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50. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

L’esprit de liberté, éveillé par l’étude des lettres anciennes, à laquelle, dit M.  […] Davantage, il y en a d’aucuns qui sous couverture de liberté lui concedent toutes choses. […] » qui est le contre-pied d’une doctrine, nous laisse toute liberté. […] Celuy qui sçait se maintenir en liberté et user de son droict, qui est de n’estre pas enfermé mesme dedans ce monde, se mocquera de ces chetives barrieres. […] Ce sont là de beaux titres pour Louis XIV ; ce sont de belles années pour les gens de lettres, entre la servilité du passé et la liberté de l’avenir.

51. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Leur flamme en liberté devait être éternelle :              La nécessité gâta tout. […] Il faut donc qu’il remonte à ces temps heureux, où les bergers dociles aux sages lois de la simple nature, ignorant le crime et l’artifice, occupés du soin de leurs troupeaux, de la culture de leurs fruits, de leurs innocentes amours, coulaient des jours dignes d’envie dans l’abondance et dans la liberté, dans le sein du repos et de la joie, au milieu des fêtes et des jeux. […]                 Il n’est de liberté que chez les animaux. […] Les filets qu’on vous tend sont la seule infortune                 Que vous avez à redouter,                 Cette crainte nous est commune ;         Sur notre liberté chacun veut attenter : Par des dehors trompeurs on tâche à nous surprendre. […] L’Épître qu’on nomme familière doit avoir un air de négligence et de liberté : c’est ce qui la caractérise.

52. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Mais puisque sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, Madame, avec la liberté D’un soldat, qui sait mal farder la vérité. […] C’est ainsi que Cicéron, dans son Oraison pour Caïus Rabirius, chevalier romain, accusé de trahison par le tribun Labienus, pour avoir, dans une émeute populaire, participé à la mort d’un factieux nommé Saturnin, qui venait de s’emparer du Capitole ; c’est ainsi que Cicéron, s’adressant à Labienus lui-même, lui dit : « Je vous le demande : qu’eussiez-vous fait dans une circonstance aussi délicate, vous qui prîtes la fuite par lâcheté, tandis que d’un côté la fureur et la méchanceté de Saturnin vous appelaient au Capitole, et que d’un autre côté les Consuls imploraient votre secours pour la défense de la patrie et de la liberté ? […] Si le même jour que ce grand criminel Si le même jour que ce grand criminel Dût à la liberté porter le coup mortel : Si lorsque le Sénat eût condamné ce traître, Catilina pour fils t’eût voulu reconnaître ; Entre ce monstre et nous forcé de décider, Parle, qu’aurais-tu fait ? […] On l’approche tout ensemble avec liberté et avec retenue.

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

La meilleraie 2 Mon frère, la tempête a donc été bien forte ; Le vent impétueux qui souffle, et nous emporte De récif en récif, A donc, quand vous partiez, d’une aile bien profonde Creusé le vaste abîme, et bouleversé l’onde,   Autour de votre esquif, Que1 tour à tour, en hâté, et de peur du naufrage, Pour alléger la nef en butte au sombre orage,   En proie au flot amer, Il a fallu, plaisirs, liberté, fantaisie, Famille, amour, trésors, jusqu’à la poésie,   Tout jeter à la mer ! […] Je ne retrouvais plus, près des ifs séculaires, Le beau petit jardin par moi-même arrangé ; Un gros chien, en passant, avait tout ravagé ; Ou quelqu’un, dans ma chambre, avait ouvert mes cages, Et mes oiseaux étaient partis pour les bocages, Et, joyeux, s’en étaient allés, de fleur en fleur, Chercher la liberté, bien loin, — ou l’oiseleur4. […] Ce n’est pas seulement pour l’oiseau que l’oiseleur est parfois près de la liberté.

54. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Notre vers blanc, par sa liberté, sa hardiesse et sa variété, est infiniment plus favorable à tous les genres de poésies sublimes que le vers rimé. […] Mais l’inconvénient le plus réel de la suppression des cas, c’est que, par un changement analogue dans la conjugaison des verbes, dont je parlerai dans la Lecture prochaine, nous nous sommes privés de la liberté de transposer ou d’arranger arbitrairement les mots, liberté dont les anciennes langues tiraient un si grand avantage. […] La poésie donne plus de latitude que la prose aux expressions nouvelles, ou du moins à celles qui sont d’une formation récente ; toutefois, on ne doit user de cette liberté qu’avec une extrême réserve. […] Dans le premier cas, ils signifient que si nous nous entendons en d’autres choses mieux que les Romains, la liberté au moins était une chose dans laquelle ils s’entendaient aussi bien que nous ; dans le second cas, ils veulent dire qu’en fait de liberté, ils s’entendaient au moins aussi bien que nous, ou, autrement, qu’en fait de liberté ils s’entendaient mieux que nous. […] Cela dépend de la nature de la phrase, mais il faut, avant tout, tâcher d’être clair ; car le génie de notre langue ne laisse pas une grande liberté dans le choix des constructions.

55. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Prenez la liberté de lui demander cette faveur, il ne vous refusera pas ; car c’est sans doute une chose très-indifférente pour lui que le sieur Lamande et moi nous soyons à Genève ou en Savoie. » Enfin, monsieur, elle m’a tant pressé, tant conjuré, que j’ose vous conjurer aussi. […] Chapuis m’apprend que votre santé est bien mauvaise ; il faudrait la venir rétablir dans l’air natal, jouir de la liberté, boire avec moi du lait de nos vaches et brouter de nos herbes1. […] Je dis hautement alors ce que toutes les académies ont dit depuis, et je pris, de plus, la liberté de me moquer d’un livre très-ridicule que votre persécuteur écrivit dans le même temps. […] Sa verve avait besoin de licence pour circuler en liberté. […] Kœnig était mon ami ; j’avais à la fois le plaisir de défendre la liberté des gens de lettres avec la cause d’un ami, et celui de mortifier un ennemi qui était autant l’ennemi de la modestie que le mien. » 1.

56. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Le 9 thermidor lui rendit la liberté. […] Le 9 thermidor lui rendit la liberté.

57. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

J’y fus pris ; j’asservis au vain désir de plaire La mâle liberté qui fait mon caractère3 ; Et, perdant la raison, dont je devais m’armer, J’allai m’imaginer qu’un roi pouvait aimer. […] Sa verve avait besoin de licence pour circuler en liberté. […] « On dirait que la versification n’est pour lui qu’une liberté de plus, et qu’il a trouvé dans ce genre la vraie forme de sa pensée.

58. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Il y en a d’autres qui ont une fade attention à ce qu’ils disent, et avec qui l’on souffre dans la conversation de tout le travail de leur esprit : ils sont comme pétris de phrases et de petits tours d’expression, concertés1 dans leur geste et dans tout leur maintien ; ils sont puristes2 et ne hasardent pas le moindre mot, quand il devrait faire le plus bel effet du monde : rien d’heureux ne leur échappe ; rien ne coule de source et avec liberté : ils parlent proprement3 et ennuyeusement. […] Se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres ; mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir : maxime inestimable et d’une ressource infinie dans la pratique, utile aux faibles, aux vertueux, à ceux qui ont de l’esprit, qu’elle rend maîtres de leur fortune ou de leur repos ; pernicieuse pour les grands et qui diminuerait leur cour, ou plutôt le nombre de leurs esclaves ; qui ferait tomber leur morgue avec une partie de leur autorité, et les réduirait presque à leurs entremets et à leurs équipages ; qui les priverait du plaisir qu’ils sentent à se faire prier, presser, solliciter, à faire attendre ou à refuser, à promettre et à ne pas donner ; qui les traverserait dans le goût qu’ils ont quelquefois à mettre les sots en vue, et à anéantir le mérite quand il leur arrive de le discerner ; qui bannirait des cours les brigues, les cabales, les mauvais offices, la bassesse, la flatterie, la fourberie ; qui ferait d’une cour orageuse, pleine de mouvements et d’intrigues, comme une pièce comique ou même tragique, dont les sages ne seraient que les spectateurs ; qui remettrait de la dignité dans les différentes conditions des hommes, de la sérénité sur leurs visages ; qui étendrait leur liberté ; qui réveillerait en eux, avec les talents naturels, l’habitude du travail et de l’exercice ; qui les exciterait à l’émulation, au désir de la gloire, à l’amour de la vertu ; qui, au lieu de courtisans vils, inquiets, inutiles, souvent onéreux à la république, en ferait ou de sages économes ou d’excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou de bons officiers, ou de grands capitaines, ou des orateurs, ou des philosophes ; et qui ne leur attirerait à tous nul autre inconvénient que celui peut-être de laisser à leurs héritiers moins de trésors que de bons exemples1. […] On l’approche tout ensemble avec liberté et avec retenue. […] Maîtres alors de l’avenir, et indépendants d’une postérité, vous êtes sûrs de durer autant que la monarchie ; et dans le temps que l’on montrera les ruines de vos châteaux, et peut-être la seule place où ils étaient construits, l’idée de vos louables actions sera encore fraiche dans l’esprit des peuples ; ils considéreront avidement vos portraits et vos médailles ; ils diront : Cet homme, dont vous regardez la peinture, a parlé à son maître avec force et avec liberté, et a plus craint de lui nuire que de lui déplaire ; il lui a permis d’être bon et bienfaisant, de dire de ses villes : ma bonne ville, et de son peuple : mon bon peuple. » 1.

59. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

Et c’est à quoi il faut particulièrement s’étudier, le commerce de la vie ne pouvant même subsister si l’on n’a la liberté de témoigner que l’on n’est pas du sentiment des autres. […] Le premier est l’ascendant, c’est-à-dire une manière impérieuse de dire ses sentiments, que peu de gens peuvent souffrir, tant parce qu’elle représente l’image d’une âme fière et hautaine, dont on a naturellement de l’aversion, que parce qu’il semble que l’on veuille dominer sur les esprits et s’en rendre le maître… C’est encore un fort grand défaut que de parler d’un air décisif, comme si ce qu’on dit ne pouvait être raisonnablement contesté ; car l’on choque ceux à qui l’on parle de cet air, ou en leur faisant sentir qu’ils contestent une chose indubitable, ou en faisant paraître qu’on leur veut ôter la liberté de l’examiner et d’en juger par leur propre lumière1, ce qui leur paraît une domination injuste.

60. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

L’on ne mesure bien, d’ailleurs, la force et l’étendue de l’esprit et du cœur humains que dans ces siècles fortunés ; la liberté découvre, jusque dans l’excès du crime, la vraie grandeur de notre âme ; là, brille en pleine lumière la force de la nature ; là, paraît la vertu sans bornes, le plaisir sans infamie, l’esprit sans affectation, la hauteur sans vanité, le vice sans bassesse et sans déguisement. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.

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