Quand il marche dans la ville, les peuples le regardent passer comme un dieu. […] Or Théophraste passait pour le plus pur et le plus châtié des écrivains attiques de son temps, et il habitait la ville depuis une quarantaine d’années. […] Mais comme il n’a parlé que pour faire admirer son esprit, comme la foule n’est venue que pour passer agréablement une heure ou deux, chacun se retire satisfait. […] Mais ce qui se passe maintenant, quel nom lui donner ? […] Vous en avez envoyé un à la guerre, et les autres passent leur temps à conduire des processions.
Nous avons vu toute la race royale presque éteinte ; les princes, l’espérance et l’appui du trône, moissonnés à la fleur de l’âge ; l’époux et l’épouse auguste, au milieu de leurs plus beaux jours, enfermés dans le même cercueil, et les cendres de l’enfant suivre tristement et augmenter l’appareil lugubre de leurs funérailles2 ; le roi, qui avait passé d’une minorité orageuse au règne le plus glorieux dont il soit parlé dans nos histoires, retomber de cette gloire dans des malheurs presque supérieurs à ses anciennes prospérités, se relever encore plus grand de toutes ces pertes, et survivre à tant d’événements divers pour rendre gloire à Dieu et s’affermir dans la foi des biens immuables. Ces grands objets passent devant nos yeux comme des scènes fabuleuses : le cœur se prête pour un moment au spectacle ; l’attendrissement finit avec la représentation ; et il semble que Dieu n’opère ici-bas tant de révolutions, que pour se jouer dans l’univers, et nous amuser plutôt que nous instruire.
Voilà le goût classique ; qu’il soit sage sans être timide, exact sans être borné3 ; qu’il passe à travers les écoles moins pures de quelques nations étrangères, pour se familiariser avec de nouvelles idées4, se fortifier dans ses opinions, ou se guérir de ses scrupules5 ; qu’il essaye, pour ainsi dire, les principes sur une grande variété d’objets ; il en connaîtra mieux la justesse, et, corrigé d’une sorte de pusillanimité sauvage, il ne s’effarouchera pas de ce qui paraît nouveau, étrange, inusité ; il en approchera, et saura quelquefois l’admirer1. […] Son expression est grave, brillante, légère, éloquente, selon le génie des divers membres de cette glorieuse tribu d’écrivains qu’il passe en revue.
Ma vie, j’ose le dire ; a donc été une longue étude historique ; et si on en excepte ces moments violents où l’action vous étourdit, où le torrent des choses vous emporte au point de ne pas vous laisser discerner ses bords, j’ai presque toujours observé ce qui se passait autour de moi, en le rapportant à ce qui s’était passé ailleurs, pour y chercher ce qu’il y avait de différent ou de semblable.
Lui laissant la gravité, la noblesse et la pompe, il fut son rival dans le genre, épistolaire, qui était alors un jeu de salon : il s’y montra coquet, sémillant, joli, précieux, et passa toute sa vie à broder des gentillesses galantes, à voltiger sur des pointes d’aiguille, à enfler des bulles de savon, à distribuer des compliments comme des dragées dans une bonbonnière, en un mot à charmer par des bagatelles souvent prétentieuses les coteries et les ruelles où l’on se disputait comme des faveurs ses moindres billets. […] Vous vérifiez bien, Monseigneur, ce qui a été dit autrefois, que la vertu vient aux Césars devant1 le temps : car vous qui êtes un vrai César en esprit et en science, César en diligence, en vigilance, en courage, César enfin « en toute rencontre2 », vous avez trompé le jugement ou passé l’espérance des hommes.
Ils passèrent ensuite du physique au moral, du matériel à l’intellectuel. […] Mais il n’en est pas de même du passé et du futur ; nous pouvons les considérer l’un et l’autre sous différents points de vue ; aussi avons-nous des passés plus ou moins passés, et des futurs plus ou moins futurs, suivant que les époques sont elles-mêmes plus ou moins antérieures, plus ou moins postérieures : je viens de faire, je faisais, je fis, j’ai fait, j’avais fait, j’eus fait, j’ai eu fait, sont autant de passés qui ont des nuances différentes. […] Si vous passez ce point, vous devenez extravagant. […] Que penserons-nous d’un auteur qui passa dix années de sa vie à polir un discours, qui existe encore, et est intitulé le Panégyrique ? […] Ce sont des torrents qui s’enflent aujourd’hui et qui demain auront passé.
Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience, La traite à sa manière, et d’un travail soudain Saisisse le moment qu’elle donne à sa main1, La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout, au premier coup, se doit exécuter. […] C’est ainsi que des arts la renaissante gloire De tes illustres soins ornera la mémoire ; Et que ton nom, porté dans cent travaux pompeux, Passera triomphant à nos derniers neveux. […] La croupière est un morceau de cuir rembourré qui passe sous la queue du cheval. […] Je sais encore moins cacher mes défauts, et faire le personnage d’un homme de bien si je ne le suis pas véritablement ; et quand je pourrais me rendre capable de cette science, il me fâcherait fort, après avoir passé neuf portes et donné des batailles pour en venir là, d’être enfin arrêté à la dixième ; et si on m’y recevait quelquefois, d’entrer en un pays où les chapeaux n’ont point été faits pour couvrir la tête, et où tout le monde devient bossu à force de faire des révérences.
Sur deux ou trois cents orateurs qui, en divers temps, parlèrent à Rome, à peine y en eut-il un ou deux, par siècle, qui pût passer pour éloquent : peu même eurent le mérite de parler avec pureté leur langue. […] De là, cette impudence, qui n’est d’abord que ridicule, mais qui enfante bientôt le mépris de soi et des autres, etc. » De l’éducation domestique, Messala passe à celle que les jeunes gens recevaient à Rome des professeurs publics, et de nouveaux désordres, de nouveaux abus se présentent en foule à ses yeux.
