Car les mots qui nous viennent du grec dérivent tous du latin, c’est-à-dire de la Renaissance, et des emprunts qu’ont opérés les savants. […] Entraînés dans le courant de la civilisation latine, les vaincus n’étaient plus des barbares, mais des Gallo-Romains. Si le latin patricien et littéraire régnait alors parmi les hautes classes, et dans les célèbres écoles d’Autun, de Bordeaux ou de Lyon, le latin des camps et des rues, (castrensis et plebeius sermo), qui datait de loin, (car il remontait aux premières guerres puniques), se propagea rapidement dans les couches populaires où se répandirent les soldats et les colons. […] Bornons-nous à l’indispensable, et indiquons sommairement les lois qui présidèrent à la formation du vocabulaire primitif que le latin nous a transmis, et que nous avons accommodé à notre génie. […] Si le nominatif pluriel est privé de l’s, c’est qu’il se modèle sur la deuxième déclinaison latine où l’s fait défaut.
S'il en était ainsi, la langue latine ne saurait offrir de sérieuses difficultés ; car enfin, ces règles de grammaire, que l’on a beaucoup trop multipliées, peuvent se réduire à un petit nombre ; et, si on les étudie avec méthode, il sera facile de les apprendre en peu de temps ; puis, avec un peu d’attention et de discernement, on viendra facilement à bout de les appliquer d’une manière convenable. […] En suivant cette méthode, qui nous est spécialement recommandée par un grand poëte1, ils enrichiront leur esprit d’une foule de pensées nobles et fécondes, leurs cœurs s’épanouiront sous l’influence de sentiments élevés, et il se formera en eux comme un riche trésor de termes choisis et de tournures élégantes, où ils n’auront qu’à puiser quand il sera besoin d’écrire et de composer en latin. Un maître habile et jaloux du progrès de ses élèves ne manquera pas de mettre à profit cette partie si intéressante des études latines. […] Nous lui conseillons aussi, comme une chose bien importante, de procurer à ses élèves des modèles d’analyse littéraire, et, dans la correction des thèmes ou des compositions latines, de leur communiquer de vive voix ou par écrit un texte corrigé qu’il aura préparé avec le plus grand soin, en s’aidant de son expérience, de ses études approfondies sur la langue latine ; en s’aidant surtout du texte original d’où ces thèmes ou ces compositions ont dû être tirés. […] De cette manière, ils auraient sous les yeux, et mieux encore dans leurs souvenirs, un texte modèle où ils puiseraient, pour faire leurs thèmes, des expressions justes, des tournures élégantes, des inversions conformes au génie de la langue latine.
Elle s’emploie surtout pour traduire en latin nos participes passés actifs, comme ayant aimé, ayant reçu, ayant rendu. […] 6° Pour rendre en latin notre préposition sans suivie d’un infinitif. […] Nous en avons parlé dans notre grammaire latine ; nous n’ajouterons ici que ce qui concerne leur emploi au point de vue de l’élégance. […] Dans ce cas, on doit en faire usage pour rendre en latin la conjonction et, qui se trouve en français dans le second membre de phrase. […] Dutrey, Gram. latine.
Ce mot prend alors un t, parce qu’il vient du latin chortem, cour. […] Verse (du latin infundit). […] Cette liaison est toute latine : ita ut. […] Sens de curiose en latin. […] Sens latin luxuria, goût et excès du luxe.
Mais, sous le rapport de la prosodie, de l’accent, de la liberté des constructions, du rhythme enfin, comme de l’euphonie, le latin et surtout le grec l’emportent manifestement sur toutes les langues modernes. […] Voulez-vous saisir du premier coup d’œil la distance qui sépare les Latins des Grecs sous le rapport de l’harmonie, rapprochez Cicéron et Quintilien de Denys d’Halicarnasse. […] Dans la rhétorique grecque et latine, la période ne pouvait avoir moins de deux membres, ni plus de quatre. […] Ce fut au commencement du xviie siècle que la période fut introduite dans le français à l’imitation du latin. […] Je dis les Latins du siècle d’Auguste, car plus vous descendez. plus vous remarquez d’exagération dans la susceptibilité de l’oreille.
C’est une tournure latine. […] C’est le sens latin d’affectus. […] Rebours vient du latin reburrus, rebursus, hérissé. […] Sens latin : commerce, relation (versari cum). […] Régime rigoureusement suivi (du latin diæta).
Les belles rimes, par exemple, qui ont un si bon effet dans la poésie moderne, et qui flattent si agréablement l’oreille dans les langues française, italienne, espagnole, allemande, anglaise, sont choquantes dans les vers grecs et dans les vers latins ; et, de même, la mesure des vers grecs et des vers latins , qui dépend de la quantité des syllabes, n’aurait aucune grâce dans la poésie moderne. […] La première de ces méthodes fut celle des Grecs et des Latins, dont les Grecs furent les modèles ; la seconde est la nôtre, et celle de la plupart des nations modernes. […] Ce vers nous tient lieu de l’hexamètre, et nous l’employons à sa place dans la haute poésie ; mais quant au nombre des syllabes, il répond au vers asclépiade latin, qui lui a servi de modèle. […] Cette suppression, en usage chez les Grecs et les Latins, s’est conservée dans la langue française. […] Nos anciens poètes et surtout Ronsard, voulant imiter le grec et le latin, ont souvent transgressé la loi du repos final.
