N’ayant pas de bien à dire de cette traduction, je m’abstiendrai d’en parler ; j’observerai seulement que si elle eut quelque succès, ce succès serait une preuve du mérite de l’ouvrage de Blair, si on pouvait le contester. […] Prévost a lutté avec un succès complet contre la difficulté de présenter avec précision, sur une science très abstraite, des idées dont un autre est le créateur. […] Mais de tels succès sont bien frivoles. […] Nous savons quelle importance les Grecs et les Romains attachaient au langage dans les temps les plus florissants de la république ; nous savons avec quel succès les Français et les Italiens ont cultivé leur langue. […] Je crois, au contraire, qu’elle est d’une importance considérable, et que ceux qui ont la prétention d’écrire avec grâce, et surtout de parler en public avec succès, doivent en faire l’objet d’une étude sérieuse.
Le succès même du Voyage du jeune Anacharsis, montre un temps qui avait peu encore 1’intelligence du génie antique. […] Je triomphai en moi-même d’un succès si évidemment démontré et je ne reçus pas trop bien le duc de Guiche, qui me témoigna le désapprouver. […] Il est vrai ; mais une autre cause explique encore le succès de Rousseau. […] Ce fut dans le Barbier de Séville (1775) et le Mariage de Figaro (1784) qu’il obtint ses plus éclatants succès. […] Beaumarchais, en voulant épuiser son succès, le compromit.
Mais il rachetait ces défauts par les qualités qui donnent le succès ; il était enjoué, plaisant, laborieux, d’une conversation légère et agréable, d’une repartie vive, quoiqu’il parlât sans feu et sans énergie ; enfin, à cette sagesse spécieuse qui plaît aux esprits modérés, il joignait les agréments variés qui usurpent si souvent la place des talents solides, et leur enlèvent la faveur du monde et les récompenses des princes1. […] Il disait dans une première lettre : « J’ai honte de vous laisser voir ce que je présume de moi ; mais j’ai remarqué très-souvent que les espérances les plus ridicules et les plus hardies avaient été presque toujours la cause des succès extraordinaires. » 2.
Appelé à Paris par ce succès qui fixa l’attention des compagnies savantes, le jeune lauréat fit à l’Athénée un cours sur la réforme et la révolution d’Angleterre. […] C’est par là, en effet, qu’elle montre les fautes suivies de leurs inévitables châtiments, les desseins longuement préparés et sagement accomplis, couronnés de succès infaillibles ; c’est par là qu’elle élève l’âme au récit des choses mémorables, qu’elle fait servir les grands hommes à en former d’autres, qu’elle communique aux générations vivantes l’expérience acquise aux dépens des générations éteintes, qu’elle expose dans ce qui arrive la part de la fortune et celle de l’homme, c’est-à-dire l’action des lois générales et les limites des volontés particulières ; en un mot, monsieur, c’est par là que, devenue, comme vous le désirez, une science avec une méhode exacte et un but moral, elle peut avoir la haute ambition d’expliquer la conduite des peuples et d’éclairer la marche du genre humain1.
Se croyant une haute vocation, ils tentent en vain le succès que n’obtient même pas toujours le vrai mérite, et finissent par ne rencontrer que le désespoir, après avoir longtemps lutté contre d’invincibles obstacles. […] On a donc cherché à quoi ils devaient leurs succès ; et ces observations ont produit des discours plus éloquents encore. […] Ce moyen est d’an succès infaillible, parce qu’il est naturel de ne s’attacher qu’à ceux qui s’attachent sincèrement à nous. […] Au reste, la modestie a des nuances relatives à l’âge, aux talents, aux succès qu’on a déjà obtenus, ou à la nature même du sujet qu’on traite ; c’est à l’orateur à les saisir, lorsque l’expérience et l’habitude des affaires auront formé son goût. […] Le succès de cette figure dépend, en grande partie, des préparations qui l’amènent ; elle réussira si elle est bien placée et rapprochée des faits ou des raisonnements qui en diminuent la force.
L’orateur continue : « Il fut un temps où nous possédions Pydna, Potidée, Methon et tous les pays adjacents ; où une partie des états subjugués par Philippe étaient encore indépendants : si Philippe, faible alors et sans alliés, eût désespéré de ses succès contre nous, s’il se fût dit : Moi, attaquer les Athéniens, dont les garnisons commandent mon territoire, et les attaquer sans secours, sans alliés ! […] Une chose dont je suis bien persuadé, c’est qu’ivre de sa grandeur et de ses succès, Philippe a pu rêver tous ces grands projets, en voyant surtout que personne ne songe à le troubler dans ses conquêtes ; mais qu’il ait pris ses mesures de manière à ce que les plus vides de sens d’entre nous (car rien de moins sensé qu’un fabricateur de nouvelles) soient instruits de ses démarches ultérieures, c’est ce que je ne saurais jamais croire. […] « Ce n’est point, Romains, sur la faiblesse de mes lumières, sur toutes les ressources de la prudence humaine, que je fonde l’espoir du succès, mais sur les preuves fréquemment renouvelées de la protection des Dieux. […] Ce n’est point par des vœux, par de timides supplications que l’on se rend les dieux propices ; c’est par la vigilance, par l’activité, par la sagesse vigoureuse des mesures que l’on arrive au succès.
Mais ces courtes réflexions suffiront pour nous faire juger qu’un esprit vaste, ferme et pénétrant ; une raison saine et lumineuse ; un jugement droit, solide et profond ; en un mot, un génie heureux, soutenu d’un goût exquis, enrichi d’une infinité de connaissances, et joint à toutes les qualités du cœur, qui distinguent le parfait honnête homme, sont absolument nécessaires à l’écrivain qui veut obtenir dans ce genre des succès non moins durables que brillants. […] Villaret l’a continuée avec succès, quoiqu’il se soit quelquefois trop abandonné à sa verve. […] Pour remplir avec succès ce dernier objet qui est un des plus importants, il faut qu’il joigne à la finesse de l’esprit, à la justesse du discernement, et à la délicatesse du goût, une étude sérieuse des matières que ces auteurs ont traitées ; qu’il lise leurs écrits sans la moindre prévention ; qu’il remonte jusqu’aux temps où ils ont vécu, se transporte dans les pays qu’ils ont habités, et observe la religion, les mœurs, les usages, le goût dominant de leur siècle. […] D’Aubenton a fait la partie anatomique, avec un succès qui répond parfaitement à l’objet de son travail.
Et c’est une des plus admirables choses de ce monde que jamais nul empire et nul succès n’ont pu assujettir l’histoire, et en imposer par elle à la postérité. […] Il faut donc aimer la gloire, parce que c’est aimer les grandes choses, les longs travaux, les services effectifs rendus au genre humain, et il faut dédaigner la réputation, les succès d’un jour et les petits moyens qui y conduisent ; il faut songer à faire, à beaucoup faire, à bien faire, et non à paraître ; car, tout ce qui paraît sans être, bientôt disparaît ; mais tout ce qui est, par la vertu de sa nature, paraît tôt ou tard. […] La réussite n’est qu’à ce prix, vous le savez mieux que moi, et vous pouvez, par votre exemple et vos succès, l’enseigner à ceux qui vous suivent dans cette difficile et glorieuse carrière, vous qui par votre bienveillance m’avez donné le droit précieux de vous nommer aujourd’hui mes confrères, et que je tiendrai toujours pour mes maîtres.
Au reste, il n’est pas inutile d’observer ici que le premier poète qui ait donné de l’harmonie à la versification latine, Lucrèce, a imité avec succès ce beau morceau d’Homère. […] Cet endroit n’est pas le seul où le génie du Tasse ait lutté avec succès contre celui d’Homère et de Virgile, et ait donné à la langue italienne ce degré de force et d’harmonie imitative que nous admirons dans les langues grecque et latine.
Courier lui-même s’est laissé égarer par un premier succès en appliquant son système d’archaïsme à la traduction d’Hérodote. […] Et la roideur conservatrice qui s’obstine à lutter ne se brise-t-elle pas avec aussi peu de succès contre les unes que contre les autres ?
Par les succès précédents, vous vous êtes emparés du pays et de toutes ses ressources comme je vous l’avais promis ; les résultats ont confirmé tout ce que je vous avais annoncé ; maintenant, il s’agit de posséder les villes et leurs richesses. […] C’est pourquoi nous ne sommes pas insolents dans les succès, et moins que les autres nous cédons aux coups de l’adversité. […] Un dieu nous protège, et en marchant sous ses auspices, nous avons obtenu de nombreux succès. […] Poussés par l’ambition, enorgueillis de leurs succès, ils nous préparent des chaînes honteuses, eux pour qui rien n’est sacré. […] En effet, même quand le succès ne répond pas aux espérances, on a du moins la conscience d’avoir bien réfléchi, et le défaut de réussite est imputable à la fortune seule.