Ceux qui sont plus touchés des plaisirs et de l’éclat d’une cour brillante, de la magnificence, de la protection donnée aux arts, du zèle pour le bien public, de la passion pour la gloire, du talent de régner ; qui sont plus frappés de cette hauteur avec laquelle des ministres et des généraux ont ajouté des provinces à la France, sur un ordre de leur roi ; qui s’étonnent davantage d’avoir vu un seul État résister à tant de puissances ; ceux qui estiment plus un roi de France qui sait donner l’Espagne à son petit-fils, qu’un gendre qui détrône son beau-père ; enfin, ceux qui admirent davantage le protecteur que le persécuteur du roi Jacques, ceux-là donneront à Louis XIV la préférence. […] Les tours recherchés, les expressions ambitieuses, les pensées brillantes, conviennent plus à un rhéteur qui veut attirer sur lui une partie de l’attention due seulement au sujet. […] L’historien pouvait étaler toutes les richesses du génie et de l’art dans un si beau champ ; mais un appareil d’idées brillantes aurait rendu suspecte la foi de l’écrivain. […] Citons ici quelques-uns des ouvrages de ce genre qui ont obtenu une réputation brillante et méritée. […] Il lui faut, de plus, le talent rare de dire beaucoup en peu de mots, c’est-à-dire la plus grande précision dans le style, qualité qui n’est pas la plus brillante, mais qui, peut-être, est la plus difficile de toutes64.
Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur. […] Rien n’est encore plus opposé à la véritable éloquence, facundia, que l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité : aussi plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière et de chaleur . » Chose singulière que cette identité de langage entre Horace et Buffon ; d’une part le poëte le plus brillant et le plus gracieux de l’antiquité, de l’autre le plus intraitable partisan de la prose qu’ait produit le siècle prosateur par excellence. […] Pour la parfaite symétrie du diseours, il eût fallu, sans doute, que l’opposition entre la condition des grands et celle des autres hommes eût été nettement dessinée des deux parts ; mais on peut dire, pour justifier l’écrivain, d’abord qu’il est aisé de conclure l’une de l’autre, et qu’en laissant ee soin à l’auditeur, l’orateur a acquis le mérite de la précision ; ensuite que l’antithèse prêtant à des développements plus brillants et plus complets dans les deux articles qui suivent, il pouvait se dispenser de la formuler ici, et que, en la supprimant ainsi d’un côté pour la conserver de l’autre, il a obtenu la variété.
Plaisirs brillants, troublez les villes Plaisirs champêtres et tranquilles, Seuls vous êtes les vrais plaisirs. […] L’homme, à proprement parler, ne peut point créer : la fiction la plus brillante, la plus riche et la plus vaste n’offre rien qui n’existe dans la nature. […] Ce sont les pensées les plus nobles et les plus hardies, les expressions les plus magnifiques et les plus animées, les métaphores les plus riches et les plus brillantes, les figures les plus vives et les plus pompeuses, les tours les plus nombreux et les plus variés, l’harmonie la plus agréable et la plus séduisante. […] Quand il emploie son langage brillant et figuré, pour établir ou développer une vérité, pour donner des règles et des préceptes, c’est la poésie didactique.
En suivant cette comparaison, j’ajouterai que le Génie du christianisme (1802) fut l’arc-en-ciel, le signe brillant d’alliance et de réconciliation entre la religion et la société française. […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. […] Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire, Descend avec lenteur de son char de victoire ; Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux Conserve en sillons d’or sa trace dans les cieux, Et d’un reflet de pourpre inonde l’étendue. […] C’est l’heure où la nature, un moment recueillie, Entre la nuit qui tombe et le jour qui s’enfuit, S’élève au créateur du jour et de la nuit, Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage, De la création le magnifique hommage.
Voyez comme cette femme célèbre se joue, en écrivant, de toutes les difficultés et de toutes les règles ; comme elle revêt son style, brillant papillon, des couleurs les plus riches et les plus variées ; elle court, elle vole, elle vous entraîne ; elle vous arrache, ici un sourire, ailleurs une larme. […] Quelques nuages étaient jetés sans ordre dans l’orient, où la lune montait avec lenteur ; le reste du ciel était pur ; vers le nord, formant un glorieux triangle avec l’astre du jour et celui de la nuit, une trombe, brillante des couleurs du prisme, s’élevait de la mer comme un pilier de cristal supportant la voûte du ciel. […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans le bois, tour à tour reparaissait brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. […] ton vol m’indiquera, S’il est vrai que ton vol devine, La demeure où me conduira Celui que le Ciel me destine. » Soudain le brillant papillon Quitte les doigts de la bergère, Décrit un léger tourbillon, Et vole… hélas ! […] C’est par lui que déjà mon âme raffermie A pu voir sans effroi sur tes traits enchanteurs Se faner du printemps les brillantes couleurs ; C’est par lui que, percé du trait qui me déchire, Jeune encore, en mourant vous me verrez sourire.
