Dois-je oublier son père à mes pieds renversé, Ensanglantant l’autel qu’il tenait embrassé 1 Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle, Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et, de sang tout couvert, échauffant le carnage ; Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants, Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants2 ; Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue : Voilà comme Pyrrhus vint s’offrir à ma vue ; Voilà par quels exploits il sut se couronner ; Enfin, voilà l’époux que tu me veux donner.
Jamais Orateur ne les a peints sous des traits plus marqués, n’a fait des portraits aussi ressemblants. […] Il écrit naturellement, manie également bien tous les sujets qu’il traite, et peint de même les divers caractères qu’il veut représenter.
Personne n’a peint avec plus de charme la vertu de Lucrèce, et, pour mieux faire son tableau, il a représenté en elle la sévère honnêteté de la matrone romaine.
Mais encore vaudrait-il mieux qu’un maître démontrât le geste, car on ne peut le peindre que dans son état le plus expressif, et son commencement et sa fin demeurent abandonnés au goût de l’élève. […] Dans la fable et le conte il n’eut point de rivaux Il peignit la nature, et garda ses pinceaux.
C’est qu’il nous est impossible de séparer nos destinées des leurs ; c’est que leurs misères deviennent les nôtres, ainsi que leurs espérances ; c’est que l’auteur a peint à grands traits l’homme présent et l’homme futur, et que les couleurs sont si vraies, la ressemblance si frappante, que nous nous y reconnaissons malgré nous.
Je la vois dans un jour si favorable, que je compte ses tours et ses clochers ; elle me paraît peinte sur le penchant de la colline1.
Dans la seconde classe, on rapprochera ses tragédies historiques : Britannicus (1669), énergique tableau qui nous peint Rome impériale, au moment où Néron devient un monstre ; Bérénice (1670), suave élégie qui fit couler des larmes ; Bajazet (1672), nouveauté hardie qui transporte sur la scène un épisode d’histoire contemporaine ; Mithridate (1673), où Corneille est égalé par son rival.
Il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition ; me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir : je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, voir sa tannerie qu’il appelle sa bibliothèque. » 2.
Delille, la chaîne immense des êtres ; qui décrivent et peignent tout De l’insecte invisible à l’immense baleine : ……………………………………………… De l’énorme éléphant jusqu’à l’humble ciron.
La synchyse est plutôt un défaut qu’une beauté, si ce n’est quand on veut peindre une violente agitation, une confusion dans les éléments. […] Si nous voulons peindre la légèreté d’un cheval à la course, nous disons qu’il va plus vite que le vent. […] — Tristis, triste, qui a la douleur peinte sur le visage.
. — Enfin souloir (solere) a droit au moins à une oraison funèbre, ne fût-ce qu’en mémoire de La Fontaine qui, dans son épitaphe, disait nonchalamment de sa vie écoulée : Deux parts en fit, dont il soulait passer L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire Je ne dirai rien de marri, d’accort, de discourtois, d’assagir, d’amusoir, de charlataner, de coquiner, de dévaller, d’embesogner, d’encager, de routiner, de pluviner et de tant d’autres vocables qui, tout morts qu’ils sont, pourraient bien être plus vivants que leurs héritiers ; car, après l’ostracisme qui sévit entre 1600 et 1620, nous avons été réduits à leur substituer des termes abstraits qui sentent l’officine des savants, au lieu d’avoir jailli de source vive, je veux dire de l’imagination populaire, si prompte à peindre et animer tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle touche.
Le poète est inspiré dans l’ode et dans l’épopée ; mais, dans l’ode, son inspiration est prophétique : son cœur est dans l’ivresse du transport ; le poète, possédé du dieu qui l’inspire, y peint avec des traits de feu le sentiment qui l’anime, pour remplir notre âme.