Le nombre, c’est-à-dire, cette harmonie qui résulte de l’heureux choix et de l’arrangement des expressions, fait toute la beauté de la période. […] S’il est quelquefois permis d’en faire de réelles, elles ne doivent nuire, en aucune manière, à la clarté du discours ; elles doivent être légères, et de plus, rachetées par des beautés saillantes. […] Voilà une faute légère, qui doit disparaître à la faveur de la beauté de la pensée. […] Ainsi les figures sont de certains tours de pensées et de paroles, qui font une beauté, un ornement dans le discours. […] Cette comparaison enveloppée que renferme la métaphore, donne une idée de plus, et fait par-là une beauté.
Quel progrès dans l’art de décrire et de sentir les beautés de la nature, de La Fontaine à Chateaubriand, en passant par Jean-Jacques Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Delille et Volney. […] C’était surtout vers la fin du jour qu’ils développaient toute leur beauté en se réunissant au couchant, où ils se revêtaient des plus riches couleurs et se combinaient sous les formes les plus magnifiques. […] Quelquefois, consolé par une chance heureuse, Il sert de Bucéphale à la beauté peureuse ; Et sa compagne enfin va dans chaque cité Porter aux teints flétris les fleurs de la santé. […] Elle était composée de plusieurs classes de citoyens couronnés de fleurs, et remarquables par leur beauté. […] Les rameurs chantaient un air national, tandis que leurs maîtres jouissaient en silence de la beauté du spectacle et du calme de la nuit.
Les qualités du poème didactique peuvent se réduire à trois : le choix d’un sujet utile, intéressant et susceptible de recevoir les ornements de la poésie ; la bonne disposition des matières et un ordre naturel, sans être rigoureux, dans l’enchaînement des idées ; enfin, la beauté de l’élocution, pour faire disparaître autant que possible la sécheresse et la monotonie des préceptes. […] Les beautés les plus éclatantes des Géorgiques sont répandues dans des digressions de cette nature, où le génie du poète a pu se déployer en liberté : tels sont les prodiges qui accompagnèrent la mort de Jules César, les louanges de l’Italie, le bonheur de la vie champêtre, la fable d’Aristée et l’histoire touchante d’Orphée et d’Eurydice. […] Qu’avez-vous à dire sur la beauté de l’élocution ? […] Il peut renfermer des beautés, mais des beautés qui sont affaiblies, sinon détruites par leur succession monotone ou leur discordant assemblage. […] La frivolité du fond ne peut passer que moyennant la beauté de la forme.
Ses plus beaux sermons, ceux que l’on n’a jamais assez lus, et dans lesquels on rencontre toujours de nouvelles beautés, sont ceux sur la Conception, la Passion et la Résurrection. […] Ici toute la beauté est souvent dans la force, et la force est dans l’ensemble du discours.
Loin d’être une faute, c’est une beauté. […] Cet exemple exposé longuement, suffira aux jeunes gens pour leur démontrer la beauté d’une bonne inversion. […] Par elle encore on remarque les beautés des compositions. […] Pour le style romantique, la régularité est de la froideur ; les images, l'imagination, les beautés de la nature sont peu de chose. Il lui faut les mouvements capricieux, les élans mystérieux, les sentiments, les rêveries, les beautés idéales, les idées aériennes.
Diderot est aussi inintelligible, dans sa définition de la naïveté : On est, dit-il, naïvement héros, naïvement scélérat, naïvement beau, naïvement dévot, naïvement orateur, naïvement philosophe ; sans naïveté point de beauté : on est un arbre, une plante, un animal naïvement. […] C’est la description riante des choses agréables ; c’est la réunion du molle atque facetum dont parle Horace ; c’est, pour ainsi dire, la perfection de l’art, comme l’a proclamé La Fontaine lorsqu’il a dit, en parlant de cette qualité du style : Et la grâce plus belle encor que la beauté. […] Le style sublime est celui qui, par la grandeur et l’énergie des pensées, la force et la noblesse des sentiments, la vivacité et l’éclat des images, la hardiesse des figures, la beauté frappante des comparaisons, l’impétuosité des mouvements, l’harmonie des tours, la majesté des périodes, la magnificence et la pompe des expressions, étonne et émeut les esprits, agite l’âme avec force, l’élève au-dessus d’elle-même, la ravit, la transporte d’admiration. […] La magnificence du style consiste dans la grandeur des pensées et dans la noblesse des sentiments unies à la vivacité des images, à la majesté des figures, à l’harmonie des périodes, et à toutes les beautés du style. […] Les objets sublimes sont toujours grands dans leurs dimensions, les objets beaux sont comparativement petits ; la beauté est unie et polie, elle aime la parure et les ornements ; le sublime est simple, souvent même rude et négligé ; la légèreté et la délicatesse s’unissent à la beauté, tandis que le sublime demande la solidité et les masses ; les limites sont inséparables du beau, le sublime peut être illimité, et le plaisir qu’il procure est accru par l’absence même des limites ; l’exacte proportion des parties entre souvent dans la composition du beau, mais dans le sublime on fait peu de cas de la symétrie ; enfin, le sentiment du sublime réveillant en nous ce qu’il y a de grand, de noble, de sérieux dans notre nature, nous élève au-dessus de nous-mêmes et nous dispose au mépris de ce qui est vil, aux généreux sacrifices et aux vertus austères, tandis que le sentiment du beau excite toutes les affections bienveillantes de notre nature et nous dispose à l’amitié, aux sentiments aimables, aux passions douces.
