Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce. […] L’histoire, la biographie, les détails de mœurs vivifient sa critique : une inflexible morale, un dévouement vrai et de cœur à tout ce qui honore, console et relève l’humanité, à la liberté, à la religion, à la vérité, semblent rendre encore son goût plus pur et plus sévère ; cet enchaînement de tableaux historiques, d’anecdotes racontées avec l’esprit le plus brillant, de réflexions morales et d’analyses judicieuses et profondes, qui se mêlent sans confusion, conduit le lecteur jusqu’au bout du livre sans qu’il ait un moment l’envie de s’arrêter.
Il demande à quelque divinité de raconter elle-même de si grandes choses : « Déesse, chante la colère d’Achille… — Muse, dis-moi les erreurs d’Ulysse… » Un témoignage d’en haut doit confirmer ces merveilleux récits d’une vérité si invraisemblable : … Venez à moi, de l’Olympe habitantes, Muses, vous savez tout, vous, déesses ; et nous, Mortels, ne savons rien qui ne vienne de vous. […] Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué… Cela ne signifie pas, bien entendu, qu’il soit permis de venir, à la façon des prologues d’Euripide et de plusieurs de nos modernes dramaturges, décliner tout bonnement son nom au parterre, et lui raconter gauchement son histoire, sous forme de monologue.
» Si l’espérance de l’avenir ne les occupe pas, ils s’en dédommagent sur le souvenir du passé, le temps qui leur reste à vivre n’étant rien en comparaison de celui qu’ils ont vu s’écouler : aussi sont-ils grands parleurs, avides de raconter ce qu’il ont vu ou fait autrefois ; tant le souvenir du passé les amuse ! […] On les raconte partout : le Français qui les vante, n’apprend rien à l’étranger, et quoi que je puisse aujourd’hui vous en rapporter, toujours prévenu par vos pensées, j’aurai encore à répondre au secret reproche que vous me ferez d’être demeuré beaucoup au-dessous. […] S’il s’agit d’un fait, l’orateur le raconte avec toutes ses circonstances, en faisant ressortir les plus favorables et les plus frappantes. […] L’orateur ne pouvait raconter ces tristes événements, sans se livrer à de grands mouvements, et sans remuer les passions. […] La confirmation est cette partie du discours, dans laquelle l’Orateur prouve le fait qu’il a raconté, ou la vérité qu’il a exposée.
Les circonstances racontées sont dans le premier genre, et les circonstances représentées sont dans le second. […] Les événemens antérieurs à l’action y sont racontés par Laonice à Timagène, qui sont tous deux des personnages subalternes : ce récit est de plus interrompu par l’arrivée d’Antiochus, et repris à la quatrième scène ; ce qui est un autre défaut. […] Un acteur parle seul dans un monologue : mais ce n’est point pour raconter un événement, et pour dire ce qui arrivera. […] J’ai bien peur du contraire, lui répond Isabelle ; et elle lui raconte qu’à peine étoit-il sorti du logis, que s’étant mise à la fenêtre pour prendre l’air, elle a vu un jeune homme, qui en lui donnant le bon jour de la part de Valère, a jeté dans sa chambre une boîte qui renferme une lettre cachetée, qu’elle veut lui faire reporter. […] Il est accosté par une foule de fâcheux qui viennent l’un après l’autre lui raconter des aventures, ou lui faire des questions qui ne l’intéressent guère.
J’ai raconté quelques anecdotes et fait usage ainsi des exemples. […] L’unité d’action plaît à l’esprit, on aime à voir le fait raconté s’accomplir sans incidents et malgré tous les obstacles ; la duplicité d’action affaiblit au contraire l’intérêt : car, si deux ou plusieurs actions marchent ensemble, elles partagent l’attention ; et, si toutes deux ne sont pas également intéressantes, l’une donne du dégoût pour l’autre.
« L’épopée, dit Voltaire, est un récit en vers d’aventures héroïques. » En effet, elle raconte la vie, la gloire et les mœurs des hommes. Le poète épique se fait, par la puissance de son imagination, le témoin et le peintre passionné de grandes révolutions comme la guerre de Troie et la fondation de Rome, d’exploits héroïques comme la délivrance des saints lieux ; on l’a vu, chantre inspiré, raconter dignement, dans le Paradis perdu, les mystères de la création et la chute du premier homme. […] 2. — Au genre de l’histoire appartiennent les Mémoires, où l’auteur raconte sa vie, se peint, lui-même et ses contemporains, avec mille détails qui souvent seraient au-dessous de la gravité historique. […] L’histoire, il est vrai, ne fait guère usage des diverses formes de la preuve ; car elle expose et raconte la vérité sans la démontrer. […] Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter.
De l’Iliade : Les Myrmidons, les Néréides, les Phrygiens ou la Rançon d’Hector, la Psychostasie, d’Eschyle les Phrygiens et le Chrysès, de Sophocle le Rhésus d’Euripide peut-être aussi le Bellérophon du même poëte, puisque cette histoire se trouve racontée dans l’Iliade.
La métamorphose se rapproche de la fable : elle raconte les transformations fabuleuses des êtres et leurs changements de nature.
Pour lui faciliter les premiers essais, il est bon, comme nous l’avons dit plus haut, de commencer par des imitations : on lit, on raconte un fait, une anecdote, un trait d’histoire, une description ; on cherche à en faire bien saisir à l’élève les détails et l’ensemble, puis on l’abandonne à ses souvenirs : il doit reproduire de son mieux ce qu’il a entendu. […] Avant de commencer la narration, il faut se bien rendre maître du fait à raconter, en examiner avec soin le caractère, l’ensemble et les détails : la réflexion fait, naître une foule d’idées que l’on n’avait pas d’abord, et elle prépare l’enchaînement du récit, qui est la première qualité d’une bonne narration. […] Quelquefois il est nécessaire de raconter les évènements antérieurs au fait dont il s’agit ; il faut le faire brièvement, et avoir soin de ne pas remonter plus haut que la clarté ne l’exige. […] Mes compagnes m’ont raconté Que ton essor, riant présage, Nous dit toujours la vérité Sur notre futur mariage.
Voiture a été proclamé le père de l’ingénieuse badinerie, et personne n’a plaisanté plus agréablement, soit qu’il raconte les aventures de son voyage aérien, pendant que, lancé par quatre gaillards dont les bras vigoureux l’enlèvent de sa couverture par delà les nues et le mettent aux prises avec un bataillon de grues qui le prennent pour un pygmée ; soit que, par l’entremise du plus muet des poissons, il donne les éloges les plus vifs et les plus délicats à son compère le brochet, duc d’Enghien, vainqueur de Rocroy ; soit que de la terre d’Afrique, aride nourricière des monstres, il en voie à mademoiselle Paulet, à la lionne de l’hôtel de Rambouillet, des nouvelles de ses terribles parents du désert ; soit qu’il prenne parti pour la conjonction car en grand danger d’être proscrite.
Il y a, dans l’entrevue de ce petit Mignon avec l’Empereur, des circonstances qu’on est bien aise de savoir, et qu’il raconte avec une grande naïveté : cet élan d’un enfant, cette botte saisie, cette jambe héroïque secouée, et l’entretien qui s’établit : « — Que me demandes-tu ?