Oui, Dieu l’a dit : “Vous êtes des dieux” : mais, ô dieux de chair et de sang ! ô dieux de boue et de poussière, vous mourrez comme des hommes !
Tu sors d’une table où président les dieux hospitaliers, où il t’a fait asseoir avec deux Campaniens, les seuls qu’il ait admis : et cette table sacrée, tu veux l’arroser du sang de ton hôte ! […] Les Épicuriens voulaient prouver que les dieux avaient la forme humaine, parce qu’il n’y en a point de plus belle (de Nat. deor. […] V, sc. 1) : Dieux plus doux, vous n’aviez demandé que ma vie ! […] il aima trop un ami malheureux ; Voilà tout son forfait, j’en atteste les dieux ! […] au nom des dieux, embrasse ton maître ; il t’a vaincu ; cherche à te vaincre toi-même. — Ne cesseras-tu pas, ô femme chérie, de tenir des discours indignes de moi ?
« Plût aux Dieux que Rome eût assez de braves et intègres citoyens, pour que vous fussiez embarrassés sur le choix de celui qu’il faut mettre à la tête d’une pareille guerre ! […] Dieux immortels ! […] « Puis donc que la guerre actuelle est tellement indispensable, qu’il est impossible d’y renoncer ; puisqu’elle est si importante, que rien n’en doit détourner notre attention ; puisqu’enfin nous en pouvons remettre le commandement à un général qui réunit à une connaissance profonde de l’art militaire, toutes les vertus d’un guerrier, une brillante réputation, et le bonheur le plus constant, balancerez-vous, Romains, à consacrer au salut et à l’agrandissement de la république, le bien inestimable qui nous est offert et accordé par les Dieux immortels ! […] Mais se vaincre soi-même, étouffer son ressentiment, modérer sa victoire, relever de sa chute un adversaire distingué par sa naissance, son génie et son courage ; ne pas le relever seulement, mais se plaire à rehausser sa dignité et son rang, c’est un trait d’héroïsme qui vous place au-dessus des plus grands hommes, ou plutôt qui vous assimile aux Dieux mêmes.
Pour moi, je rends grâces aux dieux de ce qu’ils n’ont pas inspiré aux Perses le dessein de venir attaquer la Lydie ». […] « Si les Dieux avaient mesuré ta stature à ton ambition, le monde ne te contiendrait pas ; d’une main tu toucherais l’orient, de l’autre l’occident ; et tu voudrais savoir encore où vont s’ensevelir les feux du Dieu puissant qui nous éclaire ». […] Enfin, si tu es un dieu, tu dois faire du bien aux hommes, et non leur ravir le leur ; si tu n’es qu’un homme, songe toujours que tu es un homme ». […] Nous laissons aux Grecs ces précautions de signer des pactes et d’attester les Dieux : pour nous, nous mettons notre religion dans notre fidélité. Ceux qui ne respectent pas les hommes, trompent les Dieux, et l’on n’a pas besoin de l’ami dont la volonté est suspecte.
Mais ce n’est que quand il est pris dans des significations différentes, comme dans ces vers : Chaque objet frappe, éveille, et satisfait mes sens : Je reconnais les Dieux au plaisir que je sens. […] Il n’est plus, et les Dieux en des temps si funestes, N’ont fait que le montrer aux regards des mortels. […] Nous admirons le fier courage Du lion fumant de carnage, Symbole du dieu des combats. […] Dieux mortels, c’est vous, qu’il appelle : Il tient la balance éternelle, Qui doit peser tous les humains. […] Aussi emploie-t-elle un langage extraordinaire, qu’on peut appeler le langage des Dieux.
D’abord elle se plaint qu’elle est lasse et recrue3 de fatigue ; et le dieu prononce que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire : elle dit qu’elle est le soir sans appétit ; l’oracle lui ordonne de dîner peu : elle ajoute qu’elle est sujette à des insomnies, et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit : elle lui demande pourquoi elle devient pesante, et quel remède ; l’oracle répond qu’elle doit se lever avant midi, et quelquefois se servir de ses jambes pour marcher : elle lui déclare que le vin lui est nuisible ; l’oracle1 lui dit de boire de l’eau : qu’elle a des indigestions ; et il ajoute qu’elle fasse diète. […] Je m’affaiblis moi-même, continue-t-elle, et je ne suis plus si forte ni si saine que j’ai été : C’est, dit le dieu, que vous vieillissez2. — Mais quel moyen de guérir de cette langueur ? […] — Que n’en usiez-vous donc, répond le dieu, sans venir me chercher de si loin, et abréger vos jours par un long voyage 3 ! Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 4, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues5 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous, et les princes vos enfants. […] Clitiphon ou l’important Je vais, Clitiphon, à votre porte ; le besoin que j’ai de vous me chasse de mon lit et de ma chambre : plût aux dieux que je ne fusse ni votre client ni votre fâcheux !
