Puis il se console par l’idée que, l’ouvrage d’Aristote étant incomplet, peut-être celui-ci avait parlé ou du moins avait voulu parler ailleurs de l’allégorie.
Il ne décesse de parler pour Il ne cesse de parler.
L’auteur prend le ton dogmatique, il enseigne : il oublie la fiction pour parler le langage de la vérité. […] Le poète qui décrit cherche à briller par l’imitation de la nature, par la symétrie des vers, par la cadence habilement calculée, par la pompe des mots et l’harmonie des sons ; mais cette poésie, qui lutte d’expression avec la nature, parle plus à l’oreille qu’à l’âme, et est trop souvent vague et creuse ; elle s’avilit en devenant un ingénieux mais puéril mécanisme.
Ne parlons pas des bois d’orangers, ni des haies de citronniers ; mais tant d’autres arbres et de plantes étrangères que la vigueur du sol y fait naître en foule, ou bien les mêmes que chez nous, plus grandes, plus développées, donnent au paysage un tout autre aspect. […] Raphaël respire encore et parle dans ses tableaux. […] Voltaire disait : « Ce qui fait le grand mérite de la France, son seul mérite, son unique supériorité, c’est un petit nombre de génies sublimes ou aimables, qui font qu’on parle aujourd’hui français à Vienne, Stockholm et Moscou.
Vauvenargues parle des livres anciens qui l’ont passionné 1 Les Vies de Plutarque2 sont une lecture touchante ; j’en étais fou dans mon enfance ; le génie et la vertu ne sont nulle part mieux peints ; l’on y peut prendre une teinture de l’histoire de la Grèce et même de celle de Rome3. […] Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces pages ; je ne passais point de nuit sans parler à Alcibiade, Agésilas et autres ; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des pierres4. […] Mais il rachetait ces défauts par les qualités qui donnent le succès ; il était enjoué, plaisant, laborieux, d’une conversation légère et agréable, d’une repartie vive, quoiqu’il parlât sans feu et sans énergie ; enfin, à cette sagesse spécieuse qui plaît aux esprits modérés, il joignait les agréments variés qui usurpent si souvent la place des talents solides, et leur enlèvent la faveur du monde et les récompenses des princes1.
Il n’appartient donc qu’aux génies inventeurs et toujours pensants d’ajouter à ce trésor public, et d’augmenter les anciennes richesses de la raison : tous les autres philosophes, peuple stérile et contentieux, ne feront jamais que secouer, pour ainsi dire, et tourmenter les vérités que les grands génies vont chercher au fond des abîmes : ils ont un art qui les fait parler éternellement, quand d’autres ont pensé pour eux, et qui les rend tout d’un coup muets, quand il s’agit de trouver une seule idée nouvelle. […] Libre des opinions vulgaires, et pensant d’une manière qui n’appartient qu’à lui seul, il parle un langage, vrai dans le fond, mais nouveau et singulier, qui blesserait l’oreille des autres hommes ; vaste et profond dans ses vues, et s’élevant toujours par ses notions abstraites et générales, qui sont pour lui comme des livres abrégés, il échappe à tout moment aux regards de la foule, et s’envole fièrement dans les régions supérieures. […] Je ne ferai aucune remarque sur les beautés de détail, qui étincellent en foule dans cette étonnante production : elles sont de nature à frapper tous les yeux, à parler à toutes les âmes, et n’appartiennent en rien à la critique littéraire.
Considérée dans son étymologie, la rhétorique n’est que l’art de parler ; mais la signification de ce mot, comme celle de beaucoup d’autres, s’est modifiée et étendue en passant de l’antiquité aux âges modernes. […] Les premiers rhéteurs grecs, les sophistes, purent donc, sans mentir à l’étymologie, renfermer dans l’art de parler toutes les règles de l’art d’écrire. […] Et c’est pour cela, et aussi parce que ces trois objets, pour être traités à fond, demanderaient un autre livre tout entier, qu’il n’en est pas question dans celui-ci, et que cet ouvrage est plutôt l’art d’écrire que l’art de parler.
N’est-ce pas là, en effet, comme agissent Aristote, par exemple, quand il dit, à propos des contraires : « si l’on vous allègue les lois, appelez-en à la nature, et si l’on fait parler la nature, rangez-vous du côté des lois ; » et Quintilien, quand il développe la théorie et les règles du mensonge oratoire, qu’il appelle, par euphémisme, une couleur, colorent ? […] Leclerc, exercé par ces méthodes artificielles, saura en profiter dans l’occasion, même à son insu, et les mettre en pratique sans y songer. » Outre les trois topiques dont j’ai parlé dans le chapitre précédent, Cicéron et Quintilien en comptent treize autres que l’on peut réduire aux suivants : Le genre et l’espèce ; Les antécédents et les conséquents ; La cause et l’effet ; Les circonstances ou accessoires ; Les semblables et les contraires. […] Parlerez-vous des révolutions des empires, sans tenter de les faire comprendre par l’exposé des motifs qui les ont amenées ?
Ainsi, lorsque, dans les âges suivants, on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses et de toutes les grandes choses qui rendront notre siècle l’admiration de tous les siècles à venir, Corneille, n’en doutons point, Corneille tiendra sa place parmi toutes ces merveilles. […] Voilà, monsieur, comme la postérité parlera de votre illustre frère ; voilà une partie des excellentes qualités qui l’ont fait connaître à toute l’Europe. […] Au contraire, après avoir paru en maître, et pour ainsi dire régné sur la scène, il venait, disciple docile, chercher à s’instruire dans nos assemblées, laissait, pour me servir de ses propres termes, laissait ses lauriers à la porte de l’Académie, toujours prêt à soumettre son opinion à l’avis d’autrui, et, de tous tant que nous sommes, le plus modeste à parler, à prononcer, je dis même sur des matières de poésie1… Extrait du discours prononcé à l’Académie française, le 2 janvier 1685, pour la réception de Thomas Corneille2.
