Sur cela je pleure sans pouvoir m’en empêcher : ma chère bonne, voilà qui est bien faible, mais pour moi je ne saurais être forte contre une tendresse si juste et si naturelle. […] On crie, on pleure ; M. d’Hamilton fait cesser ce bruit, et ôter le petit d’Elbeuf, qui s’étoit jeté sur le corps, qui ne vouloit pas le quitter, et se pâmoit de crier. […] Le coup de canon vint donc ; il emporte le bras de Saint-Hilaire qui montrait cette batterie, et tue M. de Turenne ; le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer. Taisez-vous, mon enfant, lui dit-il, voyez, en lui montrant M. de Turenne raide mort, voilà ce qu’il faut pleurer éternellement : voilà ce qui est irreparable ! et sans faire nulle attention sur lui, se met à crier et à pleurer cette grande perte.
Je devinai la mort à ce muet emblème : La servante pleurait le vieux maître qu’elle aime. […] Puis, avec l’assistant disant les saints cantiques, Je m’assis pour pleurer près des chères reliques ; Et priant, et chantant, et pleurant tour à tour, Je consumai la nuit, et vis poindre le jour. […] Cela me ferait pleurer, si je ne renvoyais mes larmes. Pleurer une bête, c’est bête, mais le cœur n’a pas d’esprit, ni trop d’amour-propre souvent. […] Je crois que je pleurerai, mais ce sera dans ma chambrette où se passent mes secrets. » (Eugénie de Guérin.)
Mais on décrit sans art une mort qu’on pleure sans feinte. […] Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un homme seul est une calamité publique1. […] Tout le peuple le pleura amèrement ; et, après avoir pleuré durant plusieurs jours, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël !
Tout le peuple d’Israël le pleura avec de grands gémissements ; il pleura longtemps et il disait : Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? […] « Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend. « Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine ; pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] Pleurez donc ce grand capitaine, et dites en gémissant : “voilà celui qui nous menait dans les hasards !
Tous ne sont-ils pas unanimes pour répéter le précepte d’Horace : … Si vis me flere, dolendum est Primum ipsi tibi… vérité si incontestable aux yeux de Boileau, qu’il se contente de la traduire : Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez ; et qu’ailleurs, après avoir accordé à l’amour une place dominante dans les écrits, comme dans les sentiments et les actions des hommes, il ajoute : Mais pour bien exprimer ces caprices heureux, C’est peu d’être poëte, il faut être amoureux. […] Je soutiens seulement qu’elle n’est pas l’auxiliaire indispensable, la condition sine qua non de l’expression ; qu’il ne faut pas, de nécessité, être amoureux pour peindre l’amour, ni pleurer réellement pour arracher des larmes aux autres. […] Je recommande le met profond d’un des plus habiles artistes du Théâtre-Français : « Pour savoir bien rire, il faut savoir pleurer ; et pour savoir pleurer, il faut savoir rire. »
Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort3. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un seul homme est une calamité publique1. […] Son fils s’était jeté sur lui avec des sanglots. « Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer », s’écria Saint-Hilaire ; et montrant Turenne étendu : « Voilà ce qu’il faut pleurer éternellement, voilà ce qui est irréparable. » 1.
. — Le mot définit la chose : Eurydice, c’est toi qu’appelait son amour, Toi qu’il pleurait la nuit, toi qu’il pleurait le jour. […] … Voltaire a mieux compris le tour latin, et, malgré l’inconcevable distraction qui lui a fait prendre, comme au singe de la Fontaine, le nom d’un port pour un nom d’homme, je préfère sa forme, Phénisse veille et pleure ! […] Un père veut dire qu’il pleure sa fille morte, tandis que, selon les lois de la nature, c’est elle qui devrait le pleurer : Sur mon tombeau ma fille devrait faire Ce que je fais maintenant sur le sien.
Dans cette arène sanglante des guerres civiles et religieuses, on avait besoin de rire, pour ne pas pleurer. […] Jean qui pleure et Jean qui rit Du dueil que mena1 Gargantua de la mort de sa femme Badebec 2 Quand Pantagruel fut né, qui3 fut bien esbahy et perplex, ce fut Gargantua son pere ; car voyant d’un cousté1 sa femme Badebec morte, et de l’aultre son filz Pantagruel né, tant beau et tant grand, ne sçauoit que2 dire ny que faire. […] Foy de gentil homme, il vault mieulx pleurer moins et boire d’aduantaige. […] On écrivait plorer, plourer, pleurer. […] Car pourquoy signifie : voici pourquoi je dois pleurer.
Pleure, Jérusalem ; pleure, cité perfide, Des prophètes divins malheureux homicides ; De son amour pour toi ton Dieu s’est dépouillé ; Ton encens à ses yeux est un encens souillé… Où menez-vous ces enfants et ces femmes ? […] Qui changera mes yeux en deux sources de larmes, Pour pleurer ton malheur ?
Je voyais l’ombre auguste et chère M’apparaître toutes les nuits ; Inconsolable en mes ennuis Je pleurais tous les jours, même auprès de ma mère. […] Tandis qu’en vos palais tout flatte voire envie, À genoux sur le seuil, j’y pleure bien souvent ; Donnez : peu me suffit ; je ne suis qu’un enfant ; Un petit sou me rend la vie. […] Qu’il vienne à nous celui qui pleure, Disait la voix, mêlée au murmure des vents ; L’heure du péril est notre heure ; Les orphelins sont nos enfants, Et deux femmes en deuil recueillaient sa misère.
Mais on décrit sans art une mort qu’on pleure sans feinte. […] Les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort. […] Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur ; et la perte d’un homme seul est une calamité publique2.
Si je me rappelle bien, cher ami, nous nous sommes embrassés la dernière fois sans pleurer, et c’était mieux comme cela ; mais, la première fois que nous nous embrasserons, nous laisserons nature faire à sa guise. […] Pleurés. […] J’aime mieux le dénoùment de La Fontaine : Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur tombe, Ce que je viens de raconter. […] Pleurez, vous tous qui avez reçu du ciel un cœur et un esprit capables de sentir tous les charmes d’une poésie élégante, naturelle et sans apprêt. […] Pleurez donc, nourrissons des muses ; ou plutôt consolez-vous : La Fontaine vit tout entier et vivra éternellement dans ses immortels écrits.