/ 244
32. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Courier 1773-1825 » pp. 238-242

Dans ces montagnes les chemins sont des précipices ; nos chevaux marchaient avec beaucoup de peine ; mon camarade allant devant, un sentier qui lui parut plus praticable et plus court nous égara. […] L’appeler, faire du bruit, je n’osais ; m’échapper tout seul, je ne pouvais ; la fenêtre n’était guère haute, mais en bas deux gros dogues hurlant comme des loups… En quelle peine je me trouvais ; imaginez-le si vous pouvez.

33. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

Voici comme Fontenelle décrit le goût d’un célèbre naturaliste pour la botanique : « On n’aura point de peine à s’imaginer qu’il s’occupait avec plaisir de tout ce qui avait du rapport avec l’objet de son amour. […] « Ce fut le 8 juillet de l’année 1709 que se donna cette bataille décisive de Pultava, entre les deux plus singuliers monarques qui fussent alors dans le monde ; Charles XII, illustre par neuf années de victoires ; Pierre Alexiowitz, par neuf années de peines prises pour former des troupes égales aux troupes suédoises ; l’un glorieux d’avoir donné des états, l’autre d’avoir civilisé les siens ; Charles aimant les dangers, et ne combattant que pour la gloire ; Alexiowitz ne fuyant point le péril, et ne faisant la guerre que pour ses intérêts : le monarque suédois libéral par grandeur d’âme ; le Moscovite ne donnant jamais que par quelque vue : celui-là d’une sobriété et d’une continence sans exemple, d’un naturel magnanime, et qui n’avait été barbare qu’une fois ; celui-ci n’ayant pas dépouillé la rudesse de son éducation et de son pays, aussi terrible à ses sujets qu’admirable aux étrangers, et trop adonné à des excès qui ont même abrégé ses jours.

34. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Tout parle en lui ; tout exprime sa douleur ; tout annonce sa peine ; tout sollicite son soulagement : son silence même est éloquent. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin. […] On se vengeait en dédaignant la vengeance ; et l’orgueil se relâchait sans peine du plaisir de nuire à ceux qui nous ont nui, par le plaisir qu’on trouvait à les mépriser ».

35. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

Travaillez, prenez de la peine. […] Lorsqu’à la bien chercher d’abord on s’évertue, L’esprit à la trouver aisément s’habitue ; Au joug de la raison sans peine elle fléchit, Et, loin de la gêner, la sert et l’enrichit. […] Il s’exposerait même à perdre entièrement son temps et sa peine, attendu que notre langue n’a pas de rime pour certains mots, comme huître, hymne, perdre ( à l’infinitif ), rhythme, siècle, triomphe, etc. […] Rome, à trois affranchis si longtemps asservie, A peine respirant du joug qu’elle a porté, Du règne de Néron compte sa liberté. […] A peine nous sortions des portes de Trézène, Il était sur son char ; etc.

36. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

L’abord de ce lieu m’a semblé une chose singulière, et qui vaut la peine d’être décrite. […] — Tant mieux ; j’en aurai moins de peine. […] Il faisait, pour la moindre chose, emprisonner et juger des misérables, et les obligeait de racheter leurs peines par argent. […] A peine eut-il prononcé quatre paroles, que le second chambellan s’écria : « Il a raison !  […] A peine cet officier a-t-il fait quelques pas, que des grenadiers ennemis, en embuscade, l’environnent et le saisissent à peu de distance de son régiment.

37. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Mais il faut avouer que le poète a souvent de la peine à s’y conformer rigoureusement, et que bien peu de sujets sont de nature à s’y prêter : l’art, renfermé dans ce cercle étroit, ne peut étendre ses ailes. […] Que, dès les premiers vers, l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse l’entrée. […] Que le trouble, toujours croissant de scène en scène, À son comble arrivé, se débrouille sans peine. […] Toute passion mauvaise au théâtre doit porter sa peine, sinon elle est d’un effet dangereux : à moins que la volonté elle-même n’en triomphe par un effet de vertu.

38. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Pour jouer mon rôle sans peine, Je le veux un peu repasser. […] Dans tous les lieux dévots elle étale un grand zèle ; Mais elle met du blanc, et veut paraître belle1. » ……………… Pour moi, contre chacun je pris votre défense, Et leur assurai fort que c’était médisance ; Mais tous les sentiments combattirent le mien, Et leur conclusion fut que vous feriez bien De prendre moins de soin des actions des autres, Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres ; Qu’on doit se regarder soi-même un fort long temps Avant que de songer à condamner les gens ; Qu’il faut mettre le poids d’une vie exemplaire2 Dans les corrections qu’aux autres on veut faire ; Et qu’encor vaut-il mieux s’en remettre, au besoin, A ceux à qui le ciel en a commis le soin. […] Imaginez-vous l’application d’un enfant à élever un château de cartes, ou à se saisir d’un papillon ; c’est celle de Théodote pour une affaire de rien, et qui ne mérite pas qu’on s’en remue : il la traite sérieusement, et comme quelque chose qui est capital ; il agit, il s’empresse, il la fait réussir ; le voilà qui respire et qui se repose, et il a raison : elle lui a coûté beaucoup de peine. » (De la Cour.) […] Regardez donc bien, je vous prie, si cette humeur sera bonne au lieu où vous êtes, et si un homme à qui ses jarretières et ses aiguillettes pèsent, et qui a bien de la peine d’obéir au commandement de Dieu et aux édits du roi, pourra s’obliger à de nouvelles lois et se faire une troisième servitude.

39. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

A peine arrivé dans le palatinat de Posnanie, il apprend que les deux rois, qu’il croyait à cinquante lieues de lui, avaient fait ces cinquante lieues en neuf jours. […] A peine commençait-il de respirer dans cet endroit, que les deux rois paraissent tout à coup derrière lui.

40. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

tant de peine ! […] Ô peines de l’amour ! […] Ami des voluptés, il naquit pour la peine. […] Un ami malheureux est plus propre qu’un autre soulager les peines que nous éprouvons. […]            Siècles de torture et de peines !

41. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Elle rend, pour ainsi dire, le langage transparent, et fait que nous sommes compris sans peine et sans effort de ceux auxquels nous parlons ou nous écrivons. […] La description qu’il nous donne est pleine de sensibilité : tout y est clair : chaque expression est nette, simple ; chaque phrase est facile à saisir : le sens se laisse comprendre sans la moindre peine. […] On parvient, avec beaucoup de peine, à se placer, c’est-à-dire à s’entasser en pyramide, les uns sur les autres, de manière à faire craindre aux habitants du parterre l’éboulement des spectateurs du cintre. […] Cette précieuse qualité se fait particulièrement découvrir dans les ouvrages où elle règne ; dès que nous rencontrons un style naturel, nous nous sentons à notre aise, et il nous semble que l’ouvrage ait coulé de source, et qu’il n’ait coûté aucune peine à son auteur. […]     Que bien que mal elle arriva     Sans autre aventure fâcheuse ; Voilà nos gens rejoints : et je laisse à juger De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines… La Fontaine.

42. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

C’est avec peine, après l’avoir lue, qu’on voit revenir l’exagération de la louange. […] Il passe rapidement du plaisir à la peine, et de la peine au plaisir ; le même bonheur le fatigue. […] Ce n’est point de ma captivité ni de ma blessure que je suis en peine. […] j’ai tort, je l’avoue ; mais ne sais-tu pas combien les meilleurs cœurs ont de peine à résiste à leur ressentiment. […] Mille traverses, mille peines nous fatiguent et nous inquiètent dans la route ; encore si je pouvais éviter ce précipice affreux.

43. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Ils servent, d’ailleurs, à en approfondir d’autres que le lecteur débrouille sans peine, dès lors qu’on a mis sous ses yeux ces premiers éléments, et qu’il en a la mémoire remplie. […] Le critique vraiment honnête homme se dit à lui-même, en prenant la plume, ce que la reine de Carthage disait à Énée : « Je ne mettrai aucune différence entre le Troyen et le Tyrien. » Que l’auteur de l’ouvrage qu’il va juger soit son ami ou son ennemi, ce critique se persuade sans peine que s’il trahit la vérité, s’il écrit une seule ligne contraire à sa façon de penser, il trompera bassement ses lecteurs et se manquera à lui-même en se vengeant de son ennemi par un lâche mensonge, ou en usant envers son ami d’une coupable indulgence. […] Ses fréquentes contradictions font de la peine à des lecteurs attentifs ; elles se dérobent à la plupart des lecteurs entraînés par les agréments du style.

/ 244