Si je dis : Dieu fait la loi aux rois ; Dieu arrête les complots des méchants, — j’énonce deux vérités, mais je ne caractérise pas Dieu en tant que dominant les rois ou réprimant le crime, et mes deux vérités courent risque de passer inaperçues. […] Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés ; Et jamais on n’a vu la timide innocence Passer subitement à l’extrême licence. […] Que l’on m’amène un âne, un âne renforcé, Je le rendrai maitre passé… Vous remarquez dans ces deux derniers exemples une sorte de crescendo dans la synonymie.
Au mousquet réuni, le sanglant coutelas3 Déjà de tous côtés porte un double trépas… On se mêle, on combat ; l’adresse, le courage, Le tumulte, les cris, la peur, l’aveugle rage, La honte de céder, l’ardente soif du sang, Le désespoir, la mort, passent de rang en rang. […] L’étonnement, l’esprit de trouble et de terreur, S’empare, en ce moment, de leur troupe alarmée ; Il passe en tous les rangs, il s’étend sur l’armée : Les chefs sont effrayés, les soldats éperdus ; L’un ne peut commander, l’autre n’obéit plus. […] vous passez les mers Pour soulager nos maux et pour briser nos fers ?
Son théâtre étant trop considérable pour que nous puissions ici le passer en revue, bornons-nous à dire qu’il est avec Shakespeare l’exemple le plus complet du génie créateur et dramatique. […] Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma vue. […] Voir La Bruyère : De la cour, p. 179, édition Dezobry. — « Vient-on de placer quelqu’un dans un nouveau poste, c’est un débordement de louanges en sa faveur, etc… Est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris. » Il faut chercher dans La Bruyère le caractère de tous les originaux passés ici en revue.
Gardez ma lettre, et la relisez, si jamais la fantaisie vous prenait de le croire, et soyez juste là-dessus, comme si vous jugiez d’une chose qui se fût passée entre deux autres personnes ; que votre intérêt ne vous fasse pas voir ce qui n’est pas : avouez que vous avez cruellement offensé l’amitié qui étoit entre nous, et je suis désarmée. […] Quand ce corps a quitté son armée, ç’a été encore une autre désolation ; et, partout où il a passé, on n’entendoit que des clameurs ; mais à Langres ils se sont surpassés : ils allèrent au-devant de lui en habits de deuil, au nombre de plus de deux cents, suivis du peuple, tout le clergé en cérémonie. […] À propos de ces grands objets qui doivent porter à Dieu, vous vous trouvez embarrassé dans votre religion par ce qui se passe à Rome et au conclave ; mon pauvre cousin, vous vous méprenez.
« Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance. […] Mais puisqu’il est impossible de passer sur des choses que tant de sang répandu a trop vivement marquées, montrons-les du moins avec l’artifice de ce peintre, qui, pour cacher la difformité d’un visage, inventa l’art du profil.
Malgré la faiblesse de sa santé dont elle se plaignait souvent, elle ne termina sa longue carrière qu’en 1719, après avoir passé ses dernières années dans l’établissement qu’elle avait fondé4. […] J’ai été jeune et j’ai goûté des plaisirs ; dans un âge un peu avancé, j’ai passé des années dans le commerce de l’esprit, je suis venue à la faveur ; et je vous proteste, ma chère fille, que tous les états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement.
tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles. […] notre arrêt est prononcé : nos crimes rendent notre condamnation certaine ; on nous laisse encore un jour pour éviter se malheur et changer la rigueur de notre sentence éternelle ; et ce jour unique, et ce jour rapide, nous le passons indolemment en des occupations vaines, oiseuses, puériles ; et ce jour précieux nous est à charge, nous ennuis : nous cherchons comment l’abréger ; à peine trouvons-nous assez d’amusements pour en remplir le vide : nous arrivons au soir sans avoir fait d’autre usage du jour qu’on nous laisse, que de nous être rendus encore plus dignes de la condamnation que nous avions déjà méritée » Carême, iv.
Vingt ans après, La Place disait à l’empereur : un des plus beaux examens que j’aie vu passer dans ma vie est celui de votre aide de camp, le jeune Drouot. […] Des lettres, il passe au droit.
d’un bon mouvement qui passe sur notre âme Pourquoi rougir ? […] Dix siècles ont passé sur le saint édifice ; Donc, pour bien affermir la nouvelle bâtisse, C’est peu du granit dur, et c’est peu du mortier, Et c’est encor trop peu des règles du métier : Maçons, si vous voulez que votre blanche école Ne tombe pas au vent, comme un jouet frivole, Dès la première assise, à côté du savoir, Mettez la foi naïve, et l’amour, et l’espoir2.
Rien n’est si impétueux que ses désirs, rien de si caché que ses desseins, rien de si habile que ses conduites 2 ; ses souplesses ne se peuvent représenter ; ses transformations passent celles des métamorphoses, et ses raffinements ceux de la chimie. […] Il est dans tous les états de la vie et dans toutes les conditions ; il vit partout et il vit de tout ; il vit de rien ; il s’accommode des choses et de leur privation ; il passe même dans le parti des gens qui lui font la guerre, il entre dans leurs desseins, et, ce qui est admirable, il se hait lui-même avec eux, il conjure sa perte, il travaille lui-même à sa ruine ; enfin il ne se soucie que d’être, et pourvu qu’il soit il veut bien être son ennemi.
Cet argument est très-fort, parce que les hommes sont toujours disposés à accepter, comme règle de conduite, les leçons du passé. […] Remarquez qu’entre toutes ces preuves, les unes morales, les autres matérielles, ces dernières sont les plus fortes, et surtout celles qui se rattachent au temps où l’acte s’est passé.
Il faut étudier ces langues dans leur vocabulaire et dans leur grammaire, méthodiquement et historiquement, c’est-à-dire dans le présent et le passé. […] Le second est la science, c’est-à-dire l’observation dans le passé. […] Ces dernières figures sont : L’exclamation, espèce d’élan du cœur, qui substitue l’expression d’un sentiment à celle d’une opinion ; L’épiphonème, qui donne à l’idée une forme sentencieuse ; L’apostrophe, qui détourne la parole de ceux à qui s’adresse le reste du discours pour la reporter à d’autres ; La parenthèse, l’interruption, la réticence, la suspension, qui arrêtent l’expression d’une idée et passent à une autre, soit pour abandonner tout à fait la première, soit pour y revenir plus tard ; Et en dernier lieu, tout ce qu’on nomme figures de construction ou de syntaxe.
