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65. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Image naïve des peuples, et du prince qui les gouverne, s’il est bon prince2 Giton ou le riche Giton a le teint frais, le visage plein, et les joues pendantes, l’œil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée : il parle avec confiance, il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit ; il déploie un ample mouchoir3, et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut ; il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie ; il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre ; il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche ; tous se règlent sur lui ; il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole ; on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler, on est de son avis ; on croit les nouvelles qu’il débite. […] Il n’occupe point de lieu, il ne tient point de place ; il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur ses yeux pour n’être point vu ; il se replie et se renferme dans son manteau ; il n’y a point de galeries si embarrassées et si remplies de monde où il ne trouve moyen de passer sans effort, et de se couler sans être aperçu. […] L’Homme en place Vient-on de placer quelqu’un dans un nouveau poste, c’est un débordement de louanges2 en sa faveur qui inonde les cours et la chapelle, qui gagne l’escalier, les salles, la galerie, tout l’appartement : on en a au-dessus des yeux ; on n’y tient pas. […] » Je lis encore : « Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur, il manque à quelques-uns jusqu’aux aliments ; ils redoutent l’hiver, ils appréhendent de vivre. » Et il ajoute : « Tienne qui voudra contre de si grandes extrémités !  […] Je vous tiens quitte.

66. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

D’où je conclus que c’est une loi raisonnable, une loi conforme à la règle universelle de l’esprit de Dieu, parce qu’elle tient le milieu entre ces deux extrémités. […] Ce genre de discours demande beaucoup d’élévation dans le génie, une grandeur majestueuse qui tient un peu à la poésie. […] Les petites affaires ne peuvent être traitées que d’un style simple ; les grandes, d’un style élevé, et celles qui tiennent le milieu, d’un style tempéré. […] Il tient le second rang entre les orateurs de la Grèce. […] La naissance, Sire, vous a donné à la France pour roi ; et la religion veut que nous tenions aussi de sa main un si grand bienfait.

67. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Toutefois le respect les tient muets et immobiles sur leurs siéges, jusqu’à ce que Thersite se lève, Thersite, le premier démagogue dont il soit fait mention dans l’histoire. […] On dirait qu’il tient en main toutes les fibres de ces natures nerveuses, tant il excelle à leur donner des commotions agréables ou douloureuses, selon les nécessités du moment et les besoins de sa politique. […] Ne lui diraient-ils pas que toute l’éloquence d’un bon administrateur est dans les chiffres, et n’auraient-ils pas raison de lui tenir ce langage ? […] Obligé, d’un autre côté, de tenir en échec la faction aristocratique, il favorisa le parti populaire, et pour parler comme le bon Amyot, gratifia à la commune 8. […] N’y tient-il pas des garnisons de soldats étrangers ?

68. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre IV. Prédicateurs français. »

Rien ne tient à côté de cette première partie, pas même la seconde, qui serait belle partout ailleurs. […] Mais il en est de cette opinion, comme de beaucoup d’autres qui s’accréditent faute de réflexion, et qui ne tiennent pas à l’examen.

69. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

— Tiens, mon unique enfant, mon fils, prends ce breuvage ; Sa chaleur te rendra ta force et ton courage. […] Tiens, presse de ta lèvre, hélas ! […] Il y avait si longtemps que les muses tenaient à leurs mains des bouquets artificiels plus secs et plus inodores que les plantes des herbiers, où jamais ne tremblait ni une larme humaine, ni une perle de rosée !

70. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Je l’ai gardé longtemps dans cette île, il n’a tenu qu’à lui d’y vivre avec moi dans un état immortel ; mais l’aveugle passion de retourner dans sa misérable patrie lui fit rejeter tous ces avantages. […] Pour moi, je tiens que hors de Paris il n’y a point de salut pour les honnêtes gens. […] quel nouveau miracle Tient encor mes sens enchantés ! […] Je te tiens pour l’autel le plus sacré du monde. […] Ruy-Blas vient d’entrer dans la salle, dite du Gouvernement, où se tiennent assemblés les ministres du roi l’Espagne.

71. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Ce n’est pas que leurs sons, agréables, nombreux, Soient toujours à l’oreille également heureux ; Qu’en plus d’un lieu le sens n’y gêne la mesure, Et qu’un mot quelquefois n’y brave la césure4 : Mais c’est qu’en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Partout se montre aux yeux et va saisir le cœur ; Que le bien et le mal y sont prisés au juste ; Que jamais un faquin n’y tint un rang auguste, Et que mon cœur, toujours conduisant mon esprit, Ne dit rien aux lecteurs qu’à soi-même il n’ait dit. […] Tout doit tendre au bon sens ; mais, pour y parvenir, Le chemin est glissant et pénible à tenir : Pour peu qu’on s’en écarte, aussitôt on se noie. […] Les personnes qu’ils ont commencé de connaître dans ce temps leur sont chères ; ils affectent quelques mots du premier langage qu’ils ont parlé : ils tiennent pour l’ancienne manière de chanter et pour la vieille danse ; ils vantent les modes qui régnaient alors dans les habits, les meubles et les équipages ; ils ne peuvent encore désapprouver des choses qui servaient à leurs passions, qui étaient si utiles à leurs plaisirs, et qui en rappellent la mémoire : comment pourraient-ils leur préférer de nouveaux usages, et des modes toutes récentes où ils n’ont nulle part, dont ils n’espèrent rien, que les jeunes gens ont faites, et dont ils tirent à leur tour de si grands avantages contre la vieillesse ?  […] S’il en montrait moins, il me laisserait respirer, et me ferait plus de plaisir ; il me tient trop tendu, la lecture de ses vers me devient une étude.

72. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Le mausolée était encore orné de plusieurs anges qui soutenaient une chapelle ardente, laquelle tenait à la voûte. […] Le voilà donc mort, ce grand ministre, cet homme si considérable, qui tenait une si grande place ; dont le moi, comme dit M.  […] Quiconque prétend se soustraire à leur autorité, dont il tient tout, ne peut trouver injuste qu’elles lui ravissent tout, jusqu’à la vie. […] Je tiens leur culte impie. […]                                          Et je le tiens funeste.

73. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

36 On ne tient plus aujourd’hui à cette forme, qui, d’ailleurs, n’était fondée sur aucune raison ; on va même jusqu’à retrancher la préposition à. […] Il n’y a pas de livre plus lu que le sien ; il est de toutes les heures : à la ville, à la campagne, en voyage, on lit madame de Sévigné : à quoi cela tient-il ? […] Enfin il me pria de tenir sa femme ; je le fis : il trouva que sa mère avait passé au travers de la flamme et qu’elle était sauvée.

74. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

L’origine de la poésie dramatique tient à la religion des Grecs. […] Si elle savait que c’est son frère, il n’y a pas de doute qu’elle ne l’épargnât : ainsi c’est son ignorance qui tient les esprits en suspens. […] Ce tort cependant ne tient pas à la nature de la comédie ; il faut l’imputer au mauvais génie et à l’esprit dépravé de l’écrivain. […] La comédie d’intrigue, dit un auteur comique, consiste dans un enchaînement d’aventures plaisantes qui tiennent le spectateur en haleine, et forment un embarras qui croit toujours jusqu’au dénoûment. […] Ce genre tient à la comédie par l’intrigue et les personnages, et à l’opéra par le chant dont il est mêlé.

75. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Elle ajoute que sa mère le plongea dans les eaux du Styx, fleuve des enfers, pour le rendre invulnérable, et qu’il le fut eu effet, excepté au talon, par lequel elle le tenait. […] Divinité poétique, représentée sous la figure d’un jeune homme qui tient d’une main une corbeille de fruits, et qui de l’autre caresse un chien. […] Ces quatre victoires sont les plus mémorables de ce prince, qui tint, avec Turenne, le premier rang parmi les plus habiles capitaines de l’Europe, dans un siècle où l’art de la guerre fut approfondi plus qu’il ne l’avait jamais été. […] Son livre sur les prétendus abus de la messe ayant été censuré par les théologiens catholiques, il ne voulut leur répondre que dans une conférence publique, qui se tint à Fontainebleau, en 1600, en présence de toute la cour. […] Du nombre des gardes que prit Romulus, se forma dans la suite l’ordre des chevaliers, qui tenait le milieu entre le peuple et le sénat.

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