Ses emprunts s’accommodent à ses propres sentiments, à ses douleurs et à ses espérances. […] Prends, mon fils, laisse-toi fléchir à ma prière ; C’est ta mère, ta vieille, inconsolable mère Qui pleure ; qui jadis te guidait pas à pas, T’asseyait sur son sein, te portait dans ses bras ; Que tu disais aimer, qui t’apprit à le dire ; Qui chantait, et souvent te forçait à sourire Lorsque tes jeunes dents, par de vives douleurs, De tes yeux enfantins faisaient couler des pleurs4. […] Leur sein fut moins troublé de douleur et d’effroi, Quand du bélier doré qui traversait leurs ondes, La jeune Hellé2 tomba dans leurs grottes profondes.
Les grands événements qui agitaient la France et la précipitaient vers des destinées inconnues firent diversion aux douleurs de sa vie privée. […] Il est établi dans son presbytère comme une garde avancée aux frontières de la vie, pour recevoir ceux qui entrent et ceux qui sortent de ce royaume des douleurs. […] Transportés d’une aveugle rage, ils brisent le trait dans leur sein, se roulent par terre et se déballent dans les angoisses de la douleur. […] À ce spectacle, les Gaulois poussent un cri de douleur. […] Mille groupes de guerriers se heurtent, se choquent, se pressent, se repoussent ; partout règne la douleur, le désespoir, la fuite.
Cela ne passe pas, au contraire : les douleurs profondes sont comme la mer, avancent, creusent toujours davantage. […] Cette femme, cette berceuse qui t’a veillé et tenu un an malade sur ses genoux, m’a porté plus de douleur que n’eût fait un drap mortuaire. […] Sa douleur finit par se rasséréner.
Rousseau, fait un rapprochement habile et plein d’effet entre ce poète et Orphée : Quand le premier chantre du monde Expira sur les bords glacés Où l’Hèbre, effrayé, dans son onde Reçut ses membres dispersés, Le Thrace, errant sur les montagnes, Remplit les bois et les campagnes Du cri perçant de ses douleurs ; Les champs de l’air en retentirent, Et dans les antres qui gémirent Le lion répandit des pleurs. […] Si l’on veut consoler une personne, il ne faut pas prendre un ton léger qui semble insulter à sa douleur. […] C’est partout le cœur humain avec ses joies et ses douleurs, ses amours et ses haines.
Vous n’aurez point, il est vrai, l’illusion des plaisirs imaginaires ; vous n’aurez point aussi les douleurs qui en sont le fruit ; vous gagnerez beaucoup à cet échange ; ces douleurs sont fréquentes et réelles, et ces plaisirs rares et vains. […] Quand mes douleurs me font tristement mesurer la longueur des nuits, et que l’agitation de la fièvre m’empêche de goûter un seul instant de sommeil, souvent je me distrais de mon état présent en songeant aux divers événements de ma vie2, et les repentirs, les doux souvenirs, les regrets, l’attendrissement, se partagent le soin de me faire oublier quelques moments mes souffrances. […] Ce qu’il voit de la mort le frappe plus violemment que ce qu’il en sait : la maladie, la douleur, le cadavre, le dégoûtent de la connaissance d’un autre monde ; il faut tout le sérieux de la religion pour le réduire. » 1. […] Ne faut-il pas, chrétiens, qu’elle ait découvert intérieurement une beauté bien exquise dans ce qui s’appelle devoir, pour oser assurer positivement qu’elle doit s’exposer sans crainte, qu’il faut s’exposer même avec joie à des fatigues immenses, à des douleurs incroyables et à une mort assurée, pour les amis, pour la patrie, pour le prince, pour les autels ? […] Je ne demandais pour moi qu’une vie innocente et tranquille, exempte du vice, de la douleur, des pénibles besoins, la mort des justes et leur sort dans l’avenir.
Un auteur très ingénieux a imaginé que la terreur est la source du sublime, et que les objets, pour avoir ce caractère, doivent produire une impression de douleur et de danger. […] Mais le péril ou la douleur ne saurait être la source unique du sublime.
c’est la seule parole qui me reste, c’est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur. […] » Voilà ce qu’on trouve partout, ce que l’on cite, ce que l’on fait admirer aux jeunes gens comme un modèle de figure : mais ce qui suit, mais ce tableau où le désordre de la douleur est si bien exprimé, était-il donc moins digne d’être cité, et moins fait pour exciter l’admiration ? […] Partout on entend des cris ; partout on voit la douleur, et le désespoir, et l’image de la mort.
Les lettres de condoléance s’écrivent aux personnes qui sont affligées, afin de leur témoigner la part que l’on prend à leurs douleurs. Dans les grandes douleurs, ne cherchons point à consoler ; nous rendrions les regrets plus vils. […] Dans la douleur le cœur parle et parle bien.
Ne savais-tu donc pas que, sur ta tempe ardente, Ta main de jour en jour se posait plus tremblante, Et que c’est tenter Dieu que d’aimer la douleur ? […] Le poëte a souvent trouvé de beaux accents pour peindre la tristesse et la douleur : Le seul bien qui me reste au monde Est d’avoir quelquefois pleuré. […] Les grandes douleurs sont muettes.
Tu ne reverras plus les riantes montagnes, Le temple, le hameau, les champs de Vaucouleurs, Et la chaumière, et les compagnes, Et ton père expirant sous le poids des douleurs. […] La douleur où j’étais plongé ne me permit pas de le suivre de près. […] Voltaire exprime ainsi la douleur du vieux d’Ailly qui, d’un coup d’épée, vient d’abattre son fils à ses lieds : Ses yeux sont pour jamais fermés à la lumière, Son casque auprès de lui roule sur la poussière. […] Cette figure sert victorieusement à Bourdaloue, quand il exprime toute la douleur qu’il éprouva de voir l’oubli et l’abandon des pauvres. […] s’il revivait aujourd’hui, s’il errait parmi nos ports et nos arsenaux, quelle serait sa douleur !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux ! […] Chimène, je prends part à votre déplaisir1 : D’une égale douleur je sens mon âme atteinte. […] Excusez ma douleur, Sire ; le voix me manque à ce récit funeste : Mes pleurs et mes soupirs vous diront mieux le reste. […] Prends du repos, ma fille, et calme tes douleurs. […] Le langage de la douleur doit être plus simple et plus naturel : il repousse ces faux brillants.
Celui de l’oraison funèbre de Madame, duchesse d’Orléans, est véhément : l’orateur éclate par un sentiment de douleur, et les figures fortes s’y trouvent réunies. […] Il arrache des larmes, et si quelquefois il déchire l’âme, on aime cette douleur. […] Chacun trouve en soi la source de sa douleur, et ouvre lui-même sa plaie ; et le cœur, pour être touché, n’a pas besoin d’être ému. […] Excusez ma douleur. […] Toi, Junon, auteur et témoin de mes douleurs !