N’outrons rien ; mais admettons, avec Aristote, qu’une prose trop harmonieuse, trop rythmique serait ridicule, par cela seul qu’elle passerait les limites qui la séparent de la poésie : ποίημα γὰρ ἕσται ; mais qu’une prose totalement dénuée du charme de l’harmonie, serait également défectueuse, parce qu’elle n’offrirait point à l’oreille le repos qu’elle attend et dont elle a besoin : τὸ δὲ ἄῤῥυθμον, ἀπέραντον. […] Nous ne nous y arrêterons pas plus longtemps, et nous allons passer sur-le-champ à l’harmonie imitative.
A minuit ce gentilhomme revint accompagné de deux ; et ayant dit à Beroalde : « Vous m’avez dit que le pere de ce petit homme avoit commandement à Orleans ; promettez moy de me faire bien recevoir dans les compagnies. » Cela luy estant asseuré avec honorable recompence, il fit que toute la bande se prit par la main, et luy, ayant pris celle du plus jeune, mena tout passer secrettement aupres d’un corps de garde, de là dans une grange par dessous leur coche, et puis dans des bleds, jusques au grand chemin de Montargis4 où tout arriva avec grands labeurs et grands dangers. Une lettre courageuse La paix se fit5 et Aubigné se retirant escrivit un à Dieu au Roy son maistre, en ces termes : « Sire, vostre mesmoire vous reprochera douze ans de mon service, douze playes sur mon estomac6 : elle vous fera souvenir de vostre prison et que ceste main qui vous escrit en a desfaict les verrouils et est demourée pure en vous servant, vuide de vos bien-faits et des corruptions de vostre ennemy et de vous ; par cet escrit, elle vous recommande à Dieu à qui je donne mes services passez et vouë ceux de l’advenir, par lesquels je m’efforceray de vous faire cognoistre qu’en me perdant vous avez perdu vostre très fidele serviteur. » Le télégraphe électrique en 15981 Mon secret n’estant point de magie, mais par moyens naturels, est difficile et de coust2 selon ce qu’il entreprend.
Chaque instant qui passe modifie et l’observateur et les objets observés et les rapports entre ces objets. […] Partant de ce principe que l’éloquence est une dialectique à l’usage du peuple, il passa en revue les idées principales qui règlent les jugements de la plupart des hommes et déterminent leurs résolutions. […] En effet, non-seulement il a imité la forme de ses dialogues, mais, ce qui est plus difficile, il a dérobé au Grec son naturel, son tour aisé et la merveilleuse souplesse avec laquelle il passe sans effort du ton enjoué de la conversation familière à celui de l’éloquence la plus élevée. […] Vous avez promis de raconter les choses comme elles se sont passées, plutôt en historien fidèle qu’en avocat intéressé : si vos paroles n’ont pas la simplicité d’un témoignage sincère, si vous forcez les couleurs de votre tableau, si vous laissez trop percer le désir de passionner, si vous vous montrez moins le défenseur de la vérité que celui de votre client, votre bonne foi sera d’autant plus suspecte que votre narration aura été plus habile, et votre éloquence même deviendra une arme que votre adversaire tournera contre vous. […] De même que, quand on écrit un mot, il n’est pas nécessaire de porter sa pensée sur toutes les lettres qui le composent, de même, quand on plaide une cause, on n’a pas besoin de passer en revue tous les lieux communs qui s’y rapportent.
Les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera la vie à chaque expression : tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce qu’on dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux ». […] Loin de l’admirer, on le plaint d’avoir passé tant de temps à faire de nouvelles combinaisons de syllabes, pour ne rien dire que ce que tout le monde dit, etc. » 105.
A peine aperçoit-on leurs pieds, tant ils sont courts et menus : ils en font peu d’usage ; et ils ne se posent que pour passer la nuit, et se laissent, pendant le jour, emporter dans les airs ; leur vol est continu, bourdonnant et rapide : on compare le bruit de leurs ailes à celui d’un rouet. […] Ce participe passé est ici plus vif et plus original que le participe présent, qui serait plus ordinaire et aussi plus régulier, se remuant.
Tout ce que des Anglais la muse inculte et brave, Tout ce que des Toscans la voix fière et suave, Tout ce que les Romains, ces rois de l’univers, M’offraient d’or et de soie, a passé dans mes vers. […] Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J’ai passé les premiers à peine.
Par là je passai dans son esprit pour un homme qui avait une connaissance délicate des vraies beautés d’un ouvrage. « Voilà, s’écria-t-il, ce qu’on appelle avoir du goût et du sentiment ! […] L’honneur de passer pour un parfait orateur a des charmes pour moi.
Il prêchera Jésus dans Athènes, et le plus savant de ses sénateurs passera de l’aréopage en l’école de ce barbare2. […] A la nuit qu’il fallut passer en présence des ennemis, comme un vigilant capitaine, le duc d’Enghien3 reposa le dernier, mais jamais il ne reposa plus paisiblement. […] A rechercher de près les parties, on y voit de toute sorte de tissus ; rien n’est mieux filé, rien n’est mieux passé, rien n’est serré plus exactement.
Ne doutez pas que le courage et l’intrépidité de leur chef n’aient passé dans leur âme. […] » Si l’espérance de l’avenir ne les occupe pas, ils s’en dédommagent sur le souvenir du passé, le temps qui leur reste à vivre n’étant rien en comparaison de celui qu’ils ont vu s’écouler : aussi sont-ils grands parleurs, avides de raconter ce qu’il ont vu ou fait autrefois ; tant le souvenir du passé les amuse ! […] Deux qualités cependant s’y font surtout distinguer ; une passion extrême pour la gloire, et une confiance aveugle dans les succès passés. […] Par exemple, ajoute-t-il un peu plus bas, si j’ai à déplorer un assassinat, ne pourrai-je point me figurer tout ce qui vraisemblablement s’est passé en cette occasion ? […] Il faudrait s’aveugler volontairement, pour ne pas convenir que de tels exploits ont une grandeur, qui passe presque tout ce que nos idées peuvent nous en représenter.
