/ 291
160. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Quand la narration et les genres que nous y avons rattachés ne forment pas eux-mêmes l’ensemble de l’œuvre, celle-ci se trouve alors presque tout entière dans la confirmation. […] Pour réussir dans l’élocution, il faut : 1° Se former un style, en ne perdant jamais de vue la relation intime entre l’expression et la pensée, et en imitant, sans servilité, les meilleurs modèles.

161. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Un livre, où ces devoirs sont fort bien tracés, et qui est infiniment propre à former l’homme d’honneur, ce sont les Offices de Cicéron, traduits par Barrett ; livre qu’on ne doit pas se contenter de lire, suivant Pline, mais qu’on doit apprendre par cœur. […] C’est un des plus propres que je connoisse pour former l’esprit et le cœur des jeunes gens.

162. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Grand Dieu qui vis les cieux se former sans matière,             A ta voix seulement Tu séparas les eaux, leur marquas pour barrière             Le vaste firmament. […] Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance : Appliqué sans relâche au soin de me punir, Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir : Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, Pour être du malheur un modèle accompli : Hé bien !

163. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

Philippe, dont l’ambition n’était point bornée par ses petits états, et dont les talents étaient fort au-dessus de sa puissance héréditaire, avait formé le hardi projet de dominer dans la Grèce. […] Rien de plus propre à former le goût et la raison des jeunes gens, que ces discussions importantes, où le pour et le contre sont présentés de part et d’autre avec une égale supériorité. […] Quant à Gabinius, Statilius et Cépurius, je vous le demande, eussent-ils formé jamais un pareil complot, s’ils avaient conservé le moindre sentiment d’honneur.

164. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Que dirait-on d’un architecte qui ne sentirait aucune différence entre un grand palais, dont tous les bâtiments seraient proportionnés pour former un tout dans le même dessein, et un amas confus de petits édifices qui ne feraient point un vrai tout, quoiqu’ils fussent les uns après les autres ? […] Ce soleil ne se couche jamais, et ne souffre aucun nuage que ceux qui sont formés par nos passions : c’est un jour sans ombre ; il éclaire les sauvages mêmes dans les antres les plus profonds et les plus obscurs ; il n’y a que les yeux malades qui se ferment à sa lumière ; et encore n’y a-t-il point d’homme si malade et si aveugle qui ne marche encore à la lueur de quelque lumière sombre qui lui reste de ce soleil intérieur des consciences. […] Par exemple, les mœurs des Grecs formaient bien mieux des poëtes que celles des Cimbres et des Teutons.

165. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Formé tout seul, sans maîtres, à l’école de la souffrance, son talent se compose d’imagination et de sensibilité, de logique et de véhémence ; il a de l’orateur le mouvement, la force, la dialectique pressante, l’abondance et la flamme. […] Je m’en formais une société charmante dont je ne me sentais pas indigne ; je me faisais un siècle d’or à ma fantaisie, et, remplissant ces beaux jours de toutes les scènes de ma vie qui m’avaient laissé de doux souvenirs, et de toutes celles que mon cœur pouvait désirer encore, je m’attendrissais jusqu’aux larmes sur les vrais plaisirs de l’humanité, plaisirs si délicieux, si purs, et qui sont désormais si loin des hommes. […] Je m’en aperçus enfin ; je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi : je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage.

166. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Rien de plus sublime, sans doute, que l’idée que nous nous formons de la Divinité ; et c’est le moins connu, quoique le plus grand de tous les objets.

167. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XXIII. » pp. 124-127

Aristote veut dire que chacun de ces deux poëmes pourrait être resserré en une tragédie ou tout au plus divisé de manière à former deux tragédies (ce que Dacier montre bien dans ses Remarques)  autrement il serait contredit par l’histoire même du théâtre grec, où l’on peut signaler encore aujourd’hui, après tant de pertes, plusieurs tragédies tirées de l’Iliade, plusieurs tirées de l’Odyssée.

168. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Préface » pp. -

Nous avons donc toujours recherché avec soin le but moral de la poésie en général et de chaque genre en particulier, persuadé que l’éducation, comme le dit si justement le savant Évêque d’Orléans, doit former l’esprit à l’intelligence du vrai, le cœur à l’amour du beau, et la vie entière à la pratique du bien.

169. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Pour former donc une idée complète de la loi évangélique, il ne fallait pas séparer ces deux choses, le joug et la douceur ; et c’est néanmoins ce que les hommes ont séparé. […] Delà vient que le Prince de Condé valait seul à la France des années entières ; que devant lui les forces ennemies les plus redoutables s’affaiblissaient visiblement par la terreur de son nom ; que sous lui nos plus faibles troupes devenaient intrépides et invincibles ; que par lui nos frontières étaient à couvert, et nos provinces en sûreté ; que sous lui se formaient et s’élevaient ces soldats aguerris, ces officiers expérimentés, ces braves dans tous les ordres de la milice, qui se sont depuis signalés dans nos dernières guerres, et qui n’ont acquis tant d’honneur au nom français, que parce qu’ils avaient eu ce Prince pour Maître et pour Chef ». […] Le Prince de Condé nous est ici représenté dans les deux époques malheureuses de sa vie ; l’une par rapport à son roi ; c’est-à-dire, enveloppé dans un parti que forma l’esprit de discorde : l’autre par rapport à son Dieu ; c’est-à-dire, refroidi dans la pratique des devoirs de la religion. […] Ce Héros se vit mêlé dans un parti que la discorde avait formé, et qui le détacha de nous.

170. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Ainsi, dans l’ordre abstrait et rationnel, elle vient après l’invention et la disposition ; mais, dans la pratique et la réalité, elle les précède évidemment, puisque les jeunes élèves sont exercés à tourner leurs phrases d’une manière élégante ou animée, en y employant les diverses figures ou les ornements du style, longtemps avant de pouvoir imaginer des combinaisons nouvelles, ou de les arranger dans l’ordre où elles peuvent former des ouvrages. […] Les preuves à l’appui de ce qu’on raconte ou qu’on propose forment la confirmation ; celles que l’on apporte pour combattre les idées d’un adversaire sont la réfutation ; l’une et l’autre sont souvent précédées d’une division, si le sujet est assez étendu pour qu’il soit nécessaire d’en déterminer les parties. […] Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?  […] Son intention, très louable, était de former par cette fondation des orateurs chrétiens, et l’Académie a dû se conformer autant qu’il a été possible à des vues si religieuses.

/ 291