Mais il avait beau narguer la muse classique, se travestir en Espagnol ou en Italien, faire scandale par son persiflage impertinent, mêler le grotesque au bizarre ou à l’impossible, sous ces déguisements se révélait le poëte fin, gracieux, tendre, original et franc qui devait se classer parmi les maîtres, à partir du jour où, s’affranchissant du paradoxe ou de l’imitation, et cessant d’alarmer le goût comme le sens moral, il laisserait enfin parler sincèrement ses émotions. […] a la malibran 3 fragments Sans doute il est trop tard pour parler encor d’elle ; Depuis qu’elle n’est plus, quinze jours sont passés, Et dans ce pays-ci quinze jours, je le sais, Font d’une mort récente une vieille nouvelle. […] Dieu parle, il faut qu’on lui réponde ; Le seul bien qui me reste au monde Est d’avoir quelquefois pleuré2.
Il y avait une telle foule à Fontainebleau qu’on ne pouvait parler qu’à deux ou trois personnes qui jouaient avec nous, et l’on ne retirait du plaisir d’être dans le monde que l’agrément d’être étouffé ; mais c’était surtout autour de la reine2 que les flots de la foule se précipitaient. […] M. de Saint-Lambert a parlé de lui, et le public l’a applaudi avec attendrissement. […] L’enthousiasme et les arts 3 Les hommes sans enthousiasme croient goûter des jouissances par les arts ; ils aiment l’élégance du luxe, ils veulent se connaître en musique et en peinture, afin d’en parler avec grâce, avec goût, et même avec ce ton de supériorité qui convient à l’homme du monde, lorsqu’il s’agit de l’imagination ou de la nature ; mais tous ces arides plaisirs, que sont-ils à côté du véritable enthousiasme ?
À l’âge de dix-huit ans, Origène succéda au grand homme dont nous venons de parler, dans la place de maître des écoles d’Alexandrie : c était alors la fonction la plus importante et la plus glorieuse de l’église. […] On ne croyait pas qu’il fût permis de parler d’une manière simple et naturelle.
Ce n’est pas en France, surtout, qu’elle peut rencontrer l’ombre d’une application ; et le soldat français ne ressemble pas plus à celui dont parle ici Voltaire, que les hordes les plus barbares ne ressemblent aux nations les plus civilisées. […] « Sybarites tranquilles dans le sein de nos cités florissantes, occupés des raffinements de la mollesse, devenus insensibles à tout, et au plaisir même, pour avoir tout épuisé ; fatigués de ces spectacles journaliers, dont le moindre eût été une fête pour nos pères, et de ces repas continuels plus délicats que les festins des rois ; au milieu de tant de voluptés si accumulées et si peu senties, de tant d’arts, de tant de chefs-d’œuvre si perfectionnés et si peu considérés ; enivrés et assoupis dans la sécurité et dans le dédain, nous apprenons la nouvelle d’une bataille : on se réveille de sa douce léthargie, pour demander avec empressement des détails, dont on parle au hasard, pour censurer le général, pour diminuer la perte des ennemis, pour enfler la nôtre.
Rien de plus touchant et de plus noble à la fois, que l’endroit où quittant les lieux communs et les réflexions générales, l’orateur parle au nom de son client. […] Si cette vertu n’offre pas un temple à votre majesté, elle lui promet du moins l’empire des cœurs, où Dieu même désire régner et en fait toute sa gloire. — Courez hardiment, sire, dans une si belle carrière ; votre majesté n’y trouvera que des rois, comme Alexandre le souhaitait, quand on lui parla de courir aux jeux olympiques.
On sait de quelle manière Périclès s’adresse aux femmes d’Athènes dans l’oraison funèbre que lui prête Thucydide (II, 45), et, huit siècles plus tard, le rhéteur Ménandre, donnant des règles sur la manière de consoler dans une oraison funèbre, dit qu’il faut parler différemment aux hommes, aux enfants et aux fem mes, et que, pour ces dernières, il faut avoir soin d’abord « de relever un peu leur personnage par des éloges », ἵνα μὴ πρὸς φαῦλον ϰαὶ εὐτελὲς διαλέγεσθαι δοϰῇς πρόσωπον (Περὶ Ἐπιδειϰτιϰῶν, chap. […] « Le poëte doit observer toutes ces choses et prendre garde surtout de ne rien faire qui choque les sens qui jugent de la poésie, c’est-à-dire les oreilles et les yeux : car il y a plusieurs manières de les choquer, j’en ai parlé dans d’autres discours où je traite de cette matière. » (Trad. de Racine.)
Prononciation Une belle prononciation est la première qualité que doit avoir celui qui se destine à parler en public. […] Nous n’avons point parlé des défauts à, éviter : ils sont si nombreux !
On m’a interrogé ; j’ai dit que j’étais Savoyard, et afin de passer pour cela, j’ai parlé le plus qu’il m’a été possible comme M. de Vaugelas3. […] Regardez si je ferai jamais de beaux discours qui me valent tant, et s’il n’eût pas été mal à propos qu’en cette occasion, sous ombre que je suis de l’Académie, je me fusse piqué de parler bon français.
Je lis cet éloge éloquent Que Thomas a fait savamment Des dames de Rome et d’Athène ; On me dit : « Partez promptement, Venez sur les bords de la Seine, Et vous en direz tout autant Avec moins d’esprit et de peine. » Ainsi du monde détrompé, Tout m’en parle, tout m’y ramène. […] Croyez que dans votre gazette, Lorsqu’on parlait de mon trépas, Ce n’était pas chose indiscrète ; Ces messieurs ne se trompaient pas. […] La Fontaine parle ainsi de lui-même : Je chéris l’Ariosie et j’estime le Tasse ; Plein de Machiavel, entêté de Boccace, J’en parle si souvent qu’on en est étourdi.
C’était, du reste, l’époque où Montaigne parlait latin à six ans, où Juste-Lipse composait des poëmes à neuf ans, où d’Aubigné traduisait, à huit ans, des dialogues de Platon. […] Je ne vois pas maintenant personne qui, oyant parler de Neron, ne tremble mesme au surnom de ce vilain monstre, de ceste orde6 et sale beste.
Mille fois j’ai parlé à ta mère du plaisir que j’aurais de former ton esprit, de t’occuper pour ton profit et pour le mien. […] Quoique je ne parle pas toujours de cette triste séparation, j’y pense toujours.
