Le roi pour qui sont faits tant de biens précieux, L’homme élève un front noble et regarde les cieux. […] Lucrèce de ses vers prête les ornements1 : De la noble harmonie indigne et triste usage ! […] Quand je pense, chargé de cet emploi sublime, Plus noble que mon corps, un autre être m’anime.
Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et la délicatesse du madrigal, en prenant néanmoins un ton plus noble et plus élevé, et en caractérisant la personne qui en est l’objet. […] On peut prendre un ton noble et élevé, ou badin et enjoué. […] Il ne serait guère possible d’en citer un plus agréable et plus beau dans le genre noble et sérieux : Descends, Hymen168, descends des cieux, Viens remplir les vœux des deux mondes. […] On y souffre cependant les traits brillants d’une imagination hardie un style noble et animé, et un certain enthousiasme, cette élévation, ces transports, ce délire même, font le plaisant de ces sortes de chansons, parce qu’il semble que c’est la liqueur que le poète célèbre, qui les a fait naître, comme on peut le voir dans celle-ci : Quel effroyable bruit !
La vertu feinte n’a point ces nobles résultats ; c’est la chaleur pure du sentiment qui seule peut émouvoir. […] Notre vers blanc possède de grands avantages ; il est libre, noble et hardi. […] Il est remarquable par sa morale noble et sublime. […] Outre son étonnante bravoure et son noble mépris pour la mort, il déploie encore les autres belles qualités d’un héros. […] Si Homère fait quelquefois jouer à ses dieux un rôle trop peu noble, quelquefois aussi ils apparaissent environnés de tout l’éclat imposant de la majesté divine.
Il a pour but de plaire par l’exposition d’une vérité noble et touchante, de faire aimer le bien et le beau par des images vives, par l’éloge des grandes et bonnes actions. […] Ainsi l’on peut répondre à Mathan que noble, Eliacin mérite le respect ; inconnu, la pitié ; à saint Charles que l’orgueil est de la dignité, que la négligence est de la bonté ; enfin à Philoclès que, méchants, les princes sont redoutés ; bons, adorés de leurs sujets. […] Voici comment Caïus Gracchus le présente : Un poteau fut placé sur la place publique ; Marius, l’homme Le plus noble de la ville, y fut conduit : on lui ôta ses vêtements, et il fut battu de verges. […] Le meurtrier, arrosé de ce noble sang, marche la tête haute, et comme s’il eût fait la plus belle action, tend gaîment sa main sacrilège à ses complices qui triomphent avec lui. […] Dans le morceau de Bossuet, cité plus haut, les adjectifs : longue et paisible, nobles, glorieux, ont une valeur d’amplification parce qu’ils rendent plus vif le contraste marqué par les mots misères, outrages, etc.
Le mérite est négligé, parce qu’il est ou trop modeste pour s’empresser ou trop noble pour devoir son élévation à des sollicitations et à des bassesses. […] Le discoureur ne se proclamera pas sans doute « pourvu de toutes les vertus » ; mais, d’eux-mêmes, ses nobles sentiments se peindront dans son langage. […] , p. 204) qui répond assez à ce que Marmontel appelle le familier noble, est une qualité plus précieuse et plus rare qu’on ne croit bien peu d’auteurs y ont excellé. […] La raison en est qu’il est précisément entre le noble et le bas. […] D’une autre sorte est encore la suivante, gracieuse et noble à la fois : elle ne peut mieux convenir au genre lyrique.
Il est certain que les bons ouvrages des orateurs et des poètes, en offrant à nos yeux des tableaux agréables, enchanteurs, et sagement variés, nous apprennent, en même temps, une foule de vérités utiles et remplissent notre âme de sentiments nobles et vertueux, qui peuvent nous rendre meilleurs. […] Bientôt Malherbe les déploya dans une poésie noble, harmonieuse, énergique ; et après lui, Balzac donna du nombre, de la cadence et de la grâce au discours.
Ce ton de simplicité noble, qui ne dissimule, mais n’exagère rien, et se borne à exposer la vérité sans feinte et sans détours, a quelque chose de bien plus éloquent que les figures les plus hardies et les tours les plus recherchés. […] Il faut bien connaître le peuple à qui l’on parle, et être bien sûr de son ascendant, pour tenir un pareil langage ; mais c’est précisément avec cette noble confiance, avec ce ton ferme et tranchant, que l’on établit cet ascendant, et que l’on commande, par le droit le mieux fondé et le moins humiliant pour ceux qui obéissent, la supériorité des lumières et le courage du génie. […] Ces victoires, accompagnées d’un faste noble, sont légitimes, et acquièrent à notre ville une réputation de force et de puissance. […] « Quand les succès élèvent nos sentiments, nous pouvons, sans injustice, nous élever au-dessus des autres, puisque celui que le malheur accable ne trouve personne qui partage ses disgrâces On nous dédaigne dans l’adversité ; que l’on nous pardonne donc la fierté de notre âme dans la prospérité. — Ces hommes pleins d’un noble orgueil, et tous ceux, en général, qui ont brillé par des qualités supérieures, se sont vus en butte, pendant qu’ils vivaient, à l’injustice, et souvent aux persécutions de leurs contemporains.