Cette voyelle suit en latin la quantité du primitif ; elle est brève ou longue selon que la finale grecque en υ admet l’une ou l’autre de ces quantités. […] Les finales en or sont brèves en latin, quoiqu’elles aient en grec une voyelle longue ; comme Nέστωρ, Nestŏr ; ρήτωρ, rhetŏr, etc. […] Les noms en a pur ont généralement la finale longue en grec, et brève en latin : θεά, deă ; λὺρα, lyră, etc. […] Les poètes latins ont généralement élidé cette finale, ou l’ont placée à la fin du vers. […] Ces deux noms, qui ont pris à tous les cas la forme latine, en ont pris aussi la quantité.
Supposons maintenant que, comme en grec et en latin, les désinences expriment encore mieux toutes les relations possibles, la construction usuelle s’étendra bien davantage et se permettra beaucoup plus de liberté. […] J’appellerais volontiers énallage de mode l’emploi de l’infinitif au lieu de l’indicatif, dont les Latins usaient si souvent sous le nom d’infinitif historique, et qui se rencontre parfois en français : Ainsi dit le renard, et flatteurs d’applaudir. […] C’est à eux que s’adresse Quintilien au livre IX : « Cependant je n’approuve pas, dit-il, le scrupule de ceux qui veulent que le nom marche toujours avant le verbe, le verbe avant l’adverbe, le substantif avant l’adjectif et le pronom ; car souvent le contraire a beaucoup de grâce. » Les Latins croyaient donc aussi à l’ordre naturel ; s’ils s’en écartaient, ce n’était point par raison, mais pour ajouter de la grâce au discours ; et de ceux-là du moins l’on ne peut dire ce que l’on a dit des rhéteurs modernes qui partagent notre opinion, qu’ils sont entrainés par l’habitude de la construction française. […] Voilà qui suffirait à prouver ce que nous disions tout à l’heure, que la langue latine, si libre qu’elle soit dans son allure, reconnaissait pourtant une construction naturelle et usuelle. […] C’est ce qu’on peut conclure d’ailleurs des plus anciens commentateurs latins ; ordo est, disent-ils, toutes les fois qu’ils veulent expliquer une phrase difficile en rétablissant la construction.
Intérêt de l’histoire grecque L’histoire moderne est décidément seule en vogue parmi nous ; en France, aujourd’hui, loin d’encourager les recherches sur l’antiquité grecque et romaine, on pense qu’elles appartiennent exclusivement aux érudits, aux pédants disons le mot, et qu’elles ne s’adressent qu’aux écoliers, encore seulement pour le temps qu’ils sont condamnés au grec et au latin. […] Joubert disait du latin : « En apprenant le latin à un enfant, on lui apprend à être juge, avocat, homme d’État. […] Les actions et les mots, les discours et les exemples, tout concourt dans les livres latins à former des hommes publics. […] C’est ce que savait fort bien un magistrat illustre, qui, dans ce siècle où beaucoup de gens n’approuvent que l’étude des langues modernes, disait avec autant de courage que de raison : « Je veux que mon fils sache beaucoup de latin. » 2.
Les comparaisons des écrivains latins sont déjà plus étroitement liées à leur sujet ; et les prosateurs, comme les poëtes des deux derniers siècles de notre littérature, en présentent un grand nombre à la fois riches et exactes, brillantes et correctes. […] Lemaire songeait aux nymphes d’Ovide quand il préparait les cent cinquante volumes de sa Collection des classiques latins, uniformes par le caractère et le format, variés par les commentaires confiés à diverses mains. […] On s’est fait une fausse idée du latin sous ce rapport. Parce que plusieurs modernes ont dit en latin des impertinences qu’ils n’auraient osé dire en français, on s’est imaginé que c’était là le génie de la langue latine, et on a pris à la lettre le vers de Boileau : Le latin dans les mots brave l’honnêteté. […] Tous les rhéteurs latins, Cicéron, Varron, Quintilien, font une loi impérieuse de la plus sévère décence dans les paroles, comme dans la conduite.
Je prends pour exemple un ancien logogriphe latin, qui est peut-être le meilleur qu’on puisse citer. […] Les meilleurs épigrammatistes latins sont Catulle, né à Vérone, l’an 86 avant J. […] Ce sont deux vers latins, dont l’auteur, nommé Bourbon, était professeur d’éloquence grecque au Collège Royal et fut ensuite de l’Académie française. […] Elle consiste en quatre vers latins que les uns attribuent au président de Fieubet, et les autres au P. […] Catulle est le premier poète latin, qui ait exercé son talent en ce genre, Son épithalame de Manlius et de Junie est charmant.