On ne doit pas, dans un ouvrage didactique, passer sous silence les premiers principes, sous prétexte qu’ils sont connus. […] Il faut que l’écrivain (qu’on me passe cette expression) fasse monter le lecteur de branche en branche, jusqu’à ce que celui-ci soit parvenu au sommet de l’arbre.
Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ? […] Dans un âge un peu plus avancé, j’ai passé des années dans le commerce de l’esprit ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que ces états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement ; on n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu, mais avec cette volonté déterminée dont je vous parle quelquefois ; alors on sent qu’il n’y a plus rien à chercher, qu’on est arrivé à ce qui seul est bon sur la terre ; on a des chagrins, mais on goûte une solide consolation et une paix profonde au milieu des plus grandes peines.
» Souvent, par l’allusion, le personnage mis en scène rappelle à son insu aux lecteurs un fait qu’ils connaissent, mais auquel ils ne songeaient pas, parce que, au moment où se passe l’action, ce fait est encore dans l’avenir. […] Je n’aime pas Pyrrhus réunissant dans le même vers l’incendie très-positif de Troie et les flammes métaphoriques de son amour : Brûlé de plus de feux que je n’en allumai ; et ce n’est qu’à la brusquerie comique du Misanthrope que je passe sa syllepse à l’adresse de Philinte : philinte. […] Je passerai donc de loin en loin une allusion verbale finement touchée, comme j’applaudis à la parodie spirituelle de quelque grand écrivain ; mais quant aux centons, aux paronomases 104, aux pointes, aux quolibets, aux calembours, on ne trouvera pas mauvais que la rhétorique s’abstienne de les ranger parmi les sujets dont elle s’occupe.
L’orateur de la chaire puise une partie de son autorité dans les Livres saints et dans les Pères de l’Église ; l’orateur du barreau invoque les lois, les coutumes, les témoins ; le philosophe et l’historien recourent aux traditions du passé. […] Les larmes en effet sont contagieuses*, te sensibilité se propage par un frémissement électrique, qui passe rapidement d’un cœur à un autre : il est impossible de voir une personne émue sans ressentir une émotion analogue ; c’est par là qu’on voit souvent au théâtre, des larmes couler de tous les yeux ; c’est par là que Massillon, dans son sermon Sur le petit nombre des élus, faisait lever tout son auditoire par un mouvement unanime d’épouvante.
Tous passèrent près d’elle en lâchant leur bordée ; Fière, elle répondit aussi quatorze fois, Et par tous les vaisseaux elle fut débordée ; Mais il en resta trois. […] Mes traits dans vos regards ne sont pas effacés ; Je peux en ce miroir me connaître moi-même, Juge toujours nouveau de nos travaux passés !
Aujourd’hui les belles tragédies sont prises dans un petit nombre de familles, comme celles d’Alcméon, d’Œdipe, d’Oreste, de Méléagre, de Thyeste, de Télèphe, dans lesquelles il s’est passé ou fait des choses terribles : telle doit être la composition de la fable d’une tragédie selon les règles de l’art. […] Le verbe est un mot significatif qui marque les temps, et dont les parties séparées ne signifient pas plus que celle du nom : homme, blanc, ne marquent point le temps : Il marche, il a marché, signifient, l’un le présent, l’autre le passé. […] C’est encore Homère qui a montré la manière de faire passer le faux par un sophisme, dont voici le principe. […] — Par ambiguïté : La nuit est passée de plus des deux tiers : ce plus est ambigu. — Par l’abus passé en usage : on appelle vin du vin mêlé d’eau ; ouvriers en airain, ceux qui travaillent en fer ; on dit aussi des bottes d’étain ; que Ganymède verse du vin aux dieux, quoique les dieux ne boivent point de vin : ce qui rentre dans la classe des métaphores.
Qu’on suppose une action accompagnée des plus favorables circonstances qui puissent la relever ; un homme vertueux parfait dans son genre ; un scélérat qui le soit aussi dans le sien : on verra que ces diverses circonstances, ces différentes vertus, ces différents vices existent, ou peuvent exister ; qu’ils existent, parce qu’on en trouve des exemples dans les temps passés, ou dans le siècle présent ; qu’ils peuvent exister, parce qu’ils ne choquent nullement notre raison, et que bien plus, nous avons quelque sujet de croire à leur existence réelle. […] Rien ne passe les bornes de la vraisemblance : tout est soumis aux sages lois de la raison. […] La lecture de nos bons poètes apprendra l’usage qu’on doit en faire, et quelles sont les bornes qu’il ne faut point passer.
En le lisant, on reconnaît une de ces intelligences souveraines qui laissent une trace impérissable là où elles ont passé. […] La paix ne peut être éloignée2 ; mais, comme je l’ai promis avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties, et assure des récompenses à nos alliés. […] La campagne passée montre assez que l’équilibre de l’Europe n’est pas menacé par la France, et les événements de tous les jours prouvent qu’il l’est par la puissance anglaise, qui s’est tellement emparée du commerce du monde et de l’empire des mers, qu’elle peut seule aujourd’hui résister à la marine réunie des Russes, des Danois, des Suédois, des Français, des Espagnols et des Bataves.
« La nature est riche, dit Vico dans ses Institutions oratoires, l’art pauvre, l’exercice et le travail invincibles… Aussi, ajoute-t-il, les peintres qui veulent devenir excellents ne s’arrêtent pas aux longues et subtiles discussions sur leur art, mais ils passent des années entières à copier les tableaux des grands maîtres. » La meilleure leçon pour l’écrivain est l’étude approfondie des bons modèles, et les travaux qui ont pour but de reproduire les formes de leur style. […] Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art.
