Ils semblent animés de passions : l’un s’incline profondément auprès de son voisin comme devant un supérieur, l’autre semble vouloir l’embrasser comme un ami ; un autre s’agite en tous sens comme auprès d’un ennemi. […] C’est ainsi que Bernardin de Saint-Pierre anime et rajeunit ses descriptions par la présence ou le souvenir de l’homme.
Un feu pur et doux l’anime ; une imagination réglée la colore. […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance.
Lorsque l’écrivain ou l’orateur veulent communiquer le fruit de leurs pensées, soit par écrit, soit de vive voix, leur but principal est de persuader, c’est-à-dire de faire passer dans les âmes les sentiments dont ils sont animés ; et, pour réussir, ils doivent instruire, convaincre et toucher : c’est là ce que les anciens appelaient les trois devoirs de l’orateur. […] Donc soyons sincèrement animés des sentiments dont nous voulons animer les autres, « Car, dit Quintilien, comment l’auditeur pourra-t-il s’attrister d’une chose que je lui raconterai avec indifférence ? […] Cette précieuse faculté qui anime tout ce qui n’existe pas ou qui n’existe plus, qui invente une foule de circonstances plus ou moins vraies, qui aime à errer librement dans un champ, qui se plaît à se plonger dans de charmantes rêveries, cette faculté qu’un de nos écrivains a surnommée la folle du logis et que Delille nous a si gracieusement dépeinte dans un de ses poèmes, l’Imagination, nous peint les objets absents, chimériques même, comme présents à l’esprit ; nous croyons les voir en réalité, nous croyons les toucher. […] Son discours, armé contre les passions qu’enfante l’égoïsme, doit s’animer de toutes celles que la loi morale autorise ; par elles, il foudroie tout ce qui lui résiste, il impose à son gré la conviction, et tous ces milliers d’hommes qui se pressent silencieusement autour de lui, ou qui ont les yeux attachés sur les pages qu’il a tracées, ne vivent plus qu’en lui et n’ont plus d’âme que la sienne.
Son poëme des Bretons est animé d’un accent plus viril. […] Que partout on entende et la scie et la lime, La voix du travailleur qui chante, et qui s’anime !
Il y a là des pages qui rappellent Poussin et Lucrèce, mais un Lucrèce chrétien, comme l’attestent ses Poëmes évangéliques où abondent les beaux vers animés par le souffle de la foi. […] Entre les fleurs, Psyché, dormant au bord de l’eau, S’anime, ouvre les yeux à ce monde nouveau ; Et baigné des vapeurs d’un sommeil qui s’achève, Son regard luit pourtant, comme après un doux rêve.
Il commande au soleil d'animer la nature, Et la lumière est un don de ses mains ; Mais sa loi sainte, sa loi pure Est le plus riche don qu'il ait fait aux humains. […] Le langage de l'indignation est rapide et animé ; celui de la joie est naturel, négligé. […] Marie, ô toi que le chrétien révère, Ma faible voix s'anime en t'implorant ; Ton divin Fils est né pauvre et souffrant, Ah ! […] Une description est la peinture douce et riante, ou vive et animée d'un objet. […] Les contrastes animent et varient les descriptions ; le mélange d'idées naturelles, simples, riantes, et d'idées sombres et nobles font dans l'âme une impression durable.
Il a l’esprit, le cœur, le mérite, le rang, La vertu, la valeur, la dignité, le sang… Ces deux figures donnent de l’agrément au discours en le rendant plus rapide, plus animé et plus énergique. […] Cette figure est entièrement fondée sur la ressemblance de deux objets : elle est par là fort rapprochée de la comparaison ; elle n’est même qu’une comparaison abrégée, une comparaison vive et animée dont on retranche ces mots : comme, tel que, semblable à, etc. […] Cette figure occupant agréablement l’esprit par sa manière vive et animée d’exprimer les ressemblances que l’imagination démêle entre les objets, se glisse jusque dans la conversation familière : elle s’offre sans qu’on la cherche, et naît d’elle-même dans l’esprit. […] C’est un de ces hauts ornements, qui ne peuvent convenir que dans les passages les plus animés d’une composition ; et la même on ne doit s’en servir qu’avec une grande discrétion. […] Il faut mêler des phrases courtes aux périodes longues et sonores, et rendre le discours animé en même temps qu’on lui donne de la douceur et de la pompe, sous peine de tomber dans la monotonie.
En supposant, ce qui n’est pas, ce qui ne saurait pas être, les beautés d’ailleurs égales, il y aurait toujours, en faveur des poètes sacrés, une raison constante de supériorité que les autres ne leur disputent que par intervalle : c’est ce ton de sentiment et d’onction qui se fait remarquer partout, et qui indique à chaque instant le génie divin qui a présidé à l’ouvrage, animé l’esprit et dirigé la plume de l’écrivain. […] Les écrivains de la Bible ne se contentent pas de prêter des sentiments ou des discours sublimes aux êtres moraux qu’ils ont personnifiés ; ils donnent la vie et le mouvement aux êtres même inanimés : tout s’anime, respire, s’enflamme à leur voix. […] L’Enfer personnifié excite et anime contre lui les ombres des rois et des princes : toutes se lèvent à la fois, et vont au-devant du roi de Babylone.
Passionner un sujet, c’est l’animer en s’y attachant, c’est en faire sa chose, c’est soutenir une thèse avec autant d’ardeur que si nos plus chers intérêts se trouvaient compromis par le triomphe de l’opinion contraire. […] Comparez ces compositions l’une à l’autre, c’est un exercice que je recommande d’ailleurs aux jeunes gens, vous remarquerez que cette matière, purement didactique pour les deux premiers, est animée par l’attendrissement dans M. de Fontanes, par l’enthousiasme dans Voltaire, par l’indignation contre l’opinion contraire dans Boileau, et plus vivement encore dans Corneille.
Identité du mot avec l’objet représenté Animé du désir de donner un nom à l’objet qu’il voulait désigner, l’homme chercha naturellement à imiter par le son de sa voix la nature de cet objet pour faire comprendre sa pensée. […] L’Écriture L’homme qui avait reçu du ciel les plus précieuses facultés, et entre autres celle de transmettre à son frère les pensées et les sentiments qui l’animaient, chercha le moyen de rendre durable l’expression de ces mêmes pensées et sentiments.
Je lis des livres qui ne m’obligent point à méditer, et je n’apporte à ma lecture qu’une médiocre attention ; car en même temps je ne laisse pas de donner audience à un nombre infini de rossignols, dont tous nos buissons sont animés. […] Jésus-Christ avait pris la place de leur esprit et de leur raison : ils n’étaient plus animés que de Jésus-Christ ; ils ne songeaient plus qu’à lui ; ils ne se souvenaient plus que de lui, il leur tenait lieu de toutes choses.
La Mouche du Coche de La Fontaine nous donne une idée de son activité par l’emploi des temps présents qui se multiplient sous la plume de l’écrivain : Une mouche survient, et des chevaux s’approche, Prétend les animer par son bourdonnement. […] Elle doit être claire, rigoureuse, complète et animée. […] 4° Animée. […] Pour caractériser cette première partie de la journée, on peindra le lever du soleil, la rosée couvrant les fleurs, le réveil et le chant des oiseaux, la fraîcheur de la brise ; le chant du coq matinal ; et pour animer la scène, le berger répandant son troupeau dans la campagne. […] Ainsi l’histoire du chevalier de Nantouillet, racontée par madame de Sévigné avec un style si animé, intéresse et amuse tout à la fois.