Villars (Louis-Hector, marquis, puis duc de), né à Moulins en 1653.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
« Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles. […] Ce que l’on a traduit par ce vers si connu : L’ennui naquit un jour de l’uniformité38.
L’antithèse naît ici d’elle-même. […] C’est que si l’antithèse déplacée est un vice, elle est un vice aimable et décevant, dulce vitium, disait Quintilien à propos de Sénèque ; qu’en conséquence, beaucoup d’écrivains et des plus ingénieux se sont laissé prendre à ses charmes, qu’ils ont torturé les choses pour rapprocher les mots, qu’ils ont abusé de l’antithèse, comme d’autres de l’ellipse, de la métaphore, de l’hyperbole, de la périphrase, choses également bonnes en soi, et qu’enfin la peur de l’abus a fait proscrire l’usage ; c’est que, d’une autre part, le tour de phrase, dans l’antithèse, étant toujours le même, cette symétrie incessante amène l’uniformité, que de l’uniformité naît toujours l’ennui, et qu’on pardonne tout plutôt que l’ennui.
Le Nœud les met en action ; il fait naître et accroît l’intérêt. […] Il les présente de façon à produire une vive impression, il entre dans des détails intéressants, il sait joindre à chaque idée générale toutes les idées accessoires qu’elle fait naître, il rend par ce moyen une preuve palpable, sans recourir aux mots inutiles.
Le grand dauphin, fils aîné de Louis XIV, né en 1661, mort en 1711. […] Ramsay, élève de ce célèbre archevêque, m’a écrit ces mots : « S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l’essor sans crainte à ses principes, que personne n’a connus. » Citons encore M. de Sacy : « Le Télémaque est le livre d’un grand poëte, d’un sage, d’un homme de génie, auquel a manqué pourtant l’une des plus précieuses qualités : la candeur, la vraie simplicité d’âme, une certaine naïveté de bon sens, qui fera le charme éternel d’Homère et de Bossuet.
Une longue paix donne aux hommes le temps de s’étudier et de se connaître : alors naît le théâtre, miroir de la vie humaine. […] On peut donc apprendre l’art de l’éloquence comme on apprend le métier de la guerre, et le proverbe ancien n’a pas tort qui dit : « On naît poëte et on devient orateur. » Mais comment le devient-on ?
C’est le règne des plaisirs innocents, de la paix, de ces biens pour lesquels les hommes se sentent nés, quand leurs passions leur laissent quelques moments de silence pour se reconnaître. […] La naïveté du style consiste dans le choix de certaines expressions simples, pleines de molle douceur, et qui paraissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies, dans ces constructions faites comme par hasard ; dans certains tours rajeunis et qui conservent cependant encore un air de vieille mode.
C’est le besoin qui l’a fait naître, par l’effet nécessaire de la pauvreté et des bornes du langage. […] Pour être belles, les figures, dit Blair, doivent sortir naturellement du sujet, naître d’elles-mêmes, et émaner d’une âme qu’échauffe la vue de l’objet dont elle s’occupe. […] Cette figure occupant agréablement l’esprit par sa manière vive et animée d’exprimer les ressemblances que l’imagination démêle entre les objets, se glisse jusque dans la conversation familière : elle s’offre sans qu’on la cherche, et naît d’elle-même dans l’esprit. […] En voici quelques-unes : Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées La valeur n’attend point le nombre des années. […] Cette figure fait tourner à la gloire de l’orateur ou de l’écrivain toutes les pensées qu’il n’exprime pas, et qui naissent en foule dans l’esprit de ceux qui l’écoutent ou le lisent ; mais elle doit être employée avec sobriété, et amenée par la violence de la passion, par l’impétuosité du sentiment, ou par un motif de respect ou de bienveillance.
Indiquer les causes qui les font naître, et insister sur les ouvrages où l’esprit du temps se marque le plus. […] L’intérêt devait naître du contraste entre la condition et les faits, et c’était la situation qui décidait du caractère. […] Il n’y a pas de meilleur moyen de relever l’homme abattu par la passion que de faire naître dans son cœur une autre passion. […] L’un et l’autre sont vrais et ils naissent l’un et l’autre d’une peinture exacte de nos travers. […] Les situations sont très simples, elles naissent toutes des caractères.
Sans doute que le Dieu qui nous rend l’existence, À l’heureuse convalescence Pour de nouveaux plaisirs donne de nouveaux sens : À ses regards impatients Le chaos fuit ; tout naît ; la lumière commence ; Tout brille des feux du printemps. […] Où brillaient les glaçons, on voit naître les roses. […] « Un homme s’est rencontré d’une profondeur d’esprit incroyable ; hypocrite raffiné autant qu’habile politique ; capable de tout entreprendre et de tout cacher ; également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre ; qui ne laissait rien à la fortune de ce qu’il pouvait lui ôter par conseil et par prévoyance ; mais au reste si vigilant et si prêt à tout, qu’il n’a jamais manqué les occasions qu’elle lui a présentées ; enfin un de ces esprits remuants et audacieux, qui semblent être nés pour changer le monde. » Les Poètes font très souvent usage de cette figure, en donnant eux-mêmes un caractère à leurs personnages, ou en embellissant celui que l’histoire leur donne.
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées La valeur n’attend point le nombre des années3. […] Où le sang a manqué si la vertu l’acquiert, Où le sang l’a donné le vice aussi le perd2 Ce qui naît d’un moyen périt par son contraire : Tout ce que l’un a fait, l’autre le peut défaire3 ; Et dans la lâcheté du vice où je te voi, Tu n’es plus gentilhomme, étant sorti de moi. […] Dis vrai : je la connais, et ceux qui l’on fait naître ; Son père est mon ami.
