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126. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Définition et division. »

Si tel auteur profite d’un talent incontestable pour faire l’éloge du vice et tâcher de décrier la vertu, je suis en droit de dire que cet homme ne sera jamais orateur.

127. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Là, sur ce théâtre changeant et mobile, où la scène varie à chaque instant ; où, sous les apparences du repos, règne le mouvement le plus rapide : dans cette légion d’intrigues cachées, de perfidies ténébreuses, de méchanceté profonde et réfléchie : dans cette région, où l’on respecte, sans estimer ; où l’on applaudit, sans approuver ; où l’on sert, sans aimer ; où l’on nuit, sans haïr ; où l’on s’offre par vanité ; où l’on se promet par politique ; où l’on se donne par intérêt : où l’on s’engage sans sincérité ; où l’on se retire, où l’on s’abandonne sans bienséance et sans pudeur : dans ce labyrinthe de détours tortueux, où la prudence marche au hasard ; où la route de la prospérité mène si souvent à la disgrâce ; où les qualités nécessaires pour avancer, sont souvent un obstacle qui empêche de parvenir ; où vous n’évitez le mépris, que pour tomber dans la haine ; où le mérite modeste est oublié, parce qu’il ne s’annonce pas ; où le mérite qui se produit, est écarté, opprimé, parce qu’on le redoute ; où les heureux n’ont point d’amis, puisqu’il n’en reste point aux malheureux : là, dès les premiers pas que l’abbé de Fleuri fait dans ces sentiers embarrassés, on croirait qu’il les a parcourus mille fois… Il apporte à la cour les talents qu’on vient y chercher ; il n’y prend aucun des vices qu’elle a coutume de donner… Les sociétés du goût le plus fin, le plus délicat et le plus difficile, le reçoivent, l’appellent et l’invitent… Il se concilie tous les esprits ; il obtient tous les suffrages ». […] Un autre orateur, qui joint au talent de l’éloquence, la pratique constante de la vertu, veut nous persuader de l’importance et de la nécessité d’être vertueux. […] » La victoire et la prééminence les flattent, c’est-à-dire, le plaisir d’exceller et de l’emporter sur leurs égaux en adresse, en science, en talents. […] Si l’Orateur parle de lui-même, il prendra un ton modeste, et paraîtra même se méfier de son talent. […] Cicéron possédait ce talent au suprême degré.

128. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Le sujet doit présenter les conditions suivantes : Être moral, ou du moins n’avoir rien de contraire à la moralité ; Ètre intéressant, c’est-à-dire, amuser, instruire ou toucher, et, s’il est possible, réunir ces trois qualités ou au moins deux d’entre elles ; Ètre fécond, c’est-à-dire susceptible de développements ; Ètre en rapport avec le talent et les forces de l’écrivain ; Prêter à la grâce ou à la puissance du style. […] Il remarquera dans ces écrivains non-seulement l’art de peindre ou d’inspirer la passion, mais aussi ce que nous appellerons le talent de passionner un sujet, c’est-à-dire d’y intéresser le lecteur, en s’y intéressant vivement soi-même.

129. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Ajoutons que sa modestie et ses vertus privées égalaient ses talents. […] Un de nos contemporains a heureusement exprimé cette sensibilité profonde qui était un des traits de son caractère et qui est un des charmes de son talent : c’est M.

130. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Il est vrai que le principal est de s’instruire et de s’appliquer à son devoir ; mais il faut aussi se procurer quelque considération, et se préparer quelque avancement ; or, vous n’y réussirez jamais, et vous demeurerez dans l’obscurité, sans établissement sortable2 à moins que vous n’acquériez quelque talent pour ménager toutes les personnes en place, ou en chemin d’y parvenir3. […] Il ne saurait cultiver ses talents, ni acquérir les connaissances nécessaires de sa profession ; ni s’assujettir de suite au travail dans les fonctions pénibles, ni se contraindre longtemps pour s’accommoder au goût et à l’humeur d’autrui, ni s’appliquer courageusement à se corriger.

131. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Nisard juge ainsi un maître contemporain envers lequel il est peu suspect de complaisance : « Il a rendu sa pensée visible par un talent de description nouveau dans l’histoire de notre poésie. […] Victor Hugo : « Entreprenant, multiple, divers, infatigable, son talent s’approprie le monde entier.

132. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

On croirait que, jaloux d’un repos que l’envie et la haine laissent rarement au talent, il a jeté comme une expiation de son génie, dans ses ouvrages les plus parfaits, des imperfections volontaires, ou qu’il a pensé vivre encore dans cet âge de goût et de raison où le plus judicieux des critiques écrivait : Ubi plura nitent in carmine, non ego paucis Offendar maculis8. […] Il est si agréable de faire preuve du facile talent de peser des syllabes, de disséquer des mots, de souligner une épithète hasardée ou une rime défectueuse ! […] 2) Nous terminons volontiers cette première étude sur Boileau et Racine par la citation des vers ci-dessus, qui rappellent assez bien, selon nous, la manière d’écrire et de penser de nos deux Maîtres : c’est, en quelque sorte, un résumé du style, du talent, et même de la nature propre de chacun d’eux.

133. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Sa connaissance approfondie de la langue anglaise, l’habitude de traiter avec méthode et avec simplicité les questions les plus difficiles de la philosophie et de la littérature, sont des talents bien reconnus en M.  […] Si le rang, les talents ou la fortune l’élèvent au-dessus de ceux qui l’environnent, elle en jouit avec tant de réserve qu’elle se les fait du moins pardonner, si elle ne peut les faire entièrement oublier. […] Ce talent, ce n’est pas à la seule nature que nous le devons. Il semble, il est vrai, qu’elle en ait favorisé particulièrement quelques personnes ; mais, comme pour tous les talents dont elle nous a doués, elle n’en accorde la perfection qu’à nos efforts. […] Tous les critiques anciens ont considéré l’action comme le talent principal de celui qui parle en public.

134. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

On lui vante les grands talents d’Abdallah. […] Édouard il avait succédé à son père, et ne montrait ni la même fermeté ni les mêmes talents. […] Exorde : C’est avec regret que l’orateur accuse un citoyen recommandable par ses talents. […] Quoiqu’un tel crime soit digne de mort, l’accusateur, à cause des talents et des services de Mélanthe, demande seulement qu’il soit banni. […] Célèbre par ses talents et par ses lumières, était-il capable d’un acte de démence ?

135. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

« Le talent de la parole, selon Cicéron, ne doit pas être un talent nu et en quelque sorte décharné, mais nourri de tout ce qui peut le fortifier, revêtu de tout ce qui peut l’embellir. […] Si vous ne savez pas intéresser, émouvoir, on fera peu de cas de votre talent de raisonner. […] Sans cette justesse il n’y a ni talent, ni goût en littérature. […] Le talent de bien disposer, tient au talent de bien concevoir. […] Le talent de les exciter est celui qui fait les grands orateurs.

136. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Pourquoi ce talent est-il donc prisé si haut ? […] Le goût et le talent de l’éloquence étaient innés chez ce peuple privilégié : persuader par la parole, telle était l’ambition de chacun, et, comme chacun espérait persuader un jour, il obéissait au vœu d’un orateur aujourd’hui bien inspiré, assuré qu’on lui obéirait à lui-même une autre fois. […] D’ailleurs, dévoré de besoins, mécontent du présent, il s’avançait vers un avenir inconnu, faisant tout supposer de ses talents, de son ambition, de ses vices, du mauvais état de sa fortune, et autorisant par le cynisme de ses propos, tous les soupçons et toutes les calomnies. […] Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit des talents et de l’esprit : il est riche. […] Ses talents, son travail continuel, son application à bien faire, n’ont pu fléchir la dureté de sa fortune.

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