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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Sur cela je pleure sans pouvoir m’en empêcher : ma chère bonne, voilà qui est bien faible, mais pour moi je ne saurais être forte contre une tendresse si juste et si naturelle. […] On crie, on pleure ; M. d’Hamilton fait cesser ce bruit, et ôter le petit d’Elbeuf, qui s’étoit jeté sur le corps, qui ne vouloit pas le quitter, et se pâmoit de crier. […] Le coup de canon vint donc ; il emporte le bras de Saint-Hilaire qui montrait cette batterie, et tue M. de Turenne ; le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer. Taisez-vous, mon enfant, lui dit-il, voyez, en lui montrant M. de Turenne raide mort, voilà ce qu’il faut pleurer éternellement : voilà ce qui est irreparable ! et sans faire nulle attention sur lui, se met à crier et à pleurer cette grande perte.

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Je devinai la mort à ce muet emblème : La servante pleurait le vieux maître qu’elle aime. […] Puis, avec l’assistant disant les saints cantiques, Je m’assis pour pleurer près des chères reliques ; Et priant, et chantant, et pleurant tour à tour, Je consumai la nuit, et vis poindre le jour. […] Cela me ferait pleurer, si je ne renvoyais mes larmes. Pleurer une bête, c’est bête, mais le cœur n’a pas d’esprit, ni trop d’amour-propre souvent. […] Je crois que je pleurerai, mais ce sera dans ma chambrette où se passent mes secrets. » (Eugénie de Guérin.)

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Mais on décrit sans art une mort qu’on pleure sans feinte. […] Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un homme seul est une calamité publique1. […] Tout le peuple le pleura amèrement ; et, après avoir pleuré durant plusieurs jours, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël !

5. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

Tout le peuple d’Israël le pleura avec de grands gémissements ; il pleura longtemps et il disait : Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? […] « Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend. « Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine ; pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] Pleurez donc ce grand capitaine, et dites en gémissant : “voilà celui qui nous menait dans les hasards !

6. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Tous ne sont-ils pas unanimes pour répéter le précepte d’Horace : … Si vis me flere, dolendum est Primum ipsi tibi… vérité si incontestable aux yeux de Boileau, qu’il se contente de la traduire : Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez ; et qu’ailleurs, après avoir accordé à l’amour une place dominante dans les écrits, comme dans les sentiments et les actions des hommes, il ajoute : Mais pour bien exprimer ces caprices heureux, C’est peu d’être poëte, il faut être amoureux. […] Je soutiens seulement qu’elle n’est pas l’auxiliaire indispensable, la condition sine qua non de l’expression ; qu’il ne faut pas, de nécessité, être amoureux pour peindre l’amour, ni pleurer réellement pour arracher des larmes aux autres. […] Je recommande le met profond d’un des plus habiles artistes du Théâtre-Français : « Pour savoir bien rire, il faut savoir pleurer ; et pour savoir pleurer, il faut savoir rire. »

7. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort3. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un seul homme est une calamité publique1. […] Son fils s’était jeté sur lui avec des sanglots. « Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer », s’écria Saint-Hilaire ; et montrant Turenne étendu : « Voilà ce qu’il faut pleurer éternellement, voilà ce qui est irréparable. » 1.

8. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

. — Le mot définit la chose : Eurydice, c’est toi qu’appelait son amour, Toi qu’il pleurait la nuit, toi qu’il pleurait le jour. […] … Voltaire a mieux compris le tour latin, et, malgré l’inconcevable distraction qui lui a fait prendre, comme au singe de la Fontaine, le nom d’un port pour un nom d’homme, je préfère sa forme, Phénisse veille et pleure ! […] Un père veut dire qu’il pleure sa fille morte, tandis que, selon les lois de la nature, c’est elle qui devrait le pleurer : Sur mon tombeau ma fille devrait faire Ce que je fais maintenant sur le sien.

9. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Dans cette arène sanglante des guerres civiles et religieuses, on avait besoin de rire, pour ne pas pleurer. […] Jean qui pleure et Jean qui rit Du dueil que mena1 Gargantua de la mort de sa femme Badebec 2 Quand Pantagruel fut né, qui3 fut bien esbahy et perplex, ce fut Gargantua son pere ; car voyant d’un cousté1 sa femme Badebec morte, et de l’aultre son filz Pantagruel né, tant beau et tant grand, ne sçauoit que2 dire ny que faire. […] Foy de gentil homme, il vault mieulx pleurer moins et boire d’aduantaige. […] On écrivait plorer, plourer, pleurer. […] Car pourquoy signifie : voici pourquoi je dois pleurer.

10. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

Pleure, Jérusalem ; pleure, cité perfide, Des prophètes divins malheureux homicides ; De son amour pour toi ton Dieu s’est dépouillé ; Ton encens à ses yeux est un encens souillé…    Où menez-vous ces enfants et ces femmes ? […] Qui changera mes yeux en deux sources de larmes,           Pour pleurer ton malheur ?

11. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

         Je voyais l’ombre auguste et chère          M’apparaître toutes les nuits ;          Inconsolable en mes ennuis Je pleurais tous les jours, même auprès de ma mère.  […] Tandis qu’en vos palais tout flatte voire envie, À genoux sur le seuil, j’y pleure bien souvent ; Donnez : peu me suffit ; je ne suis qu’un enfant ;           Un petit sou me rend la vie. […]           Qu’il vienne à nous celui qui pleure, Disait la voix, mêlée au murmure des vents ;           L’heure du péril est notre heure ;           Les orphelins sont nos enfants, Et deux femmes en deuil recueillaient sa misère.

12. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Mais on décrit sans art une mort qu’on pleure sans feinte. […] Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un homme seul est une calamité publique2.

13. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Si je me rappelle bien, cher ami, nous nous sommes embrassés la dernière fois sans pleurer, et c’était mieux comme cela ; mais, la première fois que nous nous embrasserons, nous laisserons nature faire à sa guise. […] Pleurés. […] J’aime mieux le dénoùment de La Fontaine : Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur tombe, Ce que je viens de raconter. […] Pleurez, vous tous qui avez reçu du ciel un cœur et un esprit capables de sentir tous les charmes d’une poésie élégante, naturelle et sans apprêt. […] Pleurez donc, nourrissons des muses ; ou plutôt consolez-vous : La Fontaine vit tout entier et vivra éternellement dans ses immortels écrits.

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