Une vie romanesque et aventureuse, en lui faisant voir bien des pays1, éprouver bien des conditions diverses, l’avait initié à cette science du cœur humain sans laquelle on ne saurait offrir un tableau véritable de la société. […] >Hector, en vérité, Il n’est point dans le monde un état plus aimable Que celui d’un joueur : sa vie est agréable ; Ses jours sont enchaînés par des plaisirs nouveaux. […] Je veux me poignarder : la vie est un fardeau, Qui pour moi désormais devient insupportable.
Mirabeau en est un mémorable exemple, car les fautes de sa jeunesse pesèrent sur toute sa vie. […] Croyez-vous que les milliers, les millions d’hommes, qui perdront en un instant, par l’explosion terrible, ou par ses contre-coups, tout ce qui faisait la consolation de leur vie et peut-être l’unique moyen de la sustenter, vous laisseront paisiblement jouir de votre crime ? […] Se mêlant familièrement avec les hommes, juste quand il fallait l’être, il avait applaudi au talent naissant de Barnave, quoiqu’il n’aimât pas ses jeunes amis ; il appréciait l’esprit profond de Sieyès, et caressait son humeur sauvage ; il redoutait dans Lafayette une vie trop pure ; il détestait dans Necker un rigorisme extrême, une raison orgueilleuse, et la prétention de gouverner une révolution qu’il savait lui appartenir.
mais, tandis que les autres plaisirs ne sont ni de tous les temps, ni de tous les âges, ni de tous les lieux, les lettres, dit Cicéron, servent d’aliment à l’adolescence, et à la vieillesse d’agréable passe-temps ; elles ajoutent aux douceurs de la prospérité, et offrent dans l’infortune un refuge et une consolation ; enfin, elles prêtent aux diverses situations de la vie de l’agrément et des charmes. […] Ornement du bonheur, soutien de l’infortune, De l’enfant, du vieillard nourriture commune, ……… L’étude…… Rend à son nourrisson la nature asservie ; Au delà du trépas sait prolonger sa vie, Ennoblit ses travaux, embellit ses loisirs ; Pauvre, fait sa richesse, et riche, ses plaisirs.
., et Martial, qui, né en Espagne, vers le milieu du premier siècle de l’ère chrétienne, passa la plus grande partie de sa vie à Rome. […] On ne peut pas en citer de meilleur exemple, que cet ancien et joli triolet de Rauchin : Le premier jour du mois de mai Fut le plus heureux de ma vie. […] Fut le plus heureux de ma vie. […] Qu’à s’ajuster du haut jusques en bas, Iris, pour paraître jolie, Passe les trois quarts de sa vie ; Cela ne me surprend pas.
Quel meilleur emploi des loisirs des premières années de la vie ! […] La vie des saints dont l’Église honore la mémoire lui fournit des exemples propres à porter à la vertu et à la piété. […] Il doit voiler les taches de la vie de son héros. Quintilien enseigne que, sans blesser la vérité, l’orateur peut voiler certaines taches qui se trouvent dans la vie des héros. […] Sénèque, voulant racheter sa vie au prix de tous ses biens, craint d’irriter Néron par une offre injurieuse à la majesté impériale.
Victor Hugo a dit de Casimir Delavigne : « Sa vie fut d’un sage : il avait tracé un cercle autour de sa destinée, comme il en avait tracé un autour de son inspiration. […] Il était doux à toute chose, à la vie, au succès, à la souffrance ; doux à ses amis, doux à ses ennemis. »
Nous garderons pour nos exercices 1° les exhortations ; 2° la harangue historique ; 3° la harangue militaire ; 4° la narration oratoire ; 5° enfin, le plaidoyer non légal malgré sa longueur, mais qui mérite de faire exception à cause de la nécessité où l’homme se trouve si souvent en sa vie d’avoir à défendre ses intérêts. […] La vie et le mouvement colorent la narration ; La nuit, les pluies, le courage, l’art, la nature tout est entassé, mais tout est vaincu. […] La disposition se cache sous les mouvements oratoires ; elle serait plus visible si nous avions eu connaissance de l’exorde du discours et du commencement de la vie du héros. […] Mais dans la pratique de la vie, n’avons-nous pas souvent à défendre nos biens, notre réputation dans les simples discussions de société, dans les contestations commerciales, qui n’aboutissent pas néanmoins au scandale des procès ? […] D’ailleurs, qui ne fait pas en sa vie des vers de circonstance, ou un compliment rimé ?
Cette princesse, qui avait un esprit délicat et tous les talents pour plaire, se livra, après les fêtes de son mariage, à son goût pour la solitude, et y passa toute sa vie. […] On assure que lorsque le duc d’Anjou, son deuxième fils, fut appelé à la couronne d’Espagne en 1700, il dit : Je n’aspire qu’à dire toute ma vie, le roi mon père et le roi mon fils. […] Il se trouva à toutes les batailles que livra Auguste, avant de parvenir à l’Empire, et en fut toute sa vie le principal favori et le conseil. […] Parques (les), déesses des enfers selon la fable, et qui filaient la trame de la vie des hommes. […] Sybaris, ville qui n’existe plus, et dont les habitants, entièrement livrés à la mollesse, passaient leur vie dans les plaisirs.
C’est alors aussi que, dans le voisinage de la Chanson de gestes, proposant les grands exemples du temps passé, et se déroulant majestueusement en vers de dix syllabes, nous voyons naître le Roman d’aventures parmi les loisirs de la vie seigneuriale. […] Inspirés par le culte de la courtoisie, de la vaillance et de l’amour, ces contes sont un divertissement aristocratique destiné aux raffinés de la vie féodale bien plus qu’à des auditeurs populaires. […] xve siècle. — « C’est au milieu d’un concert de plaintes et de malédictions, à la lueur du bûcher de Jean Huss, et au cri de sauve qui peut que s’ouvre le xve siècle 1. » Dans cette triste période, la vie semble s’arrêter, tout s’éteint et se dégrade. […] Mais, si nous aimons sa grâce, nous chercherons ailleurs la verve, l’originalité, la puissance et la vie.
Les récits les plus étranges deviennent admissibles, dans l’histoire, dès qu’on échelonne convenablement les circonstances et les moyens d’exécution ; dans le poëme et le roman ; dès qu’on y sème ces détails de la vie commune et positive qui leur donnent un air de franchise, et les font descendre des régions de la fiction dans celles de la réalité. […] Pour lui donner la vie, mêlez le sentiment à l’image, soit que vous mettiez l’aspect des lieux en harmonie avec les émotions de l’âme ; soit que vous aviviez celles-ci par l’opposition ; soit que vous y rattachiez une espérance ou un souvenir public ou privé. […] Une description se passionne naturellement, quand le narrateur, dominé lui-même par la passion, ne voit, dans les diverses images qui s’offrent à lui, qu’un seul être, l’objet de son amour ou de sa haine, auquel il ramène tous les détails, et dont il communique ainsi la vie à tout le reste.
Je n’ai pas besoin de faire remarquer quelle vie et quel mouvement cette figure donne à la pensée. […] qu’eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur, rappelé à la vie, etc. » Une troupe d’amateurs jouait autrefois à Rouen la Mort d’Abel, tragédie en cinq actes. […] Souvent, comme Socrate, il emprunte ses rapprochements aux arts, aux métiers, aux détails familiers de la vie.