Toutefois, il faut lui savoir gré d’avoir admirablement parlé de l’âme t de Dieu à un siècle où il y eut des matérialistes et des athées. […] Jésus-Christ La majesté de Ecritures m’étonne ; la sainteté de l’Évangile parle à mon cœur. […] Ce jour-là, Rousseau parlait d’or.
Thiers a parlé ainsi de Mirabeau : « Le plus audacieux des chefs populaires, celui qui, toujours en avant, ouvrait les délibérations les plus hardies, était Mirabeau. […] Il ripostait à l’instant même, coup sur coup, à tous et sur tout, avec une rapidité d’action et une justesse d’à-propos surprenante… Qu’y a-t-il dans l’histoire et dans les mouvements de l’éloquence antique de plus libre, de plus fier, de plus héroïque, de plus insolent, de plus inattendu, de plus victorieux, de plus étourdissant, de plus atterrant, de plus écrasant, que la repartie de Mirabeau au grand maître des cérémonies de la cour : “Les communes de France ont résolu de délibérer ; et vous, monsieur, qui ne sauriez être l’organe du roi auprès de l’assemblée nationale ; vous qui n’avez ici ni place, ni voix, ni droit de parler, allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes !” […] » À l’époque de sa présidence, il disait à M. de Crillon : « Je pourrais expliquer mes désordres, mais je ne voudrais jamais les excuser. » Et à Cabanis qui lui parlait de sa gloire à Auteuil : « Oh !
Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] Écoutez avec quel accent M. de Sacy parle de ses amis du dix-neuvième siècle : « Oh !
Peut-être que, familiarisés davantage avec le style de ceux de tous les hommes qui ont parlé de la religion et de la morale de la manière la plus digne d’elles, ils concevront mieux qu’un grand prédicateur, qu’un véritable apôtre de l’Évangile, peut devenir un homme utile à la société ; et que celui qui, du haut de la tribune sacrée, annonce au peuple les paroles de la sagesse, contribue plus efficacement qu’ils ne le pensent à la félicité commune. […] L’homme qui parle est l’envoyé du ciel : la cause qu’il défend est celle de la vérité et de la vertu : ses titres, la loi de la nature empreinte dans tous les cœurs, et la loi révélée, écrite et consignée dans le dépôt des livres saints : ses clients, la nature, dont il défend les droits ; l’humanité, dont il venge l’injure ; la faiblesse, dont il protège le repos et la sûreté ; l’innocence, à laquelle il prête une voix suppliante pour désarmer la calomnie, ou des accents terribles pour l’effrayer ; l’enfance abandonnée, pour qui il cherche dans son auditoire des cœurs paternels ; la vieillesse souffrante, l’indigence timide, la grande famille de J.
Il a souvent prêté aux personnages qu’il fait parler une vigueur qui était d’ailleurs un des traits de son caractère personnel. […] On peut bien dire que vos espérances s’en iront au vent avec le vaisseau qui vous emportera ; et il ne faut point parler de retour : il serait aussi impossible que de la mort à la vie.
Membre d’un corps de l’État, il y parle peu, mais il vote ; et avec quelle défiance de son esprit ! […] Monseigneur le lui dit : le voilà tranquille ; qu’on parle maintenant, qu’on discute, sa conviction est formée, on ne l’ébranlera pas : s’il en change jamais, ce ne sera du moins qu’après que certain hôtel1 aura changé de maître ; alors il écoutera, il verra.
. — Non, reprenait la cinquième, je crois plutôt qu’ils parlent de cette chasse au renard qui les a tant occupés la semaine passée, et qui doit recommencer lundi prochain ; je crois cependant que le dîner sera bientôt fini. — Ah ! […] Sa conversation n’est pas moins curieuse que ses démonstrations extérieures ; il commence des phrases, pour que le ministre les finisse ; il finit celles que le ministre a commencées ; sur quelque sujet que le ministre parle, le duc de Mendoce l’accompagne d’un sourire gracieux, de petits mots approbateurs qui ressemblent à une basse continue, très-monotone pour ceux qui écoutent, mais probablement agréable à celui qui en est l’objet.
Les mœurs seront convenables, c’est-à-dire que les personnages parleront et agiront selon leur sexe, leur âge, leur état ; selon leur caractère, leur éducation, leurs passions ; selon leur siècle, leur pays, leur gouvernement ; et d’après l’histoire, ou la renommée, ou l’opinion. […] Les mœurs seront égales, si l’objet qu’on a présenté avec les couleurs qui le désignent est toujours le même ; s’il agit et parle toujours dans le même esprit135. […] Tout ce qu’on lui permet dans ce cas, c’est de jeter en passant des réflexions courtes et vives, qui paraissent naître des faits et s’être présentées d’elles-mêmes ; mais les exemples parlent assez haut, et les actions que font ses héros, et les jugements qu’il en fait porter à ses lecteurs, sont précisément le langage qui lui convient136. […] Viens, parle, et s’il est vrai que la fable, autrefois, Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix, Si sa main délicate orna ta tête altière, Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi sur tes pas permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits et non pour les cacher. […] Nous avons parlé jusqu’ici de l’épopée régulière, de celle qu’on nomme par excellence poème épique ; il y a d’autres poèmes aussi étendus, quelquefois plus longs que le poème épique, qui peuvent rouler sur des faits aussi considérables, prendre le même ton ou un autre ton, mais qui ne sont pas soumis à des règles aussi sévères ; alors on ne leur donne pas le même nom.
C’est alors que la grâce lui parla ; tourmenté par sa vocation, il quitta la carrière du barreau, trop étroite pour son talent, et entra en 1824 au séminaire de Saint-Sulpice. […] Je ne parle pas de cette utilité vulgaire, quoique déjà bien noble, de fonder ou de perpétuer une famille, de créer un patrimoine à sa postérité, de maintenir et d’honorer sa patrie, de laisser enfin à sa famille un nom honoré. […] Il lui faudra parler, écrire, commander par son talent, et soutenir ce talent, quelque noble qu’il soit en lui-même, par cette autre puissance qui ne souffre jamais impunément d’éclipse, la vertu. […] Il me répondit : “D’abord ma place est dans mon département, et nous sommes, comme les évêques, obligés à résidence ; mais, de plus, à vous parler franchement, je n’aime pas beaucoup votre monde de Paris. — Pourquoi cela ?