Si nous ne naissons que pour les plaisirs des sens, pourquoi ne peuvent-ils nous satisfaire, et laissent-ils toujours un fonds d’ennui et de tristesse dans notre cœur ? […] Un sentiment si éloigné de la nature de l’homme, puisqu’il ne serait né que pour les fonctions des sens, aurait-il pu prévaloir sur la terre ?
Il éleva sa voix, et dit : « Je suis né à Carthage. […] permets ce nom à un vieillard qui t’a vu naître et qui t’a tenu enfant dans ses bras ; songe au fardeau que t’ont imposé les dieux ; songe aux devoirs de celui qui commande, aux droits de ceux qui obéissent.
Tracez l’image d’un Canning, d’un Guizot, d’un Robert Peel, je le conçois ; mais à quoi bon m’arrêter sur tous les comparses ministériels que le système représentatif a fait naître et mourir à chaque session ? […] Nos dialogues philosophiques, ceux de Hemsterhuis, par exemple, ce Hollandais qu’on dirait né à Paris au xviie siècle, semblent, sous le rapport de la forme, une imitation, plutôt qu’une œuvre originale.
En fait de classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands : demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels, et perpétuellement florissants. […] La médiocrité, non plus, n’est guère propre à faire naître en nous un sentiment d’espèce si délicate ; l’impression qu’elle cause n’a rien que de stérile, et ressemble à de la fatigue ou à de la pitié.
La vengeance arma le fougueux Archiloque de son iambe redoutable ; puis le brodequin, et le cothurne majestueux adoptèrent l’iambique, si bien fait pour le dialogue : car il domine les bruits de l’amphithéâtre ; il est né pour l’action. […] Dites-moi si, à une table bien servie, on aime une symphonie discordante, ou des parfums grossiers, ou des pavots au miel de Sardaigne : non, car le souper n’avait que faire de ces hors-d’œuvre. — Il en est de même de la poésie : née pour plaire, destinée à charmer les cœurs, si elle ne s’élève au premier rang, elle tombe au dernier. […] 169Quand les forêts 170sont changées (changent) de feuilles, 171vers le déclin de l’année, 172 feuilles venues-les-premières 173tombent les premières : 174ainsi périt (disparaît) 175la génération antique des mots ; 176et les mots nés récemment 177fleurissent et ont-de-la-vigueur, 178à-la-manière des jeunes-gens. […] 395Les montagnes 396sont-en-travail-d’enfant : 397un rat ridicule naîtra d’elles. […] On a remarqué déjà, et c’est en effet une observation assez curieuse, que les trois plus anciens poëtes latins, Livius Andronicus, Quintus Ennius, et Pacuvius, son neveu, sont tous les trois originaires de la grande Grèce : le premier était né à Tarente, le second à Rudies, près de Tarente, et le troisième à Brindes.
Mais il faut être clair avant tout ; si de l’ellipse naît une certaine obscurité, rejetez-la. […] Je ne parle point des jeux de mots ou pointes qui naissent de l’antithèse des mots. […] 5° Les figures doivent naître du sujet, dont elles sont presque inséparables. […] Et quel autre mot plus fort pourrait-on mettre à la place de sema… La pensée sublime et l’expression sublime sont jointes, et le sublime naît de cette union. […] Il est vrai qu’il naît de différentes sources, mais il est toujours le même, c’est-à-dire la plus grande hauteur de la pensée humaine.
Il faut encore que toutes les parties soient arrangées avec ordre, et si bien enchaînées, qu’elles naissent facilement les unes des autres, qu’elles soient même prévues et devinées d’avance : voilà la clarté du style. […] 5° Variété L’ennui naquit un jour de l’uniformité, a dit un de nos poètes : il faut voir ici un conseil dont nous devons faire usage dans tout. […] Causes de la Décadence de l’Empire romain À peine Rome était-elle née, qu’elle portait dans son sein le germe de la décrépitude. […] L’enflure naît ordinairement du trop grand désir de briller, de l’excès d’une imagination déréglée.
Bonaventure Desperriers Mort en 1544 [Notice] Né à Arnay-le-Duc, en Bourgogne, valet de chambre, puis secrétaire intime de Marguerite d’Angoulême, Desperriers composa des dialogues facétieux connus sous le titre de Cymbalum mundi.
L’harmonie générale dépend soit de la nature individuelle des sons, c’est ce qu’on nomme euphonie, soit de leur alliance et de leur succession, d’où naît le rhythme. […] Prenez donc garde également à la rencontre des consonnes rudes ou sifflantes, comme les r, les dentales, les gutturales : Quintilien proscrivait avec raison exercitus Xerxis, arx studiorum, etc. ; à la répétition des mêmes finales dans les nombres voisins l’un de l’autre : Du destin des Latins expliquant les oracles… ; au retour trop multiplié des mêmes articulations : Apprends-lui qu’il n’est roi, qu’il n’est né que pour eux… dans la Henriade de Voltaire, et dans Lemierre, au commencement du second acte de Guillaume Tell : Oui, seigneur, c’est ici ; c’est du moins vers ces lieux, Non loin de ce château, sous ces rocs sourcilleux77… ; fuyez enfin tout concours de mauvais sons, toute cacophonie.
