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23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Montesquieu 1666-1755 » pp. 148-157

Expression familière ; il veut dire qu’il y a moins de crimes commis dans un État ou règne la piété filiale 1. […] Auguste le premier rangea parmi ces crimes les libelles et offenses contre l’empereur. […] Chénier (1764-1811) : Quand Sous le crime heureux tout languit abattu, Malheur au citoyen coupable de vertu, Et dont la gloire pure offensa, dans l’armée, Tibère impatient de toute renommée, Les délateurs, vendant leurs voix et leurs écrits, Viennent dans son palais marchander les proscrits ; Lui seul des tribunaux fait pencher la balance ; Le sénat le contemple, et décrète en silence ; Les regards sont muets, les lois n’osent parler ; Tibère à ses genoux voit l’univers trembler, Et, subissant lui-même un tyrannique empire, Éprouve, en l’ordonnant, la frayeur qu’il inspire.

24. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Ici nos armes sont d’autant plus justes, que le crime de César est devenu encore plus grand par sa victoire impie. […] Toutes tes actions devaient avoir un seul but, celui de me plaire ; former un projet important, sans me le communiquer, aurait dû paraître un crime à tes yeux. […] Quels crimes affreux n’ont-ils pas commis ! […] De mes cendres naîtront vos malheurs et la punition de vos crimes. […] S’il fallait vous infliger la punition que vous méritez, il n’existe pas de supplice qui soit proportionné à l’énormité de vos crimes.

25. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre II. Défense de Fouquet, par Pélisson. »

Fouquet était réellement coupable de malversations, et même de crime d’état ; il était difficile à l’éloquence même de pallier de semblables torts ; et ce n’est pas excuser un ministre dilapidateur, que de dire que nous aimons tous le bien, et que nous sommes capables de tout pour en acquérir. […] Nous n’étions pas nés dans la république de Platon, ni même sous les premières lois d’Athènes, écrites de sang, ni sous celles de Lacédémone, où l’argent et la politesse étaient un crime ; mais dans la corruption des temps, dans le luxe inséparable de la prospérité des états, dans l’indulgence française, dans la plus douce des monarchies, non seulement pleine de liberté, mais de licence.

26. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de L’Hospital, 1505-1573 » pp. -

Ce fut lui qui, pour éviter l’établissement d’un tribunal inquisiteur, déféra aux évêques le crime d’hérésie. […] Tandis que sonnait le tocsin de la Saint-Barthélemy, une troupe armée vint le menacer dans son asile ; ses serviteurs voulant la repousser, il s’y opposa : « Si la petite porte ne suffit pas, s’écria-t-il, qu’on ouvre la grande. » Il ne devait pas survivre au crime qu’il avait prévu.

27. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Si vous le lui opposez, ferez-vous un crime à autrui de ce que vous avez fait vous-même, dans le même temps, dans la même province ? […] ne vois-tu pas, même dans le silence de ceux qui t’environnent, que ton crime est découvert ? […] L’entrée, qui tient lieu d’exorde, est courte, mais vive et touchante93 : « Ô mon fils, au nom de tous les droits les plus sacrés de la nature et du sang, je t’en prie, je t’en conjure, ne va pas commettre un crime devant les yeux de ton père, un crime qui retomberait sur toi !  […] me voici, voici votre victime ; Épargnez l’innocence, et punissez le crime. […] Règne, de crime en crime enfin te voilà roi.

28. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Les occasions préviennent presque leurs désirs : leurs regards, si j’ose parler ainsi, trouvent partout des crimes qui les attendent : l’indécence du siècle et l’avilissement des cours honorent même d’éloges publics les attraits qui réûssissent à les séduire : on rend des hommages indignes à l’effronterie la plus honteuse : un bonheur si honteux est regardé avec envie, au lieu de l’être avec exécration ; et l’adulation publique couvre l’infamie du crime publie. […] David veut jouir de son crime : l’elite de son armée est bientôt sacrifiée, et par là périt le seul témoin incommode à son incontinence. Rien ne coûte et rien ne s’oppose aux passions des grands : aussi la facilité des passions en devient un nouvel attrait ; devant eux toutes les voies du crime s’aplanissent et tout ce qui plaît est bientôt possible.

29. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

vous avez devant vous un jury composé de bourgeois et de paysans, pour qui un attentat à la propriété est le plus grand des crimes, que le seul mot d’incendie fait frémir pour leurs maisons, leurs récoltes, leurs troupeaux, et, au lieu de vous présenter avec le calme de la confiance, au lieu de dire : Messieurs, le hasard ne pouvait m’offrir pour mon début une affaire plus simple, où l’innocence de l’accusé éclatât plus manifestement et fût plus facile à démontrer, — vous allez parler de votre âge, de votre inexpérience, de la difficulté du procès ; vous allez appeler sur vous l’indulgence de ces braves gens, résolus d’avance à punir, je ne dirai pas le crime, mais l’ombre du crime d’incendie, comme si vous doutiez de la bonté de votre cause, comme si elle était déjà perdue à vos yeux et désespérée !

30. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

Il proteste de son innocence, et à toutes les questions qu’on lui adresse, répond invariablement : « Non, je ne suis pas coupable. » Pas de témoins du crime, pas de complices, des charges légères : une présomption morale seulement. […] s’écrie-t-il, vous avez cru que votre crime resterait enseveli dans l’ombre et que Dieu seul serait témoin de ce qui s’est passé entre votre victime et vous. […] La gradation. — « Si empoisonner un citoyen romain est un crime, si le battre de verges est un attentat, si le faire mourir est presque un parricide, que sera-ce de le mettre en croix ? 

31. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Si vous le lui opposez, ferez-vous un crime à autrui de ce que vous avez fait vous-même dans le même temps, dans la même province ? […] La renommée entachée de mauvaise foi ou de crime prouve contre l'accusé. […] Contre qui prouve la renommée entachée de mauvaise foi ou de crime ? […] Sa foi le sauve du péché ; Du crime, enfant de cette vie, Jamais son cœur n'est entaché. […] Le crime a souillé tes autels, Et la pitié s'est envolée De la demeure des mortels.

32. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Voltaire a transgressé cette règle fondamentale dans sa tragédie de Mahomet, où nous voyons ce monstre fouler aux pieds ce qu’il y a de plus sacré et triompher par le crime. […] La joie que cette révolution cause est encore plus vive si, en même temps que l’innocence triomphe, on voit le crime succomber, comme dans Athalie. Le dénoûment doit achever de rendre le vice méprisable, et surtout se garder d’attaquer la vertu ou de la confondre avec le crime. […] La terreur sert à le pénétrer de l’horreur des crimes, à la vue du châtiment des scélérats et des oppresseurs du monde. […] Il faut que l’amour conduise aux malheurs et aux crimes, pour faire voir combien il est dangereux, ou que la vertu en triomphe, pour montrer qu’il n’est pas invincible.

33. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Supposez que ces personnes publiques demandent la mort de celui qui a commis tous ces crimes : que fera-t-on là-dessus ? […] qui de nous ne retomberait d’abord sur sa conscience, pour examiner si ses crimes n’ont pas mérité ce châtiment ? […] Deux compétiteurs se ruinaient à l’envi pour acheter une protection toujours douteuse contre un rival qui n’était pas entièrement épuisé : car on n’avait pas même cette justice des brigands, qui portent une certaine probité dans l’exercice du crime. […] Que me font à moi les crimes de Catilina ? […] On parle du cri des remords, qui punit en secret les crimes cachés et les met si souvent en évidence.

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