Ainsi Bourdaloue : « Nous ne devons pas juger des règles et des devoirs par les mœurs et par les usages ; mais nous devons juger des usages et des mœurs par les devoirs et par les règles.
Des mœurs dans la tragédie.
Soit qu’il fût persuadé que l’on ne doit pas plus composer avec le faux goût qu’avec les mauvaises mœurs, soit que le ton dur et tranchant tînt essentiellement à son caractère ou à l’inexpérience de l’âge, il crut qu’il suffisait d’avoir raison, et ne songea qu’à le prouver, insensible d’ailleurs, ou complètement sourd aux clameurs qu’il ne pouvait manquer d’exciter autour de lui. […] Ce grand contraste offrait un tableau qui appartenait de droit à la poésie ; aussi est-ce dans le rapprochement de mœurs et de temps si contraires que brille surtout le talent du poète, quoiqu’il s’en faille de beaucoup encore que la diction de M. de La Harpe soit ici à la hauteur d’un pareil sujet. […] Ainsi une nouvelle manière introduisit un nouveau genre ; la poésie quitta un moment la scène, pour y reporter bientôt des idées nouvelles, une pompe plus théâtrale, des mœurs que l’on n’y avait jamais étalées, et des maximes qui n’y avaient point encore été entendues.
Mais ces instrumens doivent être maniés, ces moyens doivent être modifiés selon le génie, le caractère, les institutions, les mœurs et la religion des hommes auxquels on parle. […] Ils ont donné aux études oratoires une direction conforme aux mœurs et aux institutions de leur temps ; je devais à mon tour leur en donner une appropriée aux mœurs et aux institutions du nôtre, m’attacher à ce qui convient à nos besoins, à nos usages, à notre langue, etc…, en un mot éviter les erreurs où d’autres sont tombés faute d’avoir pris en considération ce qu’exige la différence des temps. […] c’est l’oint du Seigneur, le bouclier du faible, le fléau du méchant, l’arbitre de l’opinion, la règle vivante des mœurs. […] Quelle confiance peut prendre le peuple en un prédicateur dont les mœurs démentent les paroles ? […] Il faut entendre par ces mots non-seulement les difformités physiques, mais les travers de l’esprit, les bizarreries des mœurs, l’abus des mots.
Elle ne doit pas remuer la fange ni étaler de cyniques tableaux, sinon elle corrompt les mœurs au lieu de les corriger ; Juvénal mérite ce reproche.
Il est bien à croire que nous pourchassions un congé de tout mal faire, sans estre reprins, veu, combien que nos mœurs soyent reprehensibles en beaucoup de choses, toutesfois qu’il n’y a rien digne de si grand reproche. […] s’il y a une braveté laquelle nous soit instrument pour nous servira licence de mœurs ? […] Il nous faut doresnavant garnir de vertus et bonnes mœurs, et puis les assaillir avec les armes de charité, prières, persuasions, parolles de Dieu, qui sont propres à tel combat. […] Vous estes juges du pré et du champ ; non de la vie, non des mœurs, non de la religion. […] Cependant, quand il examine lui-même les qualités nécessaires du héros de la tragédie, il ne touche point du tout à sa naissance, et ne s’attache qu’aux incidents de sa vie et à ses mœurs.
Frappés du coloris de ces tableaux de mœurs, du piquant de ces détails qui présentaient la vie des hommes au naturel, ils voulurent les reproduire, mais au lieu de rattacher, comme l’avait fait Bourdaloue, leurs portraits à des principes, ils firent de l’accessoire le principal, et d’une petite partie, le tout. […] Au moyen âge et aujourd’hui même, les méditations solitaires semblent mieux convenir à notre climat et à nos mœurs.
Fils de je ne sais qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m’en dégoûte, je veux courir une carrière honnête ; et partout je suis repoussé ! […] Je broche une comédie dans les mœurs du sérail : auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule ; à l’instant un envoyé de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et du Maroc ; et voilà ma comédie flambée pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate en nous disant : « Chiens de chrétiens !
Quand je parle des anciens Romains, j’entends ceux qui ont vécu avant que l’accroissement de leur empire eût altéré la simplicité de leurs mœurs. […] Il était noble et magnifique selon les mœurs de son temps, mais sans faste et sans luxe. […] Les mœurs y sont pures ; ils ont beaucoup de probité. […] Et moi qui déplorai le sort des animaux, J’ai dû peindre ses mœurs, ses bienfaits et ses maux. […] Le dérèglement des mœurs et de l’imagination ne lionne point atteinte à la franchise, à la bonté naturelle du Français.
Numa Pompilius, second roi, dans une longue et profonde paix, Il acheva de tonner ses mœurs, et de régler sa religion sur les mêmes fondements que Romulus avait posés. […] Cette qualité consiste à emprunter ses expressions, ses comparaisons, ses descriptions, soit du caractère de l’époque à laquelle se rapporte le fait que l’on raconte, soit de la nature du climat, des habitudes, des mœurs particulières des habitants chez lesquels il s’est passé : ainsi les faits qui se rapportent à notre époque du moyen âge, ou à nos temps modernes, doivent avoir le cachet original de chacune de ces époques ; les faits qui s’accomplissent en Orient chez les Turcs ou en Occident chez les Espagnols devront différer, quant à la peinture des mœurs et du caractère de ces deux peuples. […] Quoique Scarron se serve du style burlesque pour censurer les mœurs, quoique ce badinage de style plaise à certains esprits, quoique nous entendions professer cette maxime : que lorsqu’un auteur nous fait rire, nous lui pardonnons volontiers ses excentricités, cependant nous ne conseillons pas aux jeunes élèves l’emploi de ce style ; car il nous semble que l’esprit ou la plume d’où il sort est bien voisin de la moquerie ; et jamais la moquerie n’a été la qualité caractéristique d’un bon cœur, Lecture. — Quelques passages de l’Énéide et du Télémaque travestis.
Les Asiatiques, amis du faste et licencieux dans leurs mœurs, avaient un style pompeux et diffus.