. — Choix des Pensées Le second des ornements que peut recevoir le discours consiste dans le Choix des Pensées. […] Le menteur n’est pas estimable, voilà une pensée vraie : elle marque la disconvenance et l’opposition qu’il y a entre l’idée de menteur et l’idée d’estime. » La plupart des pensées qui forment le tissu du discours n’ont d’autre mérite que la vérité et la justesse. […] Boileau dit que les transitions sont ce qu’il y a de plus difficile dans l’art d’écrire : aussi rien ne donne plus d’agrément et de force même au discours que la liaison parfaite des idées dont il se compose. […] Cette liaison est sœur : de l’unité : elle fait adhérer les unes aux autres toutes les pensées dont se compose le tissu du discours. […] La Fontaine, dans la fable, le Chêne et le Roseau, lorsque le Roseau a fini de répondre au discours orgueilleux du Chêne, se sert d’une transition pour passer à l’arrivée de la tempête : Votre compassion, lui répondit l’arbuste, Part d’un bon naturel : mais quittez ce souci ; Les vents me sont moins qu’à vous redoutables : Je plie, et ne romps pas.
« Il n’est pas temps de se préparer, dit-il, trois mois avant que de faire un discours public : ces préparations particulières, quelque pénibles qu’elles soient, sont nécessairement très-imparfaites, et un habile homme eu remarque bientôt le faible ; il faut avoir passé plusieurs années à se faire un fond abondant. […] Tandis que l’élève s’habituera de lui-même à cette science de la méditation, que le professeur mette entre ses mains les livres, les discours, les traités les plus remarquables ; qu’il lui fasse observer et comprendre les divers mérites et l’artifice de la composition, non-seulement sous le rapport de la pensée, mais sous celui de l’ordre et du style ; que souvent il le ramène sur ses pas, soit pour se rendre un compte plus exact des intentions de l’écrivain, soit pour mieux retenir l’ensemble et les détails ; que, dans les discussions politiques, judiciaires, philosophiques, il lui présente, autant que possible, le pour et le contre, surtout si la question a été traitée par deux rivaux dignes l’un de l’autre. […] Et ainsi pour la narration, la dissertation, le discours. […] Narrations historiques ou fictives, mêlées parfois d’allocutions et de discours, descriptions, portraits, parallèles, lettres, dialogues, développement d’une pensée morale ou d’un mot profond, dissertations philosophiques ou littéraires, éloges, critiques, celles-ci plus rarement, discussions parlementaires ou judiciaires d’une question réelle ou supposée, etc. : voilà les exercices que recommandent les professeurs les plus expérimentés. […] Mais je ne suis pas pour le nonum prematur in annum, et ne partage en aucune façon l’avis de Malherbe qui avait besoin de noircir une main de papier pour mener une ode à bonne fin, et soutenait qu’après avoir écrit un poëme de cent vers ou un discours de trois feuilles, il fallait se reposer dix ans.
L’exorde d’un discours, l’exposition d’un récit ou d’un drame doivent être dans un juste rapport d’étendue avec l’argumentation et le corps de l’ouvrage. […] « Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles. […] Mais je veux qu’en général ces sentences résument ou concluent ce qui précède, ou encore amènent ce qui suit et le rattachent aux idées antécédentes, de façon que loin d’avoir besoin de transition pour se lier au reste du discours, elles servent elles-mêmes de transition. […] Sans cesse en écrivant variez vos discours… Heureux qui, dans ses vers, sait d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] L’orateur commence par isoler ses auditeurs du reste du monde, et quand, debout au milieu d’eux, il a ainsi condensé sur leur tête l’épouvante générale que dès le premier mot de l’exorde son discours a dû répandre et qu’il partage lui-même, il les transporte au jour du jugement, au jour de colère et de vengeance. — Je suppose que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers… — Puis, à sa voix prophétique, la voûte du temple se déchire, les cieux s’entr’ouvrent, Jésus-Christ apparait dans toute sa gloire, les sept trompettes retentissent, et la sentence de grâce ou de mort éternelle plane au-dessus de cette petite troupe qui se serre d’effroi sur les débris de l’univers écroulé.
Si l’on faisait un discours éloquent comme on fait une belle pendule, je vous renverrais aux doctes travaux de Rollin et de Le Batteux : là, vous verriez comment on démonte une à une toutes les pièces de l’éloquence et comment on les remet ensuite à leur place. […] Mais d’autres sont venus, qui ont transformé en procédés les remarques du philosophe et les ont, pour ainsi dire, codifiées. — « Voulez-vous faire un discours, n’oubliez pas qu’il y a trois genres d’éloquence : le genre démonstratif, qui blâme ou qui loue, le genre délibératif, qui conseille ou qui dissuade, le genre judiciaire, qui accuse ou qui défend. […] De même encore, il y a trois parties dans le discours : l’Invention qui en trouve les matériaux, la Disposition qui les ordonne, l’Élocution qui les fait valoir. […] Vous avez fait un fort beau discours qui n’a pas le sens commun. […] Mais cette fois vous avez fait un discours d’écolier.