[Notice] Boileau, né à Paris en 1636, avait commencé par se faire recevoir avocat, comme P. […] Un esprit né sans fard, sans basse complaisance, Fuit ce ton radouci que prend la médisance ; Mais de blâmer des vers ou durs ou languissants, De choquer un auteur qui choque le bon sens, De railler2 d’un plaisant qui ne sait pas nous plaire, C’est ce que tout lecteur eut toujours droit de faire.
Michel de Montaigne 1533-1592 [Notice] Né dans le Périgord, le 28 février 1533, d’une famille originaire d’Angleterre, Michel de Montaigne était fils d’un loyal écuyer qui avait servi dans les guerres d’Italie et d’Espagne. […] Sénèque, né à Cordone, l’an 3 de J.
Ainsi vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né ; ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage : au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions. […] Non, insolent, je ne veux point m’asseoir, ni parler davantage, et je vois bien que toutes mes paroles ne font rien sur ton âme ; mais sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions ; que je saurai, plus tôt que tu ne penses, mettre une borne à tes déréglements, prévenir sur toi le courroux du ciel, et laver, par ta punition, la honte de t’avoir fait naître.
Les modernes ont l’esprit d’analyse et d’observation joint à un goût minutieux et raffiné ; ils s’arrêtent curieusement autour de chaque objet, et ne l’abandonnent souvent qu’après en avoir épuisé la peinture ; ils aiment à se perdre dans les détails, dans la contemplation vague et la rêverie mélancolique : c’est de cette tendance qu’est né le genre descriptif en vers comme en prose.
On remarque encore en eux la crédulité, qui naît du défaut d’expérience ; la franchise et la simplicité, parce qu’ils connaissent peu les hommes, et qu’ils s’en défient encore moins. […] Quel est le général d’armée qui fera naître dans le cœur de ses soldats la passion de la gloire, s’il n’en est lui-même dévoré ? […] Comment éprouver une émotion vive et profonde, pour la faire naître dans les autres ? […] montrerez-vous encore votre colère et votre puissance contre l’enfant qui vient de naître ? […] Je me bornerai donc à dire ici que, pour réussir dans l’élocution, il faut bien penser, bien sentir, et écrire comme l’on pense et comme l’on sent ; qu’il ne faut ni prodiguer les figures, ni les placer sans discernement ; elles doivent naître du fond du sujet, tirer leur source dans le cœur même de l’orateur, dans les passions qui l’animent, dans les sentiments dont il est pénétré.
Théocrite, né à Syracuse, passa en Égypte à la cour de Ptolémée Philadelphe.
Au contraire, un jeune homme né pour la vertu, que la tendresse d’une mère retient dans les murailles d’une ville forte, pendant que ses camarades dorment sous la toile et bravent les hasards, celui-ci qui ne risque rien, qui ne fait rien, à qui rien ne manque, ne jouit ni de l’abondance, ni du calme de ce séjour : au sein du repos, il est inquiet et agité ; il cherche les lieux solitaires ; les fêtes, les jeux, les spectacles ne l’attirent point, la pensée de ce qui se passe en Moravie2 occupe ses jours, et pendant la nuit il rêve des combats qu’on donne sans lui3 1.
« C’est d’elle seule, dit avec raison l’Encyclopédie, que les autres constructions empruntent la propriété qu’elles ont de signifier, au point que si la construction nécessaire ne pouvait pas se retrouver dans les autres sortes d’énonciations, celles-ci n’exciteraient aucun sens dans l’esprit, ou n’y exciteraient pas celui qu’on voudrait y faire naître. » La langue française, la plus claire des langues analytiques, suit en général cet ordre naturel, dont elle s’écarterait cependant bien plus souvent, si elle avait moyen d’y suppléer par des terminaisons variées. […] L’hyperbate cependant naît, comme dans d’autres langues, sous la plume de nos grands prosateurs.
Nous naissons tous pour la patrie et pour la société. […] D’ailleurs, (pourroit-on dire à ce sceptique) une religion est absolument nécessaire pour le bien général de la société, pour le bien particulier de chaque individu ; et cette religion doit avoir un culte extérieur, parce qu’il est dans la nature de l’homme qu’il fasse éclater l’admiration, le respect, l’amour et tous les autres sentimens de son cœur envers l’objet qui les a fait naître.
Né à la Ferté-Milon le 21 décembre 1639, il s’éteignit à Paris le 22 avril 1699. […] Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance : Appliqué sans relâche au soin de me punir, Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir : Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, Pour être du malheur un modèle accompli : Hé bien !
naître pour vivre en désirant la mort ! […] Et puis, ils dormiront. — Alors, épars dans l’ombre, Les rêves d’or, essaim tumultueux, sans nombre, Qui naît aux derniers bruits du jour, à son déclin, Voyant de loin leur souffle et leurs bouches vermeilles, Comme volent aux fleurs de joyeuses abeilles, Viennent s’abattre en foule à leurs rideaux de lin !
Par là vous étouffiez ce monstre en sa naissance, Ce monstre qui n’est né que de votre indolence. […] Quoique nos ennemis par le fait, ils sont cependant nés citoyens, et c’est ce qui m’engage à leur donner un nouvel et dernier avis. […] Qui croirait que l’homme capable de produire des tirades aussi fortes de choses et d’éloquence ; que l’auteur d’Électre, d’Atrée et de Rhadamiste ait été traité de barbare par Voltaire ; et que cette même tragédie de Catilina ait été présentée par M. de La Harpe, dans le Cours de Littérature, comme la conception la plus inepte qui ait jamais déshonoré la scène et les lettres françaises : Crébillon n’est pas, sans doute, un modèle de style ; mais c’était un génie d’une trempe ferme et vigoureuse, et vraiment né pour la tragédie.
