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62. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Vous perdez une amie d’un mérite et d’une fidélité incomparables ; rien n’est plus digne de vos regrets. Et moi, Monsieur, que n’ai-je pas perdu ? […] Ne demandez point d’où ils viennent, ni de qui c’est ; on ne vous le dira pas ; mais ce sont des gens qui sont bien assurés qu’ils ne les perdront pas. […] À quel jeu vous ai-je perdu, mon cher confrère ? […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein.

63. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Ces discours sont d’un Orateur éloquent, qui d’ailleurs a le grand mérite de ne perdre jamais de vue le Saint dont il célèbre les vertus. […] Les Panégyriques prononcés dans Athènes, se sont perdus au milieu du bouleversement des Empires. […] Mais dans le secret de son cœur il ne l’abandonna jamais ; il ne perdit jamais la foi ; il ne douta jamais de nos mystères. […] L’usage veut aussi que le directeur de l’académie réponde au récipiendaire et qu’il en fasse l’éloge, ainsi que de l’académicien qu’on a perdu. […] Gardez bien vos rangs, je vous prie : si la chaleur du combat vous les fait quitter, pensez aussitôt au ralliement ; c’est le gain de la bataille… ; et si vous perdez vos enseignes, cornettes et guidons, ne perdez point de vue mon panache blanc, vous le trouverez toujours au chemin de l’honneur et de la victoire ».

64. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Tout serait perdu sans Ulysse, qui seul résiste au torrent. […] D’autres sont venus après eux qui aimaient aussi leur patrie, mais qui se sont perdus sans avoir la consolation de la sauver. […] Trahis par leurs orateurs, par leurs généraux, dépouillés de leurs colonies, déchus de leur puissance maritime, ils perdent leur temps à s’accuser les uns les autres, et cependant Philippe, un Macédonien, un barbare, se fait l’arbitre de la Grèce ! […] — C’est peu d’avoir fermé la bouche aux partisans de l’étranger et de la paix à tout prix ; c’est peu d’avoir effrayé les Athéniens en leur prouvant qu’ils n’ont pas le choix entre la guerre et le repos, et qu’ils sont perdus s’ils n’agissent. […] Ils condamnèrent l’accusateur, ils justifièrent la politique de Démosthène en lui accordant de nouveaux honneurs ; ils le récompensèrent par de magnifiques décrets de n’avoir pas désespéré de la liberté, même quand la liberté était perdue pour jamais.

65. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Il appelait leur art une routine ; il le comparait à une cuisine, où l’on élabore savamment des mets fins qui excitent l’appétit des hommes, mais qui leur font perdre la santé. […] Car il en est au barreau comme à la guerre, où souvent les batailles se perdent par un excès de témérité. On veut faire une trouée au milieu des arguments de l’adversaire, on se découvre et on perd sa cause au moment où on la croit gagnée. […] Vous exaltez trop les mérites de votre client, vous l’exposez à l’envie ; vous perdez toute mesure à l’égard de l’adversaire, vous le rendez intéressant. […] L’affaire était mauvaise et perdue d’avance dans l’esprit des juges et dans l’opinion publique.

66. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

Bien que cette querelle ait perdu son à-propos, la verve d’une ironie éloquente, des principes d’éternelle morale, la dialectique d’un bons sens convaincu, et les beautés d’un art supérieur assurent un intérêt durable à ce pamphlet, qui demeure comme une date impérissable de notre littérature. […] La châsse D’où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique2, et qui, accablé de procès et de querelles, était ce matin si troublé, n’y pense plus maintenant ? […] Parabole Un homme est jeté par la tempête dans une île inconnue, dont les habitants étaient en peine4 de trouver leur roi, qui s’était perdu ; et ayant beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi, il est pris pour lui, et reconnu en cette qualité par tout ce peuple.

67. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Mais, encore une fois, de la circonspection sur ce point, et ne perdez pas de vue les préceptes exposés dans un des chapitres de la Disposition, à propos du vers de Boileau : Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] « Une fatale révolution, une rapidité que rien n’arrête, entraîne tout dans les abîmes de l’éternité ; les siècles, les générations, les empires, tout va se perdre dans ce gouffre ; tout y entre et rien n’en sort : nos ancêtres nous en ont frayé le chemin et nous allons le frayer dans un moment à ceux qui viennent après nous : ainsi les âges se renouvellent, ainsi la figure du monde change sans cesse : ainsi les morts et les vivants se succèdent et se remplacent continuellement : rien ne demeure, tout s’use, tout s’éteint. […] Bientôt ces termes neufs et originaux, employés par les écrivains les plus médiocres, perdent le premier éclat qui les distinguait ; ils deviennent familiers : alors les hommes de génie sont obligés de chercher d’autres expressions, qui souvent ne sont pas si heureuses ; c’est ce qui produit le style forcé et sauvage dont nous sommes inondés. […] Quand le discours est improvisé, point de règles, bien entendu ; l’orateur obéit à une impulsion spontanée, la nature agit presque en dépit de lui-même ; seulement, qu’on ne perde pas de vue ce que j’ai dit au chapitre des Passions, sur la nécessité de savoir se maîtriser, même en ces occasions.

68. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

L’unité et la simplicité du plan ont pour but d’empêcher l’auteur de se perdre dans les détails de son œuvre. […] « Quel sera le crime de l’homme du roi, qui, trompé dès le début de son expédition, frustré de la moitié des forces qu’on s’était engagé à lui fournir, enchaîné bientôt par une puissance absolue, dépourvu de tous moyens, sans vivres, sans argent, sans vaisseaux, sans soldats, traversé par mille obstacles, oublié de sa cour, tandis que les ennemis recevaient des renforts multipliés de la leur ; malgré l’excessive infériorité de ses forces, malgré l’esprit de sédition et de vertige répandu dans une armée qui n’a ni solde, ni nourriture ; malgré la désertion journalière et la défection totale de cette armée sans cesse quittant ses drapeaux pour aller joindre l’ennemi, trouve moyen de faire la guerre pendant trois ans sans interruption ; prend dix places, en manque une, et la manque parce que son escadre l’abandonne et laisse la mer libre à l’escadre ennemie ; gagne dix batailles, en perd une, et la perd, parce qu’une partie de ses troupes disparaît au commencement de l’action, et le laisse sur le champ de bataille, au moment où il fond sur l’ennemi ; dispute le terrain pied à pied ; lorsqu’il ne peut plus se défendre, tient pendant cinq mois en échec des forces vingt fois supérieures aux siennes ; et après avoir épuisé toutes les ressources que son zèle et son imagination pouvaient lui suggérer, après avoir payé et nourri de son argent le peu de troupes qui lui restait, est enfin obligé de rendre une ville2 bloquée par terre et par mer, une ville prise par la famine, où il ne restait pas un grain de riz, où l’on avait mangé les arbres et le cuir, sans autre défense, en un mot, que quelques canonniers, et une poignée de soldats, qui n’avaient plus la force de remuer un canon, même pas celle de se trainer jusqu’aux remparts. […] « Que cet homme, dominé naturellement par un tempérament vif, emporté par l’excès de son zèle, aigri par les contradictions sans cesse renaissantes, poussé par l’indignation que devaient exciter tant de crimes réunis, se soit laissé aller à des plaintes amères et à des reproches violents ; qu’il ait fait entendre, qu’il ait fait tonner dans toute sa force la voix de cette vérité toujours si effrayante pour les coupables ; qu’il les ait accablés de menaces dont malheureusement il n’a jamais exécuté aucune ; que parmi ces coupables, quelques-uns l’nient été moins, en effet, qu’ils ne lui ont paru l’être ; qu’accoutumé à se voir trompé de toutes parts, à rencontrer partout l’hypocrisie et la scélératesse, il en était presque venu au point de ne pas croire à la vertu dans ces affreux climats ; qu’il ait confondu le citoyen indolent et incapable avec le citoyen perfide et dangereux ; qu’il n’ait pas toujours eu assez de patience avec l’un, assez de dissimulation avec l’autre : qu’il ait été ou trop prompt ou trop franc dans quelques-uns de ses jugements, ou trop indiscret ou trop dur dans quelques-unes de ses expressions ; que dans ces instants de trouble et d’amertume où tout conspirait à le plonger, il lui ait échappé quelque démarche imprudente dont il n’est jamais résulté de préjudice public, quelque résolution désespérée qui n’a jamais eu d’effet ; qu’enfin, il faille dire de lui, si l’on veut, ce que Tite-Live disait du grand Camille : Que les génies les plus supérieurs, que les plus grands hommes savent mieux vaincre que gouverner, était-ce donc là de quoi le condamner à perdre la tête sur un échafaud ?

69. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

mon père, mon meilleur ami, je dois donc bientôt te perdre. […] Il semble qu’il a perdu de vue le point d’où il est parti, et le but où il doit arriver. […] Le poète paraît avoir perdu de vue son objet ; et c’est alors qu’il l’a parfaitement rempli. […] On le croit entièrement hors de son sujet, qu’il n’a point perdu de vue un seul instant. […] Mais les ouvrages du plus grand nombre ont été perdus.

70. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Amour, tu perdis Troie ! […] Amour, tu perdis Troie ! […] C’est pourtant vrai, mais oubliez bien vite que je vous l’ai dit ; ne vous souvenez que d’une chose : Amour, tu perdis Troie, — et passons à l’apostrophe. […] Je n’ai qu’un précepte à donner : n’employez jamais la parenthèse sans une absolue nécessité ; ne la multipliez point, et surtout ne vous avisez pas, comme certains prosateurs, de greffer, en quelque sorte, parenthèse sur parenthèse, de façon à dérouter le lecteur, qui, à travers toutes ces superfétations, perd de vue la phrase principale116.

71. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

si elles sont incertaines et vacillantes, si tous les mouvements n’en sont pas justes et décidés, tout l’effet est perdu. […] Il faut, pour ainsi dire, attaquer en colonne, ne présenter que des points principaux et en petit nombre, afin que le juge n’en perde aucun de vue, et que l’adversaire n’en puisse éluder aucun, les appuyer, les soutenir, ne mettre en avant que des masses de raisonnements et de preuves ; et pour repousser la défense, garder en réserve des forces inconnues à l’ennemi. […] Cet emblème de la patrie absente est inséparable de l’honneur personnel, au point qu’un régiment se regarde comme déshonoré quand il a perdu son drapeau ; le guerrier l’aime donc autant et plus que soi-même, l’orateur n’a garde de séparer ces deux amis ; il leur donne la même part de gloire, parce qu’il sait bien qu’elle revient tout entière à l’être animé. […] Toutes les fois, au contraire, que la rime peut se perdre entre deux repos, il en résulte une variété charmante qui fait oublier le poète, et fixe l’attention sur sa pensée. […] Mais je suis veuve ; — on perd la force avec la joie ; — Triste et malade, où recourir ici, / DE L’ACTION.

72. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Je vais m’y promener souvent, pour rendre à mon âme la sérénité qu’elle perd quelquefois. […] Si leur règne durait, tout serait perdu, même le souvenir de ces immortelles journées ! […] Brutus, en tuant César, se perd lui-même, et replonge le monde dans l’anarchie et la guerre. […] Peu de ces enfants perdus repassaient le fleuve. […] Un bataillon qui se trouvait là fut culbuté et perdit bon nombre de prisonniers.

73. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

C’est ainsi que nous perdons des moments précieux à fabriquer des nouvelles. […] Le peuple athénien était volage, inappliqué : il fallait donc émouvoir fortement cette multitude inattentive, et Démosthène savait bien que, s’il lui donnait le temps de respirer, tout était perdu. […] Il a été perdu, notre triomphe a été complet, du moment où nous l’avons forcé de renoncer à l’obscurité de ses intrigues, pour être ouvertement un brigand ». […] il n’y a que trop longtemps que les mots ont perdu parmi nous leur véritable acception ! […] Qu’on soit donc, puisque c’est l’usage, qu’on soit libéral aux dépens des alliés ; qu’on voie d’un œil tranquille piller le trésor public ; mais que l’on épargne au moins notre propre sang, et qu’on n’aille pas perdre tous les gens de bien, pour épargner quelques scélérats.

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