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219. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — De Maistre 1753-1821 » pp. 210-213

1 Le bourreau A peine l’autorité a-t-elle désigné sa demeure, à peine en a-t-il pris possession, que les autres habitations reculent jusqu’à ce qu’elles ne voient plus la sienne2 C’est au milieu de cette solitude, et de cette espèce de vide formé autour de lui, qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements. […] Il a fini : le cœur lui bat, mais c’est de joie ; il s’applaudit, il dit dans son cœur : « Nul ne roue mieux que moi. »Il descend : il tend sa main souillée de sang, et la justice y jette de loin quelques pièces d’or qu’il emporte à travers une double haie d’hommes écartés par l’horreur1 Le rôle de la france Fragment de lettre Au baron vignet des étoiles 2 Lausanne, 28 octobre 1794. […] Le monde politique est aussi réglé que le monde physique ; mais comme la liberté de l’homme y joue un certain rôle, nous finissons par croire qu’elle y fait tout3 L’idée de détruire ou de morceler un grand empire est souvent aussi absurde que celle d’ôter une planète du système planétaire. […] La vie de l’homme ajoute au crédit du penseur. […] Comparer à la lettre de Balzac, l’Homme s’agite et Dieu le mène, dans ce recueil.

220. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Si la différence de style est sensible d’homme à homme, elle l’est encore plus de nation à nation. […] Le langage peint l’homme : il vient de l’abondance du cœur. […] Il dépend, non de l’art, mais de l’inspiration produite par une émotion fortement passionnée ; l’ignorant peut le trouver aussi bien que l’homme instruit. […] 2° Le genre pour l’espèce, et l’espèce pour le genre : Si l’on dit les mortels pour les hommes, on emploie le genre pour l’espèce ; car tous les animaux sont sujets à la mort. […] Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus !

221. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Vainqueur ensuite dans toutes les batailles qu’il livra aux divers peuples, il eut à combattre, avec 3 000 hommes seulement, une armée formidable du roi de Syrie. […] Parques (les), déesses des enfers selon la fable, et qui filaient la trame de la vie des hommes. […] C’est un des plus grands hommes que l’ancienne Grèce ait produit. […] Après avoir formé de terre et d’eau les premiers hommes, il alla, avec le secours de Pallas, dérober le feu du ciel pour les animer. […] Que de républiques, où un seul homme jouit d’un crédit, qui ne diffère en rien d’un pouvoir vraiment monarchique.

222. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Que le moindre clocher sonne le glas d’alarmes ; Que chacun sous son toit se dresse avec ses armes ; Que tout hameau lointain vierge de l’étranger Coure au-devant du flot qui nous veut submerger ; ……………… Que tout homme jaloux d’une sœur, d’une femme, Ayant à lui son champ et sa fierté dans l’âme ; Que tout chef d’une race, et tout enfant pieux Qui sait sous quel gazon reposent ses aïeux, Jurant de recouvrer cette place usurpée, Frappe un coup de sa faux, s’il manque d’une épée. Et, certes, nous verrons ces torrents d’ennemis Des villes et des bourgs promptement revomis, Et nous redeviendrons, d’insultés que nous sommes, Libres, maîtres chez nous, comme il sied à des hommes. […] Près de l’homme endormi, les marmots en éveil Font leur moisson d’ivraie, et de pavot vermeil. […] Quand il n’y a plus d’enfants, on peut craindre qu’il n’y ait plus d’hommes. […] « Il n’y a de bon dans l’homme que ses jeunes sentiments et ses vieilles pensées. » Joubert.

223. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

De ce chef-d’œuvre date pour ainsi dire la création du premier homme et de la première femme dignes de figurer à jamais sur la scène française, aux applaudissements de la postérité, en compagnie d’Horace, de Cinna, de Polyeucte et de Pompée. […] En puisant à ces sources, il élève l’homme au-dessus de lui-même, et nous ravit par l’enthousiasme. […] Ses acteurs ont l’âme, les mœurs, l’esprit, le langage de l’époque à laquelle ils appartiennent ; mais ils se gardent de cette érudition archéologique dont on a tant abusé depuis, et qui étouffe l’homme sous le costume, le principal sous l’accessoire. […] Je ne suis point homme d’éclaircissement1 ; vous êtes en sûreté de ce côté-là. […] C’est un merveilleux avantage pour un homme qui ne peut douter que la postérité ne veuille bien s’en rapporter à vous.

224. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Préface. »