Elle a pour but de développer et de diriger le talent de ceux qui sont nés plus ou moins éloquents, et elle sert à tous pour apprécier les discours d’un orateur ou les œuvres d’un écrivain. […] Rien ne serait plus propre que ces calculs à ralentir le feu de la composition, à embarrasser le discours de preuves banales et vulgaires, et à détourner l’esprit de celles qui naissent du fond du sujet. […] Chez les peuples modernes, l’éloquence de la tribune est née avec les institutions parlementaires. […] La susceptibilité est grande dans le métier des armes ; et trop souvent les querelles particulières, nées du plus léger oubli des convenances, ont influé d’une manière funeste sur le bien public. […] Sans doute, ils ne sont pas nouveaux, ils naquirent avec le crime ; on les retrouve partout, dans les sacrifices, dans les expiations publiques ou privées.
La vérité doit naître de la fable , dit Lamotte.
C’est le besoin qui l’a fait naître par l’effet nécessaire de la pauvreté du langage à son origine. […] Appliqué sans relâche au soin de me punir, Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ; Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, Pour être du malheur un modèle accompli : Hé bien ! […] , Rome, qui t’a vu naître, et que ton cœur adore ! […] Elle rend les auditeurs attentifs et contribue à faire naître dans leurs cœurs et la surprise et l’admiration.
Son imagination, ardente comme le ciel sous lequel il était né, et l’excessive austérité de son caractère, l’ont jeté dans des écarts qui pourraient égarer l’inexpérience des jeunes orateurs.
Quant à l’officier, il fut et sera le même dans tous les temps parmi nous, et partout on le reconnaîtra sans peine dans le portrait suivant : « Idolâtre de son honneur et de son pays, bravant de sang-froid la mort, avec toutes les raisons d’aimer la vie, quittant gaîment les délices de la société pour des fatigues qui font frémir la nature ; humain, généreux, compatissant, tandis que la barbarie étincelle de rage partout autour de lui ; né pour les douceurs de la société, comme pour les dangers de la guerre ; aussi poli que fier, orné souvent par la culture des lettres, et plus encore par les grâces de l’esprit.
Nous n’étions pas nés dans la république de Platon, ni même sous les premières lois d’Athènes, écrites de sang, ni sous celles de Lacédémone, où l’argent et la politesse étaient un crime ; mais dans la corruption des temps, dans le luxe inséparable de la prospérité des états, dans l’indulgence française, dans la plus douce des monarchies, non seulement pleine de liberté, mais de licence.
Par la facilité et le charme naïf, Racan, né en 1589 à la Roche-Racan, en Touraine, page dès sa plus tendre jeunesse et qui porta les armes beaucoup d’années2, se rattachait à Marot.
Michel de L’Hospital 1505-1573 [Notice] Né vers 1505, en Auvergne, près d’Aigueperse, Michel de l’Hopital étudia le droit à Toulouse.
Vaugelas (1583-1651) était né en Savoie, et avait toujours conservé l’accent particulier à sa patrie.
Né avec des instincts chevaleresques, auxquels les événements infligèrent de cruelles déceptions, galant homme, modèle de politesse, de bravoure et de probité, La Rochefoucauld réfuta lui-même ses Maximes par son caractère ; et au lieu de juger l’homme d’après le philosophe, il est plus sûr de s’en rapporter au témoignage de madame de Sévigné qui lui prouva son estime par son amitié.
Marie-Joséphine-Rose Tascher de la Pagerie, née en 1763, mariée en premières noces (1777) au vicomte de Beauharnais, et en secondes noces (1796) au général Bonaparte.
. : In Sabinis natus, né dans le pays des Sabins. […] L'homme doit se souvenir qu’il n’est pas né pour lui seul, mais aussi pour la patrie et pour les siens. […] IX Avec les adjectifs utilis, utile à ; aptus, idoneus, propre à ; natus, né pour, on met généralement le nom de la personne au datif et le nom de la chose à l’accusatif avec ad. […] L'éloquence est née pour les citoyens libres. […] L'homme est né pour comprendre et pour agir.
La Boétie 1530 1563 [Notice] Né dans le Périgord, à Sarlat, en 1530, peu de temps après la paix de Cambrai, lorsque François Ier, sans cesser d’être l’ennemi de Charles-Quint, devint son beau-frère, Étienne de la Boétie appartenait à cette génération qu’auima la ferveur de l’érudition classique.
Joubert 1754-1824 [Notice] Né en 1754, Joubert traversa l’époque orageuse de la Révolution, sans avoir jamais subi l’influence des passions politiques.
Mignet Né en 1796 [Notice] Né à Aix, en Provence, le 8 mai 1796, lié d’une étroite amitié avec M.
Non ; il y a des mots qu’il se résigne à tolérer, entre autres bouffon, poltron et assassin ; car ils ne pouvaient, dit-il, naître de notre fonds, et à des mœurs venues d’Italie il fallait bien des termes italiens. […] Ils crurent l’enrichir et l’anoblir en s’ingéniant à transvaser dans son vocabulaire si expressif et sa syntaxe jusqu’alors si logique, non-seulement toute la poésie et toute la science des anciens, mais tous les vocables de Rome et d’Athènes, tous les procédés qui ne pouvaient convenir qu’à une langue née de la synthèse. […] Il appartenait à une dynastie d’imprimeurs et de savants français, dont le chef naquit à Paris, vers 1470, et mourut en 1520.