Qui m’eût dit, il y a quelques années, que j’eusse dû vivre plus longtemps que Car, j’eusse cru qu’il m’eût promis une vie plus longue que celle des patriarches. […] La France, que vous venez de mettre à couvert de tous les orages qu’elle craignait, s’étonne qu’à l’entrée de votre vie vous ayez fait une action dont César eût voulu couronner toutes les siennes, et qui redonne aux rois vos ancêtres autant de lustre que vous en avez reçu d’eux.
On peut encore les considérer dans leurs rapports avec notre âme, nos idées, nos sentiments et nos passions, en un mot, avec notre vie intellectuelle et morale : c’est le point de vue moral qui laisse apercevoir le côté mystérieux des objets, et les liens qui les unissent au monde invisible ; c’est la manière poétique. […] Tous les grands phénomènes de la nature étaient ainsi personnifiés : le soleil était un dieu monté sur un char étincelant, que traînaient des chevaux immortels vomissant la flamme ; l’aurore était une jeune déesse, ouvrant avec ses doigts de roses les portes de l’Orient : ses pleurs étaient la rosée qui humecte la terre et qui redonne la vie aux fleurs ; les vents avaient des ailes, le tonnerre, des flèches.
De la vie et de la mort. […] Autre exemple : Ce que le soir est au jour, la vieillesse l’est à la vie. On dira donc : « le soir, vieillesse du jour », et « la vieillesse, soir de la vie » ; ou, comme Empédocle : « couchant de la vie ». […] La vie est le résultat immédiat de la santé, mais la santé n’est pas celui de la vie. […] Ils ont l’esprit étroit, ayant été rabaissés par la pratique de la vie ; car rien de grand, rien de supérieur n’excite leurs désirs, tout entiers aux besoins de la vie.
Ce qui assure encore à Fontenelle une supériorité marquée sur ses nombreux et maladroits imitateurs, c’est qu’il possédait à fond tous les sujets qu’il a traités ; c’est que bien loin d’affecter l’érudition, il répand sans affectation les connaissances les plus variées ; c’est que l’astronome comme le moraliste, le médecin comme le géomètre, le philosophe comme l’homme d’état, reconnaissent dans Fontenelle l’homme versé dans chacune de leurs parties, comme s’il eût consacré sa vie à l’étudier. […] Charles était un jeune prince, non pas seulement ennemi de toute mollesse, mais amoureux des plus violentes fatigues et de la vie la plus dure ; recherchant les périls par goût et par volupté ; invinciblement opiniâtre dans les extrémités où son courage le portait ; enfin, c’était Alexandre, s’il eût eu des vices et plus de fortune.
En voici un qui a de la grâce ; il est de Ranchin : Le premier jour du mois de mai Fut le plus heureux de ma vie. […] Je vous vis et je vous aimai : Si ce dessein vous plut, Silvie, Le premier jour du mois de mai Fut le plus heureux de ma vie.
L’amiral de Coligny est en présence des assassins qui vont lui ravir la vie : Compagnons, leur dit-il, achevez votre ouvrage, Et de mon sang glacé souillez ces cheveux blancs, Que le sort des combats respecta quarante ans ; Frappez, ne craignez rien, Coligny vous pardonne ; Ma vie est peu de chose et je vous l’abandonne J’eusse aimé mieux la perdre en combattant pour vous !
A part mademoiselle de Gournay qui y pleure tout haut, par cérémonie5, on y cause ; on y cause du défunt et de ses qualités aimables, et de sa philosophie qui est tant de fois en jeu dans la vie ; on y cause de soi6. […] Or, s’il y a une vérité, si la vie aboutit4, lequel de ces deux hommes a le plus fait ?
Lui laissant la gravité, la noblesse et la pompe, il fut son rival dans le genre, épistolaire, qui était alors un jeu de salon : il s’y montra coquet, sémillant, joli, précieux, et passa toute sa vie à broder des gentillesses galantes, à voltiger sur des pointes d’aiguille, à enfler des bulles de savon, à distribuer des compliments comme des dragées dans une bonbonnière, en un mot à charmer par des bagatelles souvent prétentieuses les coteries et les ruelles où l’on se disputait comme des faveurs ses moindres billets. […] La France, que vous venez de mettre à couvert de tous les orages qu’elle craignoit, s’étonne qu’à l’entrée de votre vie, vous ayez fait une action dont César eût voulu couronner toutes les siennes, et qui redonne aux rois vos ancêtres autant de lustre que vous en avez reçu d’eux.
Voilà toute sa vie : c’est le meilleur éloge qu’on en puisse faire. […] Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
Réparer les brèches d’une fortune compromise, établir son fils, adorer sa fille, madame de Grignan, se lamenter sur son éloignement, voir et revoir la chère absente, lui raconter ses tendresses et les nouvelles du jour dans toute leur primeur, les commenter avec une verve étincelante, depuis le procès de Fouquet jusqu’à la disgrâce de M. de Pomponne, depuis la mort de Turenne jusqu’à celle de Vatel, sans oublier la pluie et le beau temps, en un mot laisser causer son esprit et son cœur : voilà sa vie. […] Le péril extrême où se trouve mon fils, la guerre qui s’échauffe5 tous les jours, les courriers qui n’apportent plus que la mort de quelqu’un de nos amis ou de nos connaissances, et qui peuvent apporter pis ; la crainte que l’on a des mauvaises nouvelles, et la curiosité qu’on a de les apprendre ; la désolation de ceux qui sont outrés1 de douleur, et avec qui je passe une partie de ma vie ; l’inconcevable état de ma tante2, et l’envie que j’ai de vous voir, tout cela me déchire, me tue et me fait mener une vie si contraire à mon humeur et à mon tempérament, qu’en vérité il faut que j’aie une bonne santé pour y résister.
Dans le vaste domaine de la nature vivante, il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres pour leur mutuelle destruction : dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les rontières mêmes de la vie. […] Une force, à la fois cachée et palpable, se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens violents. […] La vie de l’homme ajoute au crédit du penseur.
Des quatre discours que Cicéron prononça dans cette circonstance, la plus importante et la plus glorieuse de sa vie, deux surtout sont d’autant plus admirables, que tout nous porte à croire qu’ils furent improvisés ; et quoique l’auteur les ait sans doute retouchés, lorsqu’il les publia dans la suite, le grand effet qu’ils produisirent alors est une preuve du mérite réel qu’ils avaient. […] Il fait plus : ce tyran, las de régner enfin, Abdique insolemment le pouvoir souverain, Comme un bon citoyen meurt heureux et tranquille, En bravant le courroux d’un sénat imbécille, Qui, charmé d’hériter de son autorité, Éleva jusqu’au ciel sa générosité, Et nomma sans rougir père de la patrie, Celui qui l’égorgeait chaque jour de sa vie. […] N’en doutez point cependant ; si j’avais cru la mort du perfide capable de vous affranchir de toute espèce de danger, j’aurais sacrifié ma tranquillité personnelle, ma vie même, et Catilina eût péri. […] Il n’y avait qu’une voix sur la légitimité d’un arrêt qui délivrait la république de scélérats, de factieux qui avaient passé leur vie à la troubler. […] » César vient de parler avec autant d’art que d’éloquence sur la vie et sur la mort : il regarde sans doute comme des chimères ce que l’on rapporte des enfers, où les méchants, à jamais séparés des bons, habitent un séjour d’horreur et de désespoir.