Aussi y a-t-il beaucoup de professeurs qui, à l’occasion, donnent ces notions dans leurs classes ; d’autres rédigent eux-mêmes des résumés spéciaux qu’ils dictent à leurs auditeurs ; à défaut enfin de ces enseignements, les bons élèves cherchent, autant qu’ils le peuvent, à classer dans leur mémoire ces distinctions d’ouvrages, ces règles générales de composition qui font le sujet de la conversation des hommes instruits, et sur lesquelles on ne peut trop chercher à se faire des idées nettes. […] L’infatigable abbé Delaporte a publié lui-même dans le siècle dernier, sous le titre d’École de littérature tirée de nos meilleurs écrivains, deux volumes très curieux, où il met, en effet, à contribution, malheureusement sans citer ses autorités, les hommes les plus compétents et les plus illustres. […] Ce n’est pas pour une étude première comme celle de nos collèges qu’il faut recourir aux hommes supérieurs ; on ne tirera d’eux, avec avantage, qu’un ouvrage philosophique analogue à notre Cours supérieur de grammaire, où l’on devra comparer et discuter les opinions différentes, et se prononcer, après examen, pour la meilleure. […] Ajoutons que l’homme qui écrit pour l’enseignement ne doit pas, en général, exposer ses propres idées, ni les idées contestées ; mais bien celles qui sont communément reçues, et dont l’ensemble constitue véritablement la science, selon l’opinion du monde ; qu’ainsi un ouvrage classique pour la littérature doit toujours s’appuyer ou d’autorités incontestables, ou d’ouvrages antérieurs reconnus bons et acceptés partout comme tels. Fort heureusement pour nous, deux hommes d’un savoir exact et d’une érudition éprouvée, moins élevés assurément que les auteurs précédemment nommés, mais plus accessibles aux classes de nos collèges, pour lesquelles ils ont d’ailleurs précisément travaillé, l’abbé Batteux et Domairon, nous ont laissé des ouvrages où se trouve tout ce que les jeunes gens peuvent désirer de savoir sur l’objet qui nous occupe ici : l’un y a consacré trois volumes de ses Principes de littérature l’autre a écrit pour le même objet sa Rhétorique française et sa Poétique française en deux volumes.

225. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

De quelque nom d’ailleurs que le regret s’appelle, L’homme, par tout pays, en a bien vite assez. […] Vous sentiez les tourments dont mon cœur est rempli, Et vous la connaissiez, cette amère pensée Qui fait frissonner l’homme en voyant l’infini. […] Dès que l’homme lève la tête, Il croit t’entrevoir dans les cieux : La création, sa conquête, N’est qu’un vaste temple à ses yeux. […] Il entre dans ce sentiment de l’horreur pour ce qui est divin, du dédain pour les hommes, et du mépris pour l’aimable simplicité. » Joubert. […] Non, c’est cesser d’être homme, et dégrader son âme.

226. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Ces personnages sentent la finesse et l’affectation : ils sont de l’homme d’esprit, et non de l’homme naïf. […] Quel homme n’y trouvera pas les sources de l’instruction la plus utile, et de l’amusement le plus agréable ? […] C’est toujours un homme qui y est transformé en bête, en arbre, en fontaine, en pierre, etc. […] Dans l’élégie, c’est un homme afflige qui se plaint des rigueurs du sort. […] Le poète débute par un éloge sublime de l’homme ferme et constant dans le bien.

227. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

J’ai pensé que des hommes tels que MM. de La Harpe, Delille et Chateaubriand méritaient, dans un ouvrage de la nature du mien, une distinction particulière. […] La première de ces époques sera celle où, dans le feu de sa première jeunesse, et trop ébloui peut-être par le grand succès de Warvick, il afficha sans détour des prétentions qui blessent dans l’homme supérieur, et qui doivent révolter dans celui qui n’a pas fait encore tout ce qu’il faut pour les justifier. […] C’est en cela que Buffon a eu raison de dire que le style était tout l’homme. […] C’est au milieu de ces idées nouvelles, ou plutôt de ce chaos de toutes les idées, que s’élevèrent deux hommes, MM.  […] Delille n’aient été mêlés de quelque amertume : l’envie a rigoureusement levé sur lui le tribut qu’elle impose à tous les grands hommes.

228. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots, que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la piété, la crainte, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël ! […] « Tout marque à l’extérieur de l’homme sa supériorité sur tous les êtres vivants. […] Car, si en vivant ainsi vous pouviez vous sauver, tous les hommes presque se sauveraient ; puisqu’à un petit nombre d’impies près, qui se livrent à des excès monstrueux, tous les hommes ne font que ce que vous faites. Or, que tous les hommes presque se sauvent, la foi nous défend de le croire. […] « Cet homme (Machabée,) que Dieu avait mis autour d’Israël comme un rempart d’airain, où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer, avec ses mains triomphantes, les ruines du sanctuaire ».

229. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — D’Aubigné, 1550-1630 » pp. -

L’homme n’oublia jamais le serment de l’enfant. […] Sa vie militaire ressemble à un roman de chevalerie ; et pourtant ce téméraire fut aussi homme de conseil. […] Si le politique se trompa, l’homme a donc droit à nos respects. […] » De là cette troupe de quatre hommes, trois femmes et enfants, ayant recouvert7 un coche au Coudret8, maison du président de l’Estoille, ils prirent leur chemin au travers du bourg de Courances, où le chevalier d’Achon, qui avoit là cent chevaux légers9 les arresta prisonniers, et aussi tost les mit entre les mains d’un inquisiteur10 nommé Democares. […] Cestui-ci vint baiser à la jouë d’Aubigné, puis se tourna vers Beroalde disant : « Il faut que je meure ou que je vous sauve tous, pour l’amour de cet enfant ; tenez-vous prets pour sortir quand je vous le dirai : cependant donnez moy cinquante ou soixante escus pour corrompre deux hommes sans lesquels je ne puis rien. » On ne marchanda point3 à trouver soixante escus cachez dans des souliers.

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