Cette ardeur a passé à de tels excès, qu’il a eu besoin de toute son autorité pour la réprimer. […] Les Français, il y a quinze ans, passaient pour n’avoir aucune connaissance de la navigation ; ils pouvaient à peine mettre en mer six vaisseaux de guerre et quatre galères : maintenant la France compte dans ses ports vingt-six galères et cent vingt gros vaisseaux, et un nombre prodigieux d’autres bâtiments ; elle s’est rendue si savante dans la marine, qu’elle donne aujourd’hui aux étrangers et des pilotes et des matelots.
Le géomètre et le traducteur Je passais l’autre jour sur le Pont-Neuf avec un de mes amis : il rencontra un homme de sa connaissance qu’il me dit être géomètre ; je le vis plongé dans une rêverie profonde2 ; il fallut que mon ami le tirât longtemps par la manche et le secouât pour le faire descendre3 jusqu’à lui, tant il était occupé d’une courbe qui le tourmentait peut-être depuis plus de huit jours ! […] Un homme se plaignait d’avoir été ruiné l’hiver d’auparavant par une inondation. « Ce que vous me dites là m’est fort agréable, dit alors le géomètre : je vois que je ne me suis pas trompé dans l’observation que j’ai faite, et qu’il est au moins tombé sur la terre deux pouces d’eau de plus que l’année passée. » Un moment après, il sortit, et nous le suivîmes.
A quelque distance de ce pont, on en voit un autre d’une seule arcade, qui porte aussi le canal, et sous lequel passe le torrent de Répudre ou Re.
Bosphore, mot grec qui signifie un bras de mer si étroit, qu’un bœuf peut le passer à la nage.
Son nom passe aujourd’hui pour une injure, et ne se donne qu’aux critiques envieux, méchans et peu éclairés.
Voici qu’à votre seuil une Dame en atours, Qui, pour venir vous voir, a passé de longs jours.
Tribun militaire, ensuite questeur, préteur, et enfin consul, il passa en Espagne, où il s’empara en peu de temps de plus de quatre cents villes.
Il passa par tous les grades militaires, avant de parvenir à celui de maréchal de France.
Cette colonne, qu’on appelle Trajane, passe pour un des plus beaux ouvrages d’architecture.
L’homme qui sent et comprend vivement la nature, est doué de facultés poétiques ; et si du sentiment profond qu’il éprouve il passe à l’action, s’il réalise ses émotions et ses conceptions en créant des œuvres d’art, il est réellement poète. […] L’humanité a dépassé le sommet de la vie ; elle descend lentement la pente opposée en s’étudiant elle-même, en réfléchissant au passé, en rêvant à l’avenir ; c’est l’âge philosophique.
Esprit hardi mais sage, ami du progrès sans rompre avec le passé, magistrat érudit et homme vertueux, il a écrit pour éclairer ses semblables et pour les rendre meilleurs. […] Tyr était, par principe, attachée aux Perses, qui ne pouvaient se passer de son commerce et de sa marine : Alexandre la détruisit.
il arrive au tombeau, Plus faible, plus enfant qu’il ne l’est au berceau La mort, du coup fatal, frappe enfin l’édifice : Dans un dernier soupir achevant son supplice, Lorsque vide de sang le cœur reste glacé, Son âme s’évapore, et tout l’homme est passé. » Sur la foi de tes chants, ô dangereux poëte ! […] Ce trait rappelle quelques vers charmants de Bertaut, fort aimés et très-souvent répétés par nos pères : Félicité passée, Qui ne peux revenir, Tourment de ma pensée, Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir ?
Si nous consultons les mémoires du temps, si dans ses paroles à demi figées sur le papier nous cherchons à reconnaître l’inspiration primitive, nous voyons un homme audacieux par le caractère autant que par le génie ; attaquant avec véhémence, lorsqu’il aurait eu peine à se défendre ; faisant passer les mépris qu’on lui avait d’abord montrés pour le premier des préjugés qu’il veut détruire ; y réussissant à force de hardiesse et de talent, et ressaisissant par l’éloquence l’ascendant sur les passions qu’il cesse de flatter. […] Le temps présent est toujours chargé des misères de notre nature ; le passé nous transmet surtout ce qu’elle a de noble et de fort, car c’est ce qui résiste à l’épreuve des siècles.
Et, si ce n’est assez de toute l’Italie, Que l’orient contr’elle à l’occident s’allie ; Que cent peuples, unis des bouts de l’univers, Passent, pour la détruire, et les monts et les mers : Qu’elle-même sur soi renverse ses murailles, Et de ses propres mains déchire ses entrailles ; Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux, Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! […] Voilà ce dont notre grand Racine était plein, quand il faisait dire à son Achille avec tant de force et de vérité : Pour aller jusqu’au cœur que vous voulez percer, Voilà par quel chemin vos coups doivent passer. […] Voilà, voilà cependant le chemin par où tes coups doivent passer pour aller jusqu’ à lui.
L’unité de lieu exige que l’action s’accomplisse toute entière dans le même lieu, sans passer d’un endroit à un autre. […] On va au théâtre pour trouver l’illusion ; on sait bien que tout est feint dans ce spectacle : la toile, les planches, les décorations, la lumière des lampes, les costumes, les personnages, nous savons que tout cela est factice ; notre esprit passe par-dessus tous ces mensonges, et s’intéresse pourtant à l’action qui les accompagne. […] Le cœur humain est lui-même le théâtre d’un drame sans cesse renaissant : il passe alternativement du calme à la tempête ; il aime et il hait ; il se laisse enthousiasmer, tromper, séduire ; il résiste, il souffre, il fait souffrir les autres ; ce sont des alternatives sans fin ; c’est la vie elle-même avec toutes les péripéties de son drame : océan mobile et jamais dompté.
. — Défauts et qualités de la phrase Nous venons de passer en revue les différentes constructions des phrases, et nous avons pu remarquer comment l’écrivain peut s’en servir pour exprimer à son gré ses pensées. […] L’auteur nous fait connaître, dans ce sujet à la fois simple et intéressant, tout ce qui se passe chez l’enfant à mesure qu’il grandit, tout ce qu’il éprouve depuis son entrée dans la vie, jusqu’au moment où il articule les noms de père et de mère. […] Nous pouvons citer, comme écueil à éviter, l’emploi du Passé défini et de l’Imparfait du subjonctif dans les verbes de notre langue.