Oreste veut féliciter Pyrrhus de ses exploits et en même temps le blâmer de l’appui qu’il donne à Astyanax : Avant que tous les Grecs vous parlent par ma voix, Souffrez que j’ose ici me flatter de leur choix, Et qu’à vos yeux, seigneur, je montre quelque joie De voir le fils d’Achille et le vainqueur de Troie. […] L’antithèse est la forme la plus ordinaire de ces transitions ; continuez de feuilleter l’oraison funèbre de Condé : — Pendant que le prince se soutenait si hautement avec l’archiduc, il rendait au roi d’Angleterre tous les honneurs qui lui étaient dus… Nous avons parlé des qualités de l’âme, venons maintenant aux qualités de l’esprit… Si les autres conquérants ont reçu une récompense aussi vaine que leurs désirs, il n’en sera pas ainsi de notre grand prince, en effet,… etc. — C’est en étudiant les auteurs qui ont ainsi travaillé leurs transitions, Racine surtout et Massillon, que vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que vous vous habituerez à les employer vous-même à l’occasion. […] Je ne parle plus du reste des hommes.
Bien entendu que quand je parle de remonter aux généralités, il ne s’agit pas de donner dans le lieu commun, mais de dégager l’esprit de la question spéciale, lorsqu’il tend à s’y resserrer, pour le laisser se déployer à l’aise dans le vaste champ des universaux. […] Sans parler des satires proprement dites, depuis l’iambe d’Archiloque, jusqu’à celui de M. […] Pascal est suivi au xviiie siècle de Montesquieu, de Beaumarchais, de Voltaire surtout, le plus habile en ce genre ; au xixe , de Paul-Louis Courier, dont la naïveté fut si malicieuse, l’érudition si piquante, et d’autres publicistes dignes de marcher sur les traces de leurs prédécesseurs ; je ne parle pas des poëtes.
Enfin il parla de sa valise, priant fort qu’on en eût grand soin, qu’on la mît au chevet de son lit ; il ne voulait point, disait-il, d’autre traversin. […] La nuit s’était déjà passée presque entière assez tranquillement, et je commençais à me rassurer, quand sur l’heure où il me semblait que le jour ne pouvait être loin, j’entendis au-dessous de moi notre hôte et sa femme parler et se disputer ; et, prêtant l’oreille par la cheminée qui communiquait avec celle d’en bas, je distinguai ces propres mots du mari : « Eh bien !
Nul ne sait plus adroitement conduire une action, soutenir le rôle d’un personnage imaginaire, faire parler un caractère, peindre une physionomie, préméditer ses effets, les préparer dans leurs causes, émouvoir par la logique de ses combinaisons, créer d’emblée l’ensemble et les détails d’une fable, en un mot, construire un mécanisme si savant que le dénoûment se déduit comme une conséquence de ses prémisses. […] On croit en eux, parce qu’ils croient en eux-mêmes, parce qu’ils parlent et agissent naïvement, sans songer au spectateur qui les regarde et les écoute.
Gardez-vous de faire parler un esclave comme un héros ; un vieillard expérimenté comme un jeune homme dans la fougue de l’âge ; une dame de qualité comme une humble nourrice : marquez la même différence entre le marchand qui court le monde, et le colon sédentaire d’un petit champ fertile ; entre le sauvage de la Colchide et l’Assyrien ; entre le citoyen de Thèbes et celui d’Argos. […] Tenez-vous à ne faire parler ni un jeune homme en vieillard, ni un enfant en homme mûr : attachez-vous scrupuleusement à peindre les traits et la physionomie de chaque âge. […] Eschyle, après lui, imagina la robe flottante et le masque ; puis, exhaussant la scène sur de modestes tréteaux, il apprit à ses personnages à chausser le cothurne et à parler avec majesté. […] Depuis, les oracles ne répondirent plus qu’en vers ; la morale parla le même langage ; pour gagner la faveur des rois, on emprunta la douce voix des neuf sœurs ; enfin, c’est la poésie qui nous donna le théâtre, délassement si doux après les pénibles travaux. […] 543Et qu’un Dieu n’y intervienne pas, 544à moins qu’un nœud 545digne d’un tel libérateur 546ne se soit présenté ; 547et qu’un quatrième personnage 548ne s’efforce pas de parler.
Je ne parle point ici de l’imitation seulement du beau et du sublime, qui réveille en nous les idées primitives de beauté ou de grandeur, mais la peinture même des objets hideux ou terribles. […] Cependant quand le poète ou l’historien introduisent dans leurs ouvrages un personnage qui parle réellement ; quand, par les discours qu’ils lui prêtent, ils lui font dire ce qu’il est supposé avoir dit en effet, l’art de l’écrivain peut être plus strictement regardé comme imitation, et c’est le cas où se trouve l’art dramatique ; mais cette dénomination rigoureuse ne peut convenir ni aux narrations, ni aux descriptions10.
Chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l’a entretenu ; et, tout d’un coup il est mort. […] À quelle assemblée Bossuet parlait-il ce langage austère ?
On continua pourtant d’imiter les formes et les expressions de l’antique poésie ; on laissa à cette imitation dégénérée le nom de poésie lyrique ; les poètes répétèrent souvent : Je chante, et parlèrent toujours des accords de la lyre, en travaillant péniblement leurs vers dans le silence du cabinet. […] C’est lui-même : il m’échauffe, il parle ; mes yeux s’ouvrent, Et les siècles obscurs devant moi se découvrent.
Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste2. […] C’est parler d’or.
Comme il l’a dit, il puise dans l’écritoire de chaque écrivain l’encre dont il se sert pour parler de lui. […] Montaigne ne parlait guère que de lui-même.