Écoutons l’historien de sa vie : « Sa manière de travailler était extrêmement fatigante ; l’agitation de son esprit se communiquent à tous les muscles de son corps ; il se levait brusquement et se promenait à grands pas ». […] C’est bien moins encore à lui à donner des leçons à ceux qui gouvernent : il y a un peu trop loin de la science qui étudie les hommes, du talent même qui les connaît, au grand art qui les gouverne ; et Thomas lui-même l’avait dit : « Le philosophe, par sa vie obscure, doit mieux juger les choses que les hommes ».
Mais c’est une grande satisfaction pour un jeune homme aussi bien né que vous l’êtes, de s’être mis en état de sentir la frivolité des raisonnements qu’on se donne la liberté de faire contre la religion, et de bien comprendre que le système de l’incrédulité est infiniment plus difficile à soutenir que celui de la foi, puisque les incrédules sont réduits à oser dire, ou qu’il n’y a point de Dieu, ce qui est évidemment absurde ; ou que Dieu n’a rien révélé aux hommes, ce qui démenti par tant de démonstrations et de faits qu’il est impossible d’y résister : en sorte que quiconque a bien médité toutes ces preuves trouve qu’il est non-seulement plus sûr, mais plus facile de croire que de ne pas croire, et rend grâces à Dieu d’avoir bien voulu que la plus importante de toutes les vérités fût aussi la plus certaine, et qu’il ne fût pas plus possible de douter de la vérité de la religion chrétienne, qu’il l’est de douter s’il y a eu un César ou un Alexandre… Pour ce qui est de l’étude de la doctrine que la religion nous enseigne, et qui est l’objet de notre foi ou la règle de notre conduite, c’est l’étude de toute notre vie, mon cher fils : vous en êtes déjà aussi instruit qu’on le peut être à votre âge, et je vois avec joie que vous travaillez à vous en instruire de plus en plus ; je ne puis donc que vous exhorter à vous y appliquer sans relâche. […] Deux fois l’année, à l’ouverture des parlements, en novembre et après Pâques, les procureurs ou avocats généraux, et quelquefois les chanceliers, pour entretenir la discipline d’une vie sévère parmi les magistrats, prononçaient des harangues où ils leur rappelaient leurs devoirs et au besoin leur reprochaient leurs fautes.
A cette lutte, qui troubla sa vie et pèse sur sa mémoire, furent consacrées surtout les années de sa longue vieillesse : elles lui permirent de voir les commencements du règne de Louis XVI, après que sa jeunesse avait vu la fin de celui de Louis XIV. […] Le kan des Tartares et le bacha, qui voulaient prendre le roi en vie, honteux de perdre du monde et d’occuper une armée entière contre soixante personnes, jugèrent à propos de mettre le feu à la maison pour obliger le roi à se rendre.
Sur la fin de sa vie, retiré dans sa ville natale3, il abandonna presque entièrement les lettres. […] Daire, son compatriote, a écrit sa vie (Paris, 1779, in-12) ; plusieurs ont composé son éloge, et parmi eux on peut citer Noël et le célèbre Sylvain Bailly.
Car la tragédie est l’imitation non des hommes, mais de leurs actions, de leur vie, de ce qui fait leur bonheur ou leur malheur. […] De l’espèce à l’espèce : il lui arracha la vie, il lui trancha la vie : trancher et arracher sont l’un pour l’autre, et signifient également ôter. […] De même le soir étant au jour ce que la vieillesse est à la vie, on dira que le soir est la vieillesse du jour ; et la vieillesse, le soir de la vie, ou, comme l’a dit Empédocle, le coucher de la vie .
C’est à vous, mon esprit, a qui je veux parler2 Vous avez des défauts que je ne puis celer : Assez et trop longtemps ma lâche complaisance De vos jeux criminels a nourri l’insolence ; Mais, puisque vous poussez ma patience à bout, Une fois en ma vie il faut vous dire tout. […] En blâmant ses écrits, ai-je, d’un style affreux, Distillé sur sa vie un venin dangereux ? […] Ajoutez que la profusion des faveurs dont il ne cessa d’être comblé par la cour formait un contraste assez choquant avec le discrédit où il tomba auprès du public vers la fin de sa vie.
Homme de bien, dont la vie est un exemple comme ses œuvres sont des modèles, aussi cordial dans l’éloge que sincère et vif dans le blâme, il a l’autorité d’un censeur et d’un juge. […] Les ages de la vie Le temps qui change tout, change aussi nos humeurs Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs2 Un jeune homme, toujours bouillant dans ses caprices, Est prompt à recevoir l’impression des vices. […] Voici les vers de Mathurin Regnier sur les Quatre âges de la vie.
Dans le noviciat de cette vie nomade, où il fit provision d’expérience, il essaya sa verve par des esquisses déjà puissantes, où s’annonce comme en germe sa merveilleuse fécondité. […] Non moins habile à nouer une intrigue, à exciter la surprise, à combiner des situations, qu’à représenter toutes les variétés de la vie, il possède dans une proportion parfaite l’imagination, la sensibilité et la raison ; car si le comique est la forme de son génie, le bon sens en est le fonds et la substance. […] J’ai souhaité un fils avec des ardeurs nonpareilles ; je l’ai demandé sans relâche avec des transports incroyables ; et ce fils, que j’obtiens en fatiguant le ciel de mes prières, est le chagrin et le supplice de cette vie même, dont je croyais qu’il devait être la joie et la consolation.
Réparer les brèches d’une fortune compromise, établir son fils, adorer sa fille, Madame de Grignan, se lamenter sur son éloignement, voir et revoir la chère absente, lui raconter ses tendresses et les nouvelles du jour dans toute leur primeur, les commenter avec une verve étincelante, depuis le procès de Fouquet jusqu’à la disgrâce de M. de Pomponne, depuis la mort de Turenne jusqu’à celle de Vatel, sans oublier la pluie et le beau temps, en un mot laisser causer son esprit et son cœur : voilà toute sa vie. […] Voilà ce que je voulois vous dire une fois en ma vie, en vous conjurant d’ôter de votre esprit que ce soit moi qui aie tort. […] Je verbaliserai toujours ; au lieu d’écrire en deux mots, comme je vous l’avois promis, j’écrirai en deux mille ; et enfin j’en ferai tant, par des lettres d’une longueur cruelle et d’un ennui mortel, que je vous obligerai, malgré vous, à me demander pardon, c’est-à-dire à me demander la vie.
La bonne disposition des ombres fait briller la lumière, et donne de la vie au coloris. […] Dans la dernière partie de sa vie, il alla s’établir à Athènes, où il vécut jusqu’à l’âge de cent cinq ans. […] Linguet, dont la vie ne fut qu’une suite de vicissitudes. […] Pour avoir ignoré ces préceptes, on s’est souvent trompé en prose et en vers, comme dans la conduite de la vie. […] Aucune étude n’est plus nécessaire, pour ce dessein, que celle de la vie et du cœur humain.
Comparez cette page de Xavier de Maistre pleurant la mort d’un ami : « La nature, indifférente de même au sort des individus, remet sa robe brillante du printemps, et se pare de toute sa beauté autour du cimetière où il repose ; les arbres se couvrent de feuilles, et entre acent leurs branches ; les oiseaux chantent sous le feuillage ; les mouches bourdonnent parmi les fleurs : tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort ; et, le soir, tandis que a lune brille dans le ciel, et que je médite près de ce triste lieu, j’entends le grillon poursuivre gaiement son chant infatigable, caché dans l’herbe qui couvre la tombe silencieuse de mon ami. […] En changeant de destin aux mains de l’industrie, Le Fer, du monde entier changea l’antique sort : Il féconda la terre, et fit fleurir la vie Où jadis il semait la mort.