Quel est le citoyen, qui, en voyant cet homme si grand et si simple, ne doive s’écrier du fond de son cœur : Si la frontière de ma province est en sûreté, si la ville où je suis né est tranquille, si ma famille jouit en paix de son patrimoine, si le commerce et tous les arts viennent en foule rendre mes jours plus heureux, c’est à vous, c’est à vos travaux, c’est à votre grand cœur que je le dois »103.
Il faut que l’état de honte soit pour lui un état peu fréquent, peu prolongé, insupportable, et qu’il voie aussitôt par où il pourra en sortir : c’est ce que ne produit point l’humiliation ; elle s’accoutume à elle-même ; l’amour-propre, pour échapper à des émotions trop pénibles, se réfugie dans l’apathie ou dans l’insolence ; et les reproches, les sermons, les châtiments, au lieu de faire naître un repentir efficace, n’amènent qu’une lâche tristesse, ou une indifférence funeste3.
Silvestre de Sacy Né en 1804 [Notice] Né à Paris, le 17 octobre 1804, fils d’un orientaliste célèbre, membre de l’Académie française, auteur de deux volumes très-appréciés par un public choisi1, M. de Sacy est un lettré de la vieille roche.
De ces reflets naît cette dégradation de lumière qui, d’un objet à l’autre, conduit la vue par des passages imperceptibles. […] Mirabeau, menacé par les tribunes de l’Assemblée, s’écrie : « Je n’avais pas besoin de cette leçon pour savoir qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne. » Et dans un de ses admirables discours aux états de Provence : « Ainsi périt le dernier des Gracques de la main des patriciens ; mais atteint d’un coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les Dieux vengeurs, et de cette poussière naquit Marius, Marius !
Elle nous entraînait partout d’un pas rêveur, Montrait du doigt, de loin, chaque arbre, chaque fleur ; Voulait s’en approcher, les toucher, reconnaître S’ils ne frémiraient pas sous l’œil qui les vit naître ; Voir de combien de mains avaient grandi leurs troncs, Les comparer de l’œil, comme alors, à nos fronts, En froisser une feuille, en cueillir une branche ; Appeler par son nom chaque colombe blanche, Qui, partant de nos pieds pour voler sur les toits, Rappelait à son cœur nos ramiers d’autrefois ; Écouter si le vent dans l’herbe ou la verdure, L’onde dans la rigole, avaient même murmure1 ; Éprouver si le mur de la chère maison Renvoyait aussi tiède au soleil son rayon ; Ou si l’ombre du toit, sur son vert seuil de mousse, Au penchant du soleil s’allongeait aussi douce. […] Il a continué un dogme immortel, il a servi d’anneau à une chaîne immense de foi et de vertu, et laissé aux générations qui vont naître une croyance, une loi, un Dieu. » 1.
Né en 1610 près de Falaise, il suivit d’abord la carrière des armes ; mais bientôt attiré par la passion de l’histoire, il s’enferma au collége Sainte-Barbe pour se livrer à l’étude.
Les grâces naissaient d’elles-mêmes de tous ses pas8, de toutes ses manières et de ses discours les plus communs.
Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ; du reste, homme assez ordinaire ; tandis que moi, morbleu1 !
Leurs fruits verts4, je les ai vus naître ; Rougir je ne les verrai pas5.
Nicole 1625-1695 [Notice] Né à Chartres, fils d’un avocat au Parlement, professeur de belles-lettres à Port-Royal, associé aux traverses et aux épreuves de l’indomptable docteur janséniste, le grand Arnauld, dont il partagea l’exil, Pierre Nicole fut « comme le Mélanchthon de ce Luther orthodoxe…1 ».
Lucrèce, né avec un génie des plus poétiques, l’employa, malheureusement, à préconiser un système non moins absurde qu’impie.
Né à Bourges, fils d’un avocat, tourmenté dès l’enfance par le désir de se consacrer à Dieu, il se déroba aux vœux de sa famille, qui le destinait à la robe, et se jeta dans le noviciat des Jésuites (1648), à l’âge de seize ans.
Ce sont les lamentations d’une héroïne de roman, qui, née en Italie, a le goût des lettres, des arts, et se trouve condamnée par son mariage au séjour d’une petite ville d’Angleterre où des commérages vont remplacer pour elle les plaisirs de l’esprit.
La Bruyère brille surtout dans ce genre de style, comme le prouve l’exemple suivant : « Cliton n’a jamais eu toute sa vie que deux affaires, qui sont de dîner le matin et de souper le soir ; il ne semble né que pour la digestion : il n’a même qu’un seul entretien : il dit les entrées qui ont été servies au dernier repas où il s’est trouvé, il dit combien il y a eu de potages, et quels potages ; il place ensuite le rôt et les entremets… C’est un personnage illustre dans son genre, et qui a poussé le talent de se bien nourrir jusqu’où il pouvait aller… Mais il n’est plus : il s’est du moins fait porter à table jusqu’au dernier soupir ; il donnait à manger le jour où il est mort. […] Elles naissent naturellement du besoin d’exprimer vivement la pensée ; de lui donner une tournure pittoresque, ou de suppléer aux expressions qui manquent dans la langue pour rendre certaines idées : c’est ainsi qu’on dit un rayon d’espérance, une feuille de papier. […] 3° Le singulier pour le pluriel, et réciproquement : Le Français, né malin, forma le vaudeville.
