Si le langage des Ibériens se retrouve encore dans celui des Basques, le français proprement dit ne leur doit qu’un très-petit nombre de mots1. […] De ce qui précède, nous concluerons qu’il faut chercher ailleurs le fonds même de notre langage. […] Il faillit gâter ainsi l’ingénuité du langage national, et les plantes étrangères qu’il avait voulu acclimater périrent faute de racines.
Je tiendrai à Votre Majesté le même langage que j’ai tenu à l’empereur Alexandre deux jours avant la bataille d’Austerlitz. […] Si j’étais à mon début dans la carrière militaire, et si je pouvais craindre les hasards des combats, ce langage serait tout à fait déplacé. […] C’est le langage de la dignité et du bon sens, de la force qui se modère.
Du Bellay, en la mettant à la remorque des langues anciennes ; les emprunts multipliés aux patois provinciaux qu’ils qualifiaient de dialectes, aux vocabulaires techniques des arts et des métiers ; toutes ces innovations indiscrètement pratiquées dans des compositions multiples qui ne savaient s’arrêter que quand, par bonheur, le moule métrique lui en imposait la loi, avaient fait de son style une bigarrure étrange d’érudition, d’emphase, de trivialité, de prolixité ; et sous une végétation parasite et emmêlée de langage, restaient trop souvent étouffées la délicatesse du sentiment, la grâce de l’imagination, la richesse de l’invention poétique, la force de la pensée, « la verve et l’enthousiasme » de l’inspiration que lui reconnaît La Bruyère (Caractères, I), et même l’éloquence mâle et nerveuse qui dans maint beau passage, surtout de ses Élégies et de ses Discours, se développent librement. […] Fénelon a dit de lui : « Son langage est cru et informe », et, comme Boileau, « il parloit grec en françois ». […] Comme tous demeuroient attachés à sa veuë, De tant de traits d’amour mesme en la mort pourveue ; D’un aussi libre pas que son cœur estoit haut, Elle s’en va monter dessus son eschaffaut ; Et soubsriant un peu de l’œil et de la bouche, « Je ne pensois mourir, dist elle, en ceste couche ; Mais puisqu’il plaist à Dieu de se servir de moy Pour maintenir sa gloire et defendre ma foy, J’acquerray tant d’honneur en ce honteux supplice, Où je fay de ma vie à son nom sacrifice, Qu’on m’en celebrera en langage divers : Une seule couronne en la terre je pers, Pour en regaigner deux dans le celeste empire, La couronne de vie et celle du martire. » Ces mots, sur des souspirs, elle envoyoit aux deux, Qu’elle invoquoit du cœur, de la bouche et des yeux353… […] — Les dieux sont recogneuz souvent à leur parler, Car tout autre est leur voix que n’est nostre langage : Les procès, vrais Bretons, ont à part un ramage. […] Il n’a pas davantage dans son second âge le ressort et les fiers coups d’aile de Malherbe ; mais Malherbe a beau dire de lui, nous raconte Racan, que pour mettre une pointe à la fin des stances il faisait les trois premiers vers insupportables : la netteté de son langage, L’harmonie et la plénitude de sa période en font un précurseur du réformateur de notre poésie.
Mais, ce que personne ne peut refuser à Tacite, c’est ce style souple et coloré, qui est susceptible de tous les tons, cette originalité, cette sincérité, cette hardiesse d’un esprit qui sent fortement, cette concision qui dit tout ce qu’il faut, mais rien de plus, et qui n’exclut aucun des ornements et des charmes du langage. […] Est-ce là un langage digne de la tragédie, digne des héros qu’il fait parler ? […] Phèdre n’a pas beaucoup d’imagination, mais ses fables sont un peu moins sèches que celles d’Ésope ; il possède un certain agrément dans la narration, mais il met quelque subtilité dans le langage qu’il prête à ses animaux. […] Hâtez-vous donc d’achever votre odyssée latine, qui nous fera connaître cet autre chef-d’œuvre d’Homère, et nous montrera comment on peut rendre en latin toutes les beautés de son divin langage. […] Malherbe. — Sans doute, les patois sont bien le langage du peuple, mais ne voyez-vous pas qu’en empruntant à tous indistinctement, vous ne saviez composer qu’une langue bigarrée, sans analogie, sans couleur et sans caractère.
