Ici des coteaux s’élèvent comme en amphithéâtre et sont couronnés de vignobles et d’arbres fruitiers ; là de hautes montagnes vont porter leur front glacé jusque dans les nues, et les torrents qui en tombent sont les sources des rivières. […] Par exemple, un froid historien qui raconterait la mort de Didon se contenterait de dire : Elle fut si accablée de douleur après le départ d’Enée, qu’elle ne put supporter la vie ; elle monta au haut de son palais ; elle se mit sur un bûcher, et se tua elle-même. […] Longtemps ces qualités de Fénelon avaient été un peu laissées dans l’ombre : l’abbé Maury les a mises dans tout leur jour, en montrant qu’il avait su atteindre jusqu’à la plus haute éloquence.
C’est de lui que date l’ère de la science proprement dite. » — La profondeur et la gravité des maximes, l’éloquence des vues supérieures, l’art magistral de classer les idées, de les faire manœuvrer avec puissance et précision, l’autorité qui domine un sujet, et juge de haut toutes les questions : tels sont les mérites éminents de ce grand esprit qui aborda l’histoire en homme d’État, prédestiné aux luttes et aux triomphes de la parole. […] Les idées hautes, les actions mémorables, les chefs-d’œuvre, les grands hommes, c’est là votre société familière.
Son style charme tous les connaisseurs par sa souplesse, son naturel, l’aisance de son mouvement, sa vivacité sémillante, et la verve soutenue d’une haute raison1. […] « C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand même la terre se bouleverserait, quand les montagnes se renverseraient dans la mer ; « Quand ses eaux viendraient à bruire et à se troubler, quand les montagnes seraient ébranlées par la force de ses vagues ; « Car l’Éternel des armées est avec nous ; le Dieu de Jacob nous est une haute retraite1. » Où donc est la tempête2 ?
Boileau dit à Seignelay : Tu souffres la louange adroite et délicate, Dont la trop forte odeur n’ébranle point les sens ; et Victor Hugo, à propos de Napoléon : Il a placé si haut son aire impériale… Qu’est-ce que l’odeur d’une louange, et l’aire de Napoléon ? […] J’aimerais mieux rattacher à l’allégorie, la prosopopée qui n’en est le plus souvent qu’un développement, comme je l’ai dit plus haut. […] Ceci retombe dans les jargons de société dont j’ai parlé plus haut. […] « En revanche, vous rapprocherez élégamment d’arabesques gothiques ouvrées à jour les plus merveilleuses guipures, les dentelles les plus délicates : les arts peuvent être comparés entre eux, et c’est donner une haute opinion de la finesse d’un travail en pierre, que d’éveiller à ce propos l’idée d’un tissu de tulle, ou d’un dessin piqué à l’aiguille. » 102.
Aussi notre reconnaissance n’égalera-t-elle jamais la pureté des émotions nouvelles que nous devons à ces beaux vers, où l’azur du ciel et les hautes cimes se réfléchissent comme dans les eaux d’un lac paisible et transparent. […] O Dieu riche, tu ne m’as pas pourtant privé de toute joie ; une douce consolation se répand pour tout le monde du haut des cieux. […] Un jour, ta haute salle de fête s’ouvrira pour tous les hommes de bien ; je viendrai alors, moi aussi, prendre ma place au festin. » 2. […] De cet asile de travail, de silence et de paix, le curé doit peu s’éloigner pour se mêler aux sociétés bruyantes du voisinage ; il ne doit que dans quelques occasions solennelles tremper ses lèvres avec les heureux du siècle dans la coupe d’une hospitalité somptueuse ; le reste de sa vie doit se passer à l’autel, au milieu des enfants auxquels il apprend à balbutier le catéchisme, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d’une sagesse divine, dans les études sérieuses, parmi les livres, société morte du solitaire ; le soir, quand le marguillier a pris les clefs de l’église, quand l’Angelus a tinté dans le clocher du hameau, on peut voir quelquefois le curé, son bréviaire à la main, soit sous les pommiers de son verger, soit dans les sentiers élevés de la montagne, respirer l’air suave et religieux des champs et le repos acheté du jour, tantôt s’arrêter pour lire un verset des poésies sacrées, tantôt regarder le ciel ou l’horizon de la vallée, et redescendre à pas lents dans la simple et délicieuse contemplation de la nature et de son auteur.