Rejetant de son front ses longs cheveux, Psyché Écarte l’herbe haute et les fleurs autour d’elle, Respire, sent la vie, et voit la terre belle, Et blanche, se dressant dans sa robe aux longs plis, Hors du gazon touffu monte comme un grand lis4 (Psyché. […] Ce passage est tiré d’une épopée champêtre, qui rivalise avec Hermann et Dorothée par l’éloquence dramatique d’une inspiration simple et touchante, par la vigueur ou la grâce du coloris, et l’art d’ennoblir les plus simples détails de la vie rustique.
« Le juste regarde sa vie, tantôt comme la fumée qui s’élève, qui s’affaiblit en s’élevant, qui s’exhale et s’évanouit dans les airs ; tantôt comme l’ombre qui s’étend, se rétrécit, se dissipe : sombre, vide et disparaissante figure » ! […] « Au lieu de déplorer la mort des autres, je veux désormais apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie, les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint ».
Et grâces soient rendues à l’auteur de la nature qui l’a permis ainsi ; car on conçoit que, s’il en était autrement, la vie de l’écrivain et de l’orateur serait la plus intolérable existence qu’on pût imaginer. […] N’est-ce pas Cicéron lui-même, ce grand champion de la passion réelle, qui a dit quelque part, en rapportant l’opinion des péripatéticiens : « Pour allumer la colère dans l’âme de l’auditeur, quand même on ne la ressentirait pas, il faut la feindre du moins par ses paroles et son action. » Relisez aussi le chapitre II du VIe livre de Quintilien, où il traite des passions ; vous verrez, quoi qu’il semble, que nous ne sommes pas loin de nous entendre.
[Notice] Né à Paris en 1622, Molière, après de bonnes études terminées dans le collége des jésuites, devenu depuis le collége Louis-le-Grand, céda à un entrainement qui a fait beaucoup de victimes, et embrassa la vie de théâtre. […] De nos jours aussi, sa vie et ses œuvres ont été le sujet des travaux de nombreux critiques : on citera parmi eux Lemercier, tome II de son Cours analytique de la littérature générale ; M.
Il y en a une autre qu’on peut nommer morale, qui est bien importante et malheureusement négligée ou méprisée par un grand nombre de romanciers. « Le divertissement du lecteur, dit Huet, évêque d’Avranches, dans son savant Traité de l’origine des romans, n’est qu’une fin subordonnée à la principale, qui est l’instruction de l’esprit et la correction des mœurs. » Le but que l’écrivain doit se proposer est donc d’instruire sous le voile de la fiction, de polir l’esprit et de former le cœur en présentant un tableau de la vie humaine. […] combien de fois t’ai-je prédit qu’il te coûterait la vie !
Sa vie militaire ressemble à un roman de chevalerie ; et pourtant ce téméraire fut aussi homme de conseil. […] Au lieu de réclamer alors le prix de ses services, il ne parut que rarement à la cour d’Henri IV, mais garda loyale affection au souverain dont la vie était si précieuse à la France.
Mais Thomas, mon cher maître, ma vie, mon Glocestre, Thomas, la plus belle de ces branches d’un tronc royal, a été coupée par la main de l’envie, et la hache sanglante de l’assassin37 ». […] avant ce temps, dans une vie obscure, Les mortels moins instruits étaient moins malheureux. Le vice et la douleur n’osaient approcher d’eux ; La pauvreté, les soins, la peur, la maladie, Ne précipitaient point le terme de leur vie. […] Ton roi, jeune Biron, te sauve enfin la vie. […] La vie entière de Socrate, et les remords inévitables qui attendent ses bourreaux.
D’une brillante et triste vie, Rousseau quitte aujourd’hui les fers, Et, loin du ciel de sa patrie, La mort termine ses revers. […] Et ce sont ces plaisirs et ces pleurs que j’envie, Que tout autre que lui me paîrait de sa vie ! […] 1° Les mots qui ont une voyelle avant l’e muet final, comme joie, vue, rosée, vie, roue ; plaie, vraie, etc., ne peuvent s’employer dans le corps d’un vers qu’autant qu’ils sont suivis d’un mot qui commence par une voyelle, avec laquelle l’e muet s’élide. Ainsi, ces vers ne sont pas bons : La vie des héros doit nous servir d’exemple. […] La vie est un fardeau pour l’homme désœuvré.
Point de grandes choses sans de grandes peines ; et il n’y a point de nation au monde chez laquelle il soit plus difficile que chez la nôtre de rendre une véritable vie à la poésie ancienne. […] Les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera la vie à chaque expression : tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce qu’on dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux ».
Si Dédale tremble, c’est qu’il est père, et qu’il craint pour la vie de son fils52. […] fait une énumération magnifique des divers avantages de la vie champêtre. […] les fleurs images de la vie. […] bonheur de la vie champêtre.
Telle est celle-ci de Salluste sur Catilina, tué dans une bataille que ce fier conspirateur contre Rome sa patrie, livra à l’armée de la république : son corps fut trouvé parmi ceux de ses ennemis ; et la fierté qui paraissait sur son visage pendant sa vie, y était encore empreinte . […] Le poète, dans une épître sur la vie champêtre, feint qu’à son retour de la campagne, un de ses amis lui parle des victoires du roi. […] Le siècle est si vicieux, Passant, qu’une courte vie Est une faveur des cieux. […] Elles prêtent à l’éloquence ses plus grands mouvements, à la poésie son plus beau coloris ; elles sont comme l’âme et la vie de l’une et de l’autre. […] Tourne les yeux ; sa tombe est près de ce palais : C’est ici la montagne, où lavant nos forfaits, Il voulut expirer sous les coups de l’impie : C’est là que de sa tombe il rappela sa vie.
Il est regrettable qu’il y ait aussi d’autres pages dans sa vie. […] Car sa vanité même n’a rien qui choque : elle a grand air, et justifie cette fière devise : « Nos vies et nos biens sont au roi, l’âme est à Dieu, l’honneur est à nous ; non, sur mon honneur mon roi ne peut rien. » Il fut de ces gentilshommes pour qui toute chaude affaire était une fête.
Nos chutes se cachent sous l’obscurité de notre destinée ; mais qu’offrirait notre vie aux yeux du public, si elle était en spectacle comme la leur ? […] Mais, sans parler des divines consolations que Dieu prépare ici-bas même à ceux qui l’aiment ; sans parler de cette paix intérieure, fruit de la bonne conscience, qu’on peut appeler en même temps et un avant-goût, et le gage de la félicité qui est reservée dans le ciel aux âmes fidèles ; sans vous dire, avec l’apôtre, que tout ce qu’on peut souffrir sur la terre n’est pas digne d’être comparé avec la récompense qui vous attend : si vous étiez de bonne foi, et que vous voulussiez nous exposer ici naïvement tous les désagréments qui accompagnent la vie du siècle, que ne diriez-vous pas, et que ne dit-on pas tous les jours là-dessus, dans le siècle » ?
