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54. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

• De la vérité des mœurs chevaleresques peintes dans le Cid, de Corneille. (11 août 1882). […] • De la vérité des mœurs antiques peintes dans Horace, de Corneille. (7 août 1882). […] — Critique qui tombe à faux, car Euripide, en prêtant aux rois et aux princes cette façon simple de s’exprimer, était dans la vérité des mœurs de son temps. […] Aussi plus de mœurs romanesques : il faut à la comédie des mœurs véritables, empruntées à la nation et au temps où vit le poète. […] Elle est le fléau des ridicules et des mauvaises mœurs, non seulement de tous les temps, mais surtout de la société au sein de laquelle elle se développe.

55. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XV. » pp. 109-111

« Les poëtes, dans la peinture des mœurs de la vieillesse, font reconnoître la foiblesse de l’âge, et celle du sexe dans la peinture des mœurs des femmes : elles sont moins propres que les hommes, soit à cause de la délicatesse des fibres, soit à cause de la frivole éducation qu’on leur donne, à soutenir des inclinations fortes et égales.

56. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Des mœurs. […] Les mœurs réelles, distinctes des mœurs oratoires qui n’en sont que l’empreinte, ont, sans doute, plus d’efficacité. […] ô mœurs ! […] quelles sont ces mœurs efféminées ? […] On dit par réversion : « Il ne faut pas vivre pour manger, mais manger pour vivre. » C’est par réversion encore qu’un orateur sacré a pu dire : « Nous ne devons pas juger des règles et des devoirs par les mœurs et les usages, mais nous ne devons pas juger des mœurs et des usages par les règles et les devoirs.

57. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Villemain, n’avait été plus violemment dissoute et mêlée que la nôtre, comme il y eut à la fois des passions terribles et des changements profonds, l’empreinte a dû rester dans les expressions ainsi que dans les mœurs. » Joignez à cette cause si puissante tant d’autres qui depuis sont venues ajouter à son action : l’Empire, les mœurs anglo-constitutionnelles qui lui ont succédé, les rapports beaucoup plus fréquents avec les nations étrangères, auxquelles on n’a pu emprunter les choses sans emprunter les mots, l’étude plus approfondie de leur littérature, les progrès des technologies diverses, qui, après avoir envahi le langage commun, s’infiltrent dans la langue littéraire, les doctrines des saint-simoniens, des fouriéristes, des utilitaires, des égalitaires, de tous ceux enfin à qui il a fallu des expressions toutes neuves pour des conceptions inouïes, tout cela a dû nécessairement désorganiser la langue, et y introduire une foule de locutions que ne pouvaient même prévoir les siècles passés. […] Je ne sais si Horace pardonnait à Plaute les scènes en patois carthaginois de son Pœnulus, mais la Bruyère disait de Molière : « Il ne lui a manqué que d’éviter le jargon et d’écrire purement ; » et Marmontel, en justifiant d’ailleurs sur ce point Molière, Dufresny, Dancourt, et, du même trait, nos vaudevillistes du jour, ne permet pourtant l’emploi du jargon villageois, même dans la comédie, qu’à deux conditions : s’il contribue au comique de situation, ou s’il marque une nuance de simplicité dans les mœurs, comme dans l’Ecole des femmes, par exemple, où il sert à distinguer la simplicité grossière de Georgette de la naïveté d’Agnès.

58. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Ce qu’il a de mauvais (j’entends hors les mœurs) eût pu être corrigé en un moment, si on l’eût averti qu’il faisait trop d’histoires et qu’il parlait trop de soi. […] Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé : l’on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d’entre les modernes. […] Quelle source de la bonne plaisanterie, quelle imitation des mœurs, quelles images et quel fléau du ridicule ! […] On sent assez que ces trois genres rentrent souvent l’un dans l’autre-Il traite ensuite des passions et des mœurs, que tout orateur doit connaître. […] Oui, sans doute, quoique les hommes différent d’opinions, de mœurs, d’usages.

59. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Fils de je ne sais qui, volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs, je m’en dégoûte, je veux courir une carrière honnête, et partout je suis repoussé ! […] Je broche une comédie dans les mœurs du sérail : auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule ; à l’instant un envoyé de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et du Maroc ; et voilà ma comédie flambée pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate en nous disant : « Chiens de chrétiens ! 

60. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Précis des quatre âges de la Littérature. »

Enfin Théocrite, Moschus et Bion tracèrent dans leurs poésies une image charmante de la vie rustique, et des mœurs simples des bergers. […] Louis XIV monta sur le trône ; et bientôt il se fit une révolution étonnante dans le gouvernement, l’esprit, et les mœurs de tous les peuples de l’Europe.

61. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays. […] Il y a même une différence essentielle à observer ici : les actions ne mettent précisément en évidence que le personnage qui agit, tandis que ces discours adressés à tout un peuple, dans une circonstance importante pour lui, nous font d’autant mieux connaître l’esprit et les mœurs de ce peuple, que l’orateur, quel qu’il soit, a dû accommoder son style et ses pensées au langage et aux idées de ceux qui l’écoutaient. Les grands historiens de la Grèce et de Rome n’ont jamais manqué à cette fidélité sévère de costume et de mœurs ; et c’est ce qui nous attache et nous rappelle encore si puissamment à la lecture de leurs ouvrages ; c’est ce qui sollicite et obtient si facilement de nous le pardon des fables qu’ils débitent et des erreurs nombreuses où il était impossible que le préjugé et l’ignorance ne les entraînassent pas fréquemment. […] Mais il n’est question ici que du peintre des mœurs et des caractères ; et c’est sous ce rapport que nous allons examiner quelques-unes des harangues d’Hérodote.

62. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Tant il est vrai que cet art dépend des mœurs et des institutions, qu’il varie avec les âges, et qu’il est téméraire de vouloir l’enchaîner dans des règles absolues ! […] Là vous trouverez des paresseux pour vous écouter et des dupes pour vous applaudir. » Les rhéteurs ne tardèrent pas à revenir : la loi les bannissait, mais les mœurs les rappelaient. […] Citoyen d’une municipalité qui n’a avec les autres peuples que des rapports de commerce ou de guerre, l’Athénien concentre toutes ses facultés dans l’étude des mœurs et des institutions de sa patrie. […] Mais, appelé à être un jour le patron des peuples alliés et à avoir des provinces entières dans sa clientèle, il faut qu’il se prépare à ce grand rôle en apprenant la langue des vaincus, leur histoire, leur philosophie, leurs mœurs, leurs arts, leurs droits, leur situation politique dans le grand corps dont ils sont devenus les membres par la conquête.

63. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Telles étaient les mœurs du moyen âge, soit ; tel fut même, si l’on veut, à une certaine époque, l’esprit du christianisme mal compris ; mais vouloir réinstaller de telles mœurs et un tel esprit dans l’art contemporain est un anachronisme aussi repoussant que si l’on demandait aux souverains de rétablir les Triboulet et les Langely à titre d’office ; aux évêques, de faire suivre les sermons de Lacordaire des trépignements de la fête des Fous ou du braiment de celle de l’âne ; aux architectes, de dérouler des processions de goules, de dogues, de gnomes, de démons de toute forme autour de nos frises et de nos corniches. Ne donnons point sans doute nos mœurs aux vieux âges, mais, s’il fallait choisir, je l’aimerais mieux encore que de prendre les leurs.

64. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

II fait usage des mœurs proprement dites et des bienséances oratoires. […] On doit prendre garde dans l’exorde 1° de se servir de pensées peu saillantes et dépourvues de mœurs ; 2° de dire des choses inutiles qui font perdre le temps ; 3° de parler de choses étrangères au sujet ou à la situation. […] C’est l’objet de la confirmation, partie la plus essentielle du discours ; car les mœurs et les passions ne sont souvent que des accessoires.

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