Son objet est de faire connaître les beautés et les défauts d’un ou de plusieurs ouvrages, et de rendre raison du jugement qu’il en porte. Il lui est donc essentiel de discerner ces beautés et ces défauts, et de les détailler avec précision. […] Il peut arriver que l’auteur s’en écarte un peu, pour donner à son ouvrage une beauté de plus. […] On ne serait pas moins répréhensible si l’on s’appesantissait sur les plus petites fautes d’un ouvrage, en passant rapidement sur les plus grandes beautés dont il étincelle.
Si son objet est élevé, si elle ne fait tort ni à l’esprit humain qu’elle étudie dans son imposante unité, ni au génie de la France, qu’elle veut toujours montrer semblable à lui-même, ni à notre langue qu’elle défend contre les caprices de la mode, il faut avouer qu’elle se prive des grâces5 que donnent aux trois premières sortes de critique la diversité, la liberté, l’histoire mêlée aux lettres, la beauté des tableaux, la vie des portraits, les rapprochements de la littérature comparée. […] Elle parle plus volontiers de ses plaisirs que de ses dégoûts ; elle tient plus à nous faire aimer les beautés des livres qu’à nous rendre trop délicats sur les défauts des écrivains. […] Si un certain degré de culture est nécessaire pour en goûter toutes les beautés, il suffit d’avoir l’esprit sain pour s’y plaire. […] Joubert dit : « Les très-bons écrivains écrivent peu, parce qu’il leur faut beaucoup de temps pour réduire en beauté leur abondance ou leur richesse. » 2.
Pour traiter avec charme un sujet sérieux, l’auteur doit rechercher trois qualités essentielles : l’intérêt du sujet même, l’ordre, la beauté de l’élocution. […] La description a sans doute des charmes : en nous détaillant les beautés de la création, elle élève notre âme au Créateur ; mais il faut qu’elle soit bornée, et que la vie ou le sentiment l’anime.
C’est le genre de certains auteurs précieux et maniérés et auxquels nous ne pouvons adresser d’autre conseil que celui de Maynard ou celui de Boileau, c’est-à-dire un sage silence ou une mûre réflexion, voici un exemple de ce défaut ; un de nos écrivains s’efforce d’exprimer ce que c’est que la Naïveté : « On est naïvement héros, naïvement scélérat, naïvement dévot, naïvement beau, naïvement orateur, naïvement philosophe ; sans naïveté, point de beauté : on est un arbre, une fleur, une plante, un animal naïvement ; je dirai presque que de l’eau est naïvement de l’eau, sans quoi elle visera à de l’acier poli et au cristal. […] Il est facile de voir par l’exemple suivant que la pureté ajouterait beaucoup à la beauté de la diction : C’est M. de Lamartine, qui arrive à Balbek, dans son voyage en Orient. […] Qui n’éprouverait un véritable plaisir à la lecture des phrases suivantes : « Les grâces de la figure, la beauté de la forme, répondent dans le cygne à la douceur du naturel ; il plaît à tous les yeux ; il décore, embellit tous les lieux qu’il fréquente ; on l’aime, on l’applaudit, on l’admire… » Buffon, le Cygne. […] Les poètes recherchent beaucoup ce genre de beauté qui convient aussi parfaitement à la prose, toutes les fois qu’il s’agit de décrire. […] La suite de cette éloquente oraison funèbre se distingue par des beautés d’un ordre aussi élevé, et nous apprend qu’en général le choix des expressions, la tournure des phrases, la coupe des périodes, en flattant agréablement l’oreille, porte dans les ouvrages de ce genre ; un air de grandeur et de majesté dont les pensées seules ne pourraient, jamais les revêtir.
On applaudit dans Chatterton (1835) des beautés émouvantes, mais un peu maladives, qui touchent les nerfs plus que le cœur. […] J’ai mis sur le cimier doré du gentilhomme Une plume de fer qui n’est pas sans beauté. […] Ceci est d’une beauté tout à fait héroïque.
Les hommes de génie ont considéré la nature et l’ont embellie en l’imitant ; puis des esprits observateurs ont analysé ces productions, et après avoir découvert le secret de leurs beautés, ont fait part aux autres hommes du résultat de leurs investigations, et leur ont indiqué la voie qu’ils devaient suivre. […] Trois choses surtout concourent à donner une valeur considérable à la poétique de Boileau : la difficulté de l’entreprise, la beauté des vers et l’utilité de l’ouvrage.