Mais sans nous occuper d’établir ici un terme général plus convenable, ou de chercher une division plus rationnelle, empruntons-lui son titre et tachons de faire bien connaître successivement les pièces dont il parle. […] Y a-t-il quelque mérite à parler ainsi ? […] Du sort qui m’a fait naître, La rigoureuse loi Veut que je cesse d’être Dès qu’on parle de moi.
Ambroise Paré, le père de la chirurgie française (1518-1590), parle ainsi des armes de l’homme : « Le lion est plus viste et plus léger que l’homme. […] Il ne réussit bien qu’aux sentiments qui exigent du jet, et au commerce qui demande du goût, de la hardiesse et de la célérité. » « Les journaux et les livres sont plus dangereux en France qu’ailleurs, parce que tout le monde y veut avoir de l’esprit ; et que ceux qui n’en ont pas en supposent toujours beaucoup à l’auteur qu’ils lisent, et se hâtent de penser on de parler comme lui. » « En France, il semble qu’on aime les arts pour en juger bien plus que pour en jouir. » 1. […] Outre ses frontières visibles, la grande nation a des frontières invisibles qui ne s’arrêtent que là où le genre humain cesse de parler sa langue, c’est-à dire aux bornes mêmes du monde civilisé.
Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des affinités, des sympathies secrètes de croyances, de sentiments, ou même de talent ; car ce commerce intime lui a porté bonheur, et il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] Quand on parle de progrès, il faut s’entendre. […] Écoutez avec quel accent M. de Sacy parle de ses amis du dix-neuvième siècle : « Oh !
Comme on le voit, il n’est guère de sources, chez les anciens et les modernes (je parle des plus estimables), où nous n’ayons puisé.
Quand nous parlons de l’impartialité de l’historien, nous sommes loin de prétendre qu’il doive rester impassible et froid, ni garder une indifférence complète entre le crime et la vertu. Non, certes ; l’historien est homme, et il parle à des hommes ; rien de ce qui est humain ne lui est étranger : son âme doit palpiter d’admiration devant le bien, s’indigner et frémir à la vue du mal.
Mais les plus intelligents étaient les plus retenus et les plus timides à se faire entendre ; ils n’osaient se déclarer sur quoi que ce soit ; ils ne parlaient qu’en tremblant et en hésitant des affaires de l’autre vie : ils consultaient et délibéraient toujours, sans jamais se résoudre ni prendre parti. […] Disons qu’elle agit, s’il se peut, par la parole plus qu’elle ne parle ; qu’elle ne donne pas seulement à ses ouvrages un visage et de la grâce, mais un cœur, de la vie et du mouvement2.
Il me semble qu’ils me parlent, comme ceux de Dodone, un langage mystérieux ; ils me plongent dans d’ineffables rêveries qui souvent ont fait tomber de mes mains les livres des philosophes. […] Bernardin de Saint-Pierre parle de l’ouvrage même dont cette page est la préface éloquente.
— Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose, Mais je ne sais pour quelle cause Je ne distingue pas très-bien3. » Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne Parlait éloquemment, et ne se lassait point. […] Ces époux, partageant les doux soins du ménage, Cultivaient leur jardin, recueillaient leurs moissons ; Et le soir, dans l’été, soupant sous le feuillage, Dans l’hiver, devant leurs tisons, Ils prêchaient à leurs fils la vertu, la sagesse6, Leur parlaient du bonheur qu’elles donnent toujours : Le père par un conte égayait ses discours, La mère par une caresse7.
La construction oratoire, comme nous l’avons envisagée, est plus spécialement celle du poète et de l’orateur, qui parlent habituellement le langage de la passion. […] Mais quand tout est calme au dedans de nous, et que notre âme suit paisiblement le cours habituel de ses idées, le langage admet aussi une marche plus réglée, une voie plus uniforme ; il se rapproche davantage de l’ordre grammatical dont nous avons parlé. […] Cette idée nous dirigera dans le genre de style que nous devrons suivre ; ou, pour parler le langage de la musique, cette idée nous donnera le ton, ou la note principale qui servira de base à toutes les autres. […] V Hic et ille employés dans le sens de celui-ci, celui-là, doivent se rapporter, l’un, hic, à la personne ou à la chose dont on a parlé en dernier lieu, et l’autre, ille, à celle dont on a parlé en premier lieu. […] Pourquoi ces paroles d’Anchise à son fils : Je puis encore vous voir, vous entendre et vous parler ?
Quand la parole lui fut faillie, elle ne cessa pourtant de parler de son visaige6 combien elle estoit ententive tant aux prieres qu’aux admonitions qu’on faisoit. […] Cependant nous avons protesté que c’estoit un mesme fatras1 qui ne valoit pas le parler que la decoupure de leurs chausses, et avons tendu à une aultre fin, qui estoit de les brider et reprimer leurs follies.
Il lui faudra parler, écrire, commander par son talent et soutenir ce talent, quelque noble qu’il soit en lui-même, par cette autre puissance qui ne souffre jamais impunément d’éclipse, la vertu. […] Le chancelier de l’Hôpital (1503-1537) parlait ainsi aux juges : « Messieurs, prenez garde, quand vous viendrez en jugement, de n’y apporter point d’inimitié, de faveur, ni préjudice.
Il s’agit donc de prouver, 1º que Clodius a été l’agresseur, et que c’est lui qui a tendu des embûches à Milon, Cicéron le prouve, par le récit même du fait, par ce chef-d’œuvre de narration dont nous avons déjà parlé, et qu’il nous tardait de mettre sous les yeux de nos lecteurs. […] « Je crains avec raison, Messieurs, qu’il n’y ait de la bonté pour moi à laisser entrevoir quelque crainte, en commençant de parler pour le plus courageux des hommes ; et quand Milon, tranquille sur son sort, n’est alarmé que pour celui de l’état, je devrais, je le sens, montrer en le défendant la même fermeté. […] « Quant au reste des auditeurs (et je parle ici des vrais citoyens), tous nous sont favorables ; et dans cette multitude nombreuse de Romains, dont les regards viennent de tous les points du Forum se fixer sur vous, et qui attendent avec tant d’impatience l’issue de cette affaire, il n’en est pas un qui n’applaudisse au courage de Milon, et qui ne pense que ce jour va décider de son sort, de celui de ses enfants, de celui, enfin, de la patrie elle-même.
