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153. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Or, ce que nous entendons par « bon emploi », nous allons le dire plus clairement. […] (Ulysse) entend le cithariste ; il se souvient et pleure ; de là, reconnaissance. […] Voici ce que j’entends par « exposer d’une manière générale ». […] Quant à l’exemple, on a dit, plus haut, que c’est une induction et montré dans quel sens il faut l’entendre. […] On entendra mieux ce que nous voulons dire quand nous l’aurons développé.

154. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Il est aisé de comprendre que le nom substantif signifie quelque chose par lui-même, comme on le voit dans les mots esprit, vertu, maison, jardin, César, Cicéron, et que l’adjectif ne peut être clairement entendu, s’il n’est joint à un substantif, comme on le voit dans les mots vaste, rare, commode, agréable, victorieux, éloquent. […] Remarquons ici que, quand l’adjectif grande est mis avant un substantif, qui commence par une consonne, on supprime quelquefois l’e dans la prononciation, et même en écrivant, et l’on en marque le retranchement par une apostrophe ; comme dans ces exemples : =il a hérité de sa grand-mère et de sa grand-tante ; = il aime à faire grand-chère ; = je suis arrivé à grand-peine ; = c’est un conseiller de la grand-chambre ; = allez-vous entendre la grand-messe ? […] En l’employant on fait entendre la signification d’un verbe d’une manière seulement générale. […] Le présent est toujours précédé d’un verbe, et se rapporte au temps marqué par ce verbe : = j’entends, j’ai entendu, j’entendrai votre frère chanter. […] Mais si l’on dit, il faut s’occuper utilement, la signification de ce verbe sera modifiée, ou déterminée, par l’adverbe utilement, puisque celui-ci sera employé, pour faire entendre qu’il faut s’occuper d’une manière plutôt que d’une autre.

155. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

Critias et Alcibiade encore jeunes, Thucydide et Périclès déjà vieux, venaient l’entendre et l’admirer. […] Il faut l’entendre tonner contre la bassesse des orateurs ses contemporains, indignement vendus au parti du roi de Macédoine.

156. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre V. Des sermons de Bossuet. »

On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort. […] Quelle simplicité vraiment sublime dans cette autre phrase : « On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort ».

157. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

Veut-on voir Descartes et Newton comparés par un écrivain capable de les entendre, et de les apprécier par conséquent ? […] L’un part de ce qu’il entend nettement pour trouver la cause de ce qu’il voit ; l’autre part de ce qu’il voit, pour en trouver la cause, soit claire, soit obscure.

158. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Sainte-Beuve 1804-1870 » pp. 291-295

Heureux celui qui d’un cœur humble reconnaît dans la nature un auteur visible, se manifestant par tous les signes ; qui croit l’entendre dans le tonnerre et dans l’orage ; qui le bénit dans la rosée du matin et dans la pluie du printemps ; qui l’admire et l’adore dans la splendeur du soleil, ou dans les magnificences d’une belle nuit ! […] Et ce moi 9 humain du défunt qui jouirait tant s’il entendait, où est-il ?

159. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voiture, 1598-1648 » pp. 21-25

Alors les bourgeois de Paris seront ses gardes, et il connaîtra combien il est plus doux d’entendre ses louanges dans la bouche du peuple que dans celle des poëtes. […] Cependant, Monseigneur, laissant la conscience à part, et politiquement parlant, je me réjouis avec Votre Altesse de ce que j’entends dire qu’Elle a gagné la plus belle victoire et de la plus grande importance que nous ayons vue de notre siècle, et de ce que, sans être Important 4, Elle sait faire des actions qui le soient si fort.

160. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre III. Éloges de Pompée et de César, par Cicéron. »

la valeur rare et divine d’un seul homme a-t-elle bien pu, en si peu de temps (en quarante-neuf jours), changer tellement la face de nos affaires, qu’après avoir vu une flotte ennemie à l’embouchure du Tibre, vous n’entendiez plus aujourd’hui parler d’un seul vaisseau pirate dans l’étendue de la Méditerranée » ! […] « C’est avec regret, César, que j’ai entendu souvent de votre bouche ce mot qui par lui-même est plein de sagesse et de grandeur : J’ai assez vécu, soit pour la nature, soit pour la gloire. […] On entendra, on lira avec étonnement vos triomphes sur le Rhin, sur le Nil, sur l’Océan.

161. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Je réponds que quand le cœur, l’esprit, l’imagination, l’oreille sont charmés par cette harmonieuse élégance, quand elle fait naître l’intérêt qui se refuserait à la chose elle-même91, il est impossible que toutes nos facultés prennent ainsi le change et s’abusent sur ce qui les charme ; que ce n’est réellement pas la peine de construire un théâtre, d’y réunir tous les prestiges des arts, d’y convoquer l’élite de la société, pour y faire entendre les conversations du coin de la rue, Depuis que je vous vois, j’abandonne la chasse, ou encore : Demain, vingt-cinq juin mil six cent cinquante-sept, Quelqu’un que lord Broghill autrefois chérissait Attend de grand matin ledit lord aux Trois Grues, Près de la halle au vin, à l’angle des deux rues92. […] La finesse est une qualité que l’on aime à rencontrer dans un auteur, non-seulement parce que l’esprit plaît généralement, mais parce que l’amour-propre est flatté par celui qui nous a cru capable d’entendre plus qu’il ne nous disait. […] « Le style froid, dit Voltaire, et il entend par là celui qui nous laisse froids, vient tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées, souvent d’une diction trop commune, quelquefois d’une dieuon trop recherchée. » 92.

162. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Métonymies du contenant pour le contenu : Le verre, la bouteille, pour la liqueur qui y est renfermée ; J’entends à haute voix tout mon camp qui m’appelle, pour les soldats qui s’y trouvaient ; un cachemire, du bourgogne, pour l’étoffe et le vin qui viennent de ces provinces ; le Portique, le Lycée, pour les philosophes réunis dans ces lieux ; Genève, Rome, pour les doctrines religieuses dont ces deux villes sont le centre, Je ne décide point entre Genève et Rome. […] Mascaron en aurait signalé lui-même une sublime, lorsque, dans un de ses sermons, rappelant à Louis XIV l’histoire de Nathan, envoyé de Dieu pour annoncer à David le châtiment de son adultère, il ajouta ces remarquables paroles de saint Bernard : « Si le respect que j’ai pour vous ne me permet de dire la vérité que sous des enveloppes, il faut que vous ayez plus de pénétration que je n’ai de hardiesse, et que vous entendiez plus que je ne vous dis. » Je bornerais volontiers la métalepse à l’une de ses applications, la plus ingénieuse, et en même temps la plus hardie, à cette forme par laquelle un écrivain semble effectuer lui-même ce qu’il ne fait que raconter ou décrire. […] A l’entendre, ce n’était pas qu’il fût habile, mais l’ennemi s’était trompé.

163. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

Quand ce corps a quitté son armée, ç’a été encore une autre désolation ; et, partout où il a passé, on n’entendait que des clameurs ; mais à Langres ils se sont surpassés : ils allèrent au-devant de lui en habits de deuil, au nombre de plus de deux cents, suivis du peuple, tout le clergé en cérémonie. […] Je suis une ingrate, ce n’est que les soirs, et j’y entends mille oiseaux tous les matins. » Notons aussi ce trait charmant : « Vous voulez savoir si nous avons encore des feuilles vertes ? […] Chacun entend l’honneur à sa façon.

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