Dans tous les genres de talents, c’est la nature qui jette les premiers germes, le travail les développe. […] Ce genre, au premier coup d’œil, semble embrasser un champ très vaste ; car il n’est pas de sujet sur lequel on ne puisse développer ses pensées en forme de lettre. […] Aussi, pour la développer, le critique ne manque pas d’établir un parallèle régulier entre le plan des fables d’Ésope et celui de l’Iliade. […] C’est principalement dans l’épopée, faite pour produire l’admiration et développer les grandes idées, que le merveilleux et le surnaturel sont à leur place. […] Les sujets les plus ordinaires, au lieu d’être mis en récit, sont très souvent développés dans un dialogue.
Mais si nous exigeons que la comparaison soit imprévue sans être bizarre, assez développée pour s’appliquer à l’idée par tous les points et en même temps assez précise pour lui donner plus de solide et de pénétrant, qu’en conclure ? […] Legendre qui dit au § xii : « Deux lignes sont dites parallèles, lorsqu’étant situées dans le même plan, elles ne peuvent se rencontrer à quelque distance qu’on les prolonge l’une et l’autre. » L’autre est d’un critique qui, dissertant sur les comédies de Molière, compare Agnès « à cette fleur exotique qui se développe en un moment, et qu’un jardinier mal avisé a mise sous cloche. […] Quintilien va si loin qu’il ne veut pas même développer ce point.
Lire beaucoup un petit nombre d’excellents ouvrages, est le meilleur moyen de se former le goût et d’apprendre à développer sa pensée. […] On définit ordinairement la rhétorique : « l’art de bien dire ; » il faut développer les parties de cette définition. […] Le but de la narration est de préparer la preuve ; c’est pour cela qu’elle doit contenir le germe de tous les moyens qui seront développés dans la suite. […] Elle résulte en second lieu d’une liaison aisée et naturelle qui développe toutes les parties de la pensée et les présente dans un ordre que l’auditeur peut suivre aisément. […] Elle est, selon les sujets, rapide, brillante, pompeuse, resserrée où développée.
Le drame, en général, est le spectacle poétique d’une action intéressante qui se développe par ce dialogue. […] Ce fut lui qui nous marqua le but de l’art avec précision, qui montra par des préceptes, et plus encore par des exemples, quels objets il fallait choisir, comment on devait les présenter, comment on pouvait développer un sujet, le partager, en lier les parties, les combiner, les graduer, séparer les actes sans les isoler, amener et remplir les scènes, dessiner les caractères, peindre les mœurs dans les actions et dans les discours. […] Voilà en quoi consiste toute l’action de ces pièces : il n’y a, par conséquent, ni intrigue, ni dénouement167, ni caractère largement développé, ni mœurs vivement représentées. […] L’opéra-comique, considéré au point de vue littéraire, est exactement la même chose que le vaudeville ; il en diffère au point de vue musical, en ce que, d’une part, la musique est faite spécialement pour cette pièce par un compositeur en titre ; ensuite, en ce que les morceaux de musique y sont beaucoup plus développés, et qu’on peut y employer toutes les ressources de l’art.
etc. » Cette transition amène naturellement la seconde partie, où l’orateur développe les motifs qui doivent nous donner une idée juste des espérances de l’homme, et de la destinée qui lui est promise. […] C’est par ces sortes d’exercices que l’on forme son jugement et son goût : le devoir du maître est rempli, quand il a posé et développé les principes généraux ; l’application doit être l’ouvrage de l’élève, sans quoi l’un et l’autre ont perdu leur temps.
L’orateur est donc obligé souvent de parler sans préparation, d’improviser : c’est un talent qui tient à la nature, mais qui se développe par de fortes études et par une longue pratique. […] Il peut, il doit même mettre de l’art dans son discours, bien ordonner ses preuves, les développer avec vigueur, argumenter avec l’élan de la conviction ; enfin, dans certains cas où le sentiment n’est pas déplacé, il peut avoir recours aux mouvements pathétiques et faire partager à l’auditoire la passion qui l’anime.
Massillon a développé la même idée dans son Petit Carême : « Tout est brillant au dehors, vous voyez le héros ; entrez plus avant, cherchez l’homme lui-même : c’est là que vous ne trouverez plus, dit le Sage, que de la cendre et de la boue. » Et plus loin : « L’homme désavouait le héros… » (Sermon pour le dimanche de la Passion.) […] » Pour ce genre de poésies, dont Rousseau fit présent à notre langue, « il semble, comme l’a remarqué Le Brun, qu’il s’est plu à réserver toute la flexibilité de son beau talent : elles suffiraient pour le placer au plus haut rang, parce qu’il y développe toutes les qualités qui font le grand poëte ».
Il faudrait une merveilleuse adresse pour ne pas tomber soi-même dans la banalité, si l’on voulait donner à son compliment une forme trop développée. […] Les lettres de condoléance doivent être un peu développées.
Horace, dans une épitre à Auguste, développe d’excellents principes de littérature ; Boileau raconte le passage du Rhin sur le ton de l’épopée ; Gresset déroule toutes les grâces de son vers facile dans la description de sa Chartreuse.
Est-il raisonnable de n’attacher aucun prix à une méthode qui nous apprend à découvrir les moyens de preuves et de conviction dont une cause est susceptible et à les développer avec énergie ? […] De la manière de développer les preuves dans le discours. […] Ce n’est pas assez d’avoir trouvé les preuves que comporte un sujet ; il faut encore, pour en faire sentir toute la valeur, les développer par le raisonnement. […] La première induction contre l’assassin y reparaît toute entière, et elle y produit d’autant plus d’effet, qu’il vient d’en développer toutes les parties. […] C’est ce que Quintilien développe avec beaucoup de sagacité.
Mais j’ai ajouté un assez grand nombre d’articles ; j’en ai développé bien d’autres avec beaucoup plus d’étendue, et je crois n’avoir rien omis, pour offrir, dans cette nouvelle Édition, un petit Cours complet des Belles-Lettres, où l’on pourra puiser les notions essentielles de toutes les parties de la littérature, depuis les premiers éléments de notre langue, jusqu’aux règles du Poème épique.
« Les pierres bien taillées, dit Cicéron, s’unissent d’elles-mêmes sans le secours du ciment. » Et il dit vrai ; seulement, elles ne s’unissent ainsi que dans les constructions romaines, c’est-à-dire dans ces écrits profondément et énergiquement médités, où le sujet se développe franchement, où les idées s’attirent et se balancent comme les corps dans l’univers de Newton. […] L’âme, comme le corps, ne supporte ni une longue inertie, ni une longue tension de force ; l’une et l’autre en usent les ressorts ; qu’au repos succède le mouvement, ou encore à un mouvement énergique un mouvement plus doux, pourvu toutefois que tous deux appartiennent au même ordre d’idées et se développent sur le même terrain.