« Avant de chercher, dit Buffon, l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre, plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées ; c’est en marquant leur place sur ce premier plan qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir. […] « Il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées, et en former une suite, une chaîne continue dont chaque point représente une idée ; et lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que celui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir. » Toutes les vertus du style, tous ses charmes naissent donc de cet ordre, qui en est lui-même le charme et la vertu suprême.
De plus, il fera naître sous ses pas tous les obstacles, tous les périls, toutes les traverses, tous les malheurs qu’on peut raisonnablement imaginer. […] Le poète raconte quelquefois une action : quelquefois il la met sous les yeux : d’autres fois il se livre seulement au sentiment : enfin il traite souvent quelque sujet dans le dessein d’instruire : de là naissent quatre espèces de poésies.
Contemporain de notre unité territoriale et politique, il sera définitivement constitué vers le règne de François Ier, en un siècle où on ne lit plus Joinvillo que dans une traduction, et où Marot, rééditant Villon, né soixante ans auparavant, juge nécessaire d’en expliquer le texte par des notes marginales. […] C’est alors aussi que, dans le voisinage de la Chanson de gestes, proposant les grands exemples du temps passé, et se déroulant majestueusement en vers de dix syllabes, nous voyons naître le Roman d’aventures parmi les loisirs de la vie seigneuriale.
Bossuet 1627-1704 [Notice] Né à Dijon, dans une ville qui donna saint Bernard à la France, Jacques-Bénigne Bossuet fut promis à l’Église des le berceau. […] Saint Paul naquit à Tarse, ville qui jouissait du droit de cité romaine.
La Bruyère 1646-1696 [Notice] Né à Dourdan, Jean de La Bruyère avait acheté une charge de trésorier à Caen, lorsqu’après des revers de fortune, à 36 ans, sur la recommandation de Bossuet, il fut appelé à Paris pour enseigner l’histoire à M. le duc, petit-fils du grand Condé. […] Nous lisons dans Voltaire : L’âne passait auprès, et se mirant dans l’eau, Il rendait grâce au ciel en se trouvant si beau : « Pour les ânes, dit-il, le ciel a fait la terre ; « L’homme est né mon esclave, il me panse, il me ferre, « Il m’étrille, il me lave, il prévient mes désirs. » La Bruyère dit encore : « Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la houlette d’or en ses mains ; son chien a un collier d’or, il est attaché avec une laisse d’or et de soie.
C’est sur le champ de bataille de Marengo3, au milieu des souffrances et environné de quinze mille cadavres, que je conjure Votre Majesté d’écouter le cri de l’humanité, et de né pas permettre que les enfants de deux braves et puissantes nations s’entr’égorgent pour des intérêts qui leur sont étrangers. […] Jean Sobieski, un des héros de la Pologne, dont il fut roi. — Né en 1624, mort en 1696.
C’est surtout dans les yeux qu’elles se peignent, et qu’on peut les reconnaître ; l’œil appartient a l’âme plus qu’aucun autre organe, il semble y toucher et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils parlent, l’œil reçoit et réfléchit en même temps la lumière de la pensée et la chaleur du sentiment, c’est le sens de l’esprit et la langue de l’intelligence. […] Sans doute ceux qu’il honora de semblables visites, racontèrent plus d’une fois à la génération qu’ils virent naître, que leur toit rustique avait reçu Fénélon. […] cependant nous naissons tous égaux ; c’est par la vertu seule que nous différons. […] Les races qu’il fit naître, et rendit au trépas, En sortent à sa voix ; chaque peuple respire ; Les tombeaux sont déserts : la mort n’a plus d’empire. […] Mais quand un sujet se meut comme sur une scène, quand mille impressions agréables, pittoresques, douces, terribles, etc., etc., naissent des situations diverses ou le lecteur est placé par l’art d’un auteur, on reconnaît, à ces miniatures l’excellence du style descriptif, et, l’on peut dire alors qu’il y a tableau.
La fierté du gentilhomme, la vivacité impatiente de l’homme d’épée et jusqu’à l’humeur incisive et quelque peu querelleuse du Normand (il était né à Caen vers 1555), tout concourait en lui merveilleusement au succès du rôle dont il se chargea.
Vous passez pour un prodige, et je ne doute pas que l’Espagne ne se trouve un jour aussi vaine6 de vous avoir produit, que la Grèce d’avoir vu naître ses sages7 » Ces paroles furent suivies d’une nouvelle accolade8 qu’il me fallut essuyer, au hasard d’avoir le sort d’Anthée9 Pour peu que j’eusse eu d’expérience, je n’aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni de ses hyperboles ; j’aurais bien connu à ses flatte ries outrées que c’était un de ces parasites1 que l’on trouve dans toutes les villes, et qui, dès qu’un étranger arrive, s’introduisent auprès de lui pour remplir leur ventre2 à ses dépens ; mais ma jeunesse et ma vanité m’en firent juger tout autrement.
Parmi tout cela, une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler ; capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable ; enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation, qui surprend, enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut trouver quelques-uns, beaucoup plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux.
Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux.
» Aussi ne sont-ce pas des pleurs, mais des consolations et une leçon que j’offre maintenant aux pères des guerriers dont nous célébrons la mémoire : ils savent que leurs fils naquirent soumis aux viscissitudes de la fortune.
Écoutons Fontenelle : « Tous deux ont été des génies du premier ordre, nés pour dominer sur les autres esprits, et pour fonder des empires ; tous deux, géomètres excellents, ont vu la nécessité de transporter la géométrie dans la physique ; tous deux ont fondé leur physique sur une géométrie qu’ils ne tenaient presque que de leurs propres lumières.
