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42. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Le jeune libertin est entouré de l’aînée de ses sœurs, de sa mère et d’un de ses petits frères. […] Cette mère a l’air accablé, désolé ; la sœur aînée s’est aussi interposée entre son frère et son père ; la mère et la sœur semblent, par leur attitude, chercher à les cacher l’un à l’autre. […] Il a perdu la jambe dont il a repoussé sa mère, et il est perclus du bras dont il a menacé son père. […] C’est sa mère qui le reçoit. […] Quelle leçon pour les mères et pour les enfants !

43. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Dans cette classe de passions rentrent l’amour qu’une mère éprouve pour ses enfants, la tendresse respectueuse que nous ressentons pour les auteurs de nos jours, l’affection qui unit des enfants issus du même sang et nourris du même lait, l’amitié, contrat sacré qui nous lie pour la vie, la sainte indignation dont notre cœur est saisi à la vue d’une action basse et intéressée, la pitié religieuse que nous inspire le malheur, et cet enthousiasme qui fait battre notre cœur au récit d’un grand sacrifice ou d’une action héroïque. […] » Et puis, à votre fête, il compare en son âme Son foyer où jamais ne rayonne une flamme, Ses enfants affamés, et leur mère en lambeau, Et sur un peu de paille, étendue et muette, L’aïeule que l’hiver, hélas ! […] Legouvé nous raconte ainsi le Dévouement d’une mère pour sauver son enfant : La Tendresse maternelle Voyez la jeune Isaure, éclatante d’attraits ; Sur un enfant chéri, l’image de ses traits, Fond soudain ce fléau qui, prolongeant sa rage, Grave au front des humains un éternel outrage. […] Une mère ose tout ; Isaure est déjà prête ; Ses charmes, son époux, ses jours, rien ne l’arrête ; D’une lèvre obstinée elle presse ces yeux, Que ferme un voile impur à la clarté des cieux ; Et d’un fils, par degrés, dégageant la paupière, Une seconde fois lui donne la Lumière. […] Pour qui, sourd à la voix d’une mère immortelle, Et d’un père éperdu négligeant les avis, Vais-je y chercher la mort tant prédite à leur fils ?

44. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Dans les Avis d’une mère à son fils, et dans ceux d’une mère à sa fille, la marquise de Lambert ne donne que des instructions saines et remplies d’aménité. […] Le fils et la fille qui suivront les avis d’une telle mère, ne s’écarteront jamais du chemin de la vertu.

45. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Il ferma la bouche aux démons étant encore dans les bras de sa mère. […] ce n’est pas à toi : il s’est fait tout petit, et la Vierge sa mère enveloppe de langes ses membres délicats, et tu trembles encore de frayeur !

46. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution1 rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs, et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine. […] Va au temple ; échappe-toi1, s’il le faut, à ton père et à ta mère ; renonce à la chair et au sang, et dis avec Jésus : « Ne faut-il pas que nous travaillions à l’œuvre que Dieu notre père nous a confiée2 ?  […] On peut voir son article des Oiseaux imitateurs : « Aucun des oiseaux n’est susceptible de la perfectibilité d’espèce ; ils ne sont aujourd’hui que ce qu’ils ont été, que ce qu’ils seront toujours, et jamais rien de plus, parce que, leur éducation étant purement individuelle, ils ne peuvent transmettre à leurs petits que ce qu’ils ont eux-mêmes reçu de leurs père et mère : au lieu que l’homme reçoit l’éducation de tous les siècles… » On peut comparer aussi ce que Buffon a dit des castors, qui ont été célébrés par le poëte Roucher dans le cinquième chant de son poëme des Mois.

47. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

C’est pour vous que cette conduite m’afflige ; car vous devez savoir que je peux me passer de votre hommage, et vous n’êtes pas en état de connaître la mère que vous avez ; vous apprendrez dans la vie que c’est à mon nom ou plutôt à celui de mon père1 qu’est dû ce que vous avez d’agrément dans le monde. […] Cependant la vie s’avance, et vous aliénez de vous votre mère, votre frère, votre sœur. […] Ni l’esprit de votre mère, ni la dignité des manières de votre frère, ni le charme de votre sœur, ni les lumières de M. […] L’obéissance, le respect envers votre mère que Dieu vous commande, ne vous paraît qu’un fardeau dont il faut se débarrasser le plus tôt possible.

48. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Maintenon, 1635-1719 » pp. 138-145

Si vous mettez toute votre confiance en Dieu, mes très-chères filles, sans vous appuyer sur vous-mêmes, ni sur aucun talent naturel et sur aucune perfection mondaine, vous deviendrez par votre docilité, par votre humilité et par votre abandon dans la main de Dieu, les vrais instruments de la grâce pour sanctifier les familles séculières et les couvents ; vous formerez d’excellentes vierges pour les cloîtres et de pieuses mères de famille pour le monde. En sanctifiant ainsi les deux principaux états de votre sexe, vous contribuerez à établir le vrai règne de Dieu dans les deux sexes, pour tous les états et pour toutes les conditions ; car on sait combien une mère de famille a de part à la bonne éducation de ses enfants, même des garçons ; combien une femme prudente et vertueuse peut insinuer la religion dans le cœur de son mari ; combien une bonne maîtresse de pensionnaires dans un couvent peut faire de bien sur2 les jeunes filles qu’elle gouverne.

49. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

Chénier, qui devait le jour à une mère d’origine grecque et qui naquit à Constantinople, en 1762, d’un père qui y représentait la France comme consul, fit d’excellentes études au collége de Navarre, où avaient été élevés jadis H. de Guise, Henri IV, Richelieu et Bossuet. […] Le plus âgé de vous aura vu treize années : A peine, mes enfants, vos mères étaient nées, Que j’étais presque vieux.

50. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Et cependant Sion a osé dire : « Le Seigneur m’a abandonnée et n’a plus mémoire de moi. » Une mère peut-elle mettre son enfant en oubli, et peut-elle perdre la tendresse pour celui qu’elle a porté dans son sein ? […] C’est en conversant, de Paris ou de la Bretagne, avec ses amis absents et surtout avec sa fille, c’est en les entretenant des nouvelles de la cour élégante de Louis XIV, ou des sentiments dont son âme de mère était remplie, qu’elle a rencontré la gloire. […] Je souhaitais depuis longtemps de trouver quelque occasion de témoigner publiquement ma vive et sincère reconnaissance pour l’Université, que je regarde comme ma mère, et à qui je compte tout devoir après Dieu. […] Le tigre, trop long de corps, trop bas sur ses jambes, la tête nue, les yeux hagards, la langue couleur de sang, toujours hors de la gueule, n’a que les caractères de la basse méchanceté et de l’insatiable cruauté ; il n’a pour tout instinct qu’une rage constante, une fureur aveugle, qui ne connaît, qui ne distingue rien, et qui lui fait souvent dévorer ses propres enfants, et déchirer leur mère, lorsqu’elle veut les défendre. […] J’attends toujours du temps qu’il mûrisse le fruit Que pour me succéder ma couche m’a produit ; Et je croyais, mon fils, votre mère immortelle, Par le reste qu’en vous elle me laissa d’elle.

51. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

« Otez aux hommes, dit Voltaire, l’opinion d’un Dieu rémunérateur et vengeur, Sylla et Marius se baignent alors avec délices dans le sang de leurs concitoyens ; Auguste, Antoine et Lépide surpassent les fureurs de Sylla ; Néron ordonne de sang-froid le meurtre de sa mère. […] Bourdalouc s’adresse aux semblables pour développer l’inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gouvernement de l’univers : « Il croit qu’un Etat ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside ; mais il prétend tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. » Racine fait de même pour démontrer qu’en remettant Joas à Athalie, on concourt peut-être à l’accomplissement des secrets desseins de Dieu sur cet enfant : Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible, Moïse, par sa mère au Nil abandonné, Se vit, presque en naissant, à périr condamné ; Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, Fit par le tyran même élever son enfance.

52. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

L’oiseau n’est banni un moment que pour son bonheur ; il part avec ses voisins, avec son père et sa mère, avec ses sœurs et ses frères ; il ne laisse rien après lui : il emporte tout son cœur. […] Sa mère avait noué autour de son cou un collier de coquillages, comme les Gaulois suspendent des reliques aux rameaux du plus beau rejeton d’un bois sacré. […] En apprenant la langue grecque, alors très négligée de nos savants, il semblait se souvenir des jeux de son enfance et des chants de sa mère. […] Les mères et les femmes de ceux qui étaient venus de la contrée voisine combattre et mourir avec leur roi se réunirent pour rechercher ensemble et ensevelir les corps de leurs proches. […] À la vue de ses deux fils en péril de mort, Frédegonde fut saisie des cruelles angoisses de cœur que la nature fait souffrir aux mères, et, sous le poids de l’anxiété maternelle, quelque chose d’étrange se passa dans cette âme si brutalement égoïste.

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé. […] Un saint évêque trouva une vieille femme qui, pour toute prière, ne savait dire que O ; et il lui dit : « Bonne mère, votre prière vaut mieux que les nôtres » : cette meilleure prière est aussi la mienne. »

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