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52. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Le Jonas inconnu sèche dans la poussière1 ; Le David imprimé n’a point vu la lumière ; Le Moïse commence à moisir2 par les bords. […] La lune, qui du ciel voit leur démarche altière, Retire en leur faveur sa paisible lumière. […] Dans son hardi projet toutefois il s’obstine, Lorsque des flancs poudreux de la vaste machine L’oiseau sort en courroux, et, d’un cri menaçant, Achève d’étonner le barbier frémissant : De ses ailes dans l’air secouant la poussière, Dans la main de Boirude il éteint la lumière.

53. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Toutefois, parce que les différents principes d’un art se communiquent réciproquement de la lumière, et que, pour en bien connaître toute la justesse et toute l’étendue, il faut les posséder tous, il arrive souvent ; et cela n’a aucun inconvénient, que l’auteur, à propos d’une chose, en indique une autre qui s’y rapporte, et qu’il n’étudiera que plus tard. […] N’est-il pas ridicule de voir l’abbé Desfontaines, qui n’avait aucune connaissance en physique, prendre parti dans les querelles des newtoniens et des cartésiens, et écrire ces phrases singulières ou plutôt insensées : Quoique le newtonianisme soit une doctrine qui renverse toute la physique et éteint toutes les lumières que Dieu nous a données sur les propriétés de la matière, sur l’ordre et le mécanisme de la nature, et qu’il soit presque inconcevable qu’il puisse y avoir un homme qui soit newtonien de bonne foi, il faut avouer, cependant, que cette philosophie, hérissée de calculs géométriques et armée de fines observations, ne laisse pas, en plusieurs points, de donner de l’embarras aux cartésiens, et de les mettre souvent sur la défensive. […] Qu’est-ce qu’une doctrine qui éteint toutes les lumières que Dieu nous a données sur les propriétés de la matière, comme si Dieu nous en avait donné d’autres que celles que nous tirons de l’expérience, laquelle était constamment invoquée par les newtoniens ?

54. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

Ainsi l’autorité dont on prétend appuyer la censure est détruite par ce partage ; et toute la conséquence qu’on peut tirer de cette diversité d’opinions en des esprits éclairés des mêmes lumières, c’est qu’ils ont pris la comédie différemment, et que les uns l’ont considérée dans sa pureté, lorsque les autres l’ont regardée dans sa corruption, et confondue avec tous ces vilains spectacles qu’on a eu raison de nommer des spectacles de turpitude. […] il y en a beaucoup que le trop d’esprit gâte, qui voient mal les choses à force de lumières, et même qui seraient bien fâchés d’être de l’avis des autres, pour avoir la gloire de décider. […] Toute approbation qui marche avant la sienne est un attentat sur ses lumières, dont il se venge hautement en prenant le contraire parti.

55. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Comme il ne faut point d’autres marques pour distinguer la lumière des ténèbres que la lumière même, qui se fait assez sentir, ainsi il n’en faut point d’autres, pour reconnaître la vérité, que la clarté même qui l’environne, et qui se soumet l’esprit et le persuade, malgré qu’il en ait ; de sorte que toutes les raisons de ces philosophes ne sont pas plus capables d’empêcher l’âme de se rendre à la vérité, lorsqu’elle en est fortement pénétrée, qu’elles ne sont capables d’empêcher les yeux de voir, lorsqu’étant ouverts ils sont frappés par la lumière du soleil56. […] La fortune fait paraître nos vertus et nos vices comme la lumière fait paraître les objets. […] S’ils sont fâchés dans le fond de leur cœur de n’avoir pas plus de lumières, qu’ils ne le dissimulent pas : cette déclaration ne sera point honteuse. […] Qui peut donc refuser à ces célestes lumières de les croire et de les adorer ? […] De ce principe, comme du centre, se répand la lumière sur toutes les parties de cet ouvrage ; de même qu’un peintre place dans son tableau le jour, en sorte que d’un seul endroit il distribue à chaque objet son degré de lumière, tout le discours est un ; il se réduit à une seule proposition, mise au plus grand jour par des tours variés.

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

La vérité La vérité, cette lumière du ciel, est la seule chose ici-bas qui soit digne des soins et des recherches de l’homme. Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom.

57. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lacordaire 1802-1861 » pp. 279-285

Le soir, on éteignait la lumière de bonne heure par économie, et le pauvre écolier devenait ce qu’il pouvait ; heureux lorsque la lune favorisait par un éclat plus vif la prolongation de sa veillée. […] Il ne dédaigne pas les lettres ; car les lettres, il le sait, c’est la suprématie de l’esprit ; c’est, avec l’éloquence et le goût, l’histoire du monde, la science des tyrannies et des libertés, la lumière reçue des temps, l’ombre de tous les grands hommes descendant de leur gloire dans l’âme qui veut leur ressembler, et lui apportant, avec la majesté de leur souvenir, le courage de faire comme eux.

58. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Il y a du crépuscule dans sa sereine lumière : ses lueurs tempérées firent pressentir les astres brillants qui allaient se lever à l’horizon1. […] Ici, le soleil sur ma tête Rit sans cesse dans un ciel pur, Où la lumière sur l’azur Verse un air d’éternelle fête.

59. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Le réveil de psyché Le matin, rougissant dans sa fraîcheur première, Change les pleurs de l’aube en gouttes de lumière ; Et la forêt joyeuse, au bruit des flots chanteurs, Exhale, à son réveil, les humides senteurs ; La terre est vierge encor, mais déjà dévoilée, Et sourit au soleil sous la brune envolée. […] Une maitresse d’école Prnette 2 Elle aimait entre tous, de son amour de mère, Ceux dont l’âme innocente attend une lumière.

60. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Il commande au soleil d'animer la nature, Et la lumière est un don de ses mains ; Mais sa loi sainte, sa loi pure Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains. […] Tandis que ces monstres barbares Poussaient d'insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs. […] Cette pensée de Moïse est sublime : Dieu dit : que la lumière soit, et la lumière fut. […] Les expressions propres désignent ce pourquoi elles ont été premièrement établies, comme : la lumière éclaire, le feu brûle ; et le style naturel rend une idée, une image, un sentiment sans recherche et sans effort. […] Mais quels que soient le génie et le savoir de celui qui jette à l'aventure des traits de lumière, quelque justes que soient les pensées, quelques beautés qu'offrent les détails, son ouvrage, dont l'esprit ne peut saisir l'ensemble, ne touche que faiblement.

61. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Non seulement deux tableaux opposés de ton et de couleur se font valoir l’un l’autre ; mais, dans le même tableau, ce mélange d’ombre et de lumière détache les objets et les relève avec plus d’éclat. […] Il en est de ces gradations comme de celles du son, de la lumière et des couleurs : rien n’est heurté, mais il y a partout transition naturelle et harmonieuse, comme dans l’arc-en-ciel dont les couleurs ne sont si douces à la vue que parce qu’elles s’allient par un doux mélange. […] La présence respective de ces objets les relève ou les rabaisse, et ils se renvoient comme une lumière mutuelle et réciproque, qui éclaire jusqu’au moindre des traits qui les caractérisent. […] Destinée à répandre la lumière et l’intérêt dans toute la narration, l’exposition doit surtout se faire remarquer par la clarté. […] Eudore revient à la lumière ; les soldats étaient à ses genoux, et lui disaient : Compagnon, sacrifiez !

62. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

155« En la sixième année, le cinquième jour du sixième mois, comme j’étais assis dans ma maison, et que les anciens de Juda y étaient rassemblés avec moi, la main du Seigneur tomba tout à coup sur moi… Quelqu’un me parut comme un feu ardent : depuis les reins jusqu’au bas, ce n’était qu’une flamme ; et depuis les reins jusqu’en haut, c’était un airain mêlé d’or, étincelant de lumière. […] Tu versais la lumière, Et tu dors maintenant éteint dans la poussière ! […] « La Sagesse est pleine de lumière, et sa beauté ne se flétrit point.

63. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

La médisance, ce vice détestable, convertit en poison tout ce que l’innocence la plus pure lui oppose pour le combattre ; à l’imitation de ce peuple furieux et insensé, elle se venge de la lumière qui l’éblouit en décochant une grêle de pierres contre le soleil1 : c’est un monstre à cent visages différents, qui contrefait le langage de l’amitié, de la compassion, de la louange et de la piété même. […] Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs.

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