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66. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Le Sage, 1668-1747 » pp. 216-222

L’archevêque s’avança d’abord vers moi, et me demanda, d’un ton de voix plein de douceur, ce que je souhaitais. […] Il ne se contenta pas de me demander ce que j’en pensais en général ; il m’obligea de lui dire quels endroits m’avaient le plus frappé. […] Cette remarque demande un esprit désintéressé : je fais choix du tien, que je connais bon ; je m’en rapporterai à ton jugement. — Grâces au ciel, lui dis-je, Monseigneur, vous êtes encore fort éloigné de ce temps-là.

67. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Par exemple : On demande l’inscription du poète Archias sur l’état civil et à quel titre ? […] C’est ma tendre affection pour vous, mon amour pour la patrie qui me sollicitent à vous, demander quelques instants d’attention. […] « Que veux-tu, Labienus, que je demande ? […] Ces pensées demandent à être revêtues des ornements, des grâces de l’expression. […] On y doit recourir dans les endroits qui demandent de la vivacité, de la chaleur, de l’emportement.

68. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Nous recommandons au lecteur de distinguer, dans cette séance mémorable, la demande du postulant ; nommé Alamir, la réponse négative du président, l’insistance victorieuse du récipiendaire, et enfin sa réception au sein de l’Académie. […] Alamir, marchant droit à son but, et sans proférer un seul mot, donne le billet suivant à l’huissier de la salle, pour le remettre au président de l’auguste assemblée : « Alamir demande humblement la place vacante. » La cabale et l’intrigue y avaient déjà pourvu, et elle venait d’être accordée au protégé d’un Crésus ignorant. […] C’est ce que l’on remarquera clans le passage suivant, dans lequel l’écrivain a pour but de nous faire voir « qu’il n’est pas toujours bon de dire la vérité à qui vous la demande » . […] Déjà sont à ta porte et demandent leur proie ! […] Les portraits sont difficiles, et demandent un esprit profond : vous en verrez de ma manière qui ne vous déplairont pas.

69. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Ajoutez que les anciens demandaient aussi à l’orateur de meubler sa mémoire d’un recueil de pensées, de réflexions, de sentences, qu’il pût appliquer à propos aux sujets à traiter, pour les embellir et leur donner de la force ; de se faire, en quelque sorte, une provision d’exordes et de péroraisons ; d’avoir même des discours entiers faits d’avance et préparés pour l’occasion, sauf à laisser en blanc, pour ainsi dire, les noms et les circonstances. […] Or, si nous étions en droit de demander l’observation, la science, l’érudition, comme préparation indispensable à la composition littéraire en général, nous ne pouvons faillir en recommandant l’acquisition des connaissances préalables pour chaque genre d’écrit, l’érudition spéciale à chaque sujet. […] Le précepte de la logique, qui ne demande à la définition que la réunion du genre prochain et de la différence spécifique ou numérique, est insuffisant. […] On n’a point eu tort, cependant, de distinguer ces deux lieux ; car on emploie le second dans les cas même où le sens et le signe de l’idée également connus ne demandent ni définition, ni étymologie.

70. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Mais ceux-là sont rares et demandent une habileté qui ne l’est pas moins. […] Il ne s’agit pas, bien entendu, d’être roide et collet monté ; je ne demande qu’une aisance décente, une répugnance de bon goût pour le trivial et le bouffon. […] Souvent le sujet, pour être dignement traité, demande avec la noblesse de l’expression les images les plus vives et les figures les plus brillantes ; parfois le grandiose des idées et la hauteur des vues exigent que le langage, pour y répondre, s’élève et s’agrandisse comme la pensée. […] Dans les sujets même qui demandent la plus grande richesse du ton, l’éclat ne doit être ni fastueux ni continu : l’ostentation déplaît, l’uniformité fatigue.

71. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

ce n’est plus alors Henriette d’Angleterre que l’on va porter à Saint-Denys ; le sentiment demandera la périphrase : « Encore ce reste tel quel va-t-il disparaître, cette ombre de gloire va s’évanouir, et nous l’allons voir dépouillée même de cette triste décoration. […] Il y a des endroits où il faut appeler Paris, Paris, et d’autres où il faut l’appeler capitale du royaume. » — Il fait nuit et Didon veille. — On comprend que le sentiment demande une périphrase pour la première idée, et que cette périphrase exprimera nécessairement le contraste entre le repos silencieux de la nature entière et l’orageuse insomnie de l’infortunée : C’était l’heure où tout dort dans une paix profonde ; Un calme universel assoupissait le monde ; Ni les flots de la mer, ni les feuilles des bois N’exhalaient un murmure, une plainte, une voix ; Les étoiles glissaient dans le ciel taciturne, Les troupeaux réunis sous le bercail nocturne, Les oiseaux colorés, les voyageurs errants Qui peuplent les forêts ou les lacs transparents, Mollement engourdis dans leurs muets domaines, Savouraient le repos et l’oubli de leurs peines, Mais la fille de Tyr veille avec ses ennuis110. […] dit-il, quand il fut de retour. — Vous me demandez votre fer, répondit le voisin ; il n’est plus… Voici maintenant ce que l’ellipse fera de cette phrase : … Un trafiquant de Perse, Chez son voisin, s’en allant en commerce, Mit en dépôt un cent de fer un jour. […] Je demandais à un ami ce que signifiaient, à son sens, deux vers où Delille décrit les travaux de certains prisonniers : Et d’un art inventif l’élégante merveille S’en va rendre plus pure ou la bouche ou l’oreille.

72. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

que nous savons peu ce que nous faisons, quand nous ne laissons pas au ciel le soin des choses qu’il nous faut, quand nous voulons être plus avisés que lui, et que nous venons à l’importuner par nos vœux aveugles et nos demandes inconsidérées ! J’ai souhaité un fils avec des ardeurs nonpareilles ; je l’ai demandé sans relâche avec des transports incroyables ; et ce fils, que j’obtiens en fatiguant le ciel de mes prières, est le chagrin et le supplice de cette vie même, dont je croyais qu’il devait être la joie et la consolation. […] Demande-lui ce qu’il lui semble de l’École des Femmes, tu verras qu’il te dira qu’elle ne lui plaît pas. […] Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent ; et lorsque je m’y suis bien divertie, je ne vais point demander si j’ai eu tort et si les règles d’Aristote me défendaient de rire.

73. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Je ne sais en quelle disposition vous serez en lisant cette lettre ; le hasard fera qu’elle viendra mal à propos, et qu’elle ne sera peut-être pas lue de la manière qu’elle est écrite ; à cela, je ne sais point de remède ; elle sert toujours à me soulager présentement : c’est au moins ce que je lui demande ; l’état où ce lieu m’a mise est une chose incroyable. […] Je verbaliserai toujours ; au lieu d’écrire en deux mots, comme je vous l’avois promis, j’écrirai en deux mille ; et enfin j’en ferai tant, par des lettres d’une longueur cruelle et d’un ennui mortel, que je vous obligerai, malgré vous, à me demander pardon, c’est-à-dire à me demander la vie. […] Les hommes ne pensent point ainsi : lisez saint Augustin dans la Vérité de la Religion ; lisez l’Abbadie 2, bien différent de ce grand saint, mais très-digne de lui être comparé, quand il parle de la religion chrétienne (demandez à l’abbé de Polignac s’il estime ce livre) ; ramassez donc toutes ces idées, et ne jugez point si frivolement ; croyez que, quelque manége qu’il y ait dans le conclave, c’est toujours le Saint-Esprit qui fait le pape ; Dieu fait tout, il est le maître de tout, et voici comme nous devrions penser (j’ai lu ceci en bon lieu) : « Quel trouble peut-il arriver à une personne qui sait que Dieu fait tout, et qui aime tout ce que Dieu fait ?  […] L’extrême rigueur dont on usa envers Fouquet, la justice exceptionnelle à laquelle on le livra, la partialité de quelques commissaires, l’âpreté des vengeances politiques, qui n’allaient à rien moins qu’à demander sa tête, les lenteurs et les péripéties du procès, qui dura plus de trois ans à instruire, tout concourut à retourner l’opinion et à gagner à l’accusé la pitié universelle.

74. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Eu général, on demande quo le poète se soutienne jusqu’à la fin à la même élévation. […] Cette composition lyrique est l’expression d’un sentiment élevé de l’âme, et demande à être chantée. […] L’ode gracieuse laissant les sujets les plus nobles et le caractère le plus élevé au genre grave et solennel, demande un ton simple et modéré, un naturel aimable. […] Elle demande un esprit délié, une imagination enjouée, une douce sensibilité. […] Ce poème demande beaucoup de délicatesse dans les sentiments, et, dans le style, de la richesse, de l’élégance, de la fraîcheur, de la grâce et surtout de la variété.

75. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

« Je suppose que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers ; que les cieux vont s’ouvrir sur vos têtes ; Jésus-Christ paraître dans sa gloire au milieu de ce temple… je vous le demande donc : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de cette assemblée pour nous juger, pour faire le terrible discernement des boucs et des brebis ; croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ? […] Je vous le demande ; vous l’ignorez, et je l’ignore moi-même : vous seul, ô mon Dieu, connaissez ceux qui vous appartiennent ! […] Ne louons en lui que les dons de Dieu, et déplorons les fragilités de l’homme ; n’excusons pas ce qu’il a condamné, et dans le temps que l’église offre ici la victime de propitiation, et que ses chants lugubres demandent au Seigneur qu’il le purifie des infirmités attachées à la nature, ne craignons pas de parler comme elle prie, et d’avouer qu’il en a été capable.

76. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

Sans demander assurément ni aux maîtres ni aux jeunes gens de s’occuper ainsi de chaque mot, nous voudrions au moins que, pour acquérir la propriété de l’expression, ils étudiassent sérieusement, à ce point de vue biographique, en quelque sorte, tous les mots dont le sens est flottant et la signification capricieuse, les multisenses et les synonymes, si toutefois il nous est possible d’admettre cette dernière espèce de vocables. […] Les Pharisiens demandent à Jean-Baptiste s’il est le Christ, l’Evangile dit : « Et Jean avoua, et il ne nia pas, et il avoua : Je ne suis point le Christ. » L’Asie pouvait seule admettre ces sortes de redondances. […] Le naturel qu’on dirait venir de prime abord et sans étude demande au contraire un jugement fortifié et un goût mûri par le temps et l’expérience.

77. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Demandez-lui ce qu’il a fait de sa matinée : il n’en sait rien, car il a vécu sans songer s’il vivait ; il a dormi le plus tard qu’il a pu, s’est habillé fort lentement, a parlé au premier venu, a ait plusieurs tours dans sa chambre, a entendu nonchalamment la messe. […] Alors j’irais à la cour pour demander ce que le roi voudrait de moi dans une telle extrémité. Si le roi ne désirait rien de moi, alors je demeurerais en souffrance, sans prêter aucun serment jusqu’à ce que Cambrai eût été cédé aux ennemis par un traité de paix ; et si le roi désirait que je quittasse, je quitterais cent mille livres de rente, sans condition et sans rien demander. […] Vous avez raison de dire et de croire que je demande peu de presque tous les hommes ; je tâche de leur rendre beaucoup, et de n’en attendre rien.

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