L’auteur y répand des trésors d’élégance ; il peint la nature, il en égale les richesses et les couleurs par l’éclat de son style : souvent il laisse échapper cette abondance de sentiments tendres et passionnés, langage naturel de son cœur. […] Ce jugement porté sur Isocrate, qu’un ingénieux helléniste appelait « la plus nette perle du langage attique », peut paraître trop sévère ; mais l’opinion exprimée ensuite sur Démosthène est d’une grande vérité.
Il me semble qu’ils me parlent, comme ceux de Dodone, un langage mystérieux. […] Il change à chaque instant : bientôt ce qui était lumineux est simplement coloré, et ce qui était coloré rentre dans l’ombre ; les formes en sont aussi variables que les nuances ; vous voyez tour à tour des îles, des hameaux, des collines plantées de palmiers, de grands ponts qui traversent des fleuves, des campagnes d’or, d’améthyste, de rubis, ou plutôt ce n’est rien de tout cela : ce sont des couleurs et des formes célestes qu’aucun pinceau ne peut rendre, ni aucun langage exprimer1.
Qui doute, par exemple, que Catilina n’ait pas tenu à peu près aux conjurés le langage que lui prête Salluste, quant à l’objet même du discours et au fond des choses ? […] Voltaire, qui s’était surtout proposé, dans son Catilina, de faire connaître les personnages principaux de Rome, à l’époque de la conspiration, a fait parler le langage, et jouer à chacun d’eux le rôle que leur prête l’histoire. […] Tacite fait-il parler un honnête homme, un Germanicus, par exemple, un Thraséas, un Agricola ; on reconnaît, à leurs discours, l’écrivain dont l’âme n’a eu qu’à traduire ses propres pensées, pour faire parler à ces grands hommes un langage digne d’eux.
Les travers de Philaminte et le bon sens d’Henriette sont d’un ordre plus relevé, comme aussi leur langage. […] Les caractères ne sont pas moins vrais que le langage. […] Le langage de tels hommes devait être surtout énergique, ferme, plein de feu et de vivacité, oratoire en un mot. […] On ne saurait donner aux poètes de meilleurs conseils et dans un meilleur langage. […] Quant au langage, il a toutes les qualités à la fois.
I, 4 Métaphysique, IV, 1 Du Langage, chap.
de l’élocution Voici une nouvelle preuve de l’infirmité de la parole humaine, un nouvel exemple de la nécessité de diviser dans le langage des choses indivisibles de leur nature. […] Non pas qu’il y ait un style austère, un fleuri et un mitoyen ; mais bien que la diction, de Thucydide, s’éloigne du langage ordinaire et est semée d’ornements, tandis que celle de Lysias est simple, et celle d’Isocrate moyenne, pour ainsi dire, et composée des deux autres.
Elles consistent dans l’accord parfait des idées, des sentiments, du langage, de l’action de l’orateur avec le sujet qu’il traite et les circonstances où il se trouve. […] Vous les voulez traiter d’un semblable langage, Et rendre le même honneur au masque qu’au visage ? […] Dans le langage familier, rien n’est plus fréquent que le tour interrogatif ; on l’emploie presque toujours sans passion. […] Jour de marché à la halle qu’il ne s’en fait en plusieurs jours d’assemblées académiques. » Marmontel, dans ses Éléments de littérature, a essayé de réunir les principales figures de rhétorique dans le langage d’un homme du peuple. […] La physionomie a aussi son langage.
Des éléments grammaticaux du langage.