On connaît le parallèle de Pierre Ier et du roi de Suède, par Voltaire ; on sait que c’est un des morceaux brillants de l’histoire de Charles XII. […] Les partisans un peu sévères du bon goût l’ont constamment rejeté parmi ces modèles qu’il faut soigneusement écarter d’un livre classique, parce que le brillant en impose ici sur la solidité, et qu’il est à craindre qu’il ne reste de tout ce fracas d’antithèses plus d’apparence que de réalité, et plus de bruit dans la tête des jeunes gens, que d’idée de la véritable harmonie oratoire.
Quelle Jérusalem nouvelle Sort du fond des déserts brillante de clartés, Et porte sur son front une marque immortelle ? […] disait Mazarin, qui venait d’établir un nouvel impôt, il payera. » Le style de la chanson doit être rapide, léger, brillant comme les ailes du colibri ; il doit se jouer du rythme et de la rime, et-ne sentir nulle part le travail et la difficulté.
Son expression est grave, brillante, légère, éloquente, selon le génie des divers membres de cette glorieuse tribu d’écrivains qu’il passe en revue. L’histoire, la biographie, les détails de mœurs vivifient sa critique : une inflexible morale, un dévouement vrai et de cœur à tout ce qui honore, console et relève l’humanité, à la liberté, à la religion, à la vérité, semblent rendre encore son goût plus pur et plus sévère ; cet enchaînement de tableaux historiques, d’anecdotes racontées avec l’esprit le plus brillant, de réflexions morales et d’analyses judicieuses et profondes, qui se mêlent sans confusion, conduit le lecteur jusqu’au bout du livre sans qu’il ait un moment l’envie de s’arrêter. » 1.
S’il a des négligences ou des longueurs, ces accidents proviennent du souci de ne rien omettre ; mais il serait injuste de lui refuser des touches fines, une vivacité brillante, un tour spirituel, l’animation d’un causeur prompt à toutes les impressions, et les instincts d’un artiste délicat. […] « Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel, reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.
Or, il est impossible d’imaginer, et il serait en effet très malheureux que l’on imaginât un art qui n’attribuerait d’autre mérite à une composition que la richesse et le brillant des expressions, et croirait inutile d’examiner si les pensées n’en sont pas fausses ou frivoles. […] En éloquence et en poésie, les Asiatiques ne donnaient leurs suffrages qu’aux productions surchargées d’ornements, qu’à tout ce qui était pompeux et brillant jusqu’à l’extravagance ; tandis que les Grecs méprisaient ce faste et n’admiraient que ce qui était simple et gracieux. […] Le participe brillant n’est autre chose qu’un adjectif qui marque l’attribut ou la propriété, et exprime l’affirmation sans emporter le temps. […] C’est la manière d’écrire la plus brillante et la plus harmonieuse, c’est celle qui convient le mieux à l’art oratoire. […] Deux phrases coupées par des intervalles égaux ne doivent jamais se trouver à la suite l’une de l’autre ; pour que le style soit à la fois vif et brillant, il faut que les longues phrases soient entremêlées avec des phrases qui le sont moins.
On sent bien qu’il ne peut être question ici d’opinions jugées, ni d’hommes mis à leur place depuis longtemps : il s’agit seulement de la marche et des progrès de l’éloquence politique, pendant cette période si brillante, et devenue ensuite si flétrissante pour elle. […] Son goût pour l’intrigue était excessif, et l’on ne doit en chercher la cause que dans ses besoins pécuniaires ; de sorte que ces éclairs brillants de génie, ces expressions de sentiment qui auraient honoré l’homme le plus vertueux, n’étaient pour ce profond machiavéliste qu’une simple spéculation.
La relation de son voyage qu’il publia trois ans après, à son retour en France, fut le brillant début d’une réputation qui se confirma bientôt (1784) par les Études de la nature et la touchante histoire de Paul et Virginie (1788). […] Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords ; mon âme s’y abandonne, elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres, elle s’élève avec leur crime vers les cieux, elle se transporte dans les temps qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive.