On remarquera dans la période suivante que tous les membres, et les incises même, sont terminés par des mots pleins et sonores : Soit qu’il élève les trônes, | soit qu’il les abaisse ; (1er membre) : Soit qu’il communique sa puissance aux princes, | soit qu’il la relire à lui-même, | et ne leur laisse que leur propre faiblesse ; (2e membre) ; Il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui ; (3e membre) ; Car, en leur donnant la puissance, il leur commande d’en user, comme il le fait lui-même pour le bien du monde ; (4e membre) ; Et il leur fait voir, en la retirant, que toute leur majesté est empruntée, | et que, pour être assis sur le trône, ils n’en sont pas moins sous sa main et sous son autorité suprême. (5e membre.)
Ce prince l’aimait beaucoup. « Je le préfère, disait-il souvent, parce que c’est un homme pieux, prudent, instruit, et d’un esprit à la fois calme et modéré. » Robert Blair avait eu deux fils, David et John : le premier fut un des pasteurs les plus considérés de l’Église d’Edimbourg ; son fils se fit un nom dans la littérature par son poème intitulé the Grave [le Tombeau]. […] Dans son traité intitulé Avis à un auteur, il consacre deux ou trois pages à Aristote, sans le nommer jamais autrement que « le modèle des critiques, le grand génie ou le grand juge de l’art, le prince des critiques, le grand maître de l’art, le philologue consommé ; » c’est encore ainsi que, dans un autre endroit de ce traité, pour désigner Homère, Socrate et Platon, il les appelle « le père vénérable de la poésie, le patriarche des philosophes, et son noble disciple, ce puissant génie. » Cette manière d’indiquer les personnes marque beaucoup d’affectation ; mais elle n’est cependant pas aussi opposée à la précision que les fréquentes circonlocutions qu’il emploie pour exprimer des idées morales, cherchant toujours bien plus la pompe et l’ornement que la clarté, à, laquelle, comme écrivain philosophe, il devait donner tous ses soins. […] Ce genre de beauté se trouve aussi dans le passage suivant de lord Bolingbroke : « Cette décence, cette grâce, ce rapport des manières aux mœurs, sont tellement essentiels, et surtout aux princes, que lorsqu’ils les négligent, leurs vertus perdent presque tout leur éclat, et leurs défauts en deviennent plus choquants. Bien plus, lorsqu’ils les négligent, lorsqu’ils ne conservent point assez les apparences, leurs vertus les conduisent vers l’erreur, leurs erreurs deviennent des vices, et les vices leur font contracter des habitudes indignes des princes, et indignes des hommes. » Je dois cependant observer qu’il n’est pas toujours possible de remplir cette gradation oratoire, et que quelquefois même on ne doit point l’entreprendre.
On dit par antonomase : le sage, pour Salomon ; le prophète, pour David ; le prince des Apôtres, pour saint Pierre ; le poète, pour Homère et Virgile ; l’orateur, pour Démosthènes et Cicéron ; le philosophe, pour Aristote ; le conquérant, pour Alexandre, César, Charlemagne, Napoléon ; le destructeur de Carthage et de Numance, pour le second Scipion l’Africain ; le cygne de Dircé ou de Thèbes, pour Pindare ; le cygne de Mantoue, de Cambrai, pour Virgile et Fénelon ; l’aigle de Meaux, pour Bossuet ; le docteur de la grâce, pour saint Augustin ; le docteur angélique ou l’ange de l’École, pour saint Thomas ; le docteur séraphique, pour saint Bonaventure ; le philosophe de Genève, pour J. […] On dit encore : un Sardanapale, pour un roi efféminé ; un Néron, pour un cruel tyran ; un Trajan, pour un bon prince ; un Mécène, pour un protecteur des lettres ; un Virgile, pour un grand poète ; un Démosthènes, pour un illustre orateur ; un Zoïle, pour un critique passionné et jaloux ; un Aristarque, pour un critique sévère et éclairé ; un Saumaise, pour un excellent commentateur ; Tempé, pour une vallée agréable.
. ; gracieux, brillant et fleuri, pour retracer les fruits heureux de la paix et le bonheur des peuples ; vif, pressé et empreint d’une teinte d’indignation, quand il faudra peindre un personnage odieux et méprisable, un prince qui aura été la honte du trône et le fléau de son peuple. […] Il y aura demain quinze jours que je suis enrhumée, et en spectacle aux courtisans, aux médecins et aux princes ; ménagée, blâmée, chicanée, tourmentée, considérée, accablée, dorlotée, contrariée, tiraillée.
Son caractère est noble et facile, inspire le respect et la confiance, et fait que les princes nous paraissent grands et très grands, sans nous faire sentir que nous sommes petits. » Cette figure est familière au Poète, à l’Orateur, et surtout à l’Historien.
« Nous devons estimer la république bien heureuse où le roy est obéissant à la loy de Dieu et de nature, les magistrats au roy, les particuliers aux magistrats, les enfants aux pères, les serviteurs aux maîtres, les sujets liez en amitié entr’eux, et tous avec leur prince pour jouir de la douceur de paix et de la vraye tranquillité d’esprit.
Comme toute une cité a coutume de se laisser corrompre par les vices des princes, elle a coutume aussi de se corriger par l’exemple de leurs vertus. […] Ainsi, l’on dit, en parlant d’un voluptueux : C'est un Sardanapale ; d’un prince méchant et cruel : C'est un Néron. […] Homère et Virgile, ces princes de la poésie grecque et latine, sont pleins de cette figure.
Péroraison de Bossuet dans l’Oraison funèbre du prince de Condé : « Venez, peuples, venez maintenant, mais venez plutôt, princes et seigneurs ; et vous qui jugez la terre, et vous qui ouvrez aux hommes les portes du ciel, etc. » Voir aussi celle du discours de Burrhus à Néron dans Britannicus de Racine : Me voilà prêt, seigneur ; avant que de partir, Faîtes percer ce cœur qui n’y peut consentir : Appelez les cruels qui vous l’ont inspirée ; Qu’ils viennent essayer leur main mal assurée ; etc. […] On y [à Paris] voit des commis Mis Comme des princes, Après être venus Nus De leurs provinces.
« Le prince, dit-il, était pour tous ses sujets un objet d’admiration et de terreur.
Il cite et fait lire la lettre insolente que ce prince avait écrite aux habitants de l’île d’Eubée ; il en tire l’occasion de nouveaux reproches aux Athéniens, sur leur inconcevable indolence.
Ne faut-il pas, chrétiens, qu’elle ait découvert intérieurement une beauté bien exquise dans ce qui s’appelle devoir, pour oser assurer positivement qu’elle doit s’exposer sans crainte, qu’il faut s’exposer même avec joie à des fatigues immenses, à des douleurs incroyables et à une mort assurée, pour les amis, pour la patrie, pour le prince, pour les autels ?