Il viendra, n’en doutons point, plus ardent, plus abondant, et « enseignera toutes choses à ceux dont les cœurs se dilateront pour le recevoir », et « renouvellera la face de la terre 1. » Parlez-moi de votre santé, et de celle de notre cher comte ; la mienne n’est ni bonne, ni absolument mauvaise ; voilà tout. […] Dans le Saint-Genest de Rotrou, Adrien parle ainsi : J’ai contre eux éprouvé tout ce qu’eût pu l’enfer, J’ai vu bouillir leur sang sous des ongles de fer, J’ai vu couler leur corps dans la poix et les flammes, J’ai vu leur chair tomber sous de flambantes lames, Et n’ai rien obtenu de ces cœurs glorieux Que de les avoir vus pousser des chants aux cieux, Prier pour leurs bourreaux au fort de leur martyre, Pour vos prospérités et pour l’heur de l’empire. […] Ces esprits polis de Rome et d’Athènes viendront apprendre à parler dans les écrits des barbares.
Nous parlons devant Dieu en Jésus-Christ, dit l’Apôtre1 ; et je puis dire comme lui2 : « Vous savez, mes frères, que la flatterie jusqu’ici n’a pas régné dans les discours que je vous ai faits. » Oserais-je dans celui-ci, où la franchise et la candeur font le sujet de nos éloges, employer la fiction et le mensonge ? […] C’est Diodore de Sicile qui nous parle de ce peuple : on peut voir sa Bibliothèque historique, t.
j’ai mis bas la bête. » A-t-on jamais parlé de pistolets, bon Dieu ! […] Voltaire a écrit une biographie de Molière, mais avec moins d’exactitude que d’agrément ; il a en outre parlé de lui, et toujours avec une singulière admiration, dans plusieurs parties de ses ouvrages.
Il s’arrange cependant de manière que ces aventures se suivent et s’enchaînent, puisque c’est là ce qui constitue le genre même dont nous parlons. […] Ces pièces sont si courtes qu’il semble qu’il n’y ait aucun art à les raconter ; il est certain, pourtant, que tout le monde n’y réussit pas également ; que les uns récitent parfaitement une anecdote, tandis que d’autres le font si médiocrement, qu’on cherche, après qu’ils ont parlé, ce qu’il peut y avoir de piquant dans leur récit.
Cet enfant fit taire les oracles, avant qu’il commençât à parler. […] En cet état-là, pour parler encore le langage de la primitive Église, ils étaient pleins, ils étaient possédés de Jésus-Christ.
Il me semble qu’ils me parlent, comme ceux de Dodone, un langage mystérieux. […] Les uns la regardaient sans pouvoir en détourner les yeux, d’autres mettaient leurs beaux habits, comme s’ils avaient été au moment de descendre ; il y en avait qui parlaient tout seuls, et d’autres qui pleuraient.
Il importe avant tout, pour bien entendre la langue latine, pour parler et écrire d’une manière pure et élégante, de connaître à fond la propriété des mots, leur sens propre et figuré, leurs synonymes. […] Il importe donc, si l’on veut parler et écrire avec justesse, de bien saisir cette différence, et de choisir avec discernement les mots qui doivent être l’expression la plus exacte de nos pensées.
Cependant si l’ouvrage apprécié était impie ou licencieux, c’est alors que le critique devrait s’armer, si l’on peut parler ainsi, d’une plume de fer et de feu, pour réduire en poudre cette infernale production. […] Il faut qu’ils ne disent rien, qui ne se rapporte entièrement à la question ; par là, le dialogue sera direct : qu’ils ne fassent jamais attendre la réplique ; par là, le dialogue sera vif : qu’ils parlent toujours à propos ; par là, le dialogue sera bien coupé : ces trois qualités lui sont essentielles.
N’ayant le plus souvent à parler que de la pluie et du beau temps, elle sut y mettre le je ne sais quoi, ce don secret qui d’un rien fait quelque chose. […] N’en parlons pas, ce serait à l’infini quand il ne s’agirait que d’une heure.
Je ne parle point de la balade, du chant royal, du lai, du virelai, et autres petites pièces de vers, qui ne sont plus guère d’usage. […] On y personnifie souvent le sujet, en le faisant parler au lecteur, comme on le voit dans celle-ci. […] Le mot en est muscatum, que l’auteur personnifie, en le faisant parler.
Il leur parlera alors dans sa colère, — Et les remplira de trouble dans sa fureur… Et ainsi de suite. […] Le style vrai est cette façon de dire tellement d’accord avec la nature de la personne qui parle, la position où elle se trouve, le milieu où elle agit, les circonstances qui l’affectent, que le lecteur ne se figure pas la possibilité de penser ou de s’exprimer autrement, que rien n’indique la recherche, l’embarras, le parti pris d’adopter telle forme, de produire tel effet, de faire un sort, selon l’expression de Rivarol, il chaque mot et à chaque phrase.
C’est un marin qui parle. […] Il sut l’art de parler et de se taire.
Dans les compositions littéraires, elle rappelle les modèles en même temps que les règles, et présente aux facultés dont nous avons parlé plus haut les matériaux dont elles ont besoin. […] C’est là qu’on apprend à parler et à écrire d’une manière intéressante ; c’est là que l’on puise de quoi orner et embellir le discours par l’imitation des pensées et des expressions des grands écrivains.
Figurez-vous quelque chose de la désolation de Tyr et de Babylone, dont parle l’Écriture : un silence et une solitude aussi vastes que le bruit et le tumulte des hommes qui se pressaient jadis sur ce sol. […] Les ruines de Rome Il faut maintenant, mon cher ami, vous dire quelque chose de ces ruines dont vous m’avez recommandé de vous parler. […] Cousin parle ainsi du paysagiste Le Lorrain : « Le Lorrain est par-dessus tout le peintre de la lumière, et on pourrait appeler ses ouvrages l’histoire de la lumière et de toutes ses combinaisons, en petit et en grand, quand elle s’épanche sur de larges plans ou se brise dans les accidents les plus variés, sur la terre, sur les eaux, dans les cieux, dans son éternel foyer.