Un mot sans s final ne rime pas avec un mot terminé par s, z ou x, comme moins et foin ; vers et couvert ; assez et passé. […] Exemple : J’ai vu l’impie adoré sur la terre : Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux Son front audacieux ; Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus.
La puissance de modifier ces images pour en former de nouvelles, est encore indispensable sans quoi l’imagination serait captive dans le cercle de la mémoire elle ne serait qu’une mémoire imaginative, comme on l’a dit, tandis qu’elle doit disposer à son gré du passé, du réel et du possible.
Je ne puis nullement passer sous silence une telle mansuétude, une clémence si extraordinaire. […] Quand notre âme est livrée à de vives émotions, les images et les sentiments qui la dominent donnent à la pensée un degré d’animation telle, que tout se passe pour ainsi dire en scène dans le grand théâtre de l’intelligence. […] Si ma douceur a paru trop relâchée, c’est que j’attendais que les choses qui se passaient dans le silence éclatassent au grand jour. […] Ceux qui passent leur temps à étudier une littérature frivole, ne retirent aucun fruit de leur travail. […] Le souvenir des maux passés nous est agréable.
De telles circonstances sont heureusement fort rares ; aussi, et quel que soit l’entraînement de l’imagination ou de la passion, en général, si vous passez la croyance, ne passez pas la mesure, et ne pouvant être dans la vérité, restez du moins dans la vraisemblance : quamvis est omnis hyperbole ultra fidem, non tamen debet esse ultra modum.
Dans le second cas, il faut stimuler son esprit, en secouer la paresse, creuser ses souvenirs, ses impressions, ses lectures passées, chercher tout ce qui se rattache de près ou de loin au sujet indiqué ; et si l’on y met de la bonne volonté, on ne restera jamais à sec, on sera même étonné de voir le sujet se féconder comme de lui-même. […] Si l’on est observateur, on fera son profit de mille choses qui passent inaperçues pour un esprit volage et distrait.
Passez. […] Pour la trancher, messieurs, et ne plus chicaner sur un mot, nous passons qu’il y ait OU.
» C’était le cri du cœur, le souvenir de la patrie : le bananier lui rappelait sa terre natale, sa famille, ses amis, toute sa vie passée.
Quand, au déclin des années, les forêts perdent leurs feuilles, ce sont les premières venues qui tombent les premières ainsi passent les mots vieillis, tandis que les nouveaux s’épanouissent, tout brillants de force et de jeunesse. […] Voulant à tout prix passer pour un dieu immortel, Empédocle s’élance de sang-froid dans le cratère embrasé de l’Etna. […] 509Ou une action se passe sur la scène, 510ou bien, ayant été faite, 511elle y est racontée. […] 989Un tel livre 990vaut (rapporte) beaucoup d’argent 991aux Sosies (au libraire), 992un-tel livre aussi passe la mer, 993et proroge (assure) 994une vie longue (l’immortalité) 995à son auteur célèbre. […] En pareil cas, nous disons qu’un fait se passe dans la coulisse.
Ainsi ils sont contraints de revenir à ces mêmes familles où ces sortes d’événements se sont passés. » (Trad. de Racine.
Peut-être aussi les mots ἔτɛροɩ δὲ δɩὲ τῆς φωνῆς sont-ils une annotation marginale qui aura passé dans le texte.
Nous avons eu un moment de monomanie élégiaque qui heureusement est passé.
Passager signifie qui dure peu, qui ne fait que passer.
disoit elle ; il vous fauldroit passer par là aussy bien comme2 les aultres. — Ouy, fit il, asseurez vous que je scais deux poincts pour avoir raison d’une femme. — Vites-vous3 ?
Delille, dans l’Homme des champs, montre que les soirées d’hiver peuvent se passer très agréablement à la campagne. […] Il ne peut savoir humainement ce qui s’est passé dans le ciel : il prie donc quelque muse de l’en instruire. […] La critique a relevé, dans l’Iliade et dans l’Odyssée, quelques longueurs, des détails inutiles, des écarts multipliés ; mais, malgré ces défauts, il y a près de trois mille ans que toutes les nations éclairées admirent ces deux poèmes ; ce qui a fait dire à Chénier : Trois mille ans ont passé sur la cendre d’Homère, Et depuis trois mille ans, Homère respecté, Est jeune encor de gloire et d’immortalité.
Mais les trois champions, pleins de vin et d’audace, Du Palais cependant passent la grande place ; Et, suivant de Bacchus les auspices sacrés, De l’auguste chapelle ils montent les degrés. […] Le temple, à sa faveur, est ouvert par Boirude : Ils passent de la nef la vaste solitude, Et dans la sacristie entrant, non sans terreur, En percent jusqu’au fond la ténébreuse horreur.
De l’auberge de la Lamproie il passa chez les moines de Seuillé, où il commença ses premières études, qui furent achevées au couvent de la Bamette, à Angers. […] Tout en regrettant que le cynisme de ce Shakespeare jovial justifie trop le mot de la Bruyère, disant : « Où il est mauvais, il passe bien au-delà du pire ; c’est le régal de la canaille », rappelons pourtant qu’« où il est bon, il va jusqu’à l’exquis et l’excellent, qu’il peut être le mets des plus délicats ».
Le temps présent, le passé.]
Il n’est pas nécessaire que tous les vers pentamètres soient terminés par un point ; il suffit qu’ils présentent un sens complet, en sorte que l’on puisse à la rigueur se passer de ce qui suit.
Ils nous surpassent en force, en patience, en grandeur de corps, en durée, en vitesse, en mille autres avantages, et surtout en celui de se passer mieux que nous de tous secours étrangers.
Au contraire, un jeune homme né pour la vertu, que la tendresse d’une mère retient dans les murailles d’une ville forte, pendant que ses camarades dorment sous la toile et bravent les hasards, celui-ci qui ne risque rien, qui ne fait rien, à qui rien ne manque, ne jouit ni de l’abondance, ni du calme de ce séjour : au sein du repos, il est inquiet et agité ; il cherche les lieux solitaires ; les fêtes, les jeux, les spectacles ne l’attirent point, la pensée de ce qui se passe en Moravie2 occupe ses jours, et pendant la nuit il rêve des combats qu’on donne sans lui3 1.