Présentez l’histoire des dieux païens et de leur entourage sous la forme de Lettres à Emilie, je le veux bien, le correspondant est à la hauteur du sujet ; mais s’il s’agit de chimie ou d’astronomie, faites-moi grâce de votre prose légère et de vos bouquets à Chloris. […] Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs ; et cette strophe de Béranger qui la vaut bien : J’ai vu la paix descendre sur la terre, Semant de l’or, des fleurs et des épis. L’air était calme, et du dieu de la guerre Elle étouffait les foudres assoupis. […] j’en jure les dieux !
Ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir ; s’ils ne peuvent rien pour moi, que Neptune que j’implore, que cet autel, que la sainteté des lois me protègent aujourd’hui : et si Neptune lui-même ne peut défendre son temple contre toi, s’il ne rougit pas de livrer Démosthène au ministre d’Antipater, je saurai mourir, et jamais l’oppresseur de mon pays ne sera un dieu pour moi. — Non, je ne déshonorerai point Athènes ; je ne servirai point : je mourrai libre ; c’est la plus belle des destinées ». Archias insiste ; on va pour saisir Démosthène : « Arrête, dit-il, et ne profane pas la demeure des Dieux : laisse-moi remercier Neptune de l’asile qu’il m’a accordé, et je te suis ».
Les anciens reconnaissaient Apollon pour être tout à la fois le dieu des arts et le dieu des sciences : les neuf muses qui composaient sa cour, étaient des sœurs inséparables, formant un seul chœur, quoique chacune d’elles présidât à un art ou à une science particulière.
Pour nous faire apprécier combien on doit être heureux et fier de posséder l’estime d’un homme vertueux, l’un de nos poètes français a traduit ainsi sa pensée : L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. […] Si le long de vos bords Louis porte ses pas, Tâchez de l’adoucir ; fléchissez son courage ; Il aime ses sujets, il est juste, il est sage ; Du titre de clément rendez-le ambitieux : C’est par là que les rois sont semblables aux dieux. […] Les deux poètes parlent des rochers où le jeune prince trouve la mort ; le premier le fait avec noblesse : À travers les rochers la peur les précipite ; le second ajoute aux rochers une épithète qui, loin de faire de l’effet, excite le rire dans ce moment solennel : Sur les rochers pointus qui lui percent le flanc … Reconnaissons cependant que le récit de Pradon se recommande par de belles pensées qu’il ne doit point à Racine, telles que celle-ci qui contient l’expression d’un tendre sentiment : Il s’éloigne à regret d’un rivage si cher ; et celle-ci qui respire l’intrépidité, la bravoure : Le minotaure en Crète à mon bras était dû ; Et les dieux réservaient ce monstre à ma vertu. […] L’admirable fiction du dieu Qui d’aiguillons pressait leurs flancs poudreux est toute poétique et atteste combien l’imagination de Racine était plus riche que celle de Pradon.
ces dieux qui s’estropient les uns les autres ; ce foudroyant Jupiter qui, dans une assemblée de divinités, menace l’auguste Junon de la battre ; ce Mars qui, étant blessé par Diomède, crie, dites-vous, comme neuf ou dix mille hommes, et n’agit pas comme un seul (car, au lieu de mettre tous les Grecs en pièces, il s’amuse à s’aller plaindre de sa blessure à Jupiter) : tout cela eût été bon sans allégorie ? […] si l’on a bien cru que les dieux aient pu tenir les discours que vous leur avez fait tenir, pourquoi ne croira-t-on pas que les bêtes aient parlé de la manière dont je les ai fait parler ? […] Les hommes veulent bien que les dieux soient aussi fous qu’eux1 ; mais ils ne veulent pas que les bêtes soient aussi sages.