La parole est pour les hommes un moyen merveilleux de perfectionnement ; et c’est à la transmission et au commerce de nos pensées, par le secours du langage, que nous sommes surtout redevables de leur développement. […] Les paroles, en effet, n’ont aucune espèce de ressemblance avec les pensées qu’elles expriment ou les objets qu’elles représentent ; mais une statue ou une peinture en ont une très grande avec l’original. […] Comment les eût-on rassemblés pour qu’ils travaillassent ensemble à l’intérêt général, si ce n’est par l’intervention de la parole ? […] On n’eut plus aucun goût pour l’harmonie des paroles, pour la pompe de la déclamation, et pour les représentations théâtrales. […] Après l’art de la parole, celui de l’écriture est, sans contredit, le plus utile à l’homme.
Je suis justement comme le Médecin de Molière, qui s’essuyait le front pour avoir rendu la parole à une fille qui n’était pas muette. […] « Madame de Buri, dit-elle, fait fort joliment tourner son moulin à paroles. » Et ailleurs : « La vie est courte, c’est bientôt fait ; le fleuve qui nous entraîne est si rapide qu’à peine pouvons-nous y paraître. […] » Allusion aux paroles de Pompée, qui, dans sa rivalité avec César, croyait qu’il n’avait qu’à frapper du pied la terre, et qu’il en ferait aussitôt sortir des légions de guerriers. […] La première, c’est d’être extrêmement circonspect dans vos paroles et d’éviter la réputation d’être un parleur, qui est la plus mauvaise réputation qu’un jeune homme puisse avoir dans le pays où vous entrez.
Le vulgaire s’imagine, dit Fénelon, que la versification est la poésie : on croit être poète quand on a parlé ou écrit en mesurant les paroles. […] Mais, quelles que soient ces modifications, elle implique toujours un élément harmonique plus ou moins apparent, un choix, une combinaison, un enchaînement de sons expressifs, avec un rythme ou une suite de rythmes analogues à la pensée, au sentiment que la parole exprime. […] Une syllabe longue ne peut pas non plus rimer avec une brève, comme idolâtre avec abattre, maître avec mètre, épaules avec paroles. […] : (Gageons nous deux)… sans tant de paroles A qui plus tôt aura dégarni les épaules Du cavalier que nous voyons.
» Ce qui signifie : J’ai parlé à mes ennemis dans ma colère, ma seule parole les a fait disparaître ; vous qui êtes témoins de ma victoire, répondez : Où sont-ils ? […] Telles sont les plaintes de David sur la mort de Saül et de Jonathas, les stances de Malherbe à son ami, les paroles de Gilbert, mourant. […] Rousseau ; les dernières paroles de Gilbert ; le Bonheur, par Léonard ; la Jeune captive, d’André Chénier ; la Chute des feuilles et l’Anniversaire, de Millevoye ; la Mort de Jeanne d’Arc, et le Jeune diacre, de Casimir Delavigne ; la Jeune fille agonisante, de Campenon ; les Tombeaux de Saint-Denis et Louis XVIII, de Tréneuil ; le Petit Savoyard, de Guiraud ; la Prière de l’enfant, de Lamartine ; l’Ange et l’enfant, de Reboul ; le Retour à la chapelle, de Mme Tastu ; le Dernier hymne d’Ossian ; le Cimetière de campagne, de Gray ; Une mère à son enfant, de Campbell ; A l’Irlande, par Thomas Moore, § III — Du dithyrambe 223. […] Une des plus célèbres chansons de ce genre est le Chant de guerre de l’année du Rhin, dont les paroles et la musique furent composées en 1792, à Strasbourg, par Rouget de l’Isle, officier du génie.
Si je perds votre amitié, il y va pour moi… Mais j’évite, en commençant, toute parole sinistre : lui, au contraire, il m’accuse, sans avoir rien à perdre. […] Le voici : c’est que chez tous les Grecs, tous les ministres, à commencer par toi, s’étant laissé corrompre d’abord par Philippe, ensuite par Alexandre, je n’ai jamais été, moi, tenté ou engagé, ni par l’occasion, ni par la douceur des paroles, ni par la grandeur des promesses, ni par l’espérance, ni par la crainte, ni par aucun autre motif, à trahir ce que je regardai toujours comme les droits et les intérêts de ma patrie ; c’est que tous les conseils que je donnai, je ne les donnai jamais, ainsi que vous autres, penchant comme la balance, du côté qui reçoit davantage, mais que je montrai partout une âme droite et incorruptible ; c’est qu’ayant été plus que personne à la tête des plus grandes affaires, je me conduisis dans toutes avec une probité irréprochable.
Ses œuvres, où circule le feu de sa parole, sont un vaste tableau dans lequel la pensée humaine, se contemplant elle-même, étudie sa propre histoire depuis ses obscurs commencements jusqu’à ses plus magnifiques triomphes. […] Mais je n’ai plus la force de faire passer dans mes paroles l’énergie de mes sentiments.
Exercez-vous fréquemment à la parole dans la société des jeunes gens de votre âge : des discussions sur des points de droit, des improvisations sur des questions générales ayant trait à la politique, à la morale, à la science, à la philosophie, sont une excellente gymnastique oratoire. […] (J’en reviens toujours à mes comparaisons militaires ; mais qu’est-ce que la parole, sinon le glaive de la paix ?)
Fléchir par ses prières ; tout a été créé par la parole de Dieu.
Pour faire voir la marche que le poëte a suivie, je ne crois pouvoir mieux faire que d’emprunter les propres paroles de J. […] Voici le sens qu’on donne aux paroles que j’en ai citées. […] Ces paroles renferment tout l’art d’amener le dénouement. […] Au reste, les plus habiles musiciens prétendent que la musique bien faite relativement à l’esprit de certaines paroles, ne peut point être adaptée à d’autres paroles. Ils disent que, pour qu’un air convienne à des paroles nouvelles, il faut qu’elles renferment les mêmes sentimens qu’expriment les paroles anciennes.
» Quomodò sedet sola civitas, etc. » Les premières paroles d’Apollonius annoncent bien le ton grave et sentencieux, quelquefois même un peu pédantesque, qui va régner dans presque tout le discours. […] L’un d’eux prit la parole : « Nous avons vu dans l’Asie le sol qui nous portait s’écrouler sous nos pas, et nos trois villes renversées par un tremblement de terre.
Mascaron en aurait signalé lui-même une sublime, lorsque, dans un de ses sermons, rappelant à Louis XIV l’histoire de Nathan, envoyé de Dieu pour annoncer à David le châtiment de son adultère, il ajouta ces remarquables paroles de saint Bernard : « Si le respect que j’ai pour vous ne me permet de dire la vérité que sous des enveloppes, il faut que vous ayez plus de pénétration que je n’ai de hardiesse, et que vous entendiez plus que je ne vous dis. » Je bornerais volontiers la métalepse à l’une de ses applications, la plus ingénieuse, et en même temps la plus hardie, à cette forme par laquelle un écrivain semble effectuer lui-même ce qu’il ne fait que raconter ou décrire. […] Si vous lisez de sang-froid les discours des Danton, des Isnard, des Saint-Just et de tant d’autres orateurs de la Législative et de la Convention, l’emphase vous paraît portée au delà de toutes les bornes ; mais transportez-vous par la pensée dans cette atmosphère de sang, assistez à ces terribles parties où chacun avait sa tête, pour enjeu, mettez-vous à la place de ces gladiateurs désespérés luttant à mort avec le glaive de la parole, et l’hyperbole ne sera plus pour vous que le langage naturel.