Observez seulement qu’elle soit rare et rapide, qu’elle ne vienne point divertir trop souvent le lecteur, ni, en luttant d’importance avec l’idée principale, diviser l’intérêt qui doit être un, c’est la règle suprême. […] L’antithèse est la forme la plus ordinaire de ces transitions ; continuez de feuilleter l’oraison funèbre de Condé : — Pendant que le prince se soutenait si hautement avec l’archiduc, il rendait au roi d’Angleterre tous les honneurs qui lui étaient dus… Nous avons parlé des qualités de l’âme, venons maintenant aux qualités de l’esprit… Si les autres conquérants ont reçu une récompense aussi vaine que leurs désirs, il n’en sera pas ainsi de notre grand prince, en effet,… etc. — C’est en étudiant les auteurs qui ont ainsi travaillé leurs transitions, Racine surtout et Massillon, que vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que vous vous habituerez à les employer vous-même à l’occasion. […] Victor Hugo, et de quelque poids que soit un si grand nom dans la balance, nous persistons à croire que l’art n’est point la reproduction fidèle et illimitée de la nature tout entière, mais la représentation savante et soumise à certaines lois d’une nature choisie ; que si les choses existent ainsi confondues dans la vie réelle, quand elles s’offrent à nous, nous les séparons instinctivement, comme nous bannirions un nain ou un mendiant qui viendraient étaler leurs plaies et leurs difformités dans la salle du festin et au milieu des chœurs de danse. […] Tout ce que vous trouverez en vous alors de nouveau, sera peut-être un compte un peu plus grand que celui que vous auriez aujourd’hui à rendre ; et sur ce que vous seriez, si l’on venait vous juger dans ce moment, vous pouvez presque décider de ce qui vous arrivera au sortir de la vie.
Si l’on admet entre elles une division fictive, ce n’est que pour venir en aide à notre faiblesse, et nous faire mieux saisir les qualités et les défauts qui affectent plus spécialement chacune d’elles, quand l’une ou l’autre n’atteint pas le but commun. […] Que dites-vous de l’énergique entrée en scène d’Attila : Ils ne sont pas venus nos deux rois ! […] La rangerez-vous sous le titre style sublime à côté des premiers vers d’Iphigénie : Oui, c’est Agamemnon, c’est ton roi qui t’éveille, Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille… Il est cependant manifeste que ces deux styles, également sublimes, si vous voulez, ne se ressemblent d’ailleurs en aucune façon. […] Enfin, le jeune écrivain, bien pénétré de tout ce qui vient d’être dit, aura trois objets en vue dans l’étude de l’expression : se former un style, saisir le ton convenable au sujet, et, enfin, quels que soient le style et le ton, acquérir préalablement les qualités essentielles et accidentelles de l’élocution, et apprendre à y distribuer avec habileté les ornements dont elle est susceptible.
Il y est, tu arrives, et il y vient. […] L’e muet placé à l’hémistiche, ne pouvant compter comme syllabe, ainsi que nous l’avons vu, doit toujours être élidé ; exemple : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel. […] Une mauvaise prononciation vient surtout de ce qu’on place mal l’accent : chaque province en France a sa manière d’accentuer ; de là vient qu’il y a si peu de Français dont la prononciation soit parfaitement pure.
il vient au sénat, il assiste à nos délibérations, il désigne, il marque de l’œil ceux qu’il destine à la mort ! […] Narration Après la division, vient la Narration qui est le récit des faits. […] Et vous, ne viendrez-vous pas à ce triste monument, vous, dis-je, qu’il a bien voulu mettre au rang de ses amis ? […] Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô Prince, le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels : je vous y verrai tel que vous étiez à ce dernier jour sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître.
Il nous dit qu’il fallait qu’il y eût de mauvaises nouvelles de Meudon ; que monseigneur le duc de Bourgogne venait d’envoyer parler à l’oreille à M. le duc de Berry, à qui les yeux avaient rougi à l’instant ; qu’aussitôt il était sorti de table ; que, sur un second message fort prompt, la table où la compagnie était restée s’était levée avec précipitation, et que tout le monde était passé dans le cabinet. […] J’appris que Monseigneur avait reçu l’extrême-onction, qu’il était sans connaissance et hors de toute espérance, et que le roi avait mandé à madame la duchesse de Bourgogne qu’il s’en allait à Marly, et de le venir attendre dans l’avenue entre les deux écuries, pour le voir en passant. […] Elle allait et venait du cabinet dans la chambre, en attendant le moment d’aller au passage du roi ; et son maintien, toujours avec ses mêmes grâces, était un maintien de trouble et de compassion que celui de chacun semblait prendre pour douleur. […] Madame1, rhabillée en grand habit, arriva hurlante, ne sachant bonnement pourquoi ni l’un ni l’autre, les inonda tous de ses larmes en les embrasant, fit retentir le château d’un renouvellement de cris, et fournit un spectacle bizarre d’une princesse qui se remet en cérémonie, en pleine nuit, pour venir pleurer et crier parmi une foule de femmes en déshabillé de nuit, presque en mascarade.
Toi, qu’annonce l’aurore, admirable flambeau, Astre toujours le même, astre toujours nouveau, Par quel ordre, ô soleil, viens-tu, du sein de l’onde, Nous rendre les rayons de ta clarté féconde ? […] Après le malheur effroyable Qui vient d’arriver à mes yeux, Je croirai désormais, grands Dieux ! […] Nos ancêtres nous en ont frayé le chemin, et nous allons le frayer dans un moment à ceux qui viennent après nous. […] Dieu cite devant lui tous les peuples divers ; Et pour en séparer les Saints, son héritage, De sa religion vient consommer l’ouvrage. […] Le grand rideau se tire ; et ce Dieu vient en maître.
Fier de sa noblesse, jaloux de sa beauté, le cygne semble faire parade de tous ses avantages ; il a l’air de chercher à recueillir des suffrages, à captiver les regards ; et il les captive en effet, soit que, voguant en troupe, on voie de loin, au milieu des grandes eaux, cingler la flotte ailée ; soit que, s’en détachant et s’approchant du rivage aux signaux qui l’appellent, il vienne se faire admirer de plus près en étalant ses beautés, et développant ses grâces par mille mouvements doux, ondulants et suaves. Aux avantages de la nature, le cygne réunit ceux de la liberté ; il n’est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer : libre sur nos eaux, il n’y séjourne, ne s’y établit qu’en jouissant d’assez d’indépendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité ; il veut à son gré parcourir les eaux, débarquer au rivage, s’éloigner au large, ou venir, longeant la rive, s’abriter sous les bords, se cacher dans les joncs, s’enfoncer dans les anses les plus écartées ; puis, quittant sa solitude, revenir à la société, et jouir du plaisir qu’il paraît prendre et goûter en s’approchant de l’homme, pourvu qu’il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans1. […] Rousseau : « Mes idées circulent sourdement… elles fermentent jusqu’à m’émouvoir… insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place. » 1. […] Vous qui près du tombeau venez pour m’écouter, Je suis un cygne aussi : je meurs, je puis chanter ! […] Je vais, je viens, je soupe au bout de la ville, pour souper le lendemain à l’autre.
Je viens vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs, qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume, qui n’eut jamais d’autre intérêt que celui de la vérité et de la justice, et qui, ayant eu part à toutes les prospérités du siècle3, n’en a point eu à ses corruptions ; un homme d’une vertu antique et nouvelle, qui a su joindre la politesse du temps à la bonne foi de nos pères, en qui la fortune n’a fait que donner du crédit au mérite, qui a sanctifié l’honneur et la probité par les règles et les principes du christianisme, qui s’est élevé par une austère sagesse au-dessus des craintes et des complaisances humaines, et qui, toujours prêt à donner à la vertu les louanges qui lui sont dues, a fait craindre à l’iniquité le jugement et la censure ; vaillant dans la guerre, savant dans la paix ; respecté, parce qu’il était juste ; aimé, parce qu’il était bienfaisant ; et quelquefois craint, parce qu’il était sincère et irréprochable… Ne craignez point que l’amitié ou la reconnaissance me préviennent. […] Ce tombeau s’ouvrirait, ces ossements se rejoindraient et se ranimeraient pour me dire : « Pourquoi viens-tu mentir pour moi, qui ne mentis jamais pour personne ? […] Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, et ne viens pas troubler ma paix par la flatterie que je hais.
Ces ouvrages furent écrits en latin corrompu, nommé Romain rustique ou Langue romane, d’où leur est venu leur nom. […] s’écria l’écolier, j’entends retentir l’air de cris et de lamentations ; viendrait-il d’arriver quelque malheur ? […] Ils vont rendre l’âme ; la femme de l’un et le père de l’autre, avertis de ce funeste accident, viennent d’arriver : ils remplissent de cris tout le voisinage. « Malheureux enfant !
Mais ce sont les amusements d’un esprit qui se contente de peu, et non pas les occupations d’un homme qui prend plaisir de naviguer dans l’orage1, et qui n’est pas venu au monde pour le laisser en oisiveté. […] La fraîcheur et les rosées de la nuit viennent ensuite, et réjouissent ce qui languirait sur la terre sans leur secours ; mais, ayant plutôt abattu la poussière que fait de la boue, il faut avouer qu’elles ne contribuent pas peu aux belles matinées dont nous jouissons3. […] Mais tu vas savoir qu’il ne vient pas pour te perdre, mais pour te sauver, non pour t’enchaîner, mais pour t’affranchir ; car il combat déjà contre tes ennemis.
La grandeur dans le firmament vient à la fois de sa hauteur et de son étendue ; et, dans l’océan, elle vient moins de son étendue que de son éternel mouvement et de la force irrésistible de cette immense masse d’eau. […] Des faits incontestables viennent à l’appui de nos raisonnements. […] Venons-en maintenant à ce qui concerne notre langue. […] L’ambiguïté vient d’un mauvais choix de mots ou d’un arrangement vicieux. […] J’en viens à la troisième règle sur l’unité dans les phrases.