Son éloquence porte dans la défense de la religion cette angoisse et cette haute mélancolie que d’autres ont rencontrées dans le doute. […] C’est de cette façon que l’on peut aujourd’hui prendre d’autres sentiments et de nouvelles opinions sans mépriser les anciens et 3 sans ingratitude, puisque les premières connaissances qu’ils nous ont données ont servi de degrés aux nôtres, et que dans ces avantages nous leur sommes redevables de l’ascendant que nous avons sur eux ; parce que s’étant élevés jusqu’à un certain degré où ils nous ont portés, le moindre effort nous fait monter plus haut, et avec moins de peine et moins de gloire nous nous trouvons au-dessus d’eux. […] Misère de l’homme Que l’homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu’il éloigne sa vue des objets bas qui l’environnent, qu’il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l’univers ; que la terre lui paraisse comme un point, au prix du vaste tour que cet astre décrit1, et qu’il s’étonne de ce que ce vaste tour lui-même n’est qu’un point très-délicat à l’égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent2. […] Chateaubriand a dit de Pascal : « Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques : qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ; qui, à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air, et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant, et tourna toutes ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue qu’ont parlée Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans le court intervalle de ses maux, résolut, en se privant de tous les secours, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta au hasard sur le papier des pensées qui tiennent autant de Dieu que de l’homme.
Elevée à son plus haut degré de perfection, elle prend le nom de tableau. […] Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres, à l’horizon opposé ; une brise embaumée, qu’elle amenait de l’Orient avec elle, semblait la précéder, comme sa fraîche haleine, dans les forêts, la Reine des nuits montait peu à peu dans le ciel : tantôt elle suivait paisiblement sa course azurée, tantôt elle reposait sur des groupes de nues, qui ressemblaient à la cime des hautes montagnes couronnées de neige. […] La narration mixte me semble plus étendue que ne le pense l’estimable auteur cité plus haut. […] Mérovée, rassasié de meurtres, contemplait immobile, du haut de son char de victoire, les cadavres dont il avait jonché la plaine. […] La grande figure de Mérovée domine du haut d’un char de triomphe la scène de meurtres qui l’environne, L’épithète immobile semble lui donner ce sang-froid naturel aux grands courages : on voit de suite qu’il s’agit d’un héros qui a vaillamment combattu, et pour que le lecteur ait une haute idée de la force et de la valeur du héros, l’auteur le compare à un lion qui vient d’égorger un troupeau.
Mais il faut avouer que personne ne l’a eue à un plus haut degré ; et c’est là sans doute ce qui l’a conduit à composer ses poèmes de cette marqueterie où il était sûr de réussir. […] De sorte que le poème de Virgile nous représente la langue et la poésie latine à son plus haut degré de perfection, et que les Géorgiques sont données comme le type et le modèle éternel des poèmes didactiques. […] Tout ce qu’on lui permet dans ce cas, c’est de jeter en passant des réflexions courtes et vives, qui paraissent naître des faits et s’être présentées d’elles-mêmes ; mais les exemples parlent assez haut, et les actions que font ses héros, et les jugements qu’il en fait porter à ses lecteurs, sont précisément le langage qui lui convient136. […] Enfin, Voltaire invoque la Vérité : Descends du haut des cieux, auguste vérité, Répands sur mes écrits ta force et ta clarté ; Que l’oreille des rois s’accoutume à t’entendre. […] Quelques-uns ont des personnages semblables à ceux du poème épique et une action d’une aussi haute importance ; mais ils n’en ont ni les fictions ni le merveilleux.