Plus loin, Cicéron parle de la tranquillité des états et indique les moyens de la maintenir. […] Lorsque de tels hommes ont trouvé des chefs de leur parti, il se forme dans la république des orages, lesquels obligent ceux qui ont pris en main le gouvernail de la patrie, à se tenir sur leurs gardes, à employer tous leurs soins, à déployer toute leur habileté, pour conserver les grands objets dont je viens de parler, pour se mettre en état de naviguer sûrement, et d’arriver enfin au port d’une heureuse tranquillité ».
combien de temps, de règles, d’attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l’on sait marcher ; pour chanter comme on parle ; parler et s’exprimer comme l’on pense ; jeter autant de force, de vivacité, de passion et de persuasion dans un discours étudié, et que l’on prononce dans le public, qu’on eu a quelquefois naturellement et sans préparation dans les entretiens les plus familiers !
Sans parler des écrivains anglais, italiens, allemands surtout, dont un si grand nombre peut se placer parmi les véritables savants, je citerai en France Rabelais et Montaigne, Bossuet et Pascal, et à une époque plus voisine, Cuvier, Courier, Nodier, Thierry. […] Elle développe l’imagination, sans prêter, comme la fiction, au romanesque et à l’excentrique ; elle présente la méthode la plus efficace pour connaître à fond les annales des peuples anciens et modernes, à leurs plus brillantes époques ; en s’appuyant sur des faits, des caractères, des mœurs, des passions réelles, elle éloigne du vague et du lieu commun, et le jeune homme accoutume son âme à comprendre le grand, et à penser lui-même comme les illustres personnages qu’il fait parler.
Dacier : « Que le poëte en composant imite les gestes et l’action de ceux qu’il fait parler. » Batteux : « Que le poëte soit acteur en composant. » La sympathie, etc.]
V l’auteur montre qu’avant Hégémon, Hipponax, Xénophane et l’auteur de la Batrachomyomachie, sans parler des poëtes comiques, avaient écrit des parodies.
Les règles, dans chaque ouvrage didactique, sont tracées à l’auteur parle sujet même ; c’est de son goût, de son jugement que dépendent la forme, le plan et le style convenables.
Il y avait une Héracléide de Cinéthon qui est citée par le scholiaste d’Apollonius de Rhodes, I, 1357 et une de Pisandre, dont on a quelques fragments, sans parler d’autres poëmes sur le même sujet, mais qui sont peut-être postérieurs en date à la Poétique d’Aristote.
Térée est le mari de Procné et le beau-frère de Philomèle la navette qui parle est celle dont Philomèle, privée de la langue par un crime de Térée, se sert pour broder les caractères qui révéleront le crime à sa sœur Procné.
On voit par-là que ce genre s’éloigne peu de la manière commune de parler. […] Dans les endroits du discours où il veut instruire, il doit s’exprimer d’une manière simple : dans les endroits où il veut plaire, il doit répandre les plus belles fleurs de l’élocution : dans les endroits où il veut toucher, il doit parler fortement au cœur, élever l’âme par le sublime des pensées et des sentiments.
Sans parler des obscénités qui ne peuvent convenir qu’à des âmes viles et corrompues, et que les cœurs honnêtes réprouvent énergiquement, nous signalerons la diffamation et quelques défauts qui ont rapport au goût, comme la fausseté dans les pensées, les équivoques tirées de trop loin, les pensées basses et les hyperboles exagérées. […] Le madrigal, au contraire, a quelque chose de plus doux, de plus simple, de plus délicat : ici c’est le cœur qui parle, le sentiment qui se fait jour ; et sa pointe toujours aimable, gracieuse, n’a de piquant que ce qu’il lui en faut pour n’être pas fade.
C’est le devoir de l’orateur de parler avec convenance, avec précision, avec éclat. — 8. […] Il suffit d’une année à Thémistocle pour apprendre à parler parfaitement la langue persane. — 4. […] Il faut parler conformément à la vérité. — 2. Le premier devoir de l’orateur est de parler d’une manière propre à persuader. — 3. […] Cicéron, dans son traité de la vieillesse, a fait parler Caton, qui fut à peu près, en son temps, l’homme le plus âgé et le plus prudent. — 12.
IX, etc.) d’autres observations plus décisives contre l’opinion de ceux qui veulent que la poésie ne parle qu’en vers. — Ce qui est remarquable ici, c’est qu’Aristote semble ne pas savoir que les poëmes d’Homère aient jamais été chantés.
Là, ce n’est plus le langage humain, c’est Dieu lui-même qui parle par les prophètes ; c’est lui qui met dans la bouche de David l’expression la plus vraie et la plus touchante de la douleur de l’âme, tempérée par les élans de la foi et de l’espérance religieuse : telle est entre autres le psaume qui chante la captivité de Babylone (Super flumina Babylonis), et que Chateaubriand appelle le plus beau des cantiques sur l’amour de la patrie .
Ernest Hello, la parole humaine ayant pour loi, comme la vie et la pensée, la vérité, puisque l’homme doit vivre dans la vérité, penser comme il vit et parler comme il pense.
On pense généralement qu’Aristote a voulu parler ici de l’accent circonflexe.
Un homme, dont le suffrage était bien capable de flatter son orgueil, ce fameux Le Normant dont nous venons de parler, lui dit, après sa première cause, qu’il n’avait jamais rien entendu de si éloquent.
Il faut convenir qu’il y a dans cette dernière partie de l’éloge, un ton de grandeur et une élévation d’idées qui nous reportent aux beaux jours d’Athènes ; et que Lucien prend ici le style de Démosthène en le faisant parler.
Je me borne à ceux-là, sans parler de ceux qui ont été traduits des langues étrangères, quoiqu’il y en ait beaucoup d’autres qui peuvent également être lus sans danger.
Il y a des poésies pastorales qui se rapprochent du genre lyrique, d’autres du genre narratif ; d’autres, enfin, sont de petits drames où le poète fait parler ses personnages.
