Suivent les autres qui plus ou moins s’y rattachent, qui profitèrent en le lisant, et y goûtèrent un quart d’heure de plaisir ; ceux qu’il a guéris un moment du solitaire ennui, ceux qu’il a fait penser en les faisant douter ; La Fontaine, madame de Sévigné comme cousine et voisine ; plusieurs, entre lesquels La Bruyère, Montesquieu et Jean-Jacques, qu’il a piqués d’émulation, et qui l’ont imité avec honneur ; — Voltaire, à part, au milieu ; — beaucoup d’autres dans l’intervalle, pêle-mêle, Saint-Évremond1, Chaulieu2, Garat3… j’allais nommer nos contemporains. […] Ces pluriels ne sont pas à imiter.
Après s’être exercés quelque temps à reproduire un modèle, ils s’habitueront à penser par eux-mêmes ; ils n’imiteront plus que de loin ; ils pourront transporter dans un autre genre les pensées de l’auteur ; enfin ils se sentiront assez forts pour traiter sans secours tous les sujets qu’on pourra leur proposer. […] Traduire n’est pas imiter, c’est se rapprocher autant que possible de l’original, le rendre avec fidélité, précision, par des mots qui aient le même sens, ou par des expressions équivalentes ; il faut reproduire non seulement le sens des idées, mais encore le génie de l’écrivain, la couleur de sa pensée et de son style ; c’est ainsi seulement qu’une traduction peut être utile et agréable. […] Le talent imite, rassemble ; il peut être vif, brillant, étendu, fin, spirituel, élevé même ; mais il ne dépasse jamais certaines bornes Me la condition humaine.
Son geste d’abord, sa voix ensuite, indique ses besoins, ses désirs ; peu à peu il imite ce qu’il entend, il articule, enfin la parole s’échappe de ses lèvres ; cette parole, mère des talents, des arts, des sciences, cette parole qui lie tous les hommes entre eux, et qui commande à la nature, en donnant des ailes à la pensée. […] 3° Les équivoques déplaisent par leur double sens : Molière a imité Plaute dans les endroits où il est le plus comique. […] Et plus loin pour imiter le bruit du char d’Hippolyte qui se brise, et vole de tous côtés : L’essieu crie et se rompt : l’intrépide Hippolyte Voit voler en éclats tout son char fracassé. Dans une autre tragédie, Racine a encore fort heureusement imité les sifflements des serpents qu’Oreste aperçoit sur la tête des Euménides : Eh bien !
Imitez de Marot1 l’élégant badinage, Et laissez le burlesque aux plaisirs du pont Neuf2. […] Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté. […] Imité de Virgile (Protée), I.
Il semble que l’un imite Sophocle, et que l’autre doit plus à Euripide. […] Ce Gorgias tut le premier, dit Cicéron, qui se vanta de parler éloquemment de tout : dans la suite, les rhéteurs grecs imitèrent cette vanité. […] Le meilleur goût en tout genre est d’imiter la nature avec le plus de fidélité, de force et de grâce. […] Vous croyez imiter Cicéron, et vous n’imitez que maître Petit-Jean. […] Massillon, au contraire, crut qu’il valait mieux peindre et émouvoir ; il imita Racine, autant qu’on peut l’imiter en prose.
Même en les surpassant il faut qu’on les imite. […] Mouvement imité de Racine : Athalie, acte I, sc. 2 : Et quel temps fut jamais plus fertile en miracles ?
On ajoutera que Rotrou et Corneille ont imité ici Malherbe : voy. nos Morceaux choisis des Classiques français à l’usage de la classe de quatrième, p. 74. […] Voici un exemple de ces dialogues vifs et concis que Corneille a très-heureusement imités de la scène grecque, où ils sont beaucoup plus multipliés que sur notre théâtre. […] Voltaire en a toutefois approuvé dans les vers l’emploi actif, qu’offrent encore les tragédies de Bajazet et d’Esther : ajoutons que l’on en pourrait même citer quelques exemples contemporaines ; mais ils ne sont pas à imiter. — Le théâtre, dont on a dit que le Cid avait parmi nous inauguré la grandeur, devait être le plus riche domaine de notre poésie, comme de la chaire chrétienne a été celui de notre prose. […] Rotrou, que Corneille n’a pas dédaigné d’imiter, avait déjà dit dans son Antigone : Ayant l’honneur que j’ai d’être sorti de vous… C’est Hémon qui parle ainsi à Créon, tyran de Thébes.
Leurs éléments d’imitation sont autres ; autres les objets imités, autres enfin les procédés et la manière dont on imite. […] Celle-ci tend à imiter des êtres pires, celle-là des êtres meilleurs que ceux de la réalité actuelle. […] La troisième différence consiste dans la manière d’imiter chacun de ces êtres. […] De là le nom de drames (δράματα), donné à leurs œuvres, parce qu’ils imitent en agissant (δρῶντες). […] Deux de ces parties concernent les moyens que l’on a d’imiter ; une, la manière dont on imite ; trois, les objets de l’imitation ; puis c’est tout.
Ne sortez jamais de votre naturel, ne cherchez à imiter personne ni à vous former un modèle imaginaire. […] Nous pouvons, nous devons donc les lire avec discernement, afin de n’imiter que ce qu’ils ont de beau. […] C’est un auteur qu’il faut admirer, mais qu’il est dangereux d’imiter. […] Quelques auteurs modernes ont voulu imiter ses Dialogues des morts. […] Il a voulu imiter Voiture, et il court trop souvent après l’esprit.
Le marquis de Pompignan eu a traduit, ou imité en vers le premier livre. […] Ce seroit une bien grande témérité de vouloir l’imiter dans la contexture d’une pareille action. […] Il faut l’imiter partout cette belle nature, et principalement dans la comédie. […] Ainsi la tragédie est un poëme qui imite par l’action, ou, ce qui est la même chose, qui représente une action héroïque et malheureuse. […] L’action qu’imite la tragédie est me.
Nous ne conseillons pas, certes, de copier ou d’imiter servilement ces auteurs; mais, de même que les jeunes artistes prennent pour modèles les meilleures œuvres des grands peintres ou des grands musiciens, afin de se fortifier dans leur art, et de produire ensuite quelque composition de leur goût ou de leur fantaisie, de même les jeunes gens, après avoir analysé, admiré les modèles que nous leur offrons, se ressentiront d’une certaine influence favorable, sous l’inspiration de laquelle ils pourront à leur tour émettre leurs pensées avec le même succès, nous l’espérons, que leurs maîtres. […] Identité du mot avec l’objet représenté Animé du désir de donner un nom à l’objet qu’il voulait désigner, l’homme chercha naturellement à imiter par le son de sa voix la nature de cet objet pour faire comprendre sa pensée.