Il convient dans les morceaux descriptifs, tels que la description des environs de Tyr par Fénelon : J’admirais l’heureuse situation de la ville de Tyr qui est au milieu de la mer, dans une île : la côte voisine est délicieuse par sa fertilité, par les fruits qu’elle porte, par le nombre de villes et de villages qui se louchent presque, enfin par la douceur de son climat ; car les montagnes mettent cette côte à l’abri des vents brûlants du midi.
Ce que les Latins appelaient exorde s’appelait chez les Grecs prélude 5 : c’était l’ouverture du morceau.
Ils s’y arrêtent, ils s’y complaisent, ils la développent avec amour ; c’est le morceau capital de leur plaidoyer, le joyau de leur éloquence ; c’est leur récit de Théramène.
Mais pour revenir à cette chapelle, la statue de ce Cupidon était de marbre : de l’autre côté on voyait un Hercule de bronze, morceau achevé ; on le disait, à ce que je crois, l’ouvrage de Myron, et cela est vrai. […] Toutes ces pièces étaient des morceaux antiques, travaillés avec un art admirable. […] On y voyait des traits historiques représentés sur l’ivoire avec un art admirable ; Verrès détacha tous ces morceaux. […] En effet, ce chef-d’œuvre de Silanion, ce morceau si achevé, appartiendrait à un autre particulier, à un peuple même, plutôt qu’à Verrès, cet homme d’un goût si exquis, cet habile connaisseur ?
Ainsi, il y en a un dans le morceau suivant de Massillon sur l’immortalité de l’âme : Tous les autres êtres, contents de leurs destinée, paraissent heureux, à leur manière, dans la situation, où raideur de la nature les a placés : les astres, tranquilles dans le firmament, ne quittent point leur séjour pour aller éclairer une autre terre ; la terre, réglée dans ses mouvements, ne s’élance pas en haut pour alter prendre leur place ; les animaux rampent dans les campagnes, sans envier la destinée de l’homme, qui habite les villes et les palais somptueux ; les oiseaux se réjouissent dans les airs, sans penser s’il y a des créatures plus heureuses qu’eux sur la terre. […] Nous ne pouvons pas présenter un plus beau modèle de péroraison que le morceau, si souvent cité, qui termine l’oraison funèbre du prince de Condé par Bossuet : « Venez, peuple, venez maintenant ; jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’ont pu faire la magnificence et (a piété pour honorer un héros ; des litres, des Inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de noire néant ; et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs que celui à qui on les rend.
.), soit une tirade de beaux vers, soit un morceau de bonne prose ; lorsque je m’en étais bien pénétré, je les répétais, mais en employant d’autres termes, et les meilleurs que je pouvais trouver. […] Peut-être les plus beaux et les plus utiles sermons, mais aussi les plus difficiles à composer, sont-ils ceux qui sont entièrement caractéristiques, ou fondés sur le développement de quelque caractère particulier, ou morceau remarquable d’histoire tiré des Écritures sacrées, parce qu’en traitant de pareils sujets on peut découvrir quelques-uns des replis les plus cachés du cœur humain. […] Le style de tout le discours est extrêmement sérieux et animé ; mais, lorsque l’orateur prononça le morceau qui va suivre, Voltaire nous apprend qu’un transport de saisissement s’empara de tout l’auditoire, presque tout le monde se leva à moitié par un mouvement involontaire ; et ce mouvement d’acclamation et de surprise fut si fort, qu’il troubla l’orateur ; et ce trouble ne servit qu’à augmenter le pathétique de ce morceau.
., avec des notes et un index des morceaux parallèles de Cicéron et de Quintilien (Paris, Bobée, in-8º). […] Voilà pourquoi on y chante des intermèdes, procédé dont le premier auteur est Agathon ; et pourtant, quelle différence y a-t-il entre chanter des intermèdes et ajuster, dans une tragédie, un morceau ou un épisode tout entier emprunté à quelque autre pièce ? […] Il est évident que la rhétorique dispose de cette double ressource, et, comme nous l’avons dit dans les Méthodiques 194, elle en use de la même façon ; car les morceaux oratoires sont les uns remplis d’exemples, et les autres remplis d’enthymèmes, et, de même, parmi les orateurs, les uns emploient de préférence l’exemple, et les autres l’enthymème. […] On parlera du ressentiment (θυμός) dans le morceau relatif aux passions285.
Quand l’allégorie se prolonge pendant toute la durée d’un morceau, ce n’est plus simplement une figure, mais une composition allégorique. […] Êtes-vous lassé de cet exercice, lisez et relisez avec attention un morceau bien écrit ; puis, fermez le livre, prenez la plume, essayez de le reproduire à votre façon, et comparez votre travail avec le modèle. […] Il serait même bon quelquefois d’exiger que les élèves rédigeassent un examen détaillé d’un morceau défectueux et mal écrit : l’étude sérieuse de ces défauts de style serait très propre à former leur jugement et leur goût.
On appelle hors-d'œuvre des morceaux qui ne tiennent pas au sujet que l'on traite.
Certes, un cours gradué de cette manière, qui serait construit en même temps, non point de phrases détachées, mais de morceaux suivis, comme ceux que nous allons offrir, et puisés également aux sources les plus pures, complèterait admirablement l’œuvre de l’illustre grammairien. […] Si quelques morceaux paraissent, au premier abord, placés hors de la série qui leur convient, nous répondrons, d’un côté, qu’il est bon de surprendre quelquefois les jeunes gens par des difficultés qui les retrempent, qui les exaltent, qui les prémunissent contre une indolente sécurité : de l’autre, qu’il est juste de ménager, de loin en loin, par un travail plus facile, des moments de repos à l’intelligence, qui ne doit pas être tendue par de continuels efforts. […] Mais on reconnaîtra facilement, au style ou au choix des morceaux, Cicéron, Sénèque le philosophe, Quintilien, les deux Pline, Valère-Maxime, Aulu-Gelle, Pétrone ; Salluste, Tite-Live, César, Cornélius Népos, Tacite, Velléius Paterculus, Justin, Florus, Quinte-Curce, Suétone, Ammien Marcellin ; Végèce, Fronton, Columelle, Pomponius Méla ; les anciens panégyristes, Térence, Virgile, Ovide, Lucain, Sénèque le tragique, Claudien ; et parmi les modernes : Boèce, Strada, Grenan, Rollin, Porée, Villemain, Vanière, etc.
Ainsi le rythme n’embrasse que les parties d’une proposition proportionnant exactement d’après les règles de la mesure ; la mesure, au contraire, s’étend à toutes les propositions d’un morceau poétique, et est assujettie à une quantité prosodique fixée par le mètre des vers.