Ce poème, écrit avec une haute raison et le plus harmonieux langage, a valu à son auteur le titre de législateur du Parnasse français, et passe communément pour son chef-d’œuvre.
Il juge encor de moi par mes bontés passées. […] Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance !
Ne vous figurez point que de cette contrée, Par d’éternels remparts Rome soit séparée : Je sais tous les chemins par où je dois passer ; Et si la mort bientôt ne me vient traverser, Sans reculer plus loin l’effet de ma parole, Je vous rends dans trois mois au pied du Capitole. […] Non que la peur du coup dont je suis menacée Me fasse rappeler votre bonté passée : ' Ne craignez rien : mon cœur, de votre honneur jaloux, Ne fera point rougir un père tel que vous ; Et, si je n’avais eu que ma vie à défendre, J’aurais su renfermer un souvenir si tendre ; Mais à mon triste sort, vous le savez, seigneur, Une mère, un amant, attachaient leur bonheur. […] J’ai votre fille ensemble et ma gloire à défendre : Pour aller jusqu’au cœur que vous voulez percer, Voilà par quel chemin vos coups doivent passer.
A certaines vérités rudes, mais tempérées par la bonhomie et la belle humeur, on reconnaît le roi qui fait fi de la rhétorique, porte l’épée au côté, sait mener son monde et le ranger à l’obéissance, est passé maître dans l’art de gagner les esprits et de séduire les plus récalcitrants, possède l’expérience des hommes, ne dédaigne pas la ruse quand la loyauté serait peine perdue, et mêle l’adresse aux bons propos, à l’indulgence, à une bonté vraie quoique toujours très clairvoyante.
Vous pleurez des peines passées, Je pleure des ennuis présents1.
« J’appelle le principe de tant d’héroïques actions, ce génie transcendant et du premier ordre, que Dieu lui avait donné pour toutes les parties de l’art militaire, et qui, dans les siècles où l’admiration se tournant en idolâtrie, produisait des divinités, l’aurait fait passer pour le Dieu de la guerre ; tant il avait d’avantage au-dessus de ceux qui s’y distinguaient. […] Ferri de Cassinet, évêque d’Auxerre, le prononça dans sa cathédrale : cet éloge n’a point passé jusqu’à nous. […] Tout ce qui passe par son imagination vive et féconde, y prend le plus beau coloris, le tour le plus piquant et le plus varié. […] Le public vous a vu avec regret passer à d’autres occupations plus élevées, à des affaires d’état, dont il aurait volontiers chargé quelque autre moins nécessaire à ses plaisirs.
Mais comme nous ne cherchons ici que des vérités toujours utiles à présenter à toutes les classes de lecteurs, et des modèles à offrir à nos jeunes rhétoriciens, passons sur l’ordre des temps, et hâtons-nous d’arriver au règne de la véritable éloquence chrétienne chez les Français.
vii, p. 33, éd. 1777, dont Molière semblait se souvenir en écrivant les vers, passés en proverbe, du Dépit amoureux, acte IV, scène ii).
Mais, prenez garde, l’antiquité n’en a qu’un, et tous les siècles passés depuis, n’en ont point.
Combien de bœufs qui travaillent toute leur vie, pour enrichir celui qui leur impose le joug ; de cigales qui passent leur vie à chanter ; de lièvres qui ont peur de tout ; d’hirondelles qui suivent toujours le beau temps ; de hannetons inconsidérés et sans dessein ; de papillons qui cherchent le feu où ils se brûleront !
Il s’y est rendu redoutable ; il ne s’y passe point d’acte8 où il n’aille argumenter à outrance pour la proposition contraire1. […] Je vois bien que je vous embarrasse, et que vous vous passeriez fort aisément de ma vue.
Si on traduit μέγεθος par longueur, ce texte peut néanmoins se passer de correction mais de toute façon ne faut-il pas renoncer à lui donner un sens historique trop précis ?
Si l’écrivain a bien médité son sujet, s’il s’est fait un plan, « il s’apercevra aisément, dit Buffon, de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; il n’aura même que du plaisir à écrire ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le sentiment se joignant à la lumière, l’augmentera, la fera passer de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. » Il est donc important de profiter de ce premier mouvement de verve qui suit la méditation ; il est ordinairement fécond en sentiments vifs, en pensées nobles et élevées ; c’est une flamme qui est d’autant plus précieuse qu’elle dure moins longtemps.
Ne pensez pas qu’il y ait nul oiseau qui se prenne mieux à la pipee3, ni poisson aulcun qui, pour la friandise4, s’accroche plus tost dans le haim5, que tous les peuples s’alleichent6 vistement à la servitude, pour la moindre plume qu’on leur passe, comme on dict, devant la bouche : et est chose merveilleuse qu’ils se laissent aller ainsi tost7, mais8 seulement qu’on les chatouille.
Prenez son nom2. » Tout cela se passait sur le quai, un beau matin, et à la face du ciel et de la terre.
Ce siècle dont le début a été si éclatant, qui a déjà vu tant de grandeurs mortelles passer devant lui, qui a produit la plus vaste des révolutions et le plus merveilleux des hommes, ouvre à l’intelligence humaine une carrière sans bornes.
» Au bruit de sa convalescence, avec quel transport nous passâmes de l’excès du désespoir à l’ivresse de la joie !
Cela fait, on passe aux ouvrages en vers : d’abord, à quelques petits poèmes anciens, aujourd’hui inusités, qu’il faut pourtant connaître ; puis aux Poésies fugitives, puis aux petits poèmes modernes ; ensuite aux grands poèmes, didactique et épique ; enfin au poème dramatique.
Alors commença une scène d’horreur qui passe toute description.
Ainsi tout passe, et l’on délaisse Les lieux où l’on s’est répété : « Ici luira sur ma vieillesse L’azur de mon dernier été. » Heureux, quand on les abandonne, Si l’on part, en se comptant tous, Si l’on part sans laisser personne Sous l’herbe qui n’est plus à vous1 !
