/ 317
56. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Si Votre Majesté se refusait à ces propositions, les hostilités recommenceraient5 ; et, qu’elle me permette de le lui dire franchement, elle serait, aux yeux du monde, seule responsable de la guerre. […] Après avoir rattaché votre âme au monde par l’amour filial et l’amour maternel, appréciez pour quelque chose l’amitié et le vif intérêt que je prendrai toujours à la femme de mon ami. […] Le 25 décembre 1799, lorsque l’Autriche méditait une nouvelle guerre contre la France ; le premier consul avait en vain conjuré l’empereur de ne pas troubler la paix du monde. […] Comment croire à cet empire du monde avec un point de départ si lointain, à ce complet changement de la face de l’univers sous la main d’un seul homme, à ces nations, à ces dynasties faites ou défaites en dix ans ? […] Conciliez avec tant de puissance ces catastrophes soudaines ; avec tant de génie, sa chute immense ; avec tant de gloire, l’abandon du genre humain, et, avec cet abandon, les terreurs des rois, l’Europe liguée pour se défendre d’un homme, l’Océan même préposé à sa garde, parce qu’un de ses pas pouvait encore ébranler le monde !

57. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Voilà les enseignements que Dieu donne aux rois : ainsi fait-il voir au monde le néant de ses pompes et de ses grandeurs ». […] que j’envie le bonheur de quiconque vit ignoré du monde, sans gloire et sans souci » ! […] Un des devoirs les plus essentiels de l’orateur est de les connaître, ainsi que les usages et le commerce ordinaire de la vie : c’est ce qu’on appelle connaître le cœur humain et le monde. […] Quelle partie du monde habitable n’a pas ouï les victoires du Prince de Condé et les merveilles de sa vie ? […] Dans l’approche d’un si beau jour, et dès la première atteinte d’une si vive lumière, combien promptement disparaissent tous les fantômes du monde !

58. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Il néglige bien des instincts secrets, bien des situations intimes de l’âme, bien des aspirations vers un monde autre que le monde terrestre. […] C’est une revue générale de la scène du monde. […] Tout le savoir du monde est chez vous retiré. […] Taine, il ne nous propose point de règle bien stricte ni de but bien haut ; « il nous donne le spectacle du monde réel, sans souhaiter ni louer un monde meilleur aux opprimés, sans leur laisser espoir de secours ni de vengeance. » Il n’a pas vu le monde en enfant ni en optimiste.

59. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Parce qu’ils aiment le monde, à quelles lois ne se soumettent-ils pas pour plaire au monde ? Qu’ils aiment Dieu comme ils aiment le monde : ils ne trouveront plus rien d’impraticable dans la loi de Dieu. […] Ce Jésuite connaissait parfaitement le monde et le cœur humain. […] C’était dans le monde chrétien, le pacificateur et le médiateur de tous les différends qui naissaient entre les têtes couronnées. […] Ce Prince, emporté par l’esprit du monde, se relâcha pendant quelque temps dans la pratique des devoirs de la religion.

60. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Il lui faut pour sujet quelque chose de mémorable, un héros populaire aux exploits gigantesques, la chute ou la naissance des empires, ces rares évènements de l’histoire qui changent la face du monde, et dans lesquels le poète puisse faire intervenir la Divinité. […] Pour que l’inspiration revienne, il faut un autre culte, une autre société, un monde renouvelé. […] La religion chrétienne, m effet, a renouvelé le monde et transformé les sentiments de l’humanité. C’est donc un vrai contresens pour la poésie que d’aller puiser ses inspirations dans un monde qui n’existe plus, dans une religion qui n’est plus pour nous qu’une fantasmagorie fausse et ridicule. […] Il y a, dans les régions célestes où plane l’imagination du chrétien, tout un monde resplendissant de poésie, dont l’épopée peut s’approprier les richesses.

61. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Mignet le 25 mai 1837 La France, marchant la première vers l’avenir immense qui attend le monde, a donné au siècle son mouvement. […] Enseignements qu’offre la vie de Franklin « Né dans l’indigence et dans l’obscurité, dit Franklin en écrivant ses Mémoires, et y ayant passé mes premières années, je me suis élevé dans le monde à un état d’opulence, et j’y ai acquis quelque célébrité. […] Peu de carrières ont été aussi pleinement, aussi vertueusement, aussi glorieusement remplies que celle de ce fils d’un teinturier de Boston, qui commença par couler du suif dans des moules de chandelles, se fit ensuite imprimeur, rédigea les premiers journaux américains, fonda les premières manufactures de papier dans ces colonies, dont il accrut la civilisation matérielle et les lumières ; découvrit l’identité du fluide électrique et de la foudre ; devint membre de l’Académie des sciences de Paris et de presque tous les corps savants de l’Europe ; fut auprès de la métropole le courageux agent des colonies soumises ; auprès de la France et de l’Espagne le négociateur heureux des colonies insurgées, et se plaça à côté de Georges Washington comme fondateur de leur indépendance ; enfin, après avoir fait le bien pendant quatre-vingts ans, mourut environné des respects des deux mondes comme un sage qui avait étendu la connaissance des lois de l’univers, comme un grand homme qui avait contribué à l’affranchissement et à la prospérité de sa patrie, et mérita non-seulement que l’Amérique tout entière portât son deuil, mais que l’Assemblée constituante de France s’y associât par un décret public. […] Ce n’est point sans difficulté qu’il a cultivé son génie, sans effort qu’il s’est formé à la vertu, sans un travail opiniâtre qu’il a été utile à son pays et au monde. […] Honorons les hommes supérieurs, et proposons-les en imitation ; car c’est en préparer de semblables, et jamais le monde n’en a eu un besoin plus grand.

62. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre V. Des sermons de Bossuet. »

Dieu a fabriqué le monde comme une grande machine que sa seule sagesse pouvait inventer, que sa seule puissance pouvait construire. […] Mais comment pourrais-tu faire remuer tant soit peu une machine si forte et si délicate, ou de quelle sorte pourrais-tu faire seulement un trait convenable dans une peinture si riche, s’il n’y avait en toi-même, et dans quelque partie de ton être, quelque art dérivé de ce premier art, quelques fécondes idées tirées de ces idées originales ; en un mot, quelque ressemblance, quelque écoulement, quelque portion de cet esprit ouvrier qui a fait le monde ? Que s’il est ainsi, qui ne voit que toute la nature conjurée ensemble n’est pas capable d’éteindre un si beau rayon ; et qu’ainsi notre âme, supérieure au monde et à toutes les vertus qui le composent, n’a rien à craindre que de son auteur » ? […] C’est là que les impies se retranchent comme dans une forteresse imprenable : c’est de là qu’ils jettent hardiment des traits contre la sagesse qui régit le monde, se persuadant faussement que le désordre apparent des choses humaines rend témoignage contre elle.

63. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Le monde perd à être approfondi ; il n’a rien de riant que sa surface et le premier coup d’œil. […] Les raisonnements de cette espèce de philosophie sont en conséquence de ses principes : cela est naturel ; et en voici la preuve : « On ne sait (dit le philosophe) ce qui se passe dans cet autre monde dont on nous parle. […] Ce n’est pas une secte ; car, outre que c’est la religion universelle du monde, ce dogme n’a point eu de chef et de protecteur. […] » Ô vous, qui croyez être un amas de boue, sortez donc du monde, où vous vous trouvez seul de votre avis ; allez donc chercher dans une autre terre des hommes d’une autre espèce, et semblables à la bête ; ou plutôt, ayez horreur de vous-même, de vous trouver comme seul dans l’univers, de vous révolter contre toute la nature, de désavouer votre propre cœur ; et reconnaissez, dans un sentiment commun à tous les hommes, l’impression commune de l’auteur qui les a tous formés ». […] Quand je n’aurais d’autre preuve de l’immortalité de l’âme, que le triomphe du méchant, et l’oppression du juste en ce monde, cela seul m’empêcherait d’en douter.

64. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Il distinguait plus judicieusement qu’homme du monde entre le mal et le pis, entre le bien et le mieux, ce qui est une très-grande qualité pour un ministre. […] Il avait assez de religion pour ce monde. […] Vous jugez facilement qu’un homme, qui a d’aussi grandes qualités et autant d’apparences de celles même qu’il n’avait pas se conserve assez aisément dans le monde cette sorte de respect qui démêle le mépris d’avec la haine2, et qui, dans un État où il n’y a plus de lois, supplée au moins pour quelque temps à leur défaut3. […] Ce défaut a fait qu’avec l’âme du monde la moins méchante il a commis des injustices ; qu’avec le cœur d’Alexandre il n’a pas été exempt non plus que lui de faiblesse ; qu’avec un esprit merveilleux il est tombé dans des imprudences ; qu’ayant toutes les qualités de François de Guise il n’a pas servi l’État en de certaines occasions aussi bien qu’il le devait, et qu’ayant toutes celles de Henri du même nom il n’a pas poussé la faction où il le pouvait.

65. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Il écouta toute la pièce avec un sérieux le plus sombre du monde ; et tout ce qui égayait les autres ridait son front. […] Or Jésus-Christ a vaincu l’idolâtrie et attiré à lui le monde devenu chrétien. […] Allez chercher le mérite jusqu’au bout du monde ; d’ordinaire, il demeure modeste et reculé. […] Il est temps que vous montriez au monde une maturité et une vigueur d’esprit proportionnées au besoin présent. […] Quand vous auriez commencé à vivre avec le monde, le passé ne vous paraîtrait pas plus long ni plus réel.

66. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Vingt ans, trente ans : cela duroit un monde Au bon vieulx temps. […]     Que l’homme est malheureux qui au monde se fie ! […] Tous les peuples du monde ou sont de moy sujetz Ou Nature les a delà les mers logez. […] En 1579 il donne la Sepmaine ou la Création au Monde, en sept chants ou « jours ». […] Le monde est un berlan551 où tout est confondu.

67. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Paraphrase d’un psaume 2 N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde ; Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde3 Que toujours quelque vent empêche de calmer. […] Allez, fléaux de France, et les pestes du monde ; Jamais un seul de vous ne reverra mon onde :   Regardez-la pour la dernière fois. […] La princesse de Conti lui disait un jour : « Je veux vous montrer les plus beaux vers du monde, que vous n’avez point vus. — Pardonnez-moi, madame, répondit-il, je les ai vus ; car s’ils sont les plus beaux du monde, il faut nécessairement que ce soit moi qui les aie faits. » Il n’était donc pas plus modeste en prose qu’en vers.

/ 317