Sans doute une forte éducation classique et d’immenses lectures, auxquelles on ne se résigne guère que lorsqu’on est doué de cette curiosité particulière aux érudits, peuvent mettre aux mains d’un littérateur les premiers matériaux, et, pour ainsi parler, les instruments indispensables à son œuvre ; ce ne sera rien encore tant qu’il n’aura pas compris ou plutôt deviné par une sorte d’intuition la vie antique, si différente de notre vie moderne. »
Un homme ignore entièrement qu’un souverain, non content de pardonner à un sujet qui voulait lui arracher le trône et la vie, a redoublé ses bienfaits à son égard, et l’a accablé de biens : il voit dans Corneille, Auguste tenir cette conduite envers Cinna, en est-il révolté ? […] Il s’ensuit de tout ce que je viens de dire, que le poète, pour être en état d’inventer, doit porter des yeux attentifs sur la nature, en bien saisir toutes les parties et le vrai beau ; distinguer tout ce qui est, et tout ce qui peut être ; observer les hommes et leurs divers caractères, étudier à fond le cœur humain, démêler tous les secrets ressorts qui le font mouvoir, tous les sentiments dont il est susceptible, toutes les passions qui peuvent le maîtriser dans toutes les circonstances possibles de la vie. […] L’Aurore est une jeune déesse, qui ouvre avec ses doigts de roses les portes de l’Orient : ses pleurs sont la rosée qui humecte la terre, et qui redonne la vie aux fleurs.
Ce fut l’événement décisif de sa vie ; car son entrée dans une maison princière lui permit d’assister de près au spectacle de la comédie humaine, où figuraient les originaux de la cour et de la ville. […] La vie de la cour est un jeu sérieux, mélancolique, qui applique : il faut arranger ses pièces et ses batteries, avoir un dessein, le suivre, parer celui de son adversaire, hasarder quelquefois, et jouer de caprice1 ; et après toutes ses rêveries et toutes ses mesures2, on est échec, quelquefois mat. […] Si l’on remet cette étude si pénible à un âge un peu plus avancé, et qu’on appelle la jeunesse, l’on n’a pas la force d’y persévérer ; et si l’on y persévère, c’est consumer à la recherche des langues le même temps qui est consacré à l’usage que l’on en doit faire ; c’est borner à la science des mots un âge qui veut déjà aller plus loin, et qui demande des choses ; c’est au moins avoir perdu les premières et les plus belles années de sa vie.
Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de le dire à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de M. votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse. […] « Racine, qui en cette occasion, dit d’Alembert, s’était éclipsé devant le prédicateur, prit sa revanche dans ce nouveau discours, l’un des plus beaux qui aient été prononcés à l’Académie française. » On rapporte que Louis XIV, a qui Racine était venu le lire, lui dit avec cette dignité pleine de justesse qui manquait rarement à ses paroles : « Je le louerais davantage si je n’y étais tant loué. » De cette appréciation de Corneille il sera curieux de rapprocher sa Vie par son neveu Fontenelle et sou Eloge par Victorin Fabre, enfin et surtout le travail que M.
Frappé d’un arrêt de bannissement, il passa tout le reste de sa vie loin de la France dont il est demeuré l’une des gloires. […] On peut rapprocher de ces vers le morceau de Bossuet intitulé : Image de la vie, et que nous avons donné dans les Morceaux choisis à l’usage de la quatrième.
vous voulez parler comme vous, je veux que vous parliez comme moi. » Va-t-on prendre l’essor, ils vous arrêtent par la manche ; a-t-on de la force et de la vie, on vous l’ôte à coups d’épingle ; vous élevez-vous un peu, voilà des gens qui prennent leur pied ou leur toise, dressent la tête, et vous enjoignent de descendre pour vous mesurer ; courez-vous dans votre carrière, ils voudront que vous regardiez toutes les pierres que les fourmis ont mises sur votre chemin1 Les Romains sous l’empire C’est ici qu’il faut se donner le spectacle des choses humaines. […] Vous voulez, dites-vous, faire renaître parmi nous ces illustres morts, et j’avoue que vous leur donnez bien un corps ; mais vous ne leur rendez pas la vie ; il y a manque toujours un esprit pour les animer.
Horace recommande d’approprier les mœurs à chacun des âges de la vie. — 179. […] 905J’ordonnerai (je conseillerai) 906au peintre-de-caractères habile 907d’observer-avec-soin 908le tableau de la vie et des mœurs, 909et de tirer de-là 910des expressions (des images) vives. […] 954Les poëtes veulent 955ou être-utiles, ou charmer ; 956ou ils veulent dire tout-à-la-fois 957 des choses et agréables 958et utiles à la vie. […] Il faut dire, au reste, que cette vigilance, si vantée par Velléius, s’accorde mal avec certain témoignage assez bizarre que Sénèque a rendu de ce même Lucius Pison, en disant « qu’il ne s’enivra qu’une fois dans sa vie, parce que sa vie ne fut qu’une longue ivresse, Ebrius, ex quo semel factus est, fuit. […] … » Horace lui-même a imité Aristote dans cette peinture si rapide, et pourtant si philosophique, des quatre âges de la vie.
A nos yeux attentifs que le spectacle change : Retournons sur la terre, où jusque dans la fange L’insecte nous appelle, et, certain de son prix, Ose nous demander raison de nos mépris2… De l’empire de l’air cet habitant volage, Qui porte à tant de fleurs son inconstant hommage Et leur ravit un suc qui n’était pas pour lui, Chez ses frères rampants qu’il méprise aujourd’hui, Sur la terre autrefois traînant sa vie obscure, Semblait vouloir cacher sa honteuse figure. […] pourquoi, dévoré par cette folle envie, Vais-je étendre mes vœux au delà de ma vie ?
Diderot 1713-1784 [Notice] Intelligence étendue, mais incomplète et anarchique dans laquelle se heurtent les défauts et les qualités les plus contradictoires, Diderot fut, pendant toute sa vie, un prodigue, dont la verve aussi désordonnée qu’inépuisable se dispersa dans une foule d’essais improvisés à bride abattue, et où quelques-éclairs traversent le chaos. […] Voyez, monsieur, si en effet vous avez écrit, et songez qu’une ligne innocente, mais mal interprétée, vous coûterait la vie.
Si elle est inutile, il faut se condamner à l’ignorance pour toute sa vie. […] Fuir les occasions du mal, acquérir par le travail les qualités les plus précieuses, n’est-ce pas seconder dignement les vues du Créateur, qui nous imposa avec la vie le fardeau léger de l’étude ? […] Le compliment à l’occasion des anniversaires présente plus de ressources à l’écrivain, en ce qu’il peut faire à ses correspondants l’application de traits propres à la vie de leurs patrons, ou tirer un aimable souhait des objets qu’il leur offre en témoignage de son affection. […] Les lettres de condoléance sont le contraire des lettres de félicitations : celles-ci ont pour texte les circonstances heureuses de l’existence ; celles-là, les malheurs de la vie. […] D’ailleurs, qui ne fait pas en sa vie des vers de circonstance ou un compliment rimé ?
Elle nous aide à supporter la vie, s’embarque avec nous pour nous montrer le port dans les tempêtes ; également douce et secourable aux voyageurs célèbres, aux passagers inconnus. […] Je ne sais quel biais ils ont imaginé, Ni tout ce qu’ils ont fait ; mais on leur a donné Un arrêt par lequel, moi vêtue et nourrie, On me défend, monsieur, de plaider de ma vie. […] Le voyageur, c’est l’homme ; le chemin, c’est la vie ; le rocher, ce sont les misères qu’il rencontre à chaque pas sur sa route. […] Cette partie avait besoin d’un peu de vie et de mouvement ; l’auteur anime la scène par l’haleine de la brise, la course majestueuse de la lune et les mouvements variés des nuages.
