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63. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Le rire et les larmes provoquent chez l’homme ou la joie, ou la tristesse. […] ses yeux trouveront des larmes complaisantes ; vous le verrez bondir de joie et trépigner de bonheur ! Comme ces malheureux, dont les larmes mercenaires enchérissent, à nos funérailles, sur la vraie douleur d’une famille éplorée : le flatteur qui se rit de vous, en dit et en fait plus qu’un approbateur sincère. […] » 1238il pâlira sur ces vers ; 1239même il distillera une rosée de larmes 1240de ses yeux complaisants ; 1241il bondira, il frappera la terre du pied. […] Pleurez ne serait pas juste ; car enfin il y a de fausses larmes, et celles-là doivent nous trouver insensibles ; il y a les larmes comiques, et celles-là nous font rire.

64. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

« On se souvient de ces cris de douleur, de cette désolation, de ces larmes de toute la France ; de cette foule consternée qui, se précipitant dans les temples, interrompait par ses sanglots les prières publiques, tandis que le prêtre pleurait en les prononçant, et pouvait les achever à peine.

65. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

……………………………………………… Les larmes cependant coulent de tous les yeux Vingt cris mal étouffés troublent les rits pieux ; L’effort de la douleur rompt toutes les barrières, Et les sanglots confus sont mêlés aux prières. Seul, morne, et l’œil aride, accablé sous le poids, L’aîné des fils restait sans larmes et sans voix.

66. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Ainsi, les naturalistes ont beau se récrier, je n’interdirai à la métaphore ni le laurier bravant la foudre, ni les larmes du crocodile, ni le chant du cygne, ni l’aiguillon à la queue du serpent, ni l’influence léthifère du mancenillier, etc. […] … Le chagrin monte en croupe et galope avec lui… Les vainqueurs ont parlé, l’esclavage en silence Obéit à leur voix, dans cette ville immense… Subjectifications : Quand vos bras combattront pour son temple attaqué, Par vos larmes du moins il peut être invoqué… Le silence de Phèdre épargne le coupable… Eh bien !

67. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Malherbe Le poète qui prit pour tâche et pour rôle de « réparer » (c’est le mot de Boileau et de La Bruyère) la langue « corrompue », avait commencé par la gâter pour sa part lorsque, en Provence, tout en se battant pour la Ligue, il écrivait, à l’imitation d’un Italien, les Larmes de Saint-Pierre (1587). […] Les larmes de Magdeleine. Ayez bon cueur60 et contenez vos larmes, Que vous avez pour les Adieux rendues. […] je n’ai ne bras ne langue Pour me defendre, ou faire ma harangue ; Mais, mais voyez, o mon pere, mes larmes ! […] Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs, Ce vase plein de laict, ce pannier plein de fleurs, Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.

68. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Lamennais 1782-1854 » pp. 243-246

Dans trois heures, le temps va engloutir en ses vastes gouffres les larmes et les douleurs d’une année1 ; celle qui la suivra sera-t-elle remplie de moins de pleurs et de moins de deuils ?

69. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Un grand vent balaya cette terre de larmes, L’air s’embrasa soudain et devint tout vermeil, Et moi, je tombai tel qu’un corps pris de sommeil. […] Prends pitié de sa mère aux larmes condamnée, Qui ne vit que pour lui, qui meurt abandonnée, Qui n’a pas dû rester pour voir mourir son fils ; Dieu jeune, viens aider sa jeunesse. […] On ne trouve pas chez les anciens l’ombre d’une institution en faveur des infortunés : la philosophie ni le paganisme ne séchèrent jamais une seule larme. […] Dans la paix la plus profonde, sur le cercueil du citoyen le plus obscur, elle trouvera ses mouvements les plus sublimes ; elle saura intéresser pour une vertu ignorée ; elle fera couler des larmes pour un homme dont on n’a jamais entendu parler. […] Louis XVI ne savait pas résister au vœu public ; par malheur, il ne savait pas résister davantage aux larmes de la reine.

70. (1873) Principes de rhétorique française

J’arrosai son visage d’un torrent de larmes ; je demeurai attaché à son cou sans pouvoir parler.   […] Quand pourra mon amour baigner avec tendresse Ton front victorieux de larmes d’allégresse ? […] Rien ne tarit si vite que les larmes, a dit Cicéron ; la fatigue, l’ennui, le ridicule sont tout près de l’émotion. […] et vous, Messieurs, eussiez-vous pensé, pendant qu’elle versait tant de larmes en ce lieu, qu’elle dût sitôt nous y rassembler pour la pleurer elle-même ? […] Enfin, si l’on paraît indécis, il rassemblera ses raisons dans une péroraison ; il leur donnera plus de force par ses caresses et par ses larmes.

71. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Comment te peindre mon émotion, mes larmes, ma compassion pour Antigone, ma haine pour Créon ? […] Rien ne sèche plus vite que les larmes. […] Aussi reste-t-il inébranlable devant les larmes et les supplications de sa fiancée ; rien ne pourra lui faire sacrifier son honneur. […] Le poète tragique a pour mission de nous tirer des larmes, le poète comique, de nous faire rire. […] Corneille est et restera inimitable ; mais tout en le reconnaissant, il faut rendre justice à Monsieur Racine et avouer qu’il vient de faire battre bien des mains et couler bien des larmes !

72. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

La duchesse de Bourgogne entendant blâmer à Versailles la conduite de son époux, en ressentit une douleur amère, et ne put retenir ses larmes. Madame de Maintenon, qui était présente, recueillit ces précieuses larmes sur un ruban qu’elle envoya au prince. […] Cocyte, un des cinq fleuves des Enfers, selon la fable, et formé des larmes d’une multitude de malheureux, qui n’ayant point reçu de sépulture après leur mort, errent pendant cent ans sur ses rives, où ils ne cessent de pleurer.

73. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Elle avait un portrait divinement bien fait de ce héros, et tout son train718 était arrivé à onze heures : tous ces pauvres gens étaient fondus719 en larmes, et déjà tout habillés de deuil. Il vint trois gentilshommes, qui pensèrent mourir de voir ce portrait : c’étaient des cris qui faisaient fendre le cœur ; ils ne pouvaient prononcer une parole ; ses valets de chambre, ses laquais, ses pages, ses trompettes, tout était fondu en larmes et faisait fondre les autres. […] Il essuie ses larmes : c’est à Mævius à s’affliger. […] Les princesses en larmes entourent Nariskin, se mettent à genoux devant les soldats, les conjurent, au nom de la Vierge, d’accorder la vie à leur parent ; mais les soldats l’arrachent des mains des princesses, ils le traînent au has des escaliers avec Vaugad : alors ils forment entre eux une espèce de tribunal ; ils appliquent à la question Nariskin et le médecin. […] Sa mère était seule, sans secours, sans consolation, noyée dans les larmes ; il ne lut restait rien que le souvenir de sa fortune, de sa beauté, de ses fautes et de ses folles dépenses.

74. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Dans la seconde classe, on rapprochera ses tragédies historiques : Britannicus (1669), énergique tableau qui nous peint Rome impériale, au moment où Néron devient un monstre ; Bérénice (1670), suave élégie qui fit couler des larmes ; Bajazet (1672), nouveauté hardie qui transporte sur la scène un épisode d’histoire contemporaine ; Mithridate (1673), où Corneille est égalé par son rival. […] L’Écriture appelle la terre une vallée de larmes.

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