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65. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Un principe, proprement dit, est ce que nous pouvons prendre pour base dans nos jugements sur les choses de même nature ; c’est, en quelque sorte, l’étalon d’un poids ou d’une mesure sur lequel doivent être régularisés les mesures et les poids de semblable nature. […] Voilà pourquoi nous trouvons tant de charmes à la mesure des vers, et même à celle de la prose, quoique moins précise et moins facile à saisir. […] À mesure qu’on inventa les pronoms, quelques verbes devinrent personnels, et passèrent successivement par les temps et les modes divers. […] Des dissonances, même placées à propos, des sons brusques, des mesures coupées produisent quelquefois un très bon effet. […] Il vaudrait certainement mieux n’avoir ni ton ni mesure, que d’avoir toujours les mêmes.

66. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

La Bruyère, à ce sujet, donne le conseil suivant : « Tout écrivain, pour écrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs, examiner son propre ouvrage comme quelque chose qui lui est nouveau, qu’il lit pour la première fois, où il n’a nulle part, et que l’auteur aurait soumis à sa critique ; et se persuader ensuite qu’on n’est pas entendu seulement à cause que l’on s’entend soi-même, mais parce qu’on est en effet intelligible. » Voici le résumé des qualités nécessaires à la clarté : idée claire et nette du sujet, bon choix d’expressions, ordre et enchaînement des idées, juste mesure des phrases et des périodes. […] La clarté du style fait le principal mérite du morceau intitulé : Fléaux de 1709, Humanité de Fénelon, Toutes les expressions qui composent ce récit sont parfaitement choisies, les idées s’enchaînent naturellement, les phrases et les périodes sont d’une juste mesure. […] Sors donc de devant moi, monstre d’impiété ; De toutes les horreurs, va, comble la mesure. […] Ceux que pend à tort la justice, Par la cruauté du destin (Qui n’est sans doute qu’un lutin Qui fait tout sans poids ni mesure, Et sert ou nuit à l’aventure), Font mille clameurs sans succès Pour faire revoir leur procès ; Ils parlent tous à tue-tête.

67. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

En effet, le mot histoire y est pris dans son sens étymologique d’information, investigation, recherches, exploration ; mais elle appartient si bien au genre didactique, qu’elle change et se modifie à mesure que des découvertes nouvelles font connaître de nouveaux rapports entre les êtres ; tandis que l’histoire, dans son sens général, ne s’applique qu’aux événements passés et rapportés dans les écrits ou par les traditions. […] L’idée de cette pièce était très singulière : c’étaient des hommes qui devenaient fictivement plus grands, à mesure qu’ils devenaient plus raisonnables, et qui se rapetissaient fictivement aussi quand ils faisaient ou disaient quelque sottise. […] À mesure que l’ouvrage diminue de volume, les notices se resserrent de plus en plus, et l’on arrive ainsi aux abrégés biographiques les plus réduits, comme de douze à vingt lignes, où pourtant quelques auteurs ont encore trouvé le moyen de condenser une incroyable quantité de détails utiles65.

68. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Dans un livre didactique, procédant par synthèse, où vous imposez votre savoir au lecteur qui ne s’adresserait pas à vous, s’il n’avait foi à la science et au professeur, il suffit de l’exposition simple, claire, précise de la matière ; une bonne définition sera tout l’exorde : « La géométrie est une science qui a pour objet la mesure de l’étendue. — La grammaire est la science des signes de la parole et des règles à suivre pour les employer convenablement. — L’histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous présente l’univers….. » Buffon n’a pas commencé autrement. […] Et sous l’influence de cette première impression, nous le suivons avec un plus vif intérêt, nous l’admirons davantage, lorsque, élevant le ton à mesure qu’il avance, il finit par prodiguer les miracles.

69. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

A certaine mesure basse2, on la peult juger par les preceptes et par art ; mais la bonne, la supreme, la divine, est au dessus des regles et de la raison. […] -C., vota contre la mesure qui donnait à César le commandement des Gaules, prit parti pour Pompée dans la guerre civile, passa en Afrique après Pharsale ; mais, Métellus ayant été vaincu à Thapsa, plutôt que d’accepter le joug de César, il se tua à Utique.

70. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Ce n’est pas que leurs sons, agréables, nombreux, Soient toujours à l’oreille également heureux ; Qu’en plus d’un lieu le sens n’y gêne la mesure, Et qu’un mot quelquefois n’y brave la césure4 : Mais c’est qu’en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Partout se montre aux yeux et va saisir le cœur ; Que le bien et le mal y sont prisés au juste ; Que jamais un faquin n’y tint un rang auguste, Et que mon cœur, toujours conduisant mon esprit, Ne dit rien aux lecteurs qu’à soi-même il n’ait dit. […] « Il faut laisser à chacun, en se contentant de les perfectionner, sa mesure d’esprit, son caractère et son tempérament.

71. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

L’imagination, la sensibilité et l’esprit y sont dans une mesure exquise. […] Cette lettre est un réquisitoire plein de franchise, de fermeté, de dignité, de clémence et de mesure.

72. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES. » pp. 264-266

Les vers sont des assemblages de mots et de syllabes soumis à une mesure déterminée et disposés selon certaines règles.

73. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

À mesure que je sens la mienne s’en aller, je me reporte avec plus de charme vers un passé qui ne fut pas non plus sans orages, mais sur lequel, en même temps, la bonne Providence versa de grandes douceurs. […] Cette lettre qui éclaire d’un jour si vif la physionomie de M. de Lamennais sera commentée par ce passage que j’emprunte à sa traduction des Évangiles : « Après l’esprit de dévouement et de foi, d’inébranlable foi, la première condition de l’apostolat est l’indépendance, et la mesure de l’indépendance est celle du détachement de soi et de tout ce qui se rapporte à soi.

74. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Sobre et retenue au milieu de l’abondance et des richesses, elle dispense avec mesure et avec sagesse les beautés et les grâces du discours. […] Pauvre et fier, condamné à un travail trop rapide, il tarda longtemps à donner toute la mesure de son talent. […] Tallart119, la tête en avant, suçait, pour ainsi dire, toutes les paroles du Régent, à mesure qu’elles étaient proférées, et toutes celles de la déclaration, à mesure que le garde des sceaux la lisait. […] Il ne lui manquait que la couronne ; et même, lorsqu’il était mourant, et qu’il se flattait encore de survivre au roi, il prenait des mesures pour être régent du royaume. […] Ainsi, à mesure que l’homme s’approche des éléments de la nature, les principes de la science s’évanouissent.

75. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXIII. » pp. 124-127

Ramener à une juste mesure, etc.]

76. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXIV. » pp. 128-130

La mesure qu’il détermine ensuite nous laisse dans le doute à cet égard.

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