit qui rend présents à la pensée une foule d’objets propres à produire dans l’âme de vives émotions.

53. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Chacun choisit ce qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie : tous entreprennent son éloge ; et chacun s’interrompant soi-même par ses soupirs et par ses larmes, admire le passé, regrette le présent et tremble pour l’avenir. […] La sagesse dont il parle en ce lieu est cette sagesse insensée, ingénieuse à se tourmenter, habile à se tromper elle-même, qui se corrompt dans le présent, qui s’égare dans l’avenir, qui, par beaucoup de raisonnements et de grands efforts, ne fait que se consumer inutilement en amassant des choses que le vent emporte. […] Cette précieuse faculté qui anime tout ce qui n’existe pas ou qui n’existe plus, qui invente une foule de circonstances plus ou moins vraies, qui aime à errer librement dans un champ, qui se plaît à se plonger dans de charmantes rêveries, cette faculté qu’un de nos écrivains a surnommée la folle du logis et que Delille nous a si gracieusement dépeinte dans un de ses poèmes, l’Imagination, nous peint les objets absents, chimériques même, comme présents à l’esprit ; nous croyons les voir en réalité, nous croyons les toucher.

54. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

On remarque ce changement brusque de temps, du présent au passé (l’éclair brille, la foudre est tombée). […] L’hypotypose n’est un trope que parce qu’il met au présent un verbe qui devrait être au passé. […] Au lieu du présent mettez le passé et l’imparfait, et vous verrez l’image disparaître, de plus, le récit sera affecté et languissant. […] L’Hypotypose agit et parle au temps présent. […] On aime à la voir étaler ses richesses, présents du créateur, et montrer à nos yeux ces étoiles qui font son ornement.

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