Et dans cet exorde du discours d’un bon père capucin : J’embarque ce discours sur le galion de mes lèvres, pour passer la mer orageuse de vos attentions, et arriver au port fortuné de vos oreilles. […] On trouve encore un exemple de cette figure dans le discours d’Achille à Agamemnon. […] On peut encore en lire un bel exemple dans le discours de Léonidas à ses trois cents Spartiates. […] Ulysse, pour déterminer Agamemnon à sacrifier sa, fille, fait usage de cette figure dans son discours. […] quelle profonde sagesse dans ses discours !
Ils ne songeaient point à parer leurs discours d’ornements étrangers : mais bientôt l’église compta ses orateurs, et il se forma des écoles où l’on enseigna publiquement l’éloquence sacrée. […] Le nom de Tertullien retentit souvent dans la chaire ; il est peu de discours sacrés où l’orateur ne fortifie souvent ses raisonnements et ses preuves des preuves et des raisonnements de Tertullien. […] Mais ces défauts sont rachetés en partie par la douceur, la noblesse et la gravité qui règnent dans ses discours.
La plupart des traités sur l’art d’écrire sont des rhétoriques où l’on enseigne fort au long la manière de composer un discours. […] Ces exercices, il est vrai, sont excellents pour former la pensée et le style ; mais il ne faut pas se renfermer exclusivement dans le discours ; surtout il ne faut pas débuter par là, car c’est le genre de composition le plus difficile. […] Nous avons fait une part pour la rhétorique et le discours, mais brève et succincte.
(Réponse au discours de réception de M. […] (Réponse au discours de réception de M. le baron Pasquier, 8 décembre 1842). La grandeur de la France Péroraison du discours de réception a l’académie prononcé par m.
Nous croyons donner une idée plus exacte des lettres missives prises en général en les rapprochant des discours prononcés. Leur champ est aussi illimité, leur forme et leur étendue aussi libres, leur ton aussi varié que ceux des discours ; la seule différence est que, dans le premier cas, on s’adresse à des personnes présentes ; alors on leur parle : dans le second, c’est à des absents qu’on veut communiquer ses pensées ; alors on leur écrit. Tout discours pourrait donc devenir une lettre s’il était écrit ; toute lettre deviendrait un discours si l’auteur, au lieu de l’écrire, pouvait la réciter.
Guizot était alors ministre de l’instruction publique : ce passage est extrait d’un discours prononcé à la distribution des prix du Concours général. — 17 août 1835. — Didier. (Discours académiques, p. 190.) […] Didier, Discours académiques, p. 41. — Réponse à M. de Moutalembert.
» Quomodò sedet sola civitas, etc. » Les premières paroles d’Apollonius annoncent bien le ton grave et sentencieux, quelquefois même un peu pédantesque, qui va régner dans presque tout le discours. […] Aussi ne manque-t-il jamais l’occasion de coudre, d’une manière quelconque, un lieu commun à sa narration ; et si l’on retranchait de ses discours les plus vantés tout ce qui n’est que dissertations vagues, définitions, analyses, etc., on réduirait à un bien petit nombre de pages la plus longue de ces productions. […] L’éloge de Marc-Aurèle paraît moins entaché de ce vice radical que les autres discours de Thomas, c’est-à-dire, qu’il y est moins choquant ; mais il n’y règne pas moins. […] Je me sentais élevé par ses discours. […] Ce discours renferme, comme l’on voit, des beautés oratoires du premier ordre ; et c’est à tous égards, la plus estimable des productions de Thomas, quoique les vices dominants de sa manière, l’emphase et la déclamation, l’enthousiasme factice ne s’y reproduisent encore que trop souvent : quoique des vérités communes y soient quelquefois présentées avec une prétention qui ressemble à de la morgue, et données comme des idées neuves ; quoique la manie doctorale, cachet distinctif de l’éloquence philosophique, y vienne à tout moment glacer des cœurs que commençait à échauffer la sensibilité de l’orateur.
Ils appuyaient cet avis de tant de sortes de considérations que le roi même commençait à s’ébranler, quand le maréchal de Biron, qui avait entendu ce discours avec dédain, fâché qu’il fit plus d’impression qu’il ne devait, prit la parole et d’une voix animée de colère dit au roi : « C’est donc tout de bon, sire, que l’on vous conseille de monter sur mer, comme s’il n’y avait point d’autre moyen de conserver votre royaume que de le quitter. […] Voltaire a cité ce discours tout entier, dans son Dictionnaire philosophique, au mot Eloquence […] — On ajoutera que l’Histoire de Mézeray a quelque chose du mérite qui caractérise ce discours.