Bornons-nous à dire que, né à Paris en 1622, il termina sa carrière en 1673.
Né dans la Provence en 1663, il mourut en 1742.
Marmontel nous en indique la différence en ces termes : « L’une trace la méthode et l’autre la suit ; l’une enseigne les moyens et l’autre les emploie ; l’une indique les sources et l’autre y va puiser ; l’une abat une forêt de matériaux et l’autre en fait le choix et les met en œuvre avec intelligence ; et enfin l’éloquence est née avant les règles de la rhétorique, de même que les langues se sont formées avant la grammaire. » Laissons un instant parler Buffon sur ce sujet ; il nous expliquera clairement comment il comprend l’éloquence, et quelle différence il établit entre elle et cet avantage dont la plupart des hommes sont doués de parler avec une certaine facilité naturelle.
Ingénieur, artilleur, bon officier de troupes, il deviendra en outre géographe, et non géographe vulgaire, qui sait sous quel rocher naissent le Rhin ou le Danube, et dans quel bassin ils tombent, mais géographe profond, qui est plein de la carte, de son dessin, de ses lignes, de leurs rapports, de leur valeur.
Rome qui t’a vu naître et que ton cœur adore ! […] Mais ne vous figurez pas que les hommes naissent fidèles : si cette vertu leur était naturelle, elle se manifesterait en eux à l’égard de tous, ainsi que certains sentiments que la nature donne à l’espèce humaine.
Comparez Cliton, ou l’homme né pour la digestion. […] C’est un enfant de l’orgueil qui naît tout élevé, qui manque d’abord d’audace, mais qui n’en pense pas moins.
Né dans un rang obscur, on sait qu’il devint, par son génie, l’égal de Pompée, de César ou de Caton.
De tous nos serviteurs c’est le moins exigeant ; Il naît, vieillit et meurt sous le chaume indigent !
Nous naissons avec la faculté de varier les accents de notre voix.
Né à Clermont-Ferrand en 1623, il précéda tous les grands prosateurs du règne de Louis XIV, et ne fut dépassé par aucun d’eux : sa courte carrière, vouée aux découvertes scientifiques aussi bien qu’aux travaux des lettres, ne lui a permis toutefois que de laisser deux ouvrages, les Provinciales et les Pensées.
Descartes 1596-1650 [Notice] Né à la Haye (Indre-et-Loire), élève des Jésuites de la Flèche, René Descartes passa les douze premières années de sa vie dans le monde et dans les camps, où il servit sous les ordres de Maxime de Nassau et du duc de Bavière (1617-1619).
Aristote est né à Stagire, ville de Macédoine, dans la Chalcidique, la première année de l’olympiade 99 (384 av. […] Ce cas n’a donc rien qui fasse naître la pitié, ni la terreur. […] Ainsi donc, ce qui motive la crainte et ce qui la fait naître, nous en avons cité pour ainsi dire les exemples les plus importants. […] Tout cela fait naître une pitié d’autant plus vive qu’il nous semble que les faits se passent près de nous, soit que le sort du patient nous semble immérité, soit que l’épreuve subie par lui nous semble avoir eu lieu sous nos yeux. […] En effet, si l’indignation consiste à s’affliger de voir quelqu’un réussir sans le mériter, il est dès lors évident que toutes les sortes de biens indistinctement ne feront pas naître l’indignation, VIII.
Calvin 1509-1564 [Notice] Né à Noyon, en 1509, fils d’un procureur fiscal, élevé dans l’Université de Bourges, destiné à l’Église, puis jurisconsulte en même temps que théologien, Jean Calvin finit par devenir le plus puissant organisateur de la réforme religieuse à laquelle il donna son nom.
Ce fut dans ce cénacle que naquit la Ménippée, sorte d’épopée comique improvisée en commun par des causeurs courageux.
Brizeux 1803-1858 [Notice] Originaire d’Irlande, né à Lorient, Brizeux pourrait être appelé un barde breton ; car sa muse a toujours chanté l’Armorique, soit dans des élégies familières, soit dans de rustiques épopées.
On vit naître à cette époque une multitude de légendes et de récits merveilleux qui, ensuite, ornés et fécondés par les conteurs de toute sorte, furent l’origine de nos romans de chevalerie.
D’Aubigné 1550-1630 [Notice] Fils d’un gentilhomme calviniste, né à Saint-Maurice, près de Pons, en Saintonge, Théodore Agrippa d’Aubigné avait huit ans, lorsque, passant par Amboise, il vit des têtes de huguenots attachées à une potence.
Les mots simples ou primitifs sont, si l’on peut dire ainsi, les premiers nés d’une langue ; ce sont des mots formés de racines primitives2, appartenant à une langue plus ancienne, et servant à former d’autres mots par l’addition de nouvelles lettres ou de nouvelles syllabes.
André de Chénier 1762-1794 [Notice] Fils du consul général de France en Turquie, né d’une mère grecque, à Constantinople, élevé sous le beau ciel du Languedoc, André Chénier connut dès l’enfance la langue d’Homère.
Le cardinal François Ximenès naquit en 1436, mourut en 1517.
L’ennui naquit un jour de l’uniformité. […] Elle consiste dans le choix de certaines expressions simples d’une molle douceur, et qui paraissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies.
Toutefois ajoutons qu’elle était née pour gouverner une maison d’éducation plutôt qu’un État.
Ne parlons pas des bois d’orangers, ni des haies de citronniers ; mais tant d’autres arbres et de plantes étrangères que la vigueur du sol y fait naître en foule, ou bien les mêmes que chez nous, plus grandes, plus développées, donnent au paysage un tout autre aspect.
Voilà pour quelles fureurs la nature t’a fait naître, tes inclinations t’ont préparé, la fortune a préservé tes jours ! […] Ce sont des ennemis, à coup sûr ; cependant ils sont nés citoyens, et, à ce titre, je ne veux pas leur ménager les conseils. […] Depuis que leur mérite leur a valu l’heureuse fortune d’être citoyens romains, ils regardent comme leur véritable patrie cette cité que d’autres, nés dans son sein, nés dans la plus haute condition, ont traitée, non pas comme leur mère, mais comme une ville ennemie. […] Instruit des sentiments que faisait naître la vue du piédestal et de cette inscription, il crut, en détruisant ces témoignages et ces indices de son crime, dérober à la postérité la connaissance de cette impiété. […] Nés dans l’île de Cérès, où l’on dit que le premier blé fut semé, devaient-ils être réduits à de pareils aliments, eux dont les ancêtres, depuis la découverte du blé, ont appris aux autres peuples à s’en passer ?
Il donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits : Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits ; Le champ qui les reçut les rend avec usure.
Éclairer les intelligences, redire les grandes actions et marquer les mauvaises au coin de la honte ; perpétuer les belles traditions nationales, rendre moins arides les sentiers de la science ; produire les suaves compositions qui font le charme des heures de loisir ; ramener sans cesse l’admiration vers le beau ; considérer comme le principe vital de la littérature le sentiment religieux, où l’on trouve le premier type de la beauté, le souffle divin qui seul fait naître l’enthousiasme et l’admiration ; entourer d’un respect inaltérable l’autel, le foyer domestique, la vieillesse, la paternité ; faire vibrer toutes les nobles cordes du cœur humain, et mépriser les succès qu’obtiennent les dramaturges du vice et les peintres de monstruosités ; en un mot, prendre pour éléments des belles-lettres le sentiment religieux, le patriotisme et le goût, voilà dit, M.
Voici un contraste grandiose, qui ne paraît point dans les mots, mais qui naît dans la pensée. […] Par les gestes, j’entends, dit Condillac, les mouvements des bras, de la tête, du corps entier, qui s’éloigne ou s’approche d’un objet, et toutes les attitudes que nous prenons, suivant les impressions qui naissent dans notre âme. […] Si ma force première encor m’était donnée, — J’irais, te conduisant moi-même par la main ;_ Mais je n’atteindrais pas la troisième journée, — Il faudrait me laisser bientôt sur ton chemin ; — Et moi, — je veux mourir/ aux lieux où je suis née.
Ce dessein vous surprend ; et vous croyez peut-être Que le seul désespoir aujourd’hui le fait naître. […] Loin de là, ces facultés se marient en lui tout naturellement ; et de leur union féconde, naît l’imagination la plus riche, la plus belle et la plus pure.
Blessée par une main barbare, cette lyre divine, qui renfermait autrefois dans son sein une si ravissante harmonie, ne rend plus que des sons aigres et sévères : je vois naître des poèmes géométriquement raisonnés, et j’entends une pesante sagesse chanter en calculant tous ses tons.
L’orateur n’est pas encore introduit dans l’âme de ses auditeurs ; l’attention, qui ne fait que de naître, l’observe de sang-froid ; on lui permettra davantage, quand les esprits seront échauffés.
Comment une république peut-elle naître et subsister, ou dégénérer et périr ?
L’éloquence de la tribune varie autant que les circonstances qui la font naître et que les auditeurs auxquels elle s’adresse : au milieu d’un sénat, dans une-assemblée de sages politiques, elle sera grave, réfléchie, pleine de simplicité et de raison ; elle s’occupera plus de discuter, de convaincre les esprits, que d’émouvoir les cœurs ; elle pourra préparer à loisir ses moyens de persuader, sa diction et son style.
Montesquieu 1666-1755 [Notice] Né près de Bordeaux, au château de la La Brède, Montesquieu appartenait à une famille de robe et d’épée.
Elles nous intéressent sans faire naître en nous ni remords ni crainte, et la sensibilité qu’elles développent n’a pas cette âpreté douloureuse dont les affections véritables ne sont presque jamais exemptes.
Tel est le sentiment que font naître en nous les magnifiques paroles de l’abbé de Frayssinous sur Dieu. […] Mais le lendemain, quand il alla les visiter, elles avaient disparu ; on les retrouva bientôt attachées au mât du vaisseau qui les avait apportées d’Europe. » L’amour de la patrie, l’attachement au pays qui nous a vus naître, a été délicieusement caractérisé par Chateaubriand ; ce sentiment a été aussi développé avec vigueur par J.
L’obscurité du style naît le plus souvent de la confusion ou du vague des rapports entre eux ; et c’est de tous les vices du style le plus inexcusable et le plus choquant dans toutes les langues, et dans la nôtre en particulier.
[Notice] Né à Château-Thierry (Champagne) le 8 juillet 1621, La Fontaine fit plus que de surpasser les fabulistes qui lui avaient frayé la voie ou qui devaient le suivre : il éleva l’apologue à un rang dont on n’avait pas soupçonné la hauteur.
Descartes 1596-1650 [Notice] Né à la Haye (Indre-et-Loire), élève des Jésuites de la Flèche, René Descartes résolut dès sa jeunesse de secouer le joug de la routine scolastique.