Après les vers de Racine et de Boileau, après les adieux de Marie Stuart à la France, les consolations de Malherbe à son ami, les verselets de Clotilde de Surville à son enfant, cités plus haut (47-64), nous signalerons les plaintes d’Iphigénie à son père, les vers de Virgile sur Marcellus, l’Incurable d’Hippolyte Violeau, et les plaintes d’une mère sur le tombeau de son enfant, par Alexandre Soumet. […] Le défaut opposé à la véhémence est la froideur, dont nous avons parlé plus haut. […] C’est un trait merveilleux, extraordinaire, énergique, qui produit le plus haut degré possible de surprise, d’admiration, de ravissement, et qui subjugue invinciblement tout ce qu’il frappe. […] Ainsi, tout ce qui est vaste et imposant, comme la voûte des cieux, l’Océan, une haute montagne ; tout ce qui indique un grand pouvoir et une grande force, comme le trouble des éléments, le bruit du tonnerre ou celui du canon, les inondations, le retentissement d’une abondante chute d’eau, les volcans, les tremblements de terre ; tout ce qui imprime l’effroi, comme les ténèbres, la solitude, le silence ; tout ce qui présente le caractère de la magnanimité, de l’héroïsme, de la haute vertu ; en un mot, tout ce qui nous plonge dans l’immensité, et éveille en nous l’idée de l’infini, doit être regardé comme le fondement et la source du sublime. […] D’après tout ce que nous avons dit plus haut, il est évident qu’on ne doit pas confondre le sublime avec le style sublime.
Faire jaillir d’un sujet cette pensée unique qui en est l’âme n’appartient qu’au génie fécondé par la méditation, et non-seulement peu d’écrivains y parviennent, mais il n’est pas même donné à tout lecteur de saisir, là où elle se trouve, cette unité qui ajoute à l’ouvrage, quel qu’il soit, dramatique ou oratoire, historique ou philosophique, une haute valeur et un puissant intérêt. […] Il renferme, sans doute, une haute leçon de moralité pour les grands ; le prêtre fait sagement de la saisir et de l’exprimer ; mais l’orateur aurait dû la préparer autrement. […] Mais n’oubliant pas qu’il s’adresse spécialement ici aux hautes classes de la société ; que, s’il parle des autres hommes, ce n’est que d’une façon accessoire et pour faire ressortir la position des grands, l’orateur s’arrête plus longtemps sur ces derniers ; il explique quel résultat produit chez eux, dans le domaine de la passion, ce privilége de la naissance qui, leur ayant donné tout le reste, leur permet de s’occuper exclusivement du plaisir, sans en être distraits par les soins de la fortune. […] Démosthène porte au plus haut degré le mérite de l’enchainement des idées, et je doute qu’aucun écrivain l’égale sous ce rapport.
Vous qui voulez pénétrer les secrets de Dieu, çà3 paraissez, venez en présence, développez-nous les énigmes de la nature ; choisissez ou ce qui est loin, ou ce qui est près, ou ce qui est à vos pieds, ou ce qui est bien haut suspendu sur vos têtes : quoi ! […] Il est sans doute honteux à un prince, qui doit avoir de l’ordre en tout, de tomber en de telles fautes ; mais nous regardons plus haut quand nous en sommes si fâchés ; car nous ne blâmons pas tant la faute elle-même, que le défaut d’attention, qui en est la cause. […] Dieu voit tout Les méchants ont beau se cacher : la lumière de Dieu les suit partout, son bras va les atteindre jusqu’au haut des cieux, et jusqu’au fond des abîmes. « Où irai-je devant votre esprit et où fuirai-je devant votre face ? […] dit le soleil, tu vois, oiseau superbe, « Si pour moi la montagne est plus haute que l’herbe, « Rien n’est grand ni petit devant mes yeux géants : « La goutte d’eau me peint comme les océans ; « De tout ce qui me voit je suis l’astre et la vie ; « Comme le cèdre altier l’herbe me glorifie ; « J’y chauffe la fourmi, des nuits j’y bois les pleurs.