La muse tragique et comique La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau, quand elle est bien touchée ; mais la comédie a ses charmes ; et quand, pour la difficulté, vous mettriez un peu plus du côté de la comédie, peut-être que vous ne vous abuseriez pas ; car enfin je trouve qu’il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments, de braver en vers la fortune, accuser les destins, et dire des injures aux dieux, que d’entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et de rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde.
Mirabeau, menacé par les tribunes de l’Assemblée, s’écrie : « Je n’avais pas besoin de cette leçon pour savoir qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne. » Et dans un de ses admirables discours aux états de Provence : « Ainsi périt le dernier des Gracques de la main des patriciens ; mais atteint d’un coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les Dieux vengeurs, et de cette poussière naquit Marius, Marius !
Alors je suis mon dieu à moi-même, je sacrifie le monde entier à mes fantaisies, si j’en trouve l’occasion ; je suis sans loi, je ne regarde que moi.
Un vieux Sabin passait avec ses sandales d’écorce de bouleau, auprès d’un sénateur couvert de pourpre ; la litière d’un consulaire était arrêtée par le char d’une courtisane ; les grands bœufs du Clytumne trainaient au Forum l’antique chariot du Volsque ; l’équipage de chasse d’un chevalier romain embarrassait la voie Sacrée ; des prêtres couraient encenser leurs dieux, et des rhéteurs ouvrir leurs écoles. […] Cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer, avec ses mains triomphantes, les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; ce vaillant homme, poussant enfin avec un courage invincible les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe... […] … Non, c’est de l’avoir fait reine malheureuse. » La Bruyère nous présente un bel exemple de suspension dans ces paroles adressées à la reine de Palmyre : « Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante, depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate, pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante : un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui vont et qui viennent, qui taillent et qui coupent, qui roulent et qui charrient le bois du Liban, l’airain etle porphyre ; les grues et les machines gémissent dans l’air, et font espérer a ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir, à leur retour en leurs foyers, ce palais achevé, etdans celle splendeur où vous désirez le porter, avant d’y habiter, vous et les princes vos enfants.
Sache que les dieux ne m’abandonnent jamais, et que la fortune me sert mal lorsqu’elle ne va pas au-devant de mes vœux. […] Un jeune avocat plaidant pour un meunier, s’écria tout-à-coup : « Le vieux Priam voulant sortir des murs de Troie avec ses dieux lares et sa famille, etc — Affectation de pensée. […] Pour faire place à ces nouvelles idées d’inspiration, le style romantique a repoussé les faux Dieux et toute la mythologie des anciens.
Alors se déroula une suite de chefs-d’œuvre où l’on entendit des hommes s’entretenir comme des dieux, avec la même majesté et la même grandeur. […] les vieillards sont malheureux quand ils voient ainsi les dieux héroïques de leur jeunesse, méprisés pour de nouvelles idoles, plus parées, mais plus vaines, pâles copies des objets de leur culte ! […] pour l’humaine faiblesse Les dieux qui les ont faits sont des dieux indulgents. […] J’écoutai leur conversation et j’entendis ce qui suit : Agricola. – Que les dieux soient bénis, oh ! […] « Avare, répond Minos, ta peine sera de voir tes héritiers dissiper les trésors amassés par ta folle passion ; chaque pièce d’or sortie de tes coffres sonnera douloureusement dans ton cœur ; tu gémiras de ton impuissance et tu comprendras enfin que la seule richesse éternelle et valable en ces lieux est celle du cœur. » Depuis ce jour, ombre invisible et lamentable, Klausias, sous le ciel bleu de l’Attique, erre, voyant sa richesse se fondre dans les mains joyeuses de ses neveux et sa muette plainte n’attendrit pas les dieux immuables.
Rotrou a dit à peu près de même, dans son Iphigénie en Aulide, I, 5 : Les princes sont des dieux sujets aux lois des hommes : Ils souffrent comme nous, ils sont ce que nous sommes.
Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! […] L’ode, avec plus d’éclat et non moins d’énergie, Élevant jusqu’au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux ; etc. […] Dans le dithyrambe, elle a pour sujet les exploits de Bacchus et des Dieux.
Il y a donc une faute dans ces vers de Racine : Tu verras que les Dieux n’ont dicté cet oracle, Que pour croître, à la fois, sa gloire et mon tourment. […] Je ne sai qui m’arrête et retient mon courroux, Que par un prompt avis de tout ce qui se passe, Je ne coure des Dieux divulguer la menace.
Il revint à Babylone craint et respecté, non pas comme un conquérant, mais comme un dieu.
Là, Hécube et ses filles, semblables à des colombes qu’une noire tempête a mises en fuite, étaient assises autour de l’autel, et tenaient embrassées les images de leurs dieux.
Un gueux n’est point tourmenté du désir d’être roi ; un roi ne veut être dieu que quand il croit n’être plus homme. » On nous saura gré de citer cette page de Lacordaire.