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48. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Pour moi, j’en suis touchée au dernier point. […] Si vous en avez conservé autant, vous serez touché d’apprendre une si triste nouvelle. […] Je sens que mon cœur est encore touché pour sa patrie. […] Touchez donc là, M. […] Soudain la mort le toucha de son souffle, et la mort et le mortel avaient disparu.

49. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

La Prétermission ou Prétérition est une figure, par laquelle on feint de passer sous silence, ou de ne toucher que légèrement des choses, sur lesquelles néanmoins on insiste avec force. […] Malgré les mauvais succès de ses armes infortunées, si on a pu le vaincre, on n’a pas pu le forcer ; et comme il n’a jamais refusé ce qui était raisonnable, étant vainqueur, il a toujours rejeté ce qui était faible et injuste, étant captif. » On peut rapporter à la concession la Permission, figure qu’on emploie, tantôt pour abandonner à eux-mêmes ceux qu’on ne peut détourner de leur dessein, tantôt pour inviter son ennemi à faire tout le mal qui lui est possible, et cela, afin de le toucher, ou de lui inspirer de l’horreur de ce qu’il a déjà fait. […] C’est en cela que la poésie et l’éloquence touchent de si près à la peinture. […] Elle se laisse toucher et manier : elle ne perd rien à être vue de près ; plus on la connaît, plus on l’admire.

50. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Il y a harmonie dans le style, qui est rapide ou lent, coupé ou périodique, serré ou développé, selon qu’il s’agit de prouver ou de peindre, de toucher ou de raisonner. […] Sa démarche ferme et hardie annonce sa noblesse et son rang ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre : elle est réservée à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, saisir les objets éloignés, écarter les obstacles et tout ce qui pourrait nuire, retenir ce qui peut plaire, et le mettre à la portée des autres sens ».

51. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

N’est-il pas vrai que dans les États il y a des pièces si caduques4 et si ébranlées qui, si on les touche, on les renverse ? […] Il y avait en lui beaucoup d’indifférence pour tout ce qui ne touchait pas directement sa personne.

52. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

C’est ce langage que madame de Sévigné recommande à sa fille, quand elle lui écrit : « Vous me dites plaisamment que vous croiriez m’ôter quelque chose en polissant vos lettres ; gardez-vous bien d’y toucher ; vous en feriez des pièces d’éloquence. […] « L’air de Grignan me fait peur : un vent qui déracine des arbres dont la tête au ciel était voisine, et dont les pieds touchaient à l’empire des morts , me fait trembler. […] Il me parut pourtant que vous étiez un peu touchée en m’embrassant. […] Cela vous touche fort peu. […] Je suis un petit vieillard indiscret qui me suis laissé toucher par les prières d’un de vos sujets nommé Rose, Livonien de nation, marchand de profession, qui est venu apprendre la langue française à Ferney ; peut-être n’a-t-il pu mériter vos bontés que j’osais réclamer pour lui.

53. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

L’enthousiasme y est moins élevé, l’inspiration moins soudaine, la forme moins séduisante et moins pompeuse ; mais pour peu qu’on les lise avec les dispositions convenables, on sent que le poète n’était point seul quand il les composa ; on y reconnaît une ineffable simplicité, la suavité, l’onction, quelque chose qui recueille l’âme et la pacifie, quoique chose qui nous touche et nous remplit des sentiments de la plus tendre piété. […] Destiné à éclairer l’intelligence ; à toucher le cœur et à satisfaire le goût, le cantique doit briller par la clarté, la précision, la noble simplicité de l’expression, et surtout, lorsqu’il s’agit du dogme, par une grande exactitude théologique. […] Il faut que le cœur seul parle dans l’élégie Le but de l’élégie, telle que nous l’entendons aujourd’hui, est moins de plaire que de toucher, d’attendrir l’âme ; elle veut exciter la pitié, et non pas l’admiration. […] Destinée à exprimer la gaieté et la joie, à récréer l’esprit, à toucher le cœur par de gracieuses images, la chanson, infidèle à sa mission, s’inspire trop souvent de souvenirs dangereux et de peintures licencieuses. […] Ces exemples nous touchent peu.

54. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Homère exprime tout ce qui frappe les yeux : les Français, qui n’ont guère commencé à perfectionner la grande poésie qu’au théâtre, n’ont pu et n’ont dû exprimer alors que ce qui peut toucher l’âme. — Le langage du cœur et le style du théâtre ont entièrement prévalu : ils ont embelli la langue française, mais ils en ont resserré les agréments dans des bornes un peu trop étroites. […] » Mais pour le petit nombre de ceux dont la tête est ferme, le goût délicat et le sens exquis, et qui comptent pour peu le ton, les gestes et le vain son des mots, il faut des choses, des pensées, des raisons ; il faut savoir les présenter, les nuancer, les ordonner : il ne suffit pas de frapper l’oreille et d’occuper les yeux, il faut agir sur l’âme, et toucher le cœur en parlant à l’esprit ».

55. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

L’émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits1 : il ne les souille jamais de la poussière de la terre ; et, dans sa vie toute2 aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants ; il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur, comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar, et n’habite que les climats où sans cesse elles se renouvellent. […] Rousseau a dit, en appliquant, d’après la Bible, ces mêmes idées aux herbes des champs : « L’or des genêts et la pourpre des bruyères frappaient mes yeux d’un luxe qui touchait mon cœur et me faisait souvent redire à moi-même : Non, Salomon, dans toute sa gloire, ne fut jamais vêtu comme l’un d’eux. » 2.

56. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Votre bonté me touche sensiblement. — … Aidez-moi, monsieur, à vous bien remercier… Je vais partir pour Paris. — Si je pouvais vous y voir ? […] Ne touchez pas aux deux premières lignes du canevas. […] Vous ne toucherez point à la première et à la dernière phrase de ce portrait, ainsi qu’à celles qui commencent les alinéas. […] Elle me toucha et disparut — … J’ouvris les yeux, et surpris de mon long sommeil, je continuai ma route — … et atteignis avec la fin du jour le terme de mon pèlerinage. […] Quoique dur envers elle il fut touché de sa mort, devint d’une humeur sombre, et chercha des distractions dans le travail.

57. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Quelques-uns ne souffrent pas que Corneille, le grand Corneille, lui soit préféré, quelques autres qu’il lui soit égalé : ils en appellent à l’autre siècle, ils attendent la fin de quelques vieillards qui, touchés indifféremment de tout ce qui rappelle leurs premières années, n’aiment peut-être dans Œdipe que le souvenir de leur jeunesse3. […] Toucherai-je aussi votre dernier choix5, si digne de vous ? […] Elle se laisse toucher et manier ; elle ne perd rien à être vue de près : plus on la connaît, plus on l’admire ; elle se courbe par bonté vers ses inférieurs et revient sans effort dans son naturel ; elle s’abandonne quelquefois, se néglige, se relâche de ses avantages, toujours en pouvoir de les reprendre et de les faire valoir ; elle rit, joue et badine, mais avec dignité. […] Si vous êtes si touchés de curiosité, exercez-la du moins en un sujet noble : voyez un heureux, contemplez-le dans le jour même où il a été nommé à un nouveau poste, et qu’il en reçoit les compliments ; lisez dans ses yeux, et au travers d’un calme étudié et d’une feinte modestie, combien il est content et pénétré de soi-même ; voyez quelle sérénité cet accomplissement de ses désirs répand dans son cœur et sur son visage ; comme il ne songe plus qu’à vivre et à avoir de la santé ; comme ensuite sa joie lui échappe, et ne peut plus se dissimuler ; comme il plie sous le poids de son bonheur ; quel air froid et sérieux il conserve pour ceux qui ne sont plus ses égaux ; il ne leur répond pas, il ne les voit pas : les embrassements et les caresses des grands, qu’il ne voit plus de si loin, achèvent de lui nuire2 : il se déconcerte, il s’étourdit ; c’est une courte aliénation3.

58. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Elle a touché d’une main impure et flétri pour quelque temps de nobles et beaux côtés de la nature humaine. […] Il en est qui, tout en relevant de la tradition classique, sont plus touchés qu’ils ne le croient par l’esprit nouveau. […] Le Seigneur bénit mes homélies : elles touchent les pécheurs, les font rentrer en eux-mêmes et recourir à la pénitence. […] Il ne suffit pas, pour le goût, de voir, de connaître la beauté d’un ouvrage ; il faut la sentir, en être touché ; il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une manière confuse. : il faut démêler les différentes nuances. […] Je ne saurais vous dire, monsieur, combien j’ai été touché de voir que vous m’estimiez le plus malheureux des hommes.

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