Nous mentionnerons, chez les Grecs, Hésiode, qui nous a laissé les Travaux et les Jours et la Théogonie, et Aratus, auteur des Phénomènes célestes ; chez les Latins, Lucrèce, Virgile et Horace ; enfin, chez les modernes, Vida, Boileau, Dufresnoy, le Père Rapin, le cardinal de Polignac, Sanlecque, les Pères Vannière, Brumoi et Doissin, Louis Racine, le Père Boscovich, Pope, auteur de l’Essai sur l’homme et de l’Essai sur la critique, Rosset, Delille, Chênedollé. […] Il est fâcheux pour la gloire de Boileau, dont la critique est ordinairement saine, qu’il se soit laissé entraîner par la prévention contre le Tasse et Quinault. […] André Chénier a laissé quelques iambes sur la tyrannie révolutionnaire. […] Chez les Latins, nous mentionnerons Horace, qui nous a laissé des épîtres philosophiques remarquables. […] Même dans les sujets les plus ordinaires, il est bon de laisser deviner une pensée fine, et de relever le style par des traits piquants et des allusions heureuses.
Les fabulistes français sont extrêmement nombreux ; on en compte plus de deux cents, qui nous ont laissé des recueils considérables. […] « Il m’est, disait-elle, facile D’élever des poulets autour de ma maison ; Le renard sera bien habile S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon. […] Elles ne se tiennent que de loin, et laissent, par conséquent, entre elles quelques vides qu’un lecteur remplit aisément quand il a de l’âme et qu’il a saisi l’esprit du poète. […] » Toutes les idées placées ici entre parenthèses se sont trouvées dans l’esprit du poète ; mais, n’ayant pas jugé à propos de les exprimer, il a laissé ce vide, qu’on appelle écart. […] Mais, si on laisse de côté cette imitation un peu forcée du lyrique grec, l’abus des métaphores et des idées mythologiques, et quelques associations de mots dures ou bizarres, on trouvera certainement chez Lebrun et le mouvement, et l’harmonie, et l’expression qui distinguent les vrais poètes lyriques.
On se trompe, en effet, si l’on croit que le bon peuple se laisse toujours éblouir, et applaudit tout harangueur qu’il n’entend point. […] Je laisserais même au delà du Rhin, sans m’en occuper autrement, cette manie du mysticisme et de l’inintelligible, si elle ne passait le fleuve, accueillie par quelques-uns de nos auteurs qui oublient le mot si vrai de Voltaire : « Ce qui n’est pas clair n’est pas français. » Ce qui n’est pas clair n’est pas français, parce qu’il semble que chaque peuple ayant reçu de la Providence sa mission sur la terre, celle de la France soit de répandre toutes les grandes et utiles vérités, et que, pour maintenir dignement cette noble propagande, il faut savoir rendre la vérité manifeste et accessible à tous. […] Courier lui-même s’est laissé égarer par un premier succès en appliquant son système d’archaïsme à la traduction d’Hérodote.
… Ceux qui de nos hivers redoutant le courroux Vont se réfugier dans des climats plus doux, Ne laisseront jamais la saison rigoureuse Surprendre parmi nous leur troupe paresseuse. […] Le hasard nous forma, le hasard nous détruit ; Et nous disparaissons comme l’ombre qui fuit… Plongeons-nous sans effroi dans ce muet abîme Où la vertu périt aussi bien que le crime ; Et, suivant du plaisir l’aimable mouvement, Laissons-nous au tombeau conduire mollement. » A ces mots insensés, le maître de Lucrèce, Usurpant le grand nom d’ami de la sagesse, Joint la subtilité de ses faux arguments. […] Il devint avocat, se retira quelque temps à l’Oratoire puis il fut chargé d’un emploi de finances ; mais les intervalles que lui laissaient ses fonctions, il les réserva toujours pour les lettres : dans la suite, il s’y consacra tout entier.
Il y a là une demi-heure d’enchantement auquel nul homme ne résiste : un spectacle si grand, si beau, si délicieux, n’en laisse aucun de sangfroid. […] Il avait fait très-chaud ce jour-là, la soirée était charmante, la rosée humectait l’herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion4 rendait l’eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols qui se répondaient l’un à l’autre. […] Du bon sens plus que de science, et pour toute philosophie beaucoup de christianisme ; une maison propre et commode ; un revenu médiocre, mais assuré ; peu de maître et peu de valets ; assez d’occupation pour n’être jamais oisif ; assez d’oisiveté pour n’être jamais occupé ; point d’ambition ; point de procès ; point d’envie ni d’avarice ; si l’on pouvait conserver sa santé par la sobriété et le travail plutôt que par les remèdes ; garder sa foi, ne haïr que ce qui est haïssable ; n’aimer que ce qu’il est juste d’aimer ; laisser couler ce qui ne doit pas toujours durer, attendre avec confiance ce qui durera toujours. » 4.