Comparez avec ce passage une addition à la Vie d’Euripide, publiée par Welcker dans le Rheinisches Museum, I, p. 299 Athénée, II, p. 40 Eustathe, sur l’Odyssée, XIV, 563 le scholiaste de Denys le Thrace, p. 747 des Anecdota græca de Bekker.
Qui apprend le grec ne se borne pas aux époques de Périclès et d’Alexandre ; il remonte à Homère, pour redescendre ensuite jusqu’aux derniers pères de l’Eglise ; il suit l’idiome pendant ses quinze siècles de vie. […] Plus tard viendra en aide tout ce que fournissent d’idées l’expérience personnelle du monde, la participation active à la vie civile et sociale, et toujours les retours sur soi-même et les méditations solitaires.
Voyez lord Chatham, à cette mémorable séance qui fut son dernier pas tout à la fois dans la carrière parlementaire et dans la vie. […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains.
Correction, rétroaction, épanorthose : J’avais un fils que j’aimais plus que ma vie ; on me l’a dérobé, plaignez mon infortune. J’aimais un fils plus que ma vie, Je n’ai que lui ; que dis-je ?
L’e muet précédé d’une voyelle accentuée, dans le corps du vers, doit aussi être élidé, parce qu’il ne peut compter dans la prononciation, comme dans vie, vue, joie, aimée, etc., ainsi le vers suivant est défectueux : La joie ne règne pas dans le cœur du méchant. […] Exemple : Le ciel nous rend toujours les biens qu’il nous prodigue, Vainement un mortel se plaint et le fatigue De ses cris superflus : L’âme d’un vrai héros, tranquille, courageuse, Sait comme il faut souffrir d’une vie orageuse Le flux et le reflux.
C’est ce talent si rare, et qu’il avait au dernier degré, qui lui tint tous ses amis si entièrement attachés toute sa vie, malgré sa chute, et qui, dans leur dispersion, les réunissait pour se parler de lui, pour le regretter, pour le désirer, pour se tenir de plus en plus à lui, comme les Juifs pour Jérusalem, et soupirer après son retour, et l’espérer toujours, comme ce malheureux peuple attend encore et soupire après le Messie1 1. […] Toute la vie de Fénelon s’explique par le Télémaque, ses succès, ses disgrâces, son charme entraînant, et l’antipathie profonde qu’il inspirait à Louis XIV, sa passion pour madame Guyon, ses disputes sur le quiétisme et sur le pur amour, sa condamnation, sa mort enfin, sans qu’il ait put réaliser un seul de ses rêves moraux, politiques et religieux. »
(Argas, poëte obscur, dont le souvenir est conservé dans Athénée et dans une ancienne vie de Démosthène.)
En vain dira-t-on que ce n’est point là le ton dramatique, que le théâtre tragique ou comique est l’image de la vie humaine, que les hommes entre eux ne parlent pas ainsi, etc. […] Rappelez-vous les reproches si doux de Didon à Enéc : Si bene quid de le merui, fuit aut tibi quidquam Dulce meum… ; le mot d’Iphigénie, quand Agamemnon veut l’obliger à renoncer à Achille : Dieux plus doux, vous n’aviez demandé que ma vie !
Elle-même avec art dessina le fauteuil, Qui, par un double appui, soutenant sa faiblesse, Sur un triple coussin reposait sa vieillesse ; Elle-même à son père offrait ses vêtements… Un peu plus loin, la jeune fille dit qu’elle préfère cette vie de sacrifices à toutes les joies du mariage : Pour moi, mon cœur jouit des biens qu’il se refuse ; Je jouis, quand le jour, appuyé sur mon bras, Mes secours attentifs aident ses faibles pas ; Dans des liens nouveaux ma jeunesse engagée Par deux objets chéris se verrait partagée… etc. […] L’idée animal, par exemple, ne supposant dans un individu que la vie et le mouvement, a moins de compréhension, et par conséquent plus d’extension que l’idée quadrupède, qui ajoute à la première celle d’une certaine conformation.
d’éprouver sans cesse l’ennui de l’importunité, le dégoût des sollicitations, le bavardage des plaideurs, la monotonie des audiences, la fatigue des délibérations, et la contention d’esprit nécessaire aux prononcés des arrêts, s’il ne se croyait pas payé de cette vie laborieuse et pénible par l’estime et la considération publiques ? […] Beaumarchais résumait ainsi sa vie : « Vous qui m’avez connu, dites, ô mes amis, si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai, aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir ; enclin à la raillerie, mais sans amertume ; l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion, quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage ; insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis. »
Élevés au milieu d’une civilisation qui s’épurait et s’ennoblissait chaque jour, ils ne se réfugiaient plus tout entiers dans les souvenirs et dans l’idiome des Romains, comme avaient fait autrefois quelques hommes supérieurs lassés de la barbarie de leurs contemporains : ils étaient, au contraire, tous modernes par la pensée, tous animés des opinions1, des idées de leur temps ; seulement leur imagination s’était enrichie des couleurs d’une autre époque, d’une civilisation, d’un culte, d’une vie différente des temps modernes. […] Mais c’est dans notre temps surtout, dans l’horizon de Paris, sa vie d’affaires et de plaisirs, sa banque, son commerce, sa littérature, c’est autour de vous, c’est aujourd’hui, c’est hier que vous avez saisi vos modèles et reçu vos inspirations.
La rose n’a qu’un instant de vie : passez-vous sans la cueillir, vous aurez beau la chercher ensuite, au lieu de roses, vous ne trouverez plus qu’un buisson. […] Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et les délicatesses du madrigal, en prenant cependant un ton plus noble et plus élevé, et en résumant d’un trait la vie et le caractère de la personne qui en est l’objet.
Le coucher de la vie.]
» C’était le cri du cœur, le souvenir de la patrie : le bananier lui rappelait sa terre natale, sa famille, ses amis, toute sa vie passée.
C'est pourquoi les absents sont présents, les pauvres sont riches, les faibles sont forts, et, ce qui est plus difficile à dire, les morts reviennent à la vie. […] Cic. — Anima (même racine), vent, souffle, vie, l’air que nous respirons. […] Il apprend la vie et les crimes de chacun. — Culpa est une faute légère ou de faiblesse. […] Virtutem incolumem oderunt improbi. — Salvus, sans accident pour la vie, sain et sauf. […] Il signifie aussi vie molle et sensuelle.
Ce n’est donc pas dans la prétendue vanité de Bossuet, qu’il faut juger les motifs de sa retraite de la chaire, et de l’oubli complet où il laissa ses sermons pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie.
L’auteur anonyme de la Vie d’Eschyle, le cite, en altérant son nom, comme un des acteurs employés par ce poëte.
Réduit à la misère, ce gai conteur termina sa vie légère par une fin tragique.
Ernest Hello, la parole humaine ayant pour loi, comme la vie et la pensée, la vérité, puisque l’homme doit vivre dans la vérité, penser comme il vit et parler comme il pense.
La totalité des actions d’un héros, ce qu’on appelle une vie, ne peut pas non plus être la matière d’une épopée régulière, parce qu’une vie est un corps trop étendu pour qu’on puisse l’embrasser d’une seule vue, en saisir les rapports, les proportions, en voir la beauté ; parce que tout n’est pas héroïque dans la vie d’un héros ; enfin parce que les faits, n’y étant pas nécessairement enchaînés les uns avec les autres, aucun intérêt alors ne conduit le lecteur avec plaisir jusqu’au bout du poème.
Lui-même, dans les livres de Rhétorique, conseille d’attirer sur la partie adverse, politique ou civile, l’envie, la haine, le mépris, en exposant tout ce que sa vie peut présenter d’odieux et d’infâme. […] Celui-ci sortant à peine de la vie réelle ne peut être, dès l’abord, affecté comme l’écrivain dont l’âme s’est échauffée peu à peu au feu de ses méditations.
Oui, ses œuvres ressemblent à la vie même de leur auteur qui, tour à tour moine, docteur et curé, fut avant tout poète, homme de libre étude et de libre plaisir. […] Quoy8 voyant son pere entendit9 bien que l’on l’auoit laissé sans luy bailler à repaistre10, et commanda qu’il fut deslyé desdictes chesnes par le conseil des princes et seigneurs assistans, ensemble aussi11 que les medicins de Gargantua dysoient que si l’on le tenoit ainsi au berseau qu’il12 seroit toute sa vie subiect à la grauelle.
La description a sans doute des charmes : en nous détaillant les beautés de la création, elle élève notre âme au Créateur ; mais il faut qu’elle soit bornée, et que la vie ou le sentiment l’anime.
Malgré la pureté de langage qui caractérise ses plaidoyers et ses lettres, on a cessé depuis longtemps de les lire, parce qu’on y chercherait en vain cette chaleur de style et cette force de raison qui donnent seules la vie aux écrits, de quelque nature qu’ils soient.
En un mot, dans tous les lieux, dans tous les âges, dans tous les états de la vie, cette étude si variée, si attrayante, nous procure les plaisirs les plus délicats, les plus purs et les plus durables que puisse goûter l’homme qui pense.
Milon demandait le consulat, et Clodius la préture ; et ce dernier, qui avait tant d’intérêt à ne pas voir son ennemi revêtu d’une magistrature supérieure, avait dit, avec son audace ordinaire, que dans trois jours Milon ne serait pas en vie. […] si dans les combats des gladiateurs, quand il s’agit du sort de ces hommes de la dernière classe, nous n’avons que du mépris, de l’aversion même, pour ces timides combattants qui demandent lâchement la vie ; si, au contraire, nous nous intéressons tous à la conservation de ces généreux athlètes qui présentent fièrement la gorge à l’épée du vainqueur ; si nous leur accordons si volontiers une pitié qu’ils ne réclament point, à combien plus forte raison ne la devons-nous pas, cette pitié, quand il s agit de nos meilleurs citoyens » !
Le Seigneur commande au prophète d’ordonner à ces os desséchés de retourner à la vie, et le prophète leur dit, de la part du Seigneur : 151Écoutez, ossements arides, Écoutez la voix du Seigneur. […] Les écrivains de la Bible ne se contentent pas de prêter des sentiments ou des discours sublimes aux êtres moraux qu’ils ont personnifiés ; ils donnent la vie et le mouvement aux êtres même inanimés : tout s’anime, respire, s’enflamme à leur voix.
Les beaux-arts perdraient une grande partie de leur valeur s’ils ne nous offraient que des passe-temps, s’ils ne produisaient sur nous aucun résultat pour la conduite de la vie. […] En un mot, la comédie diffère de la tragédie par le sujet, qui est gai au lieu d’être triste ; par la condition des personnages, qui sont pris dans la vie commune et la classe moyenne, ou la basse classe de la société ; par le style et le ton du dialogue, qui doit être en rapport avec le sujet et les personnages. […] Térence a un genre tout différent de Plaute : sa comédie n’est que le tableau de la vie civile ; tableau où les objets sont choisis avec goût, disposés avec art, peints avec grâce et élégance.
Si ce est, ne faites faulte de m’apporter tout ce que vous pourrés : car de ma vie je ne fus en pareille disconvenue4 ; et je ne sçais quand, ni d’où, si jamais, je pourray vous le rendre ; mais je vous promets force honneur et gloire ; et argent n’est pas pasture pour des gentilshommes comme vous et moy.
Nous avons donc toujours recherché avec soin le but moral de la poésie en général et de chaque genre en particulier, persuadé que l’éducation, comme le dit si justement le savant Évêque d’Orléans, doit former l’esprit à l’intelligence du vrai, le cœur à l’amour du beau, et la vie entière à la pratique du bien.
Ils n’ont aucun arrêt : ce sont esprits volages, Qui souvent sont tout gris avant que d’être sages ; Et doit-on souhaiter, pour leur utilité, De voir finir leur vie avecque leur beauté : Semblables à ces fleurs dont Vénus se couronne, De qui jamais les fruits n’enrichissent l’automne Oubliez, oubliez l’amour de ce berger, Et prenez en son lieu quelque bon ménager, De qui la façon mâle, à vos yeux moins gentille, Témoigne un esprit mûr à régir sa famille, Et dont la main robuste au métier de Cérès Fasse ployer le soc en fendant les guérets.
« Lire un discours, dit le célèbre d’Aguesseau, c’est lui ôter vie. » L’orateur qui aspire aux grands effets de la parole, qui se flatte d’entraîner, de convaincre son auditoire, ne peut espérer de réussir s’il est aux prises avec un manuscrit ; le bras qui est occupé à, tenir les malencontreuses feuilles reste toujours immobile ; les yeux sont certainement fixés sur le même point, et la voix elle-même se ressent de cette gêne, qui empêche que les mouvements de l’orateur ne prennent leur essor.
Lui laissant la gravité, la noblesse et la pompe, il fut son rival dans le genre épistolaire, qui était alors un jeu de salon ; il s’y montra coquet, sémillant, joli, précieux, et passa toute sa vie à broder des gentillesses galantes, à voltiger sur des pointes d’aiguille, à enfler des bulles de savon, à distribuer des compliments comme des dragées dans une bonbonnière, en un mot, à charmer par des bagatelles, souvent prétentieuses, les coteries et les ruelles où l’on se disputait comme des faveurs ses moindres billets.
Quant à moi, Monsieur le Général en chef, si l’ouverture que j’ai l’honneur de vous faire peut sauver la vie à un seul homme, je m’estimerai plus fier de la couronne civique 2 que je me trouverais avoir méritée, que de la triste gloire qui peut revenir des succès militaires.
Mais c’est à celui qu’un grand peuple charge de ses intérêts, à bien consulter son âme et ses forces, à se demander s’il saura s’élever au-dessus des petites passions, fronder l’opinion commune quand elle ne sera pas d’accord avec le bien général ; braver les clameurs de ce même peuple, qu’il faut quelquefois servir malgré lui, et sacrifier jusqu’à sa vie s’il le faut, plutôt que de trahir la vérité et la confiance de ses concitoyens.
Plutarque, Vie de Thésée, chap.
Si l’écrivain a bien médité son sujet, s’il s’est fait un plan, « il s’apercevra aisément, dit Buffon, de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; il n’aura même que du plaisir à écrire ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le sentiment se joignant à la lumière, l’augmentera, la fera passer de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. » Il est donc important de profiter de ce premier mouvement de verve qui suit la méditation ; il est ordinairement fécond en sentiments vifs, en pensées nobles et élevées ; c’est une flamme qui est d’autant plus précieuse qu’elle dure moins longtemps.
La vie de l’homme ajoute au crédit du penseur.