Hérodote, Thucydide et Xénophon prirent les crayons de l’histoire, pour transmettre aux siècles futurs les événements des siècles passés.
Molière se rencontre avec Bourdalone dans ce passage de Don Juan : « L’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus.
. — Non, reprenait la cinquième, je crois plutôt qu’ils parlent de cette chasse au renard qui les a tant occupés la semaine passée, et qui doit recommencer lundi prochain ; je crois cependant que le dîner sera bientôt fini. — Ah !
Mais je n’ai plus la force de faire passer dans mes paroles l’énergie de mes sentiments.
Ajoutez à ce mérite du fonds des choses, celui d’un langage toujours noble dans sa belle simplicité, et riche encore, après avoir passé à travers deux ou trois traductions différentes, qui ont nécessairement affaibli le caractère de l’expression originale. […] Sans doute Cicéron exagérait ses propres sentiments ; mais entraîné par l’admiration réelle que lui inspirent les exploits de César, enflammé par l’idée d’exciter cette grande âme à s’élever encore au-dessus de tant de gloire en pardonnant à Marcellus, il s’échauffe, il s’exalte, et passe les bornes, sans s’en apercevoir43. […] « Sans cette paix, Flandre, théâtre sanglant où se passent tant de scènes tragiques, tu aurais accru le nombre de nos provinces ; et, au lieu d’être la source malheureuse de nos guerres, tu serais aujourd’hui le fruit paisible de nos victoires. » (Fléchier).
Un Ennuis anonyme, le rapsode de Roland, sera le patriarche de ces aèdes1 qui allaient de ville en ville, de château en château, réciter des aventures transmises comme un trésor sans cesse enrichi par la fantaisie de ceux qui se le passaient de mains en mains. […] C’est alors aussi que, dans le voisinage de la Chanson de gestes, proposant les grands exemples du temps passé, et se déroulant majestueusement en vers de dix syllabes, nous voyons naître le Roman d’aventures parmi les loisirs de la vie seigneuriale.
Loin, bien loin, tristes pensées, Où nos misères passées Nous avaient ensevelis.
Ni Corneille, dans son petit ménage de Rouen, écrivant Polyeucte au bruit des fuseaux de sa femme, ni Racine faisant la procession dans sa chambre, un cierge à la main, ne passaient pour des prodiges ; on aurait presque défini le grand poëte : un bon père de famille qui fait de beaux vers. » (Études littéraires et morales, t.
. ; le blanc nous retrace l’innocence ; le bleu la sérénité d’un beau ciel Indépendamment de cette association d’idées, tout ce que nous pouvons remarquer de plus, à l’égard des couleurs, c’est que ce sont les plus délicates et non les plus éclatantes, qui passent généralement pour les plus belles.
Voilà, dit-on, ce que c’est que l’homme ; et celui qui le dit, c’est un homme ; et cet homme ne s’applique rien, oublieux de sa destinée ; ou s’il passe dans son esprit quelque désir volage de s’y préparer, il dissipe bientôt ces noires idées : et je puis dire que les mortels n’ont pas moins soin d’ensevelir, les pensées de la mort, que d’enterrer les morts eux-mêmes ».
Un magnifique éloge d’Athènes, de sa constitution, de ses lois, de ses avantages physiques et politiques, du caractère, des mœurs et de la conduite des Athéniens remplit la première partie de ce beau discours ; et ce qui ne nous semblerait qu’un brillant hors-d’œuvre, entre parfaitement ici dans les vues de l’orateur politique, qui, en remettant sous les yeux du peuple qui l’entend le tableau de la gloire et de la prospérité passées d’Athènes, se propose à la fois et de les attacher fortement à la défense d’un pays si digne de leur amour, et de les engager à honorer, à imiter le dévouement de ceux qui n’ont pas craint de mourir pour une si belle cause.
Que la main du génie qui préside à l’univers saisisse le géomètre, et le transporte tout à coup dans le monde de Descartes : viens, monte, franchis l’intervalle qui te sépare des cieux ; approche de Mercure, passe l’orbe de Vénus, laisse Mars derrière toi, viens te placer entre Jupiter et Saturne ; te voilà à quatre-vingt mille diamètres de ton globe.
Les petits genres de poésie dont nous venons de parler sont pour la plupart passés de mode ; ils ont été trop souvent le langage du bel esprit prétentieux, de la galanterie raffinée ; c’était la poésie des ruelles ; l’hôtel de Rambouillet se pâmait à la lecture d’une ballade, d’un rondeau, d’un madrigal : la cour et la ville se partageaient en deux camps, à propos des fades sonnets de Job et d’Uranie, par Benserade et par Voiture.
L’Éloquence est le talent de bien dire, c’est le talent de faire passer dans l’âme des auditeurs, et d’y imprimer avec force les sentiments profonds dont on est soi-même pénétré.
Quelle comédie jouent donc tous ces gens, qui la plupart furent illustres, et passèrent pour raisonnables ?
Descartes 1596-1650 [Notice] Né à la Haye (Indre-et-Loire), élève des Jésuites de la Flèche, René Descartes passa les douze premières années de sa vie dans le monde et dans les camps, où il servit sous les ordres de Maxime de Nassau et du duc de Bavière (1617-1619).
J’ai été jeune et jolie, j’ai goûté des plaisirs : j’ai été aimée partout ; dans un âge un peu plus avance, j’ai passé des années dans le commerce de l’espris ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que ces états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement ; on n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu. » 1.
Le calme continue ; on vit vaille que vaille ; Il ne reste plus de volaille ; On mange les oiseaux, triste et dernier moyen ; Perruches, cardinaux, catakois, tout y passe.
vous traverserez aujourd’hui le Jourdain, pour vaincre des nations qui vous passent en nombre et en force, pour prendre des villes dont les remparts s’élèvent jusqu’aux cieux.
C’est qu’on ne leur vouloit point conceder de porter chausses decouppees7, ce qui ha esté defendu en la ville il y ha douze ans passés.