Pour y réussir, il lui avait fallu le concours de l’opinion, et il trouva des auxiliaires dociles, dont le zèle alla même au delà de ses désirs. […] Les philosophes y coudoient les fanatiques ; le scepticisme y avoisine les fortes convictions ; l’ironie s’y mêle à l’enthousiasme ; tous les contrastes s’y heurtent au milieu d’une effervescence où le moindre choc d’opinions provoque des explosions redoutables.
Ils n’ont point d’opinion qui soit à eux, qui leur soit propre ; ils en empruntent à mesure qu’ils en ont besoin, et celui à qui ils ont recours n’est guère un homme sage, ou habile, ou vertueux ; c’est un homme à la mode. […] Voir Montaigne, Essais, III, 8 : « Il ne faut que veoir un homme eslevé on dignité : quand nous l’aurions cogneu, trois jours devant, homme de peu, il coule insensiblement en nos opinions une image de grandeur, de suffisance ; et nous persuadons que, croissant de train et de crédit, il est creu de mérite, etc. » 3.
Lorsque quelqu’un a voulu se réconcilier avec moi, j’ai senti ma vanité flattée, et j’ai cessé de regarder comme ennemi un homme qui me rendait le service de me donner bonne opinion de moi. […] Tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge : je ne me croyais pas un homme si curieux et si rare ; et, quoique j’eusse très-bonne opinion de moi, je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d’une grande ville où je n’étais point connu.
Le temps, en effet, détruit les illusions de l’opinion et les bizarreries du caprice ; mais il confirme les décisions de la nature.
On peut cependant lui reprocher parfois un tour paradoxal, une certaine irrévérence pour les opinions consacrées, du scepticisme, et une sécheresse qui se refuse trop l’éclat de la couleur.
« Je ne m’étonne pas, mon père, que vous ayez énoncé deux opinions absolument opposées, puisque dès l’abord vous avez déclaré que vous alliez proposer deux moyens extrêmes. […] Critognatus, issu d’une famille noble, chez les Arvernes, prononce le discours suivant : « Je ne veux pas discuter l’opinion de ceux qui donnent à la plus honteuse servitude le nom de capitulation ; ils ne doivent pas, je pense, être comptés au nombre des citoyens, ni admis dans ce conseil. […] Telle est mon opinion, Sénateurs, et je n’ai pas en vue ici mon utilité personnelle, je ne désire que votre bonheur ! […] Je n’ai rien à vous dire non plus de ma pauvreté ; mais si vous pensez qu’à cause de cette pauvreté même je me trouve plus malheureux qu’aucun autre Romain, permettez-moi de vous déclarer que vous êtes dans l’erreur, soit que vous ayez conçu cette opinion, soit qu’elle vous ait été inspirée. […] Vous le savez, grand roi : je vous ai exprimé cette opinion en particulier ; je la répète aujourd’hui en présence de vos amis, et je déclare formellement que les Romains, invincibles au dehors, sont faibles chez eux.
Il arrive aussi que, dans une langue, l’opinion attache du ridicule ou de la bassesse à des images qui, dans une autre langue, n’ont rien que de noble et de décent. […] On dit suspendre, précipiter son jugement, balancer les opinions, les recueillir, etc. […] Les images sont aussi plus ou moins familières, suivant les mœurs, les opinions, les usages, les conditions, etc.
De tout temps les opinions ont été partagées sur le mérite d’Isocrate comme orateur.
Vincent, comme tout à fait nécessaire pour que ce passage ne contredise pas l’opinion expresse d’Aristote dans la Politique, VIII, 7, et des autres auteurs anciens.
Que si vous voulez demeurer dans votre opinion, je n’entreprends pas de vous l’arracher par force ; mais aussi ne soyez pas si injuste que de trouver mauvais que j’aie défendu la mienne, et je vous promets que je lirai volontiers tout ce que vous m’écrirez quand les Espagnols auront repris Corbie.
Ils sont susceptibles de bonté ; car ne s’étant point fait de système à part, ils suivent les opinions reçues. […] » Ils sont timides à l’excès, et portés à craindre tous les maux qui peuvent arriver ; d’autant plus attachés à la vie, qu’ils touchent de plus près à son terme ; toujours mécontents et portés à se plaindre, même sans sujet ; plus attachés à l’utile par avidité, qu’à l’honnête par amour-propre ; peu sensibles à la honte, parce que plus susceptibles d’intérêt que d’honneur, ils comptent pour rien l’opinion des hommes. […] L’examen, l’attention président à ses jugements, qu’il règle bien plus sur la vérité que sur l’opinion, il n’est point esclave de l’intérêt jusqu’à négliger son honneur, ni de l’honneur jusqu’à négliger entièrement son intérêt ; mais il sait les allier et les faire concourir à ses desseins. […] Cette règle doit être observée, lorsque l’Orateur veut combattre un préjugé reçu, ou détruire une fausse opinion.
Leur opinion est une autorité pour bien des gens, ou méchants, ou trompés, qui, si j’avais sévi contre Catilina, n’auraient pas manqué de crier à la cruauté, à la tyrannie. […] Maintenant, quoi qu’il en soit, de quelque côté que penchent vos sentiments et vos opinions, il faut vous prononcer avant la nuit. […] Je vois, jusqu’ici, deux opinions en présence ; la première est celle de D. […] Si vous adoptez, au contraire, l’opinion de Silanus, je ne sais s’il n’en résultera pas pour moi de plus graves embarras. […] On en vient aux opinions, et l’esclave innocent est absous d’une voix unanime, sans doute afin que vous puissiez plus aisément condamner ce coupable avec la même unanimité.