Allez à la campagne, tournez vos regards vers la voûte des cieux, observez alors sa physionomie, et vous jurerez qu’on a détaché une partie de la grande toile lumineuse que le soleil éclaire, pour la transporter sur le chevalet de l’artiste ; ou fermez votre main, et faites-en un tube qui ne vous laisse apercevoir qu’un espace limité de l’horizon, et vous jurerez que c’est un tableau de Vernet, qu’on a pris sur son chevalet et transporté dans le ciel. […] Si elle s’était mise à son clavecin, et qu’elle eût préludé ou chanté, le philosophe sensible eût pris un tout autre caractère, et le portrait s’en serait ressenti ; ou, mieux encore, il fallait le laisser seul, et l’abandonner à sa rêverie. […] Si vous me rencontrez dans les rues, je vous demande, pour toute récompense d’un service que je crois de quelque importance, de ne me pas reconnaître, et si par hasard il était trop tard pour vous sauver, et qu’on vous prît, de ne me pas dénoncer. » Cela dit, mon homme disparut, et laissa le président de Montesquieu dans la plus grande consternation.
Croyez-vous que les milliers, les millions d’hommes, qui perdront en un instant, par l’explosion terrible, ou par ses contre-coups, tout ce qui faisait la consolation de leur vie et peut-être l’unique moyen de la sustenter, vous laisseront paisiblement jouir de votre crime ? Contemplateurs stoïques des maux incalculables que cette catastrophe vomira sur la France, impassibles égoïstes qui pensez que ces convulsions du désespoir et de la misère passeront comme tant d’autres, et d’autant plus rapidement qu’elles seront plus violentes, êtes-vous bien sûrs que tant d’hommes sans pain vous laisseront tranquillement savourer les mets dont vous n’aurez voulu diminuer ni le nombre ni la délicatesse ? […] J’espère qu’il sauvera mon âme ; est-il bien décidé qu’il faille laisser périr mon corps, la seule chose de moi qui soit au pouvoir des hommes ?
Fort heureusement pour nous, deux hommes d’un savoir exact et d’une érudition éprouvée, moins élevés assurément que les auteurs précédemment nommés, mais plus accessibles aux classes de nos collèges, pour lesquelles ils ont d’ailleurs précisément travaillé, l’abbé Batteux et Domairon, nous ont laissé des ouvrages où se trouve tout ce que les jeunes gens peuvent désirer de savoir sur l’objet qui nous occupe ici : l’un y a consacré trois volumes de ses Principes de littérature l’autre a écrit pour le même objet sa Rhétorique française et sa Poétique française en deux volumes. En réduisant ces deux traités, en les débarrassant du fatras métaphysique auquel les deux écrivains se laissaient trop facilement entraîner ; en augmentant le nombre des exemples, diminuant l’étendue de quelques-uns d’eux et les appropriant davantage au sujet ; en ajoutant enfin quelques détails visiblement oubliés ou omis mal à propos, et redressant quelques jugements ou quelques faits historiques, il nous a semblé qu’on pouvait en tirer un petit volume où ne manquerait rien d’essentiel, et dont le nom des auteurs primitifs, cité à toutes les pages, garantirait d’ailleurs les excellents principes.
C’est un de ces penseurs qui laissent une trace ineffaçable. L’enfance et la vieillesse Après l’enfance, ce que je connais de plus intéressant au monde, c’est la vieillesse : il y a dans la faiblesse de ces deux âges, dans les espérances que donne l’un, dans les souvenirs que laisse l’autre, quelque chose de profondément touchant qui pénètre l’âme d’un sentiment de bienveillance que la sécheresse et la légèreté peuvent seules méconnaître.
Auguste laissa l’empire à Tibère son beau-fils. — 4. […] Les maisons n’étaient pas contiguës aux murailles de la ville ; elles en étaient séparées par une distance d’un arpent environ ; l’espace laissé vide était cultivé et ensemencé ; ainsi quand ils étaient assiégés, ils pouvaient tirer des vivres du sol même de la ville. […] Au-dessous de cette dernière est la planète de Mercure, qui met un an à peu près à parcourir le zodiaque, et qui ne laisse jamais entre elle et le soleil plus d’un signe d’intervalle, tantôt le devançant, et tantôt venant après lui.
Leur moindre défaut est de laisser subsister l’obscurité de ces auteurs. […] Euripide, si, à d’autres égards, l’économie de ses pièces laisse à désirer, est au moins le plus tragique des poètes. […] Laissons donc de côté cette considération comme étant du ressort non de la poétique, mais d’un autre art. […] Si, sur tout le reste, nous le répétons, il faut laisser le moins possible d’arbitraire au juge, c’est à lui qu’il faut laisser décider si tel fait a existé, existera, existe, oui ou non, attendu que le législateur n’a pu prévoir cette question. […] On ne doit pas laisser ignorer la fin de chacune de ces formes gouvernementales ; car on se détermine toujours en vue de la fin proposée.