2, méchant même par principes ; un esprit léger et frivole, qui n’a point de goût décidé ; qui n’éclaire les choses et ne les recherche jamais pour elles-mêmes, mais uniquement selon la considération qu’il y croit attachée, et fait tout par ostentation ; un homme souverainement confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires3 et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres, les ouvrages et les auteurs ; qui se persuade que toutes ces choses ne méritent pas qu’il s’y applique, et n’estime rien de solide que le don de dire des riens ; qui prétend néan-moins à tout, et parle de tout sans pudeur ; en un mot, un fat sans vertus, sans talents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les choses que ce qu’elles ont de plaisant, et met son principal mérite à tourner continuellement en ridicule tout ce qu’il connaît sur la terre de sérieux et de respectable.
L’écrivain aurait dû faire connaître les personnages dont il parle, et raconter brièvement l’histoire de Joseph. […] Ces auteurs étant obligés de parler souvent d’eux-mêmes, doivent, en prenant la plume, non seulement se dépouiller de toute passion, pour n’altérer en rien la vérité, mais encore respecter assez le public, pour ne l’entretenir que de choses qui peuvent intéresser un lecteur honnête et sensé. […] Aussi parle-t-il, peut-être trop souvent et trop avantageusement, de lui-même, dans ses Mémoires, qui d’ailleurs sont très bien écrits et ne contiennent que des faits intéressants et vrais.
Toutefois, il faut lui savoir gré d’avoir admirablement parlé de l’âme et de Dieu en un siécle où il y eut des matérialistes et des athées. […] Qui donc parle ainsi ? […] Ce qu’il y a de plus fatal est qu’au lieu de savoir me taire quand je n’ai rien à dire, c’est alors que pour payer plutôt ma dette j’ai la fureur de vouloir parler.
Il me reste à parler encore d’une autre classe d’objets sublimes ; c’est le moral ou le sentimental du sublime.
Quintilien, que nous nous plaisons à citer, parce qu’il serait difficile de trouver une autorité plus respectable sous tous les rapports ; Quintilien établit partout comme un principe incontestable, que le talent de bien parler exige celui de bien vivre ; et Caton définissait l’orateur un homme vertueux, doué du talent de la parole : orator vir bonus, dicendi peritus .
Il justifie ainsi, dans un autre endroit, la manière dont il avait parlé des tyrans, oppresseurs de Rome, avant que Trajan la rendît heureuse : 102« Omnia patres conscripti, quæ de aliis principibus à me dicuntur aut dicta sunt, eò pertinent, ut ostendam quàm longâ consuetudine corruptos depravatosque mores principatûs parens noster reformet et corrigat : alioqui nihil non parùm gratè sine comparatione laudatur.
Tout cela sans parler des tragiques du second ordre.
En faisant agir et parler ses personnages sous les yeux du lecteur, il a fait de la fable.
Casaubon parle d’une traduction des Commentaires de César qu’il avait écrite dans sa jeunesse.
À l’époque dont nous parlons, la religion ranima un moment l’éloquence, et le barreau s’en empara.
Personne n’avait appris à Lafontaine l’art de produire des chefs-d’œuvre en faisant parler des bêtes.
Combien de perroquets, qui parlent sans cesse, et qui n’entendent jamais ce qu’ils disent1 !
Dans ces glorieuses pages de notre histoire, il a toujours l’à-propos grandiose, le ton du commandement suprême, l’accent d’une volonté impérieuse qui ne parle que pour agir.
De là, l’ingénieuse flexibilité avec laquelle elle se plie à tous les tons, embrasse tous les genres, et parle tous les langages qui peuvent se faire entendre du cœur humain.
Quelquefois encore les propres expressions du héros qu’on fait parler, sont tellement consacrées par la reconnaissance ou par l’admiration, que ce qu’il reste de mieux à faire au poète ou à l’historien, c’est de les rapporter textuellement.
J’ai perdu, dit-il dans un de ces billets où le cœur parle, et où le héros se peint, j’ai perdu un honnête homme et un brave officier, que j’estimais et que j’aimais.
Peut-on parler avec intelligence de l’apologue sans dire un mot d’Ésope, de Phèdre, de La Fontaine ?
Vous vivez, au sein de nos écoles, dans une région élevée et sereine, où l’élite seule de l’humanité vous entoure et vous parle.
La complaisance lui était naturelle, coulait de3 source ; elle en avait jusque pour sa cour4 Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disait rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain-brun fort bien plantés, des yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, peu de dents, et toutes gâtées, dont elle parlait et se moquait5 la première, le plus beau teint du monde, le cou long avec un soupçon de goître6 qui ne lui seyait point mal, un port de tête galant, gracieux, majestueux, et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nues7 ; elle plaisait au dernier point.
On me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celle de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs.
Il faut donc les souffrir avec patience et sans s’émouvoir, si nous voulons posséder nos âmes, comme parle l’Écriture, et empêcher que l’impatience ne nous fasse échapper à tous moments, et ne nous précipite dans tous les inconvénients que nous avons représentés.
L’hypocrisie Quand je parle de l’hypocrisie, ne pensez pas que je la borne à cette espèce particulière qui consiste dans l’abus de la piété, et qui fait les faux dévots ; je la prends dans un sens plus étendu, et d’autant plus utile à votre instruction que peut-être, malgré vous-mêmes, serez-vous obligés de convenir que c’est un vice qui ne vous est que trop commun ; car j’appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d’une vie criminelle.
Les principes généraux du goût sont donc profondément gravés dans l’homme, et le sentiment du beau lui est aussi naturel que la faculté de parler et de raisonner.
On serait tenté de croire qu’Aristote parle des orateurs plutôt que des poëtes.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier.
Aussi lui ont-ils payé la plus magnifique des contributions ; car, en lui donnant tout leur sang, ils ont obtenu pour eux-mêmes un honneur immortel et le plus glorieux des tombeaux ; non pas ce tombeau qui renferme aujourd’hui leurs cendres, mais celui que leur élèvera la main du temps, toutes les fois que l’on parlera de bravoure, ou qu’on en donnera l’exemple.
Il esquisse, en se jouant, des portraits bien vivants qui nous parlent.
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.