Le fameux souverain bien, Dans un séjour de misère, N’est qu’un pompeux entretien, Et qu’une noble chimère… Voici comment j’ai compté Dès ma plus tendre jeunesse : La vertu, puis la santé ; La gloire, puis la richesse. […] Un cœur noble ne peut soupçonner dans autrui La bassesse et la malice Qu’il ne sent point en lui. […] Ce sont les pensées les plus nobles et les plus hardies, les expressions les plus magnifiques et les plus animées, les métaphores les plus riches et les plus brillantes, les figures les plus vives et les plus pompeuses, les tours les plus nombreux et les plus variés, l’harmonie la plus agréable et la plus séduisante. […] Il faut qu’elles soient toujours nobles, riches, naïves, douces, gracieuses, agréables, selon la diversité des sujets, et qu’elles n’aient jamais rien de commun et de trivial.
Si Rutebeuf a de nobles accents lorsqu’il songe aux revers des armes chrétiennes, et au Saint-Sépulcre resté aux mains des infidèles, les amers sarcasmes de sa verve hardie contre les puissants nous avertissent pourtant que le jour approche où le relâchement des mœurs, la rivalité des pouvoirs spirituel et temporel, l’ambition de l’Église ou des souverains, la misère publique, l’affranchissement des communes, et la décadence d’institutions impuissantes enhardiront les indépendants ou les téméraires. […] Alain Chartier (1386-1458) et Christine de Pisan (1363-1415) n’en triomphent qu’à grand’peine, et leurs émules finissent par renoncer aux genres nobles pour se vouer exclusivement aux jeux de la difficulté vaincue, à la recherche des effets artificiels, à la gymnastique puérile des tours de force. […] Autant vaudrait prétendre que les Grecs avaient été jadis pour le rude Latium des maîtres funestes, et que la prise de Corinthe fut un malheur pour Rome, comme celle de Constantinople un fléau pour les peuples qui héritèrent de ses nobles dépouilles. […] La leçon ne fut pas perdue, et parmi les fureurs qui attristent des années à jamais néfastes, nos regards se reposeront avec respect sur de nobles figures, le chancelier de l’Hospital (1505-1573), aussi grand citoyen qu’éloquent orateur, et le président de Thou, dont la gravité rappellerait Thucydide s’il n’avait pas écrit en latin son impartiale histoire.
Il n’est point de figures qui ne puissent trouver place dans les péroraisons ; les plus nobles, les plus fortes et les plus touchantes, telles que l’interrogation, l’apostrophe, la prosopopée, etc., sont souvent employées par l’orateur, comme étant les plus propres à donner au discours cette véhémence qui ébranle et transporte les cœurs20. […] Bourdaloue créa pour ainsi dire le vrai goût de la chaire, en introduisant cette éloquence noble, majestueuse, véhémente et sublime, qui convient à la grandeur de notre religion, à la profondeur de ses mystères, à la pureté de sa morale. […] Mettons ensemble aujourd’hui (car nous le pouvons dans un si noble sujet) toutes les plus belles qualités d’une excellente nature ; et, à la gloire de la vérité, montrons dans un prince admiré de tout l’univers que ce qui fait les héros, ce qui porte la gloire du monde jusqu’au comble : valeur, magnanimité, bonté naturelle, voilà pour le cœur ; vivacité, pénétration, grandeur et sublimité du génie, voilà pour l’esprit, ne seraient qu’une illusion, si la piété ne s’y était jointe ; et enfin que la piété est le tout de l’homme. […] Aucun orateur n’a possédé au même degré que lui cette éloquence noble, nerveuse et rapide, qui étonne l’imagination et arrache en quelque sorte l’âme à elle-même. […] si l’esprit divin, l’esprit de force et de vérité, avait enrichi mon discours de ces images vives et naturelles qui représentent la vertu et qui la persuadent tout ensemble, de combien de nobles idées remplirais-je vos esprits, et quelle impression ferait sur vos cœurs le récit de tant d’actions édifiantes et glorieuses !
Quand il est noble, grand, sublime, triste, gracieux, etc., la pensée l’est aussi. […] Mais en disant que ce capitaine était armé d’une grande taille , il la rend noble et hardie. […] Cependant, on peut dire en général que le style périodique convient mieux aux sujets nobles et sérieux, et le style coupé aux sujets agréables et badins. […] C’est à la faveur de l’expression, qu’une pensée noble se montre dans toute sa noblesse, une pensée vive dans toute sa vivacité, une pensée énergique dans toute son énergie. […] C’est ainsi que Boileau s’est servi d’un tour très noble et très harmonieux, pour dire qu’il avait cinquante-huit ans accomplis.
La poésie didactique expose et peint les conquêtes, et souvent même les secrets de la science, par les côtés où elle émeut les plus nobles facultés de l’homme. […] Racine cependant a exprimé les mœurs les plus pures et les plus belles dans les nobles traits dont il peignit Burrhus. […] Je songe avec respect de combien je suis née Au-dessous des grandeurs d’un si noble hyménée, etc. […] Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l’esprit, quand l’oreille est blessée. […] Il y a un autre genre d’écrire tout différent du premier ; noble, riche, abondant, magnifique ; c’est ce qu’on appelle le grand, le sublime.