Chez cette race nouvelle Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit1 Corneille se juge lui-même 2 La fausse humilité ne met plus en crédit ; Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit ; Pour me faire admirer, je ne fais point de ligue, J’ai peu de voix pour moi, mais je les ai sans brigue ; Et mon ambition, pour faire plus de bruit, Ne les va point quêter de réduit en réduit1 ; Mon travail sans appui monte sur le théâtre, Chacun en liberté l’y blâme ou l’idolâtre ; Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments, J’arrache quelquefois leurs applaudissements ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres amis je n’éblouis personne.
Voici ce que disent des puristes La Bruyère et Lainet : Ces sortes de gens ont une fade attention à ce qu’ils disent, et l’on souffre avec eux, dans la conversation, de tout le travail de leur esprit ; ils sont comme pétris de phrases et de petits tours d’expression ; ils ne hasardent point le moindre mot quand il devrait faire le plus bel effet du monde : rien d’heureux ne leur échappe ; rien chez eux ne coule de source et avec liberté ; ils parlent proprement et ennuyeusement.
Toutes les fois que l’intérêt personnel est en lutte avec le devoir, l’homme, placé avec sa liberté entre ces deux mobiles qui le sollicitent également, se sent obligé d’obéir au devoir en sacrifiant son intérêt.
Par sa pleine possession de l’antiquité classique, par sa vigueur et sa souplesse, par la liberté de sa fantaisie créatrice, et l’ingénieuse sûreté de son bon sens, par sa science délicate des analogies qui permettent de franciser le latin, ou de latirriser le français, par l’originalité d’un style indépendant et personnel, mais logique et raisonnable jusque dans les saillies les plus aventureuses, n’offre-t-il pas une mine inépuisable à qui saurait y chercher l’or pur dont nous avons besoin pour la refonte d’une monnaie trop usée ?
il dit : Je parlerai, Madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité. […] La licence poétique est une incorrection, soit de langage, soit d’orthographe, permise en faveur de l’harmonie, de l’élégance et de la rime ; c’est toute liberté que le poète se donne contre la règle et l’usage ordinaire.
Le prosateur n’a point, à cet égard, la liberté du poète ; et l’orateur lui-même ne doit pas prodiguer ces grands mouvements, à moins qu’ils ne soient amenés par des circonstances qui en garantissent d’avance l’effet.
L’animal étonné, qu’un poids nouveau tourmente, Bat son poitrail en feu de sa bouche écumante, Élargit ses naseaux, et redouble, heurtés, Ses bonds tumultueux au vertige empruntés ; Son œil indépendant brille en topaze bleue ; En panache de guerre il agite sa queue ; Par ses hennissements il réclame, irrité, Loin des jeux du Djérid, l’air de la liberté ; S’allonge, s’accourcit, se penche, se dérobe ; Ses veines en réseau se gonflent sous sa robe ; Il cache sous ses crins, attristés de l’affront, L’étoile de sa race empreinte sur son front ; Saute comme un bélier, tourne comme un orage, Sans pouvoir loin de lui secouer l’esclavage.
On l’appelait l’homme au masque de fer (quoique improprement), parce qu’il portait un masque de velours noir, dont la mentonnière avait des ressorts d’acier, qui lui laissaient la liberté de manger et de boire.
Il continua de travailler pour la liberté du roi ; et quand il fut délivré, il continua à le bien servir. » Le lecteur qui ne serait pas au fait de l’histoire, n’aurait-il pas bien de la peine à démêler les divers rapports du mot prince et du pronom il, employé tant de fois ?
Cf. le sonnet de Joachim du Bellay tout en antithèses ; J’ayme la liberté, et languis en service, Je n’ayme point la Court, et me fault courtiser, Je n’ayme la feintise, et me fault déguiser, J’ayme simplicité, et n’apprens que malice : Je n’adore les biens, et sers à l’avarice, Je n’ayme les honneurs, et me les fault priser, Je veulx garder ma foy, et me la fault briser, Je cherche la vertu, et ne trouve que vice : Je cherche le repos, et trouver ne le puis. […] Nos grands poètes n’ont pas toujours observé rigoureusement cette règle de la césure et on pourrait citer de nombreux exemples de leur liberté à cet égard. […] De tout temps les poètes ont joui de ces libertés, et l’on peut leur appliquer à ce sujet ce qu’Horace disait des conceptions poétiques : Pictoribus atque poetis Quidlibet audendi semper fuit æqua potestas.
Lorsque Théodose, aux fêtes de Pâques, fit remettre en liberté les prisonniers détenus dans les prisons publiques, et qu’il ajouta : « Je voudrais pouvoir ressusciter les morts ! […] Si, le même jour que ce grand criminel Dut à la liberté porter le coup mortel ; Si, lorsque le Sénat eut condamné ce traître, Catilina, pour fils, t’eût voulu reconnaître, Entre ce monstre et nous forcé de décider, Parle, qu’aurais-tu fait ? […] Tel est ce discours de Burrhus à Agrippine dans le Britannicus de Racine (Acte I, scène ii) : Je ne m’étais chargé, dans cette occasion, Que d’excuser César d’une seule action ; Mais, puisque, sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité.