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84. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre IV. Analyse et Extraits du plaidoyer de Cicéron pour Sextius. »

Nous venons d’entendre le grand orateur : écoutons maintenant le publiciste consommé établir avec autant de justesse que de profondeur les principes constitutifs des états ; et que les jeunes gens, qui ont si longtemps entendu déraisonner sur ces grandes questions de politique, apprennent enfin à fixer leurs idées, non d’après les sophistes modernes, mais d’après l’homme de l’antiquité qui a su le mieux, peut-être, joindre le grand art de bien écrire à l’art non moins difficile de penser toujours juste. […] Vous l’entendez, jeunes gens ! […] Qu’elle se fasse donc entendre, cette voix, pour la défense surtout de ceux qui ont si heureusement travaillé à me la rendre à moi-même, à vous et au peuple romain ».

85. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. »     Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité. […] Stupide impiété, quand pourras-tu comprendre Que l’œil est fait pour voir, l’oreille pour entendre ? […] La Harpe cite les dix-huit vers qui suivent parmi les passages les plus beaux du poëme de la Religion : il avait plus d’une fois, dit-il, entendu Voltaire les réciter avec l’accent de l’admiration. […] Ainsi M. de Lamartine dans la Xe de ses Nouvelles Méditations poétiques : Mais jusque dans le sein des heures fortunées Je ne sais quelle voix que j’entends retentir     Me poursuit, et vient m’avertir Que le bonheur s’enfuit sur l’aile des années… 3.

86. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

En même temps que nous entendons un des plus fidèles organes de la loi, nous en voyons un des plus rigides observateurs. […] Au reste, ceci n’est point sans exception, et ne doit s’entendre que dans une universalité morale. […] Imaginez-vous entendre Aristide77, qui sut, avec tant d’ordre et de justesse, répartir les contributions imposées aux Grecs pour la cause commune, ce sage dispensateur, qui en mourant ne transmit à ses filles d’autre succession que la reconnaissance publique, qui les dota ; imaginez-vous, dis-je, l’entendre déplorer amèrement la façon injurieuse, dont nous foulons aux pieds la justice, et vous adresser la parole en ces termes : Eh quoi ! […] Vous, magistrats, et sur les raisons que vous venez d’entendre, et sur celles que suppléera votre sagesse, prononcez en faveur de la patrie un jugement, tel que l’exacte justice le prescrit, et que l’utilité publique le demande ». […] que serait-ce donc, dit alors Eschine, si vous l’aviez entendu lui-même ?

87. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

C'était le plus souvent le verbe, ou d’autres mots agréables à entendre et nécessaires à l’intelligence de la phrase. […] De même, pour reproduire des sons durs et pénibles à entendre, il faut multiplier les syllabes rudes, les mots où abondent les consonnes fortes et les aspirées. […] Homère fait entendre le bruit des flots, le choc des vents, le cri des voiles qui se déchirent, la chute du rocher de Sisyphe, etc. […] Je puis encore vous voir, je puis entendre vos douces paroles ; vous pouvez répondre encore à la voix de votre père !  […] On entend mugir l’onde écumante.

88. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Pour lui faciliter les premiers essais, il est bon, comme nous l’avons dit plus haut, de commencer par des imitations : on lit, on raconte un fait, une anecdote, un trait d’histoire, une description ; on cherche à en faire bien saisir à l’élève les détails et l’ensemble, puis on l’abandonne à ses souvenirs : il doit reproduire de son mieux ce qu’il a entendu. […] Je vous prie de m’entendre et de me juger. […] On n’entend que le bruit de cent mille soldats, Marchant comme un seul homme au-devant du trépas. […] Pour tout bruit, on entendait le froissement de la prose sur les flots, tandis que les étincelles de feu couraient avec la blanche écume le long des flancs du navire. […] Auprès, tout aurait été silence et repos, sans la chute de quelques feuilles, le passage d’un vent subit, le gémissement de la hulotte ; au loin, par intervalles, on entendait les sourds mugissements de la cataracte de Niagara qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de déserts en déserts, et expiraient à travers les forêts solitaires.

89. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Origine et principe des beaux-arts »

Quand les premiers hommes entendirent le ramage et le concert naturel des oiseaux, celui en qui l’organe de l’ouïe était plus sensible et plus délicat, dut en être plus vivement ému que les autres. […] Par la nature, on entend tous les objets qui existent, et tous ceux qui peuvent exister, c’est-à-dire, auxquels notre imagination peut donner une existence réelle. Par la belle nature, on entend ces mêmes objets présentés avec toute la perfection dont ils sont susceptibles.

90. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Ce qu’il faut entendre par l’unité d’action. […] Partout on entend des cris ; partout on voit la douleur et le désespoir, et l’image de la mort. […] Voulez-vous qu’on vous fasse entendre clairement toutes les vérités divines ? […] Mais j’ai tort d’en parler à qui ne peut m’entendre. […] As-tu bien entendu ?

91. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

— Rien du tout ; car j’entends ne te vendre à personne. […] Au milieu de sa contemplation, elle plonge sa main dans l’eau pour apaiser sa soif ; mais la séduisante image disparaît aussitôt et la jeune Grecque fait entendre des plaintes. […] C’était un ouvrier qui avait entendu ce sermon et qui venait affirmer, lui, qu’il n’y a pas de Providence. […] Nous n’entendons point parler ici de ces lettres scientifiques ou littéraires, sur la pluralité des mondes, la géographie ou l’histoire qui sont destinées à l’impression, pais nous voulons parler des lettres ordinaires, dites missives, dont le but est de transmettre à celui qui les reçoit es pensées de celui qui les écrit : elles sont, pour ceux que l’absence tient éloignés, ce que serait un entretien, s’ils étaient présents. […] Elle fait entendre un sens tout opposé à celui qu’elle a l’air d’exprimer.

92. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

On s’accoutume à voir des tableaux avec les yeux de Le Brun, du Poussin, de Le Sueur ; on entend la déclamation notée des scènes de Quinault avec l’oreille de Lulli ; on lit les livres avec l’esprit des bons auteurs. […] Il s’avisa, il y a deux ans, pendant les troubles de Genève, où personne ne s’entendait, de faire une mauvaise brochure en vers qu’on n’entendait pas davantage1 ; il a été banni pour neuf ans par un arrêt du conseil magnifique ; il a un père encore plus vieux que vous, qui est aveugle et qui se trouve sans secours ; ma mère, vieille et infirme, a besoin de mes soins. […] Des savants qui entendent mal le grec, et qui ne lisent point ce qu’on fait en français, vous dédaignent ou affectent de vous dédaigner. […] Il y a encore, à ce que j’entends dire, quelques-uns de ces beaux esprits subalternes qui passent leur vie dans les cafés, lesquels font à la mémoire de M. […] Il obtint la haine et le mépris de ceux qui se piquaient de philosophie et de ceux qui n’y entendaient rien.

93. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

J’entends par style le procédé propre à chaque écrivain pour exprimer ses idées. […] Cicéron surtout, dans l’Orateur, développe amplement et toutes voiles dehors, comme il dit lui-même, ce qu’il entend par le sublime, le simple et le tempéré. […] Quand Cicéron et Quintilien emploient le mot stylus, ils entendent par là l’exercice de la composition, le travail préparatoire qui forme ce que nous nommons en français le style. […] « Ces ornements supposent dans la voix une véhémence qu’on ne doit attendre ni exiger de lui ; il sera simple dans son débit comme dans son style… Son action ne sera ni tragique ni théâtrale ; avec des gestes modérés et l’air du visage, il produira une vive impression ; et sans grimace, il fera voir naturellement dans quel sens il faut l’entendre…, etc. » Il en est de même à propos des autres genres de style.

94. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

« Qui ne sait qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants , dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience dès ses plus tendres années, et qu’elle fut capable de donner des conseils en un temps où les autres sont à peine capables de les recevoir ?  […] Tout le monde sait ce que l’on entend par ironie ; j’en ai déjà parlé, à propos de la réfutation, et le mot, comme la chose, appartient au langage usuel. […] Ceux qui ont eu l’heur de l’entendre se rappellent de quel ton il disait à Flaminius : Attale a le cœur grand, l’esprit grand, l’âme grande, Et toutes les grandeurs dont on fait un grand roi… Et si Flaminius en est le capitaine, Nous pourrons lui trouver un lac de Trasimène… à Attale : Vous avez de l’esprit, si vous n’avez du cœur… à Laodice, après son entretien avec l’ambassadeur de Rome, Vous a-t-il conseillé beaucoup de lâchetés, Madame ? […] Prétérition : Pendant la nuit de la Saint-Barthélemy on n’entendit que le tumulte et les cris, le sang ruisselait de tous côtés dans Paris ; on trouvait le fils assassiné sur le corps de son père, le frère mort avec la sœur et la fille avec mère Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris, Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris ; Le fils assassiné sur le corps de son père Le frère avec la sœur, la fille avec sa mère… Voltaire, Henriade.

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