Les infidèles s’écrieront : Qu’il est grand le Dieu des chrétiens ! […] Attribut qui convient à Dieu seul, et qui est ici personnifié. […] Dieu, devant lequel les princes de la terre ne sont plus que de faibles mortels. […] L’homme que Dieu a fait à son image n’est-il qu’une ombre ? […] Mais aussi que ne font-ils pas, quand il plaît à Dieu de s’en servir !
Car sa vanité même n’a rien qui choque : elle a grand air, et justifie cette fière devise : « Nos vies et nos biens sont au roi, l’âme est à Dieu, l’honneur est à nous ; non, sur mon honneur mon roi ne peut rien. » Il fut de ces gentilshommes pour qui toute chaude affaire était une fête. […] Nous sommes perdeus : toute nostre fiance7 après Dieu, est en luy ; il n’est possible qu’il en eschappe. » Je croy fermement que les bonnes prieres de ces honnestes femmes me tirarent8 de l’extremité et langueur où j’estois, j’entendz du corps, car, quant à l’esprit et l’entendement, je ne le sentis jamais affoiblir9. […] Je vous jure que je ne me cognoissois pas moy-mesmes14… Je ne me peux contenir15 de rire, me semblant16 que tout à coup Dieu m’avoit donné tout ung autre visaige. […] Vous n’estes pas ainsi2, qui combatés pour l’honneur de Dieu, service de vostre Roy et repos de la patrie. » Sur quoy je leur commanday que tout le monde levast la main. […] Il les avait harangués : « La nuict j’y avois revassé, et ay eu ce don de Dieu, encore que je ne sois pas grand clerc, de me sçavoir bien exprimer quand j’en ay eu besoin. » 5.
La renommée est, selon les intérêts différents, le cri de la vérité ou du mensonge ; c’est un vain bruit ou un oracle de Dieu même10. […] Et ne croyez pas que ce fût sur des matières que Dieu semble avoir livrées à la dispute des hommes, c’était sur la nature de Dieu même, sur son existence, sur l’immortalité de l’âme, sur la véritable félicité. […] Grand Dieu ! […] Considérez, messieurs, ces grandes puissances que nous regardons de si bas : pendant que nous tremblons sous leur main, Dieu les frappe pour nous avertir. […] Chrétiens, ne murmurez pas si Madame a été choisie pour nous donner une telle instruction : il n’y a rien ici de rude pour elle, puisque, comme vous le verrez dans la suite, Dieu la sauve par le même coup qui nous instruit.
Dieu jugera entre vous et moi. […] Voilà les enseignements que Dieu donne aux rois : ainsi fait-il voir au monde le néant de ses pompes et de ses grandeurs. […] J’ai déjà dit que ce grand Dieu les enseigne, et en leur donnant, et en leur ôtant leur puissance. […] Pour que le méchant fût heureux, il faudrait qu’il oubliât qu’il existe un Dieu. […] Dieu l’a dit : vous êtes des Dieux ; mais, ô dieux de chair et de sang !
Si je dis : Dieu fait la loi aux rois ; Dieu arrête les complots des méchants, — j’énonce deux vérités, mais je ne caractérise pas Dieu en tant que dominant les rois ou réprimant le crime, et mes deux vérités courent risque de passer inaperçues. Mais qu’au lieu du mot Dieu, Bossuet dise avec sa parole magnifique : « Celui qui règne dans les cieux et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, » il explique par cette périphrase comment et pourquoi Dieu « est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. » Que Racine désigne Dieu par ces mots : Celui qui met un frein à la fureur des flots, nous concluons du plus au moins ou du même au même que celui-là Sait aussi des méchants arrêter les complots. Et observez, avec Condillac, que si, en conservant les idées principales, vous substituez l’une des périphrases à l’autre, toutes deux vous paraîtront froides et déplacées, parce que le caractère donné à Dieu n’aura plus assez de rapport avec son action dans l’une et l’autre circonstance. […] Ainsi le vers de Racine, Celui qui met un frein à la fureur des flots, substitué au mot unique Dieu. […] Dans Massillon : « Ce monde ennemi de Jésus-Christ, ce monde qui ne connaît pas Dieu, ce monde qui appelle le bien un mal et le mal un bien, ce monde, tout monde qu’il est, respecte encore la vertu, envie quelquefois le bonheur de la vertu, cherche souvent un asile et une consolation auprès des sectateurs de la vertu, rend même des honneurs publics à la vertu. » Inutile de s’arrêter à la répétition, ni d’en énumérer toutes les variétés indiquées par les rhéteurs.
comme ce seul mot anéantit tout ce qui n’est pas Dieu. […] Mais combien imposante doit être la voix qui se fait entendre aux hommes, entre la tombe des rois et l’autel du Dieu qui les juge ! […] O mes amis, que Dieu vous garde un père ! […] Qui cherche vraiment Dieu dans lui seul se repose, Et qui craint vraiment Dieu ne craint rien autre chose. […] Ainsi on peut dire indifféremment ou sans élision : L’univers ébranlé s’épouvante. — Le Dieu, ou bien avec élision : L’univers ébranlé s’épouvante — et le Dieu...
. — Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays comme un Judas Machabée ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire, comme un David, comme lui meurt dans son lit, en publiant les louanges de Dieu et instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douleur de sa mort ». […] Telle est la justice de Dieu : telle est l’infirmité naturelle des hommes. […] On s’attribue une supériorité de puissance et de force ; on se couronne de ses propres mains ; et lors même qu’on rend à Dieu de solennelles actions de grâces, et qu’on tend aux voûtes sacrées de ses temples les drapeaux déchirés et sanglants qu’on a pris sur les ennemis, qu’il est dangereux que la vanité n’étouffe une partie de la reconnaissance, et qu’on ne retienne au moins quelques grains de cet encens qu’on va brûler sur les autels » ! […] Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, l’ardeur de la mêlée, le commencement, les progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs, attaquent l’âme par tant d’endroits, qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît plus ni Dieu, ni elle-même. C’est alors que les impies Salmonées osent imiter le tonnerre de Dieu, et répondre par les foudres de la terre aux foudres du ciel ; c’est alors que les sacrilèges Antiochus n’adorent que leurs bras et leurs cœurs, et que les insolens Pharaon, enflés de leur puissance, s’écrient : C’est moi qui me suis fait moi-même ».
Bossuet jugeait ainsi la Majesté royale : « Ramassez tout ce qu’il y a de grand et d’auguste ; voyez un peuple immense réuni en une seule personne ; voyez cette puissance sacrée, paternelle et absolue ; voyez la raison secrète qui gouverne tout le corps de l’État renfermée dans une seule tête ; vous voyez l’image de Dieu, et vous avez l’idée de la majesté royale. Oui, Dieu l’a dit : “Vous êtes des dieux” : mais, ô dieux de chair et de sang ! […] O rois, exercez donc hardiment votre puissance, car elle est divine et salutaire au genre humain ; mais exercez-la avec humilité, car elle vous est appliquée par le dehors ; au fond, elle vous laisse faibles, elle vous laisse mortels, et elle vous charge devant Dieu d’un plus grand compte » 1. […] L’âme, aussi bien que le corps, a sa faim et sa nourriture : cette nourriture, c’est la vérité, c’est un bien permanent et solide, c’est une pure et sincère beauté ; et tout cela c’est Dieu même. Comme donc elle se sent piquée d’un certain appétit qui la rend affamée de quelque bien hors de soi, elle se jette avec avidité sur l’objet des choses créées qui se présentent à elle, espérant s’en rassasier ; mais ce sont viandes creuses, qui ne sont pas assez fortes et n’ont pas assez de corps pour la sustenter ; au contraire, la retirant de Dieu, qui est sa véritable et solide nourriture, ils la jettent insensiblement dans une extrême nécessite et dans une famine désespérée »
o Dieu ! […] o Dieu mon créateur ! […] o Dieu ! […] Dieu seul regnoit en paix : Dieu de soi-même étoit et l’hête et le palais. […] qui fuit devant les yeux de Dieu ?
Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux ? […] N’est-elle pas à Dieu, dont vous l’avez reçue ? […] mon père, répondit-elle avec impétuosité, Dieu n’aurait jamais commandé ce sacrifice à une mère ! […] Dieu des Juifs, tu l’emportes ! […] Impitoyable Dieu, loi seul as tout conduit !
Il a parlé de vous jusqu’à sa dernière heure : « Marthe, me disait-il, si Dieu veut que je meure, « Dis-lui que son ami lui laisse tout son bien, « Pour avoir soin de toi, des oiseaux et du chien. » Son bien ! […] Le peu qui lui restait a passé sou par sou En linge, en aliments, ici, là, Dieu sait où2. […] Sa porte doit être ouverte à toute heure à celui qui l’éveille, sa lampe toujours allumée, son bâton toujours sous sa main ; il ne doit connaître ni saisons, ni distances, ni contagion, ni soleil, ni neige, s’il s’agit de porter l’huile au blessé, le pardon au coupable, ou son Dieu au mourant. Il ne doit y avoir devant lui, comme devant Dieu, ni riche, ni pauvre, ni petit, ni grand, mais des hommes, c’est-à-dire des frères en misères et en espérances. […] Il a continué un dogme immortel, il a servi d’anneau à une chaîne immense de foi et de vertu, et laissé aux générations qui vont naître une croyance, une loi, un Dieu. » 1.
Voulez-vous amplifier cette pensée : « Les hommes doivent croire en un Dieu rémunérateur et vengeur » ? […] « Otez aux hommes, dit Voltaire, l’opinion d’un Dieu rémunérateur et vengeur, Sylla et Marius se baignent alors avec délices dans le sang de leurs concitoyens ; Auguste, Antoine et Lépide surpassent les fureurs de Sylla ; Néron ordonne de sang-froid le meurtre de sa mère. Il est certain que la doctrine d’un Dieu vengeur était alors éteinte chez les Romains. […] Car s’il n’y a pas de Dieu, ce monstre est son Dieu à lui-même ; il s’immole tout ce qu’il désire, ou tout ce qui lui fait obstacle ; les prières les plus tendres, les meilleurs raisonnements ne peuvent pas plus sur lui que sur un loup affamé. » « Si tout meurt avec nous, dit Massillon, les annales domestiques et la suite de nos ancêtres ne sont donc plus qu’une suite de chimères, puisque nous n’avons point d’aïeux et que nous n’aurons point de neveux. […] Bourdalouc s’adresse aux semblables pour développer l’inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gouvernement de l’univers : « Il croit qu’un Etat ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside ; mais il prétend tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. » Racine fait de même pour démontrer qu’en remettant Joas à Athalie, on concourt peut-être à l’accomplissement des secrets desseins de Dieu sur cet enfant : Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible, Moïse, par sa mère au Nil abandonné, Se vit, presque en naissant, à périr condamné ; Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, Fit par le tyran même élever son enfance.