Les anciens ne l’appelaient la dépositaire des temps que pour la rendre l’institutrice de la vie, et Polybe disait avec profondeur que si elle ne cherchait pas le comment et le pourquoi des événements, elle n’était bonne qu’à amuser l’esprit.
Ici, la connaissance des règles est loin de suffire ; ce qu’il faut pour réussir, c’est le génie, c’est l’inspiration, ce sont les conceptions vastes, originales et sublimes, et avec cela le travail d’une vie humaine presque entière. […] Quelle sublime grandeur, en effet, dans ce Dieu qui crée l’univers d’une parole, qui voit tout, qui comprend tout, qui donne seule la vie à tout ce qui existe ! […] Josué, Élie, Jérémie, Daniel, tous ces prophètes enfin qui vivent maintenant d’une éternelle vie, ne pourraient-ils pas faire entendre dans un poème leurs sublimes lamentations ?
Il ne s’agit plus ici, comme dans l’éloquence politique, de quelques discussions à établir sur des points d’administration civile ou militaire ; il ne s’agit plus, comme au barreau, de défendre l’honneur, la fortune ou la vie de tel ou tel particulier : l’orateur, sa cause, ses titres, ses clients, tout va prendre un caractère de dignité qui n’est comparable à rien de ce que nous avons vu jusqu’ici.
Sa gaieté jeune, vive, active, animait tout, et sa légèreté de nymphe2 la portait partout comme un tourbillon qui remplit plusieurs lieux à la fois, et qui y donne le mouvement et la vie.
On ou l’on (il ne faut employer ce dernier, que pour éviter un son désagréable à l’oreille), est ordinairement masculin, et veut, par conséquent, l’adjectif de ce genre : = on est paresseux toute sa vie, quand on n’a pas pris de bonne heure le goût du travail. […] Il y a des verbes réciproques qui ont un régime simple ; et alors le pronom, avec lequel ils se conjuguent, est en régime composé : = cette femme, dans l’excès de sa douleur, se déchirait le visage : ne cherchez pas à vous rendre la vie amère. […] Mais au seul récit de ces nouveaux attentats, nous avons tous frémi, frissonné d’horreur ; et nos femmes auraient même tremblé pour leur propre vie, si nous avions tardé à voler à leur secours. […] Mais on ne pourra pas dire avec un historien : la vie de ce monarque ne fut pas assez longue, pour mettre la dernière main à tous ces projets ; parce que l’infinitif mettre ne se rapporte pas à vie, qui est le sujet, mais à monarque.
Enfin Théocrite, Moschus et Bion tracèrent dans leurs poésies une image charmante de la vie rustique, et des mœurs simples des bergers.
Cousin n’avait jamais cessé d’être sensible à la gloire littéraire ; cette passion le suivit dans sa retraite dont il charma les loisirs par des études historiques, où les vues pénétrantes, mais parfois paradoxales d’un savoir aussi précis qu’enthousiaste, s’allient à l’éclat d’une forme magistrale, et à cette puissance d’imagination qui rend la vie à la poussière des morts.
Il regarde son siècle comme un adversaire redoutable contre lequel il sera obligé de combattre pendant tout le cours de sa vie : pour le servir, il aura le courage de l’offenser ; et s’il s’attire quelquefois sa haine, il méritera toujours son estime ».
Voilà pourquoi Socrate, voulant se faire poëte après avoir été toute sa vie l’athlète de la vérité, et par cela même pauvre inventeur de fictions, mit en vers les fables d’Ésope, ne pensant pas qu’il pût y avoir de poésie sans fiction. » (De la Manière d’entendre les poëtes, chap.
La vie brillante de ce grand seigneur ne l’eût pas sauvé de l’oubli ; mais il avait le goût de l’observation, et le petit volume des Maximes que lui inspira l’étude des hommes a suffi pour l’immortaliser.
Des mémoires sur la vie de Malherbe nous ont été laissés par Racan.
6° On écrit ainsi faim, besoin de manger, et fin, le terme où finit une chose : la mort est la fin de la vie.
Son chef-d’œuvre fut Gil Blas (1715), où des peintures expressives nous représentent toutes les conditions de la vie et de la nature humaine.
C’était dans les luttes perpétuelles des factions et de la liberté, dans le torrent d’une vie toujours active, au milieu enfin du tumulte des affaires, que l’éloquence des Athéniens acquérait cette vigueur, cette énergie qui sont devenues son caractère distinctif, et qu’elle n’eût point contractées dans le calme de la retraite et de la méditation.
Encore une rature laisserait-elle quelques traces du moins d’elle-même, au lieu que ce dernier moment qui effacera d’un seul trait toute votre vie, s’ira perdre lui-même avec tout le reste dans ce grand gouffre du néant ; il n’y aura plus sur la terre aucuns vestiges de ce que nous sommes.
Voilà la plus belle sentence que j’aie entendue de ma vie : Il faut vivre pour manger, et non pas manger pour vi… Non, ce n’est pas cela.
L’auteur nous fait connaître, dans ce sujet à la fois simple et intéressant, tout ce qui se passe chez l’enfant à mesure qu’il grandit, tout ce qu’il éprouve depuis son entrée dans la vie, jusqu’au moment où il articule les noms de père et de mère. […] Enfin, enivré de tant de sensations nouvelles, déjà fatigué de son bonheur, sa vie a besoin de trêve, et la nature lui fait éprouver une autre félicité dans une cessation apparente d’existence, dans le doux repos du sommeil.
À la tête des uns, se distinguent ce fougueux Mirabeau, dont la vie entière n’avait été qu’un long combat contre tous les genres d’autorités, qui n’étaient pour lui que des variétés du despotisme ; contre toutes les lois, qui, pour peu qu’elles blessassent ses intérêts ou ses passions, n’étaient que le code de la tyrannie régularisée.
La vie nous paraît courte et les heures longues. […] C’est laisser entendre que Biron après sa jeunesse a souillé sa vie de crimes. […] Le mélange de faits naturels et merveilleux, produit par l’intervention de la divinité dans la vie de son héros, fournit à l’auteur des descriptions charmantes que tout le monde sait par cœur. […] Iphigénie prête à être sacrifiée a demandé la vie à son père. […] Quand vous aurez à exprimer une idée ou un peu abstraite ou trop simple, quand vous voudrez donner de la vie à vos descriptions, tâchez de trouver le secret des images.
Et puisqu’il n’y a remède de la mort, je prie Dieu qu’il retire vostre belle âme auprès de luy, comme je crois qu’il le fera. » Incontinent, monsieur le marquis de Pescayre députa gardes auprès dudit sieur de Bavard, et leur commanda qu’elles ne bougeassent d’auprès de luy, et, sur la vie, ne l’abandonnassent qu’il ne fusse mort et qu’il ne luy fust fait aucun outrage, ainsi qu’est la cous-fume d’aucune racaille de soldats qui ne sçavent encore les courtoisies de la guerre, ou bien des grands marauts de goujats qui sont encore pires. […] Vains spectacles du monde, qu’êtes-vous à côté des cérémonies de l’Église, de cet encens qui fume devant l’autel où brille la croix, de ces psaumes de pénitence, de cet orgue qui accompagne les beaux chants grégoriens, de ce de profundis de la mort, de ces antiennes de réjouissance, sainte expression de toute la vie de l’homme ? […] Et Jacques II continuait sa fervente prière, et le chœur commença les lamentations de Jérémie